Présidentielle Conakry 2025 : un duel qui réveille le fantôme d’Abidjan 2000

La Guinée retient son souffle. À moins de trois semaines de la présidentielle du 28 décembre, le pays s’est engagé dans une campagne électrique où neuf candidats se succèdent sur les estrades. Mais derrière ce décor démocratique, un duel central s’impose : celui du Général Mamadi Doumbouya, maître de la Transition depuis le coup d’État de 2021, et Abdoulaye Yéro Baldé, ancien ministre et technocrate rigoureux du FRONDEG.

Un face-à-face qui réveille un souvenir que l’Afrique de l’Ouest n’a pas oublié.

L’histoire semble se répéter.
En octobre 2000, le Général Robert Guéï tente de confisquer la présidentielle ivoirienne malgré la victoire de Laurent Gbagbo. La rue se soulève. L’armée hésite. Le pouvoir bascule. Le militaire fuit.

Vingt-cinq ans plus tard, le scénario trouve un écho troublant en Guinée.
Ici aussi, un général organise une élection à laquelle il se présente.
Ici aussi, les moyens de l’État semblent pencher du même côté.
Ici aussi, un civil expérimenté incarne l’alternative démocratique.

Yéro Baldé, le technocrate qui avait dit non

À 60 ans, Abdoulaye Yéro Baldé porte un parcours qui rassure les milieux économiques et séduit une partie de la jeunesse. MBA de Columbia, ancien cadre de la Banque centrale, ex-ministre. Sa rupture avec Alpha Condé en 2020, lorsqu’il démissionne pour refuser le troisième mandat, a forgé son identité politique : un homme de principes.

Aujourd’hui, il promet 20 milliards de dollars d’investissements, un million d’emplois, une justice indépendante et la transparence totale des contrats miniers.
Mais son handicap est clair : il n’a pas les leviers de l’État, ni la visibilité dont jouit son adversaire militaire.

Doumbouya, l’offensive du bilan

De l’autre côté, Mamadi Doumbouya déroule un argumentaire rodé : routes, échangeurs, hôpitaux, écoles modernes, aéroport rénové, Cité administrative de Koloma, relance du mégaprojet Simandou. Une transition qui se présente comme un “chantier national”.

Autour de lui, une machine politique huilée, dotée de moyens considérables, unie par des alliances multiples. Mais un problème persiste : sa candidature viole l’engagement pris devant la CEDEAO de ne pas participer au scrutin, entachant la crédibilité du processus.

Un parallèle troublant… jusqu’aux détails

Entre la Guinée 2025 et la Côte d’Ivoire 2000, six ressemblances frappent :

  • un militaire putschiste candidat ;

  • un civil face à lui ;

  • un appareil d’État mobilisé ;

  • des opposants exclus ;

  • une tension nationale élevée ;

  • un risque de manipulation des résultats.

Dans cette histoire, une seule inconnue pourrait tout changer : la réaction du peuple.

Deux visions pour le pays

Ce vote dépasse les ambitions personnelles. Il oppose deux trajectoires :

  • La voie Doumbouya, celle d’un pouvoir militaire prolongé, risquant l’isolement international.

  • La voie Yéro Baldé, celle d’un retour au civil, d’une gouvernance technocratique et d’une réintégration régionale.

Le choix ressemble moins à une compétition électorale qu’à une bifurcation historique.

La dernière leçon de 2000

Abidjan avait montré trois vérités :

  • la rue peut protéger les urnes ;

  • l’armée n’obéit pas toujours à l’injustice ;

  • la communauté internationale peut peser lourd.

Le 28 décembre 2025, les Guinéens ne voteront pas seulement pour un nom sur un bulletin.
Ils décideront si le pouvoir vient des armes… ou des urnes.

Présidentielle du 28 décembre : la DGE interdit les téléphones dans l’isoloir

La leçon du référendum de septembre dernier a marqué les esprits. Ce jeudi 11 décembre, lors d’un atelier de formation des journalistes à Conakry, la Direction générale des élections (DGE) a rappelé une règle désormais inscrite dans la loi : l’utilisation des téléphones portables dans les isoloirs est strictement interdite pour la présidentielle du 28 décembre.
Mohamed Aly Condé, conseiller juridique de la DGE, a annoncé la mesure. Cette décision fait suite aux incidents du référendum constitutionnel, lorsque plusieurs électeurs avaient filmé ou photographié leur bulletin avant de diffuser les images sur les réseaux sociaux. Il a expliqué que « le législateur n’a pas apprécié ces comportements ».

« Le vote est secret, et ce caractère ne doit en aucun cas être violé », a insisté le conseiller. Il a précisé que l’interdiction ne relève plus d’une simple consigne administrative. Elle figure désormais dans la loi, à l’article 94 du nouveau Code électoral. Le texte interdit tout appareil dans l’isoloir, sauf les dispositifs médicaux nécessaires.

Une interdiction encadrée par une procédure stricte

Les électeurs pourront garder leur téléphone jusqu’au bureau de vote. Ensuite, ils devront le déposer avant d’entrer dans l’isoloir. Les présidents de bureau ont reçu des instructions claires pour faire respecter cette règle. En cas de refus, ils dresseront un procès-verbal et pourront faire intervenir les forces de sécurité.
Mohamed Aly Condé a rappelé que le président du bureau doit reporter tout incident dans le procès-verbal. Il peut aussi demander l’appui des forces de sécurité si un électeur tente d’utiliser son téléphone dans l’isoloir.

Un rappel pour protéger la confidentialité du vote

Cette mesure vise à restaurer l’intégrité et la confidentialité du vote. Les dérives observées lors du référendum ont montré la nécessité de renforcer le cadre légal. Pour la DGE, il faut empêcher l’isoloir de devenir un espace de pression ou de propagande. L’objectif reste simple : garantir que chaque citoyen vote librement et en toute discrétion.

À deux semaines du scrutin, le message ne laisse place à aucun doute. Le 28 décembre, dans l’isoloir, le téléphone restera à la porte.

Abé Sylla : le « technocrate » qui veut réparer la Guinée

 En pleine campagne pour l’élection du 28 décembre, Abé Sylla veut se démarquer sans bruit. L’ancien ministre de l’Énergie, qui porte les couleurs de la Nouvelle génération pour la République (NGR), ne promet ni rupture spectaculaire ni discours grandiloquent. Il revendique plutôt une approche simple : le sérieux. Il se présente comme « l’homme de solutions », un profil pragmatique dans un paysage politique souvent dominé par la rhétorique.

Un diagnostic sévère et un appel à repartir sur des bases saines

Pour Abé Sylla, la Guinée s’enlise dans les discours sans résultats. Il affirme que « la Guinée traverse une période où tout le monde parle, mais peu de choses avancent », avant de pointer les failles que vivent les citoyens : justice fragile, insécurité, administration défaillante, manque chronique d’énergie, pauvreté persistante.
Selon lui, le pays souffre surtout d’un paradoxe profond : d’immenses richesses, mais une absence durable de direction « stable, moderne et efficace ». Il revendique alors le rôle de « réparateur », s’appuyant sur son profil de technocrate et d’ingénieur.

Trois priorités pour refonder l’action publique

Sa vision repose sur trois grands piliers.

La justice, qu’il considère comme la base absolue d’un État solide. Elle doit permettre d’en finir avec « l’injustice, le favoritisme et la peur ».

L’énergie, condition essentielle du développement. Il insiste : sans électrification fiable, aucun secteur ne peut avancer, ni les hôpitaux, ni les écoles, ni l’industrie, ni l’emploi.

La transformation économique, qui doit passer par la modernisation de l’agriculture, la valorisation interne des mines et la création d’emplois locaux.

Une posture anti-spectacle et une promesse d’ouverture

Contrairement à de nombreux candidats, Abé Sylla refuse d’entrer dans la logique du clash politique. Il dit ne pas vouloir « faire du bruit », ni se laisser entraîner dans la provocation. Il assure qu’il gouvernera avec « toutes les régions, toutes les communautés, toutes les forces vives ». Selon lui, la Guinée n’a pas besoin d’un président contre quelqu’un, mais d’un président pour tout le monde.

Il s’adresse en particulier aux jeunes, aux femmes, aux travailleurs et aux agriculteurs. Il leur promet un pays « organisé, numérique et ouvert », tourné vers la protection et la valorisation de leurs efforts.

Son discours oppose « improvisation » et « instabilité » à la « méthode », à la compétence et à l’organisation. Abé Sylla ne vend pas un rêve, mais un chantier. Sa campagne se présente comme un appel au réalisme : pour lui, la Guinée a trop attendu. Le moment est venu, dit-il, de passer enfin aux solutions.

Accès à la mer pour le Mali : le serment de Conakry

Conakry, Guinée – C’était une visite éclair, mais un message sans équivoque. Mardi 9 décembre 2025, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga a atterri à Conakry pour une rencontre brève, mais dont les échos pourraient résonner bien au-delà des frontières des deux pays.

Le sujet officiel : la coopération économique, avec sur la table les projets d’interconnexion ferroviaire et de nouveaux corridors de transit. Mais au-delà des cartes et des schémas d’infrastructures, une question vitale planait sur les discussions : l’accès à la mer pour un Mali sous pression.

Le chef du gouvernement guinéen, Amadou Oury Bah, n’a pas fait dans la demi-mesure. Devant son homologue, il a prononcé des mots qui sonnaient comme un serment. « La Guinée est toujours disponible pour apporter son concours à la République du Mali pour l’accession à la mer », a-t-il déclaré, qualifiant cet engagement de « ferme », « moral » et de « responsabilité ».

Une promesse d’autant plus forte qu’elle est faite en « toute circonstance », malgré les « vicissitudes politiques » – une référence subtile aux turbulences diplomatiques qui secouent parfois la région.

Car derrière cette visite de travail, se cache une réalité plus sombre. Le Mali, en lutte contre l’hydre djihadiste depuis 2012, voit aujourd’hui son approvisionnement en carburant directement menacé par les groupes armés. Ces attaques sur une ressource vitale étranglent un peu plus un pays déjà en proie à une crise sécuritaire tentaculaire. C’est dans ce contexte d’urgence que le président malien, le Général Assimi Goïta, a dépêché son Premier ministre à Conakry.

La réponse guinéenne a été claire et fraternelle. « Tout ce qui peut affecter le Mali, affectera nécessairement la Guinée », a souligné Amadou Oury Bah, plaçant la sécurité malienne comme un pilier de la stabilité ouest-africaine. « Nous souhaitons que le Mali retrouve la stabilité et la paix. Cela contribuera à la stabilité et la paix dans toute l’Afrique de l’Ouest. »

Dans les couloirs du pouvoir à Conakry, on comprend que la fragilité du voisin est un risque partagé. L’engagement n’est donc pas seulement une question de solidarité historique entre peuples frères ; c’est aussi une stratégie de stabilité régionale.

Alors que le Premier ministre malien repartait vers Bamako, une certitude demeurait : face au défi de l’enclavement et à la menace sécuritaire, le Mali peut compter sur la porte de Conakry. Une porte que la Guinée promet de garder ouverte, par devoir moral et par intérêt commun.

Faya Millimouno à Kankan : « 49 % pour la CBG, 15 % pour Simandou… et Boké ? »

Kankan, Guinée – L’air est chargé d’une attente électrique. Sous un soleil de plomb, la foule, massée devant l’estrade, semble retenir son souffle. D’un pas décidé, Faya Millimouno s’avance. Le candidat à la présidentielle du 28 décembre 2025 n’est pas venu pour de simples salutations. Il est venu raconter une histoire, une histoire de chiffres qui, selon lui, résume le drame guinéen : celle des parts perdues et des richesses envolées.

Dès ses premiers mots, il plonge l’assistance dans un héritage lointain, presque mythique. « Le président Sékou Touré vivait, paix à son âme, il avait négocié… », commence-t-il, établissant d’emblée un lien entre le père de l’indépendance et le combat actuel pour la souveraineté économique. Puis vient le chiffre, asséné comme une évidence douloureuse : « Vous savez combien de parts souveraines la Guinée a dans la CBG ? C’est 49 %. »

Le silence se fait plus dense. « Ça fait plus de 50 ans que nous prenons les 49 % avec la CBG, mais on n’a pas encore pu construire la ville de Boké. » La phrase tombe, simple, brutale, et dessine en creux un demi-siècle de frustrations. Boké, épicentre de la bauxite, symbole du paradoxe guinéen : une terre riche sur un peuple pauvre.

Puis, le candidat du Bloc Libéral tourne son regard vers l’autre géant, le projet ferroviaire et minier de Simandou, présenté comme le Graal économique. Son ton se fait tranchant. « Aujourd’hui, on est en train de vous vendre l’idée qu’avec Simandou, vous allez avoir suffisamment d’argent pour construire la Guinée… alors que nous n’avons que 15%. » Il marque un temps, scrutant les visages. « Si avec 49%, on n’a pas développé Boké, avec 15%, peut-on développer la Guinée ? »

C’est là, dit-il, le cœur de sa bataille. « Voilà la raison pour laquelle je suis dans cette compétition. Il faut mettre fin au bradage de nos ressources. » Pour Faya Millimouno, ce « bradage » n’est pas une abstraction économique. Il a un visage : celui d’une « jeunesse guinéenne étouffée », privée d’opportunités, tandis que les richesses filent « en Europe, en Amérique ». Sa promesse est claire : « À mon arrivée à Sékhoutouréyah, je mettrai fin à cela. »

Face à cette jeunesse, il ne brandit pas seulement des critiques, mais une alternative : une « bourse de l’entrepreneuriat ». « Au 21e siècle, on n’est plus formé simplement pour travailler pour quelqu’un, lance-t-il. Vous êtes des intelligences qui peuvent créer des entreprises prospères… Il suffit que l’État soit de votre côté. »

Le discours bascule alors de la dénonciation à l’appel à l’action. Faya Millimouno se présente en homme de la « rupture ». « Si vous voulez avoir un résultat différent, il faut faire des choses différemment. » Il se définit non comme un politicien venu « se servir », mais comme un serviteur. « Le moment est arrivé de réclamer notre victoire », clame-t-il, enjoignant ses partisans à « taper à toutes les portes dans le Nabaya ».

Sa vision finale est celle d’une « indépendance économique » pour un pays qu’il décrit comme « riche » mais transformé en « grand cimetière pour les intelligences ». Pour renverser la table, il ne mise pas que sur les promesses, mais sur une mobilisation méthodique. Il donne des consignes précises pour le jour du vote, le 28 décembre : voter, puis « prendre son téléphone » pour appeler les autres, et surtout, « rester là » pour surveiller le comptage. La victoire, martèle-t-il, réside dans « la sécurisation sans faille ».

Alors qu’il quitte l’estrade sous les acclamations, une dernière promesse résonne : « Après le 28 décembre 2025, lorsque je serai à Sékhoutouréyah, vous saurez que vous avez un président qui pense à vous. » À Kankan, Faya Millimouno n’a pas seulement tenu un meeting. Il a planté le décor d’une bataille où les pourcentages des contrats miniers deviennent l’étendard d’une révolution promise.

Bah Oury pose la première pierre d’une nouvelle cité à Conakry

Le Premier ministre guinéen, Bah Oury, a posé ce lundi 8 décembre 2025 la première pierre d’une nouvelle cité des fonctionnaires à Coronthie, dans la commune de Kaloum à Conakry. Lors de la cérémonie, il a présenté un projet qui, selon lui, « transformera l’image de Conakry ».

Une cité pour changer le visage de Conakry

« C’est un bonheur d’être ici pour poser la première pierre de cette cité qui fera de Conakry une ville totalement différente », a déclaré Bah Oury.
Le projet vise à offrir des logements de qualité aux fonctionnaires et à moderniser l’habitat dans la capitale guinéenne.

Le choix de la date est symbolique : le 8 décembre 2025 tombe presque deux ans après l’explosion du dépôt de carburant du 18 décembre 2023, qui avait fait des centaines de victimes à Coronthie.

Hommage aux victimes et soutien politique

Le Premier ministre a rendu hommage aux victimes : « Rendons hommage à toutes les personnes touchées par l’explosion du dépôt de carburant ».
Il a précisé qu’il avait reçu le matin même le chef de quartier de Coronthie 1 et 2 et les responsables de l’association des victimes.

Selon Bah Oury, ces représentants ont exprimé leur gratitude envers le président Mamadi Doumbouya et ont annoncé leur soutien à sa candidature, appréciant sa gestion empathique de la crise.

Une gestion de crise présentée comme un succès politique

Bah Oury a souligné que la manière dont le gouvernement a géré la catastrophe explique le soutien populaire : « Les populations victimes se sentent aujourd’hui en phase avec l’action et la gouvernance de Mamadi Doumbouya ».

Il a félicité les membres du gouvernement pour leur efficacité : « L’écrasante majorité de la population estime que l’action menée sous le leadership du président mérite d’être soutenue ».

Des promesses pour l’avenir

Le Premier ministre a partagé une confidence du président : « Il y a quelques jours, il m’a dit : nous ferons encore de plus grandes choses en Guinée. C’est ce qui commence aujourd’hui ».
Cette déclaration projette une image de continuité et d’ambition renouvelée pour le pouvoir en place.

Contexte électoral et enjeux urbains

Cette annonce intervient trois semaines avant l’élection présidentielle du 28 décembre 2025, où Mamadi Doumbouya se présente pour sa propre succession.
Le lancement de grands travaux urbains à ce moment stratégique illustre la volonté de montrer l’action concrète du gouvernement.

La nouvelle cité répond également à un besoin urgent : logements décents pour les fonctionnaires dans une ville confrontée à l’habitat précaire et à l’urbanisation anarchique.
La reconstruction de Coronthie symbolise la résilience de Conakry et la capacité de l’État à transformer une tragédie en opportunité de développement.

Si le projet se réalise dans les délais annoncés, il pourrait changer le paysage urbain de Conakry et améliorer les conditions de vie de nombreux fonctionnaires.
Reste à voir si cette annonce se traduira par une réalisation effective, dans un pays où les projets d’infrastructure connaissent souvent des retards.

Abdoulaye Kourouma promet 500 000 emplois et fait de la justice sa priorité

Le président du Rassemblement pour la renaissance et le développement (RRD)Abdoulaye Kourouma, a dévoilé son programme de société en vue de l’élection présidentielle guinéenne du 28 décembre 2025. Articulé autour de 10 axes prioritaires, ce programme mise particulièrement sur l’indépendance judiciaire comme condition sine qua non du développement, avec l’ambition de créer 500 000 emplois en cinq ans.

Une justice indépendante comme « colonne vertébrale » du développement

Abdoulaye Kourouma, ancien député, a placé la justice au cœur de sa vision : « Tout cela ne se fait pas sans le respect de la justice. Et là, rassurez-vous, un pays qui se veut développer a obligatoirement besoin d’une justice équitable et indépendante ». Il ajoute : « La justice est la colonne vertébrale de notre programme de société. Pas de justice, pas de santé, d’éducation, d’investissement ».

Pour le candidat, cette approche crée un cercle vertueux : « Lorsqu’il y a de la justice, il y a de l’investissement. Et quand il y a de l’investissement, il y a la création d’emplois […] Et cela nous amène à la stabilité sociale ».

Les 10 axes du programme de société

Le programme du RRD s’articule autour des priorités suivantes :

  • Refondation de l’État et gouvernance vertueuse : Instaurer une gouvernance fondée sur la transparence, la responsabilité et le mérite.
  • Réconciliation nationale et unité : Panser les blessures du passé et renforcer la cohésion nationale.
  • Sécurité des citoyens et souveraineté du territoire : Assurer la protection des personnes et des biens.
  • Éducation, formation et recherche : Garantir une éducation de qualité et utile à l’économie.
  • Santé pour tous : Garantir l’accès équitable à des soins de qualité sur tout le territoire.
  • Relance économique et industrialisation : Diversifier l’économie et créer 500 000 emplois en 5 ans.
  • Souveraineté alimentaire : Atteindre cet objectif d’ici 2030.
  • Modernisation des infrastructures : Garantir l’accès à l’énergie pour tous.
  • Protection de l’environnement : Aménager durablement le territoire.
  • Jeunesse : Donner aux jeunes les moyens de construire leur avenir.

Des engagements chiffrés et un mécanisme de suivi

Parmi les engagements les plus concrets figure la création de 500 000 emplois en cinq ans, un objectif ambitieux dans un pays où le chômage des jeunes constitue un défi majeur. L’atteinte de la souveraineté alimentaire d’ici 2030 représente un autre engagement fort dans un pays qui importe encore une partie significative de sa nourriture.

Abdoulaye Kourouma promet également un système de suivi-évaluation rigoureux : « Nous allons créer un comité présidentiel de suivi et d’évaluation du programme avec la publication semestrielle des rapports de performance, l’évaluation indépendante par la société civile et les partenaires ».

Un programme dans un contexte électoral compétitif

Cette présentation intervient alors que la campagne présidentielle guinéenne entre dans sa phase décisive. Abdoulaye Kourouma fait face à plusieurs candidats de poids, notamment le général Mamadi Doumbouya (candidat de la transition), Abdoulaye Yéro Baldé (FRONDEG), et d’autres figures de l’opposition.

L’accent mis sur la justice indépendante répond à une préoccupation majeure des Guinéens, dans un pays où le système judiciaire a souvent été critiqué pour son manque d’indépendance et son instrumentalisation politique.

Les défis de la mise en œuvre

Si le programme est ambitieux, sa mise en œuvre se heurtera à plusieurs défis :

  • Le financement : La création de 500 000 emplois et la modernisation des infrastructures nécessitent des investissements massifs.
  • La gouvernance : La lutte contre la corruption et l’instauration d’une justice véritablement indépendante nécessitent une volonté politique forte et durable.
  • Le contexte sécuritaire : La stabilité du pays est essentielle pour attirer les investissements promis.
  • La crédibilité des engagements : Dans un contexte politique souvent marqué par des promesses non tenues, Kourouma devra convaincre de sa capacité à traduire son programme en actions concrètes.

Le candidat conclut son plaidoyer par un slogan simple mais évocateur : « Voter Abdoulaye Kourouma, c’est choisir la justice pour tous et le développement ». Un message qui cherche à séduire un électorat en quête de stabilité, d’équité et de perspectives économiques après des années d’incertitude politique.

Doumbouya procède à un vaste remaniement judiciaire avant l’élection

Le général Mamadi Doumbouya a procédé ce jeudi à un vaste remaniement de l’appareil judiciaire guinéen, quelques semaines seulement avant l’élection présidentielle du 28 décembre 2025. Par décret, le chef de l’État a nommé de nouveaux responsables à la tête des Cours d’Appel de Conakry et Kankan, ainsi que des Tribunaux de Première Instance clés à travers le pays.

Un renouvellement profond de la magistrature

Ce changement touche toutes les juridictions, de Conakry à l’intérieur du pays, et se caractérise par l’intégration massive de la 7e promotion de magistrats. Le renouvellement concerne aussi bien les juges du siège que les membres du parquet, avec des rotations importantes entre différentes régions.

À la Cour d’Appel de ConakryM. Ibrahima Sory Tounkara est nommé Premier président, tandis que M. Fallou Doumbouya prend la tête du Parquet général comme procureur général. Notons la nomination de Mme Fanta Cherif, précédemment conseillère, comme présidente de la 7e chambre civile, économique et administrative.

À la Cour d’Appel de KankanM. Pierre Lamah devient Premier président, avec M. Alghassimou Diallo comme procureur général.

Les tribunaux de Conakry réorganisés

Dans la capitale, les tribunaux de première instance subissent d’importants changements :

  • Kaloum : présidence confiée à Mme Aissatou Sacko

  • Dixinn : M. Aboubacar Thiam promu président

  • Mafanco : M. Souleymane Traoré nommé président

Le Tribunal de commerce de Conakry aura désormais à sa tête M. Sekou Kandé, tandis que le Tribunal pour enfants sera présidé par M. Mohamed Bamba Camara.

L’intérieur du pays également concerné

Le remaniement s’étend à toutes les régions de la Guinée :

  • Kindia : M. Ousmane Sylla nommé président du TPI

  • Dubréka : M. Abdoul Ziz Diallo prend la présidence

  • Kankan : M. Mamadou Saliou Diakité nommé président

  • Faranah et Kissidougou : rotations importantes entre les deux juridictions

Une 7e promotion massivement intégrée

Un aspect marquant de ce remaniement est l’intégration massive des jeunes magistrats de la 7e promotion. On les retrouve à des postes de juges, juges d’instruction et substituts du procureur dans presque toutes les juridictions, témoignant d’une volonté de renouvellement générationnel de l’appareil judiciaire.

Un timing stratégique avant la présidentielle

Ce remaniement intervient à un moment crucial de la vie politique guinéenne. À moins de quatre semaines de l’élection présidentielle où Mamadi Doumbouya est candidat, cette réorganisation complète du système judiciaire peut être interprétée comme une volonté de s’assurer du contrôle des institutions judiciaires pendant et après la période électorale.

La justice jouera en effet un rôle clé dans le traitement d’éventuels contentieux électoraux, ainsi que dans le maintien de l’ordre pendant le scrutin. La nomination de nouveaux procureurs et juges dans toutes les régions du pays permet au pouvoir en place de disposer de relais judiciaires fraîchement installés à l’approche de ce rendez-vous électoral décisif.

Ce mouvement de grande ampleur témoigne de la préparation intensive du pouvoir pour la présidentielle, où la crédibilité des institutions, notamment judiciaires, sera un enjeu majeur pour la légitimité du processus électoral et de son résultat.

Présidentielle guinéenne : un cadre de l’opposition enlevé, le Bloc Libéral dénonce une « stratégie de terreur »

À moins de quatre semaines de l’élection présidentielle guinéenne du 28 décembre 2025, le climat politique se tend dangereusement. Le Bloc Libéral (BL), parti d’opposition dirigé par Faya Millimouno, a annoncé ce jeudi l’enlèvement de son directeur adjoint de campagne, Massa Douago Guilavogui. Le kidnapping aurait eu lieu dans la nuit du 2 au 3 décembre.

Le parti dénonce un acte « odieux » et parle d’une « stratégie de terreur ». Selon lui, cette manœuvre vise à étouffer les voix dissidentes en pleine période électorale.

Un militant enseignant enlevé par des « individus non identifiés »

D’après le communiqué du BL, Massa Douago Guilavogui, également enseignant, a été enlevé par des individus non identifiés. Le parti considère cette disparition comme faisant partie d' »une série d’attaques » contre ses cadres et militants. Aucun détail supplémentaire sur les incidents précédents n’a été fourni.

Le BL décrit Guilavogui comme « un militant engagé » qui œuvre pour l’éducation et l’amélioration des conditions des enseignants. Son profil le relie directement aux tensions sociales récentes, notamment la grève des enseignants qui dure depuis plusieurs semaines.

Cinq exigences pour rétablir la confiance

Le Bloc Libéral a formulé cinq exigences face à cet enlèvement :

  • Condamner fermement l’enlèvement et exiger la libération immédiate de Massa Douago Guilavogui.

  • Libérer toutes les personnes portées disparues ou détenues arbitrairement.

  • Lancer une enquête urgente et impartiale pour identifier les auteurs et les commanditaires.

  • Garantir la sécurité de tous les acteurs politiques pendant la campagne électorale.

  • Respecter les droits fondamentaux et le libre exercice de l’activité politique.

Le parti considère cet enlèvement comme « une atteinte grave aux droits humains, à la sûreté des citoyens et au libre exercice de la politique ». Il ajoute que ces actes plongent le pays dans « un climat de terreur inacceptable » alors que l’élection doit être libre et apaisée.

Un contexte électoral déjà tendu

Cette affaire intervient dans un climat politique déjà très tendu. La campagne présidentielle bat son plein. Le général Mamadi Doumbouya, chef de la transition, est le candidat favori. Il affronte plusieurs opposants, dont Abdoulaye Yéro Baldé (FRONDEG) et Faya Millimouno (BL).

Les dernières semaines ont été marquées par des tensions sociales, des remaniements sécuritaires dans l’armée et la police, et des accusations contre le pouvoir pour verrouillage du processus électoral.

L’enlèvement d’un cadre d’opposition, si confirmé, pourrait sérieusement compromettre la crédibilité du scrutin. La Guinée, qui cherche à tourner la page de la transition militaire de septembre 2021, ne peut se permettre une escalade des violences à l’approche du vote.

Les prochaines heures seront cruciales. La réaction des autorités, la conduite d’une enquête indépendante et le sort de Massa Douago Guilavogui détermineront si le pays pourra organiser l’élection dans des conditions de sécurité et de liberté acceptables.

Yéro Baldé regrette l’absence de Condé, Diallo et Touré à la présidentielle

À l’approche de l’élection présidentielle guinéenne du 28 décembre 2025, le candidat du Front démocratique de Guinée (FRONDEG)Abdoulaye Yéro Baldé, a exprimé ses regrets quant à l’absence des poids lourds politiques Cellou Dalein DialloAlpha Condé et Sidya Touré de la compétition électorale. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur a toutefois réaffirmé sa détermination à remporter le scrutin face au candidat de la transition, le général Mamadi Doumbouya.

« J’aurais aimé qu’ils soient présents »

Abdoulaye Yéro Baldé n’a pas caché sa déception face à un paysage électoral privé de certaines figures historiques. « J’aurais aimé que ces leaders – que ce soit le Premier ministre Sidya Touré, le Premier ministre Cellou Dalein Diallo, le président Alpha Condé – soient présents ou à travers leurs partis, ça aurait été l’idéal », a-t-il déclaré, se présentant comme « un démocrate convaincu ».

Le candidat a rappelé son propre parcours pour étayer ses convictions démocratiques : « J’ai démissionné du gouvernement [d’Alpha Condé] parce que je crois fermement à la démocratie et la liberté. J’aurais préféré qu’ils soient aussi présents ou leurs partis, mais ce n’est pas le cas. »

Une campagne centrée sur la stabilité politique

Face à cette absence, Yéro Baldé axe sa campagne sur la promesse d’instaurer une stabilité politique durable en Guinée. « Depuis notre indépendance en 1958, l’instabilité est permanente en Guinée. Chaque changement de régime s’accompagne de morts, de tueries et il faut que ça s’arrête », a-t-il martelé.

Il insiste sur la « soif de stabilité politique » des Guinéens, qu’il considère comme un prérequis essentiel pour « engager un développement réel de notre pays ». Son projet de société vise précisément, selon ses termes, à empêcher que « ce type d’actes se répètent ».

Les libertés démocratiques comme priorité

Le candidat du FRONDEG a détaillé ses priorités en cas de victoire. « Si je suis président de la République, la première des choses, c’est de rétablir les libertés démocratiques, la liberté de la presse et la liberté d’opinion et faire de la justice le principal instrument du changement dans notre pays. »

Une promesse qui résonne particulièrement dans un contexte où la transition militaire a été marquée par des restrictions des libertés publiques et où la candidature de Mamadi Doumbouya elle-même fait débat. Yéro Baldé a d’ailleurs rappelé que « selon la charte de la transition, Mamadi Doumbouya n’avait pas le droit de se présenter », tout en reconnaissant que « ce qui s’est passé aujourd’hui, c’est un état de fait ».

Un appel aux absents à contribuer à l’avenir du pays

Interrogé sur la possibilité de capitaliser politiquement sur l’absence de ces figures, Yéro Baldé a répondu par la négative. « La question de capitaliser sur leur absence ne se pose pas. Aujourd’hui, il faut capitaliser sur quoi ? Sur ce besoin fondamental des Guinéens : la soif de changement. »

Il lance plutôt un appel à Diallo, Touré et Condé : « Nous sommes à un tournant historique de l’avenir de la Guinée. Qu’ils soient présents ou pas, il faut qu’ils apportent leur contribution, qu’ils parlent à leurs militants et que nous puissions aller de l’avant pour un meilleur avenir pour tous. »

Cet entretien révèle la stratégie du candidat du FRONDEG : se présenter comme l’alternative démocratique et stable face à un pouvoir issu de la transition militaire, tout en tentant de rallier symboliquement l’électorat des leaders politiques exclus du processus. À moins de quatre semaines du scrutin, Yéro Baldé tente de capitaliser sur les frustrations liées aux absences forcées tout en proposant un programme centré sur la rupture avec l’instabilité chronique du pays.

Doumbouya : « Ma main ne tremblera pas contre la corruption »

Le mardi, le candidat à la présidence guinéenne Mamadi Doumbouya a pris la parole pour s’adresser directement aux Guinéens, à quelques semaines du scrutin décisif du 28 décembre 2025. Le leader du mouvement Génération pour la modernité et le développement (GMD) a présenté un bilan de ses quatre années à la tête de la transition et détaillé sa vision pour « une Guinée prospère » s’il est confirmé à la magistrature suprême.

« Nous avons besoin de vous pour continuer à bâtir ensemble, avec toutes les filles et tous les fils de notre nation, une Guinée prospère, résolument tournée vers son développement harmonieux et le bien-être de ses populations », a déclaré Doumbouya, posant d’emblée les fondements de son projet de société basé sur « l’amour de notre patrie » et « l’engagement de bâtir ensemble ».

Priorités affichées : pauvreté, corruption et bien-être social

Le candidat a cité parmi ses priorités absolues « la lutte farouche contre la pauvreté et la corruption ». Son objectif affiché : permettre à chaque Guinéen de « manger à sa faim, scolariser ses enfants dans les meilleures écoles et dans les meilleures conditions, se loger dignement, se déplacer librement en sécurité ». Il s’est engagé à travailler avec « détermination, rigueur et discipline » pour consolider des institutions fortes dans un État de droit moderne.

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Un bilan chiffré de la transition

Mamadi Doumbouya a longuement détaillé les réalisations de sa gouvernance depuis quatre ans, qu’il présente comme des preuves tangibles de sa capacité à transformer le pays.

Infrastructures de transport : « Plus de 1 000 km de routes bitumées », avec mention spéciale des ponts de Tanènè (avec péage), de la Soumba, de Kassonya, et des échangeurs de Bambeto, Kagbelen et Km 36.

Santé et éducation : Lancement de la « construction d’hôpitaux dans plusieurs régions », bâtiment d’écoles modernes comme Barry Diawadou de Dixinn, et garantie d’une « prise en charge médicale à 80 % de tous les fonctionnaires et retraités » ainsi que la « gratuité progressive pour les femmes et hommes de culture ».

Formation et administration : Création du Prytanée militaire de Guinée, construction de la cité administrative de Koloma, rénovation et extension de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré.

Entreprises publiques : Mise en place de la Nimba Mining Company, de la Compagnie du Transguinéen, et de la Banque nationale d’investissement (BNI).

Services de base : Amélioration de « l’accès à l’eau potable » et renforcement de « l’électrification de nos villes et villages », sans oublier la dotation en « véhicules adaptés aux besoins de l’administration déconcentrée à tous les gouverneurs, préfets et sous-préfets ».

Simandou : le projet structurant de l’avenir

Le candidat a accordé une place particulière au projet Simandou, présenté comme la clé de voûte du développement économique futur. « Le 11 novembre à 11h11, nous avons entendu les premiers trains de Simandou siffler à Morébaya », s’est-il félicité. Selon lui, les revenus de ce gigantesque projet minier doivent « permettre de diversifier et d’accélérer durablement le développement économique de notre nation et renforcer la souveraineté politique et économique du pays ».

Une ligne rouge anti-corruption

Dans un passage fort de son discours, Doumbouya a martelé : « Je vous réitère que ma main ne tremblera pas contre la corruption ». Une déclaration qui fait écho aux critiques fréquentes sur la gouvernance des ressources minières en Guinée, et qui vise à rassurer sur la transparence future de la gestion de la manne de Simandou.

L’appel final à « bâtir ensemble »

Le candidat a conclu par un appel à l’unité nationale, invitant les Guinéens à le rejoindre dans « cette dynamique de construction nationale pour une Guinée unie, prospère et résolument tournée vers l’avenir ». Son slogan de campagne, « Rejoignez-nous pour bâtir ensemble notre nouvelle Guinée, notre paradis, terre de richesses et d’innovations », résume sa volonté de se présenter non seulement comme le continuateur de la transition, mais comme l’architecte d’une nouvelle ère de développement.

Ce discours, dense en annonces et en chiffres, constitue la pierre angulaire de la campagne de Doumbouya. Il vise à transformer l’essai de la période transitoire en légitimité électorale, en convainquant les Guinéens que quatre années supplémentaires sont nécessaires pour consolider et amplifier les transformations engagées. Reste à voir si ce bilan auto-proclamé trouvera écho dans l’urne le 28 décembre prochain.

Doumbouya : la campagne qui bouscule la Guinée

À Conakry, alors que le pays se prépare à une présidentielle décisive, un nom résonne avec insistance : Mamadi Doumbouya. Le candidat de la Génération pour la Modernité et le Développement (GMD) ne se contente pas de battre campagne ; il bâtit une machine électorale comme la Guinée n’en avait encore jamais vu.
À moins d’un mois du vote, son équipe avance avec la précision d’un horloger. Chaque déplacement, chaque message, chaque visuel semble pensé, travaillé, affiné pour une seule ambition : convaincre et mobiliser massivement.

Dès les premiers jours, le décor est planté. Le Directoire national publie un organigramme complet, une transparence rare dans la politique guinéenne. Les responsabilités y sont clairement attribuées, les missions parfaitement définies. Pour de nombreux observateurs, ce geste marque un tournant. On découvre un appareil maîtrisé, rigoureux, décidé à imposer un nouveau standard : celui du professionnalisme politique.

Un déploiement rapide, méthodique, presque militaire

En quelques semaines seulement, les structures du Directoire se déploient à travers toute la Guinée… et au-delà. Dans les capitales africaines, européennes ou américaines, les représentations du GMD s’organisent à grande vitesse. Le message est clair :
aucun électeur, où qu’il soit, ne doit rester en marge de la campagne Mamadi Doumbouya.

Cette montée en puissance trouve un moment clé dans l’organisation d’un séminaire national inédit. Responsables régionaux, préfectoraux, sous-préfectoraux : tous se retrouvent autour d’une même feuille de route. Les participants décrivent des heures de travail intenses, une ambiance d’efficacité, une méthodologie précise. Pour la première fois, affirment certains, une campagne présidentielle guinéenne semble avancer avec un cap limpide, des outils concrets et un objectif partagé : construire la victoire du 28 décembre.

Peu après, un autre séminaire réunit les responsables préfectoraux autour du projet de société, de la stratégie, du code électoral et même de la charte graphique.
Rien n’est laissé au hasard.
Tout est pensé pour façonner une campagne cohérente, disciplinée et moderne.

Une dynamique inclusive et un appareil qui se renforce

Chaque semaine, le Directoire multiplie les rencontres avec des leaders de coalitions politiques. L’objectif : renforcer l’unité, créer des convergences, élargir la base de soutien. Dans une Guinée souvent agitée par les ruptures, Doumbouya veut une campagne « civilisée et gagnante ».

Le 1er décembre, l’inauguration de la permanence nationale du GMD marque un symbole fort. Une maison, un quartier général, un repère pour une mouvance qui entend réinventer la manière de faire campagne.

Sur le terrain, les mécanismes de coordination s’affinent. Les mouvements de soutien s’intègrent progressivement à une structure maîtrisée. Les associations, les coalitions de partis, les organisations citoyennes trouvent leur place dans un ensemble cohérent.
Au cœur de cette architecture, une idée revient constamment :
la proximité avec le peuple, l’écoute, la pédagogie autour du projet de société.

Une campagne qui redéfinit les codes guinéens

Au fil des semaines, une évidence s’impose : la campagne Mamadi Doumbouya n’est pas une campagne comme les autres. Elle est plus rapide, plus structurée, plus méthodique. Ses innovations, sa discipline et sa maîtrise du tempo surprennent même les observateurs les plus aguerris.

Jamais en Guinée un appareil électoral n’avait atteint un tel niveau de professionnalisation.
Jamais un candidat n’avait déployé autant d’outils modernes, autant de coordination, autant d’efficacité.

À mesure que le 28 décembre approche, une question domine les analyses :
cette organisation exemplaire sera-t-elle le moteur de la victoire de Mamadi Doumbouya ?

Si la politique n’offre jamais de certitudes, une chose est sûre :
le candidat du GMD avance avec la force tranquille d’un homme qui croit en sa méthode, en son équipe et en sa destinée.

Campagne Doumbouya : le GMD mise sur le « rabattage » et la formation en cascade

À l’approche de l’élection présidentielle du 28 décembre 2025, le mouvement Génération pour la modernité et le développement (GMD) passe à la vitesse supérieure. Le directoire de campagne du candidat Mamadi Doumbouya a lancé une vaste opération de formation et de structuration sur l’ensemble du territoire national. Objectif affiché : transformer l’essai de la transition en une victoire électorale incontestable.

Faya François Bourouno, directeur adjoint de campagne, en a fixé les contours : « L’objectif que nous visons, c’est la victoire du candidat Mamadi Doumbouya le 28 décembre 2025. » Mais cette victoire, selon lui, repose sur des fondations précises : « une forte participation des Guinéens » et « la tenue d’un scrutin paisible ». Deux conditions que le GMD entend activement préparer.

Une campagne « structurée et civilisée » pour éviter le folklore

Conscient des enjeux, le mouvement mise sur une organisation rigoureuse pour éviter les écueils des campagnes traditionnelles. « Il faut une bonne organisation, une bonne préparation pour avoir une campagne structurée, une campagne civilisée, mais une campagne qui mène vers cette victoire », explique M. Bourouno. Une approche qui contraste avec le « folklore » et les « grands meetings » souvent associés aux élections en Afrique.

Pour y parvenir, le GMD a mis en place un système de formation en cascade déjà opérationnel. « On a déjà des formateurs nationaux et régionaux qui ont été formés. Ils sont sur le processus de déploiement dans les régions et préfectures pour la formation jusqu’à la formation des délégués des bureaux de vote », détaille le responsable. Une méthodique descente vers la base du système électoral.

Le « rabattage » : une stratégie de proximité pour toucher chaque électeur

L’innovation stratégique majeure réside dans le déploiement d’un système de « rabattage » électoral. Un terme qui désigne ici une campagne de terrain intensive et ciblée. « Pour le candidat, il faut que son projet de société soit connu par les Guinéens afin qu’ils votent pour lui sur la base de ce qu’il propose », insiste Bourouno. Et pour cela, pas question de se limiter aux grandes villes : « Il faut que cette campagne soit une campagne de proximité. Pour cela, il faut organiser un système de sensibilisation qui permette de toucher l’électeur dans sa zone de résidence. »

Ce dispositif repose sur l’architecture administrative du pays, déployé « en cascade jusqu’à atteindre les électeurs dans les secteurs. » La formation a inclus non seulement les cadres du GMD, mais aussi « des représentants des coalitions de partis politiques et des coordinations de mouvements de soutien » qui appuient la candidature de Doumbouya.

Un maillage territorial jusqu’au quartier

Une fois formés, ces relais régionaux retournent sur le terrain avec une mission précise : former à leur tour des acteurs locaux qui « iront faire l’activité de rabattage en appui à nos directoires mis en place dans les sous-préfectures et à nos comités de campagne de quartier et de district. »

Cette stratégie de maillage fin du territoire vise à créer une présence permanente du candidat sur le terrain, même dans les zones les plus reculées. Elle répond directement à l’appel lancé quelques jours plus tôt par le Premier ministre Bah Oury, qui exhortait les partisans de Doumbouya à « aller chercher les gens dans leur maison » et à « faire du porte-à-porte ».

À deux mois du scrutin, le GMD dévoile ainsi les rouages d’une machine électorale moderne, combinant formation technique des délégués et mobilisation populaire de proximité. Un double dispositif qui vise à la fois à sécuriser le processus électoral et à maximiser le vote en faveur de Mamadi Doumbouya, présentant sa campagne comme un modèle de professionnalisme politique face à ce moment crucial pour l’avenir de la Guinée.

Bah Oury en campagne : « Allez chercher les gens dans leur maison pour le 28 décembre »

À Matam, où les partisans du général Mamadi Doumbouya s’étaient rassemblés en nombre, le Premier ministre Bah Oury a lancé un appel vibrant à la mobilisation. Devant une foule enthousiaste, il a martelé un message clair : la bataille électorale n’est jamais gagnée d’avance. Son discours, loin de toute autosatisfaction, était un rappel à l’ordre pour les militants et une stratégie pour maximiser la participation au scrutin du 28 décembre prochain.

« Le candidat Mamadi Doumbouya nous regarde et vous regarde », a déclaré Bah Oury, insistant sur la volonté du candidat de la transition d’une campagne exemplaire et d’un taux de participation élevé. « Il ne faut jamais dire que la bataille est gagnée d’avance », a-t-il répété, recentrant l’enjeu non pas sur les adversaires politiques, mais sur la mobilisation populaire. « L’enjeu, c’est le taux de participation, ce n’est pas un adversaire. C’est un enjeu principal pour nous que le taux de participation soit particulièrement élevé ».

Un appel au porte-à-porte et à la mobilisation de terrain

Le chef du gouvernement a alors détaillé la marche à suivre pour les militants, esquissant une véritable stratégie de terrain. « Allez chercher les gens dans leur maison, faites du porte-à-porte, réveillez ceux qui sont endormis », a-t-il exhorté. Un discours qui tranche avec la simple logique des grands meetings, reconnaissant que le succès électoral se joue aussi dans l’effort patient de conviction individuelle.

« Ne croyez pas que c’est simplement le bruit ou bien un vote en faveur du candidat Mamadi Doumbouya qui nous intéresse. Nous voulons davantage« , a-t-il poursuivi, fixant une exigence de légitimité forte pour le scrutin à venir.

La quête d’un mandat populaire « clair, net et sans ambiguïté »

L’objectif ultime, selon Bah Oury, est l’obtention d’un mandat populaire incontestable. « Il faut que le mandat populaire soit clair, net et sans ambiguïté, avec un taux de participation élevé », a-t-il affirmé. Une déclaration qui semble viser à la fois la crédibilité interne et la légitimité internationale du futur président, dans un contexte où les transitions politiques en Guinée sont observées avec une attention particulière.

Il a conclu en faisant de cette mobilisation une responsabilité collective : « Pour cette raison, c’est notre travail à nous tous, dans les grandes villes, dans les quartiers, dans les villages, dans les villes moyennes… Cherchez tout le monde pour qu’on aille voter le 28 décembre 2025 ».

Une stratégie visant à légitimer la transition

Ce discours, tenu dans un fief de soutien à Doumbouya, révèle une stratégie consciente de la part du camp au pouvoir. Plutôt que de se reposer sur une dynamique supposée acquise, il mise sur une participation massive pour assoir la légitimité du processus et du futur vainqueur. En appelant à mobiliser même « ceux qui sont endormis », Bah Oury reconnaît implicitement les défis de l’abstention et de la lassitude électorale, tout en cherchant à les surmonter par un travail militant intensif.

À quelques semaines du scrutin, ce meeting à Matam montre un camp décidé à transformer l’essai de la transition en une victoire électorale aussi large que possible, pour donner au prochain président une assise populaire qui dépasse le simple comptage des voix.

Mohamed Nabé (ARP) à Labé : « Notre projet est d’abord d’écouter »

Ce dimanche 30 novembre, c’est dans l’énergie sobre et le dialogue que l’Alliance Renouveau pour le Progrès (ARP) a choisi d’entrer en campagne. À Labé, devant un public attentif, son candidat Mohamed Nabé a posé les bases d’une tournée nationale singulière, moins tournée vers les promesses spectaculaires que vers l’écoute des préoccupations quotidiennes.

« Nous venons expliquer notre projet et écouter vos priorités », a déclaré d’emblée le président de l’ARP, fixant le ton de sa démarche. Une phrase qui résume sa philosophie de campagne : un dialogue permanent avec les citoyens, présenté comme le socle d’une gouvernance future plus proche et plus responsive.

Une campagne axée sur l’échange, pas sur le monologue

Contrairement aux grands meetings électrisés de Conakry ou de Dubréka, le lancement à Labé a pris la forme d’une rencontre d’échanges. Les interventions, tant du candidat que de ses équipes, ont porté sur des thèmes concrets et ressentis localement : la gouvernance de proximité, l’accès aux services publics (santé, éducation, eau), l’organisation de l’administration et les besoins spécifiques des communautés.

« Notre démarche est de rester proches des citoyens tout au long de cette campagne », a insisté Mohamed Nabé. Il s’agit pour lui de construire son programme non pas dans un bureau, mais sur le terrain, en prenant le pouls des Guinéens de l’intérieur du pays, souvent moins audibles que les capitalins.

Labé, premier jalon d’une tournée nationale d’écoute

Ce rassemblement à Labé n’est que le point de départ. Il marque le début d’une tournée nationale que le candidat et son équipe entendent mener dans les semaines cruciales qui précèdent le scrutin du 28 décembre 2025. L’objectif est clair : s’imprégner des réalités de chaque région, des plateaux du Fouta aux forêts de Guinée forestière, pour forger un projet qui parle à tous.

Dans un contexte électoral où les discours sont souvent très généraux, la stratégie de l’ARP se distingue par son ancrage local et participatif. Elle répond à une attente palpable d’une partie de l’électorat, fatigué des promesses descendantes et en quête d’une politique plus concrète et plus humble.

Un style qui tranche dans le paysage électoral

Face à des concurrents qui brandissent des projets de centaines d’usines, de millions d’emplois ou de révolution féminine, Mohamed Nabé mise sur un atout différent : la crédibilité du dialogue. Son message sous-entend qu’une bonne politique commence par une bonne écoute, et qu’aucun développement durable ne peut être imposé sans avoir été discuté avec celles et ceux qui le vivront.

Le pari est audacieux. Dans le feu médiatique d’une campagne, le discours de l’écoute risque d’être moins bruyant que celui des grandes ambitions. Mais il pourrait séduire un électorat désireux de renouveau dans la manière même de faire de la politique. Les prochaines étapes de sa tournée diront si cette offre de campagne « à l’écoute » trouve un écho suffisant pour porter l’ARP au-delà de ses bastions.

Dubréka vibre pour Makalé Camara : une femme, une vision, une nation

Devant une foule fervente rassemblée au stade préfectoral de Dubréka, sa terre natale, Hadja Makalé Camara a lancé ce dimanche 30 novembre un message clair : l’heure est venue pour les femmes guinéennes de « prendre leur part de responsabilité ». Candidate du Front pour l’Alliance Nationale (FAN) et seule femme en lice pour la présidentielle du 28 décembre, elle a placé son discours sous le double signe de l’unité nationale et de l’émancipation féminine.

« Je conduis cette campagne pour aider les femmes à se tenir, pour dire aux femmes d’oser lever la main pour candidater. Les femmes doivent oser le pouvoir. Sans le pouvoir, nous serons toujours derrière », a-t-elle lancé, soulevant un tonnerre d’applaudissements.

Une candidature présentée comme historique et méritocratique

L’événement avait des allures de consécration. Aboubacar Aly Camara, coordinateur fédéral du FAN à Dubréka, a ouvert la cérémonie en soulignant la portée symbolique de cette candidature. « Nous sommes réunis ici pour confirmer un projet, une vision, et un avenir meilleur », a-t-il déclaré, présentant Makalé Camara comme une dirigeante « unie et responsable », engagée pour la « justice sociale, l’équité et la transparence ».

Son directeur de campagne, Ibrahima Sory Camara, a insisté sur la légitimité et l’expérience de la candidate, ancienne ministre. « La Guinée a besoin de femmes responsables capables d’apporter un changement crucial… et elle en est capable », a-t-il martelé, voyant en sa sélection parmi les neuf candidats retenus la preuve d’une « réalité méritocratique ».

« Je ne suis pas une messie, mais une citoyenne à sa place »

Dans un discours personnel et puissant, Hadja Makalé Camara a su toucher juste. « La femme que je suis se tient pour ce pays… Je ne suis pas en train de concourir pour un destin personnel ; je ne crois pas en la messie pour les autres », a-t-elle affirmé, refusant tout culte de la personnalité.

Elle a plutôt appelé à écrire ensemble « une histoire de femmes ». Une histoire qui s’intéresse à la femme « en tant qu’être humain qui a des droits inaliénables… et qui a sa place dans l’accomplissement du destin de notre nation ». Revendiquant sa citoyenneté avant tout, elle a rappelé : « Je travaille pour la Guinée depuis que je sais marcher, et je continuerai. »

Un plaidoyer pour l’unité face aux richesses gaspillées

Au-delà de la cause féminine, la candidate a dressé un tableau sans concession de la Guinée. Elle a énuméré les richesses immenses du pays – bauxite, fer, eau, terres agricoles – pour mieux déplorer la pauvreté persistante et l’exode de la jeunesse.

Elle a fermement condamné les replis identitaires et l’ethnocentrisme, obstacles au développement. « Nous sommes une nation arc-en-ciel, diverse et bénie. Unissons-nous pour développer ce pays », a-t-elle plaidé, appelant à une cohésion sociale comme fondement de toute prospérité.

Le début d’une campagne axée sur le rassemblement

Ce lancement à Dubréka marque le début d’un parcours qui se veut rassembleur et apaisé, en contraste avec une campagne souvent tendue. Face à des rivaux qui promettent des centaines d’usines ou des millions d’emplois, Makalé Camara mise sur une autre valeur : la responsabilisation collective, en commençant par la moitié de la population trop longtemps tenue à l’écart du pouvoir.

Son message est autant un programme qu’un acte de foi dans les capacités des Guinéennes. Reste à voir si cet appel à « oser le pouvoir » résonnera suffisamment fort pour transformer l’essai historique du 28 décembre.

Bouna Keita et le RGP : « 100 usines pour la Guinée »

Ils étaient des milliers, ce dimanche 30 novembre, à encercler le siège du Rassemblement pour une Guinée Prospère (RGP) à Kissosso, dans la commune de Matoto. Deux jours après l’ouverture de la campagne présidentielle, le parti a montré sa force. La mobilisation pour lancer la candidature d’Elhadj Bouna Keita a attiré une foule déterminée.

Dans une ambiance électrique, le leader du RGP a présenté sa vision : faire de la Guinée une puissance industrielle africaine. « Si je suis élu président, ma force sera l’agriculture. Ma force sera l’agro-industrie. Ma force sera la création d’une banque destinée à soutenir l’agriculture et les industries », a-t-il lancé devant une assemblée conquise.

Le pari industriel : « 100 usines pour tuer le chômage »

Le discours de Bouna Keita repose sur un constat clair et une ambition forte. Le constat : « À son époque, la Guinée était l’un des pays les plus industrialisés. Aujourd’hui, cela nous manque cruellement. » L’ambition : inverser la tendance grâce à un plan massif.

Son objectif est précis : créer au moins 100 industries dans le pays. Pour lui, cette stratégie peut réduire le chômage des jeunes et limiter l’insécurité. « Si nous parvenons à créer au moins 100 industries, le chômage des jeunes diminuera considérablement, tout comme le banditisme », a-t-il assuré.

L’agro-industrie occupe une place centrale dans son projet. Le candidat veut relancer les filières du café et du cacao. Il promet aussi de transformer ces produits sur place pour renforcer la position de la Guinée dans la région. Il prévoit enfin la création d’usines textiles, un secteur qui peut générer de nombreux emplois, surtout pour les femmes.

Une banque pour les agriculteurs, des infrastructures pour tous

Pour soutenir cette transformation, Bouna Keita propose une banque dédiée à l’agriculture et à l’industrie. Il veut offrir aux agriculteurs un outil financier adapté à leurs besoins et accélérer la modernisation du secteur rural.

Son programme inclut aussi un vaste chantier social. Le candidat promet des écoles et des hôpitaux modernes dans toutes les préfectures. Il compte améliorer la qualité des soins et valoriser les médecins guinéens. L’émancipation des femmes constitue, selon lui, un pilier essentiel de son mandat.

Son directeur de campagne résume l’idée maîtresse du RGP : exploiter durablement le potentiel du « pays vert » – agriculture, élevage, pêche et mines – pour financer les infrastructures nécessaires « de Conakry à Yomou ».

Une campagne qui démarre en force

Ce premier meeting donne au RGP un élan important dans une campagne très disputée. Le parti se positionne face à d’autres candidats, dont Abdoulaye Yéro Baldé, qui met lui aussi l’accent sur les emplois des jeunes et l’éducation.

Le pari de Bouna Keita reste clair : séduire un électorat fatigué des promesses non tenues. Il met en avant le rêve d’une Guinée qui maîtrise sa production, transforme ses richesses et crée de la valeur dans le pays. Ce discours volontariste résonne dans une nation en quête de renouveau industriel.

La question demeure : ce programme ambitieux peut-il devenir réalité, ou restera-t-il un simple slogan de campagne ?

Yéro Baldé : « Un million d’emplois, l’école pour tous et la justice indépendante »

Le stade de Lambanyi, à Conakry, vibrait ce samedi aux couleurs du Front Démocratique de Guinée (FRONDEG). Des milliers de partisans, drapeaux au vent, ont acclamé Abdoulaye Yéro Baldé, candidat à la présidentielle du 28 décembre 2025. Il y a lancé sa campagne autour d’une promesse phare : créer un million d’emplois pour les jeunes dès son premier mandat.

L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, déterminé, a présenté sa vision d’une Guinée « debout ». Selon lui, le pays peut vaincre la pauvreté grâce à ses ressources naturelles et humaines. « Avec ce que Dieu nous a donné, aucune raison ne justifie que notre jeunesse erre sans travail », a-t-il affirmé. Il a cité l’eau, l’agriculture, le tourisme et les mines comme moteurs clés de son projet économique.

Dans son discours, Yéro Baldé a placé l’éducation au cœur de sa stratégie. « Sans une école forte, pas de nation forte », a-t-il martelé. Il veut garantir l’égalité des chances entre zones rurales et urbaines. Il a aussi insisté sur l’éducation des filles, qu’il juge essentielle au progrès national. Les enseignants occuperont une place centrale ; il souhaite qu’ils comptent parmi les fonctionnaires les mieux traités.

Le candidat a ensuite défendu l’indépendance de la justice. « Je donnerai du pouvoir et de la liberté aux magistrats pour que chaque citoyen obtienne justice », a-t-il assuré. Il répond ainsi aux attentes d’un système judiciaire souvent critiqué.

Le social occupe aussi une part importante de son programme. Il veut améliorer le système de santé pour alléger les charges des familles, surtout celles des mères. Il promet aussi un meilleur accès à l’eau, à l’électricité et aux infrastructures de base. « La Guinée a les moyens de répondre aux besoins essentiels de sa population », a-t-il insisté.

Dans un contexte politique tendu, Yéro Baldé a appelé à une campagne apaisée. « Défendons nos idées par des arguments, pas par la provocation », a-t-il exhorté. Pour lui, l’unité nationale reste « plus précieuse que tout ».

Il a également encouragé les électeurs à rester vigilants. « Rien n’est gagné d’avance. Sécurisez vos votes, mobilisez-vous massivement. » Un message clair dans un pays marqué par de longues années de défis démocratiques.

Selon lui, ce scrutin représente une rupture après « 67 ans d’indépendance marqués par l’absence d’eau, d’électricité, d’éducation et d’emploi pour les jeunes ». Il affirme que la pauvreté « n’est pas une fatalité » et que la Guinée peut « émerger sur la scène internationale » d’ici cinq ans.

Face à une population jeune en quête d’avenir, Abdoulaye Yéro Baldé parie sur la transformation du potentiel guinéen en emplois concrets et en services accessibles. Reste à convaincre que la promesse du million d’emplois dépasse le simple slogan et peut devenir le socle d’une Guinée renouvelée.

La HAC fixe les règles pour une couverture médiatique électorale sans dérive

La campagne venait à peine de commencer que déjà, les médias ont été rappelés à l’ordre.
Ce vendredi 28 novembre 2025, le siège de la Haute autorité de la communication a vibré d’un calme tendu. Autour de la table, les responsables des associations de presse et les directeurs de médias privés attendaient les mots du président de la HAC, Boubacar Yacine Diallo.
Ils n’ont pas été déçus : le ton était ferme, l’enjeu clair. La couverture médiatique électorale devra être irréprochable.

Dès les premières minutes, il a posé le cadre.
Les médias privés devront garantir un accès équitable à tous les candidats validés par la Cour suprême. Pas de favoritisme, pas d’antenne offerte à certains et refusée à d’autres. « C’est la loi. C’est la démocratie. » Le message est simple, mais l’avertissement est réel.

Il reconnaît aux médias leur liberté éditoriale. Mais il en rappelle aussitôt les limites.
Liberté, oui.
Déséquilibre, non.
Toute information doit être traitée dans le respect de l’éthique, de la déontologie et surtout de l’équilibre entre candidats. Même les recettes publicitaires doivent s’aligner sur ces principes. Il cite l’exemple ivoirien : un coût de diffusion identique pour chaque candidat. Une façon de couper court aux privilèges achetés.

La salle écoute. Certains acquiescent. Car le président n’en est pas à sa première mise en garde.
Il rappelle les sanctions prises lors du référendum. Et prévient : toute violation sera sanctionnée sans délai. « Durant une campagne, tout peut basculer très vite », souffle-t-il. Chacun mesure le poids de ces mots.

Émissions interactives et risques de dérapage

La HAC s’attaque ensuite à un point sensible : les émissions interactives, ces rendez-vous quotidiens qui façonnent l’opinion.
Désormais, les auditeurs ne pourront plus faire de la propagande pour ou contre un candidat. L’interdiction est nette. Les émissions restent autorisées, mais elles devront être solidement encadrées.

Autre source de dérive : les interventions de personnes affirmant parler au nom d’un candidat. « Vérifiez, exigez un mandat clair. »
Le président dénonce ces individus qui s’improvisent représentants, parfois pour escroquer, parfois pour manipuler les antennes. La HAC veut mettre fin à ce désordre.

L’intelligence artificielle dans le viseur

Puis vient un sujet nouveau, mais central : l’usage de l’intelligence artificielle.
Boubacar Yacine Diallo ne laisse aucune zone grise.
La diffusion d’images truquées, de sons manipulés ou de propos générés par IA est désormais strictement interdite. Trop de risques pour la vérité. Trop de dangers pour la campagne.
Et les médias devront surveiller leurs plateformes numériques avec autant de sérieux que leurs antennes traditionnelles.

Dans un dernier appel, presque solennel, il rappelle la mission première de la presse.
Exemplarité. Neutralité. Rigueur.
« Tous les candidats sont Guinéens. Tous aspirent à diriger le pays. Vous devez garantir une information équilibrée et crédible. »

Dans cette salle silencieuse, chacun comprend : la couverture médiatique électorale ne sera pas un simple exercice journalistique. Ce sera un test de responsabilité, un défi démocratique.

Une campagne électorale sous contrôle militaire

CONAKRY – Quatre ans après son coup d’État, le général Mamadi Doumbouya entame sa conquête légitime du pouvoir. Ce vendredi 28 novembre marque le coup d’envoi officiel de la campagne pour l’élection présidentielle du 28 décembre en Guinée, un scrutin dont le chef de la junte part grand favori face à huit adversaires politiques marginalisés ou inexpérimentés.

Le paradoxe est saisissant : celui qui avait promis de « rendre le pouvoir aux civils » après son putsch de septembre 2021 se présente aujourd’hui en candidat, bénéficiant de tous les avantages du pouvoir en place. Les poids lourds historiques de la politique guinéenne – Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Alpha Condé – ont été écartés de la course par des « raisons juridiques », tandis qu’un jeune opposant, Aliou Bah, croupit en prison.

Une campagne sous contrôle

La situation atteint son comble dans l’organisation même de la campagne : le Premier ministre Bah Oury, en fonction, dirigera personnellement la campagne du général Doumbouya, assisté de deux ministres. Les autorités justifient cette implication en affirmant que « le gouvernement restera loin des débats », un argument qui peine à convaincre sur la neutralité de l’État.

Le chef de la junte pourra également compter sur le soutien du mouvement « Génération pour la modernité et le développement » (GMD), dont les initiales correspondent étrangement à celles du général, créant une ambiguïté soigneusement entretenue.

Des candidats sans envergure

Face à lui, huit candidats se présentent sans véritable espoir de victoire. Parmi eux, trois novices en politique – Mohamed Chérif Tounkara, Mohamed Nabé et Abdoulaye Yéro Baldé – et cinq autres qui n’ont jamais dépassé 4% des suffrages dans leurs tentatives précédentes.

Une innovation notable : l’octroi d’une subvention étatique de 2 milliards de francs guinéens (environ 200 000 euros) à chaque candidat, une première dans l’histoire du pays. Une mesure qui ne suffira probablement pas à compenser le déséquilibre fondamental de cette campagne.

Le scrutin s’annonce comme la consécration démocratique d’un pouvoir militaire déterminé à se maintenir, quatre ans après avoir renversé le régime d’Alpha Condé au nom de la lutte contre « la confiscation du pouvoir ».

Yéro Baldé lève le voile sur le financement public de sa campagne

CONAKRY – Alors que la plupart des candidats à l’élection présidentielle du 28 décembre ont gardé le silence, Abdoulaye Yéro Baldé a fait le choix de la transparence. Le candidat du Front Démocratique de Guinée (FRONDEG) a annoncé, ce jeudi 27 novembre, avoir reçu de la Direction Générale des Élections (DGE) un chèque de 2 milliards de francs guinéens au titre de l’aide publique aux campagnes électorales.

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Cette subvention, remise mercredi 26 novembre à ses représentants par la directrice générale des élections Djénabou Touré, s’inscrit dans le cadre de l’article 274 du Code électoral. Elle vise à permettre aux candidats « d’aborder la campagne dans de bonnes conditions », selon les termes de la DGE.

Un engagement de transparence

Dans une déclaration officielle, le candidat Baldé a tenu à rassurer sur l’utilisation de ces fonds publics. « Ces ressources provenant directement des contribuables guinéens seront gérées avec la plus grande rigueur et dans une transparence totale », a-t-il affirmé.

Le candidat s’est engagé à ce que « chaque dépense effectuée dans le cadre de notre campagne réponde aux principes d’intégrité et de responsabilité », faisant de cette gestion vertueuse un avant-goût de la gouvernance qu’il promet s’il est élu.

Une aide complémentaire pour vulgariser le projet de société

Cette manne publique de 2 milliards GNF viendra « en complément aux ressources déjà mobilisées par le candidat et ses équipes », précisant qu’elle contribuera notamment à « la vulgarisation du projet de société » du FRONDEG.

Le parti a profité de cette annonce pour réitérer son attachement aux principes de « transparence et de redevabilité » qu’il souhaite placer au cœur de l’action gouvernementale, estimant cette approche « essentielle pour garantir que les ressources mobilisées par l’État profitent réellement aux populations ».

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Alors que les autres candidats ont préféré ne pas révéler le montant reçu, la démarche de Yéro Baldé contraste avec l’opacité habituelle entourant le financement des campagnes électorales en Guinée, marquant peut-être un tournant dans les pratiques politiques nationales.

l’État débloque l’argent de la campagne présidentielle

CONAKRY – L’État a officiellement mis la main à la poche pour soutenir la campagne présidentielle. Ce mardi 25 novembre, conformément au Code électoral, l’aide financière publique a été remise aux différents candidats en lice pour l’élection du 28 décembre prochain. Une cérémonie protocolaire, présidée par la directrice générale des élections, Djenabou Touré, qui marque l’entrée dans la phase active de la compétition électorale.

Cet appui de l’État, dont le montant n’a pas été dévoilé au public, est destiné à permettre aux candidats « d’aborder la campagne dans de bonnes conditions », selon les explications de la DGE. Son octroi est strictement encadré par les articles 274, 281, 282 et 283 du Code électoral, qui définissent les conditions d’attribution et les obligations de justification des dépenses, afin de garantir une utilisation transparente des fonds publics.

Une cérémonie sous le signe de l’apaisement

Si les sommes distribuées restent confidentielles, l’ambiance, elle, a été rendue publique. À l’issue de la rencontre, il a été rapporté que

« les candidats ont unanimement salué l’impartialité de la Directrice générale des élections et la transparence dont elle fait preuve dans la conduite du processus électoral en cours ».

Cette note de satisfaction générale, rare dans un contexte électoral souvent tendu, pourrait signaler une trêve apaisée au sein de la classe politique, du moins en ce qui concerne la gestion technique du processus. La DGE, Djenabou Touré, apparaît ainsi comme un pivot de confiance dans une période cruciale pour la démocratie guinéenne.

Un cadre légal pour une campagne sous surveillance

Le fait que les montants n’aient pas été divulgués, bien que conforme à la pratique, laisse planer une certaine opacité sur l’équité financière de la campagne à venir. Cependant, le cadre légal impose une reddition des comptes a posteriori, qui permettra de s’assurer que l’argent public a bien été utilisé pour financer les activités de campagne et non à d’autres fins.

Cette étape formelle lance officiellement la course au financement de la campagne. Elle place tous les candidats sur une ligne de départ partagée, tout en laissant dans l’ombre les disparités potentielles que pourraient combler les financements privés.

Cellou Dalein Diallo porte plainte contre l’État Guinéen devant la CEDEAO

CONAKRY – L’opposant historique Cellou Dalein Diallo intensifie son action juridique à l’international. Ce lundi 24 novembre 2025, ses avocats ont saisi la Cour de justice de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ils défendent deux affaires emblématiques : la démolition de sa résidence à Dixinn en 2022 et le dossier judiciaire lié à l’ancienne compagnie Air Guinée.

Les conseils accusent l’État guinéen de violer les droits fondamentaux de leur client. Ils demandent à la Cour de constater la « spoliation » de son domicile et de juger la procédure de la CRIEF dans l’affaire Air Guinée comme abusive.

Un recours motivé par l’absence de garanties juridiques

Cette saisine s’inscrit dans une stratégie plus large. Elle fait suite à un premier recours déposé le 5 novembre, concernant le refus de l’inscrire sur les listes électorales. La défense explique que la justice locale ne peut garantir un procès équitable.

« Les recours internes n’ont aucune chance de prospérer, compte tenu de l’absence de garanties juridiques en Guinée », affirment les avocats. Selon eux, les procédures engagées contre Cellou Dalein Diallo relèvent d’un véritable déni de justice.

Face à cette impasse, ses avocats estiment qu’il doit « passer à une phase supérieure ». Ils dénoncent une « violation persistante » de ses droits et affirment que « l’État guinéen a enfreint les droits de l’homme reconnus à Monsieur Diallo par la loi nationale et les instruments juridiques internationaux ».

La décision finale appartient désormais à la Cour de la CEDEAO. Elle doit constater le harcèlement politico-judiciaire dont il est victime et en tirer toutes les conséquences. Cette décision sera suivie de près par la classe politique ouest-africaine.

Bah Oury, l’Architecte de la Légitimation

CONAKRY – Dans le paysage médiatique guinéen, le Premier ministre Bah Oury est désormais plus qu’un chef de gouvernement ; il est devenu le narrateur en chef d’une candidature qui cherche sa légitimité. Depuis sa nomination à la tête de la campagne du candidat Mamadi Doumbouya, il multiplie les plateaux, martelant un argumentaire où le bilan et la peur du chaos se mêlent pour justifier l’inattendu.

L’exercice est délicat : il s’agit d’expliquer pourquoi le général Doumbouya, qui s’était engagé à ne pas se présenter après le coup d’État du 5 septembre 2021, brigue aujourd’hui la présidence. Face à la caméra de Télésud, Bah Oury a esquivé le paradoxe pour forger une nouvelle vérité. Il a évoqué des « échanges personnels » avec le chef de l’État, invoquant un « engagement patriotique » supérieur. Le souvenir des « liesses de joie » de 2021 est convoqué non pas pour rappeler une promesse, mais pour souligner que le pays a « connu une évolution ».

Le bilan et la pression régionale : les deux piliers de la justification

Le premier pilier de son plaidoyer est celui des réalisations. Il dresse un portrait flatteur du régime, évoquant un bilan « particulièrement élogieux » en matière de transformations économiques, sociales et de réformes. Selon lui, ce sont ces succès qui auraient poussé les Guinéens à « solliciter expressément » la candidature de Doumbouya, présentant sa décision comme une réponse à un appel populaire.

Le second pilier, plus stratégique, est géopolitique. Le Premier ministre a brandi la carte de l’instabilité régionale. « Nous sommes voisins de pays qui sont dans une situation particulièrement difficile », a-t-il argué, dans une référence à peine voilée au Mali, au Burkina Faso et à la Guinée-Bissau. Dans ce contexte, assurer la stabilité de la Guinée et consolider les réformes deviendrait un impératif qui dépasse les « considérations personnelles » du chef de l’État. La candidature de Doumbouya n’est plus un choix, mais une nécessité de sécurité nationale.

La promesse de 2021, sacrifiée sur l’autel de la « raison d’État »

Le récit est ainsi construit : face à l’urgence, l’engagement personnel doit s’effacer. Bah Oury l’a clairement affirmé : « ces arguments ont prévalu sur les considérations personnelles et individuelles » du lendemain du 5 septembre. L’ancienne promesse est ainsi reléguée au rang d’anecdote face à la grande histoire de la stabilité et de la continuité.

En se faisant le porte-voix de cette nouvelle ligne, Bah Oury ne défend pas seulement un candidat ; il tente de réécrire la genèse de cette candidature. Il transforme une décision politique controversée en un acte de salut public, où la raison d’État vient silencieusement remplacer la parole donnée. Le débat n’est plus sur la rupture d’un engagement, mais sur la gestion d’un risque. Un changement de narratif aussi audacieux que crucial pour la suite.

Yéro Baldé et la Marche Guinéenne vers l’Espoir

CONAKRY – Samedi dernier, l’air autour du siège du Front démocratique de Guinée (Frondeg) était différent. Chargé non pas de la tension politique habituelle, mais d’une énergie palpable, celle de l’espérance. Une marée humaine de militants et de sympathisants s’y était donné rendez-vous, répondant à l’appel de l’ancien ministre et candidat à la présidentielle, Abdoulaye Yéro Baldé. Et devant cette foule acquise à sa cause, le leader a dessiné les contours d’une Guinée rêvée, mais qu’il présente comme à portée de main.

La scène était plus qu’un meeting ; c’était un symbole. Visiblement ému par l’affluence, Yéro Baldé y a vu la confirmation d’une intuition profonde. « La présence massive des militants et sympathisants m’a profondément touché et confirmé une conviction : la Guinée est prête pour un nouveau départ », a-t-il lancé, faisant de ce rassemblement bien plus qu’un show politique, mais le symptôme d’une nation entière en quête de renouveau.

Le Serment d’une « Guinée Normale »

Face à son auditoire, le candidat n’a pas seulement fait des promesses, il a planté le décor d’une vie quotidienne transformée. Il a parlé d’une « Guinée normale ». Deux mots, simples, mais qui résonnent comme une ambition forte après des années de turbulences.

Dans cette Guinée qu’il appelle de ses vœux, l’éducation est de qualité, la santé est digne et l’agriculture, modernisée, « devient enfin productive et capable de nourrir notre pays ». C’est un projet de société ancré dans le concret, qui s’adresse directement aux préoccupations des familles.

Une Ambition pour Tous : Jeunes, Femmes, Familles

Le récit d’Abdoulaye Yéro Baldé a ensuite pris l’ampleur d’un projet national. Il a dépeint une nation où l’exil n’est plus une fatalité pour la jeunesse, une terre où les femmes « avancent avec les mêmes opportunités », et où chaque foyer « retrouve la sérénité, la dignité et l’espoir ». Un discours qui cherche à reconstruire le pacte social et à redonner de la fierté.

« Votre mobilisation est un signal fort », a-t-il asséné, transformant l’enthousiasme de la foule en légitimité politique. « Elle dit clairement que notre peuple aspire à un changement sérieux, crédible et porté par le travail, la rigueur et l’intégrité. »

Avant de se quitter, dans une atmosphère de communion, le candidat a chaleureusement remercié ses partisans. Il a scellé ce moment par une promesse, devenue slogan : « ensemble, nous bâtirons une Guinée fière et digne qui construit son avenir ». Le chapitre de la campagne est ouvert, et Yéro Baldé en a écrit les premières lignes avec les visages de ceux qui croient en son histoire.

Le coup de balai de Mamadi Doumbouya

CONAKRY – Le président de la Transition, le général Mamadi Doumbouya, a procédé à un remaniement ciblé du corps diplomatique guinéen. Par décret rendu public ce mercredi, trois nouveaux ambassadeurs ont été désignés pour porter les couleurs de la Guinée à l’étranger, signe d’une reprise en main stratégique des représentations extérieures.

Trois visages pour incarner la nouvelle diplomatie guinéenne

Parmi les nominés figure une personnalité bien connue du paysage politique : Aïcha Nanette Conté, ancienne ministre, hérite du portefeuille délicat de l’Union européenne. Elle représentera également la Guinée auprès de la Communauté européenne de l’énergie atomique, tout en cumulant ces fonctions avec celle d’ambassadrice en Belgique. Un poste clé qui exigera de naviguer avec finesse dans les arcanes bruxelloises.

Nassan Kaba, ancienne contrôleur général de la police, reçoit une mission sensible : représenter Conakry en Libye. Un pays en reconstruction où les enjeux sécuritaires et migratoires sont brûlants. Son profil issu des forces de l’ordre pourrait s’avérer précieux dans ce contexte volatile.

Enfin, Daouda Soumah, jusqu’alors chargé d’affaires, voit sa position régularisée et élevée au rang d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès du Gabon. Une promotion qui récompense sans doute un travail discret mais efficace dans ce pays frère.

Une diplomatie en recomposition

Ces nominations s’inscrivent dans la « dynamique de réorganisation » engagée par les autorités de la Transition. Après des mois de stabilité relative, le pouvoir opère un mouvement ciblé, visant des postes aussi bien stratégiques (Union européenne) que sensibles (Libye).

Le message est clair : la Guinée de la Transition entend affirmer sa présence sur la scène internationale avec des profils expérimentés, capables de défendre ses intérêts dans un contexte régional et international complexe.

Ces ambassadeurs incarneront désormais la nouvelle diplomatie guinéenne – une diplomatie qui se veut sans doute plus offensive, plus technique, et résolument tournée vers l’avenir. Leur tâche sera de taille : faire entendre la voix de Conakry dans un monde en pleine recomposition.

Le CNT ne paie pas ses factures d’électricité : simple constat ou véritable scandale ?

Conakry,  lundi 17 novembre. La confidence est tombée dans l’hémicycle comme un couperet. Facinet Sylla, ministre du Budget, face aux conseillers nationaux, a levé un coin du voile sur un paradoxe troublant : ceux qui font les lois sont parfois les premiers à les enfreindre. Le Conseil national de la transition (CNT) lui-même ferait partie des mauvais payeurs de l’Electricité de Guinée (EDG).

« On a bien électrifié cet édifice avec toutes ces lampes, même de l’avion, on peut voir le Palais du peuple, mais les factures ne sont pas payées », a lâché le ministre, sous les regards sans doute embarrassés de certains élus. La remarque, apparemment improvisée, sonne comme une mise en cause directe de l’institution censée incarner la moralisation de la vie publique.

Le Palais du peuple dans le noir ?

La solution proposée par le ministre a de quoi surprendre par sa radicalité : « Peut-être que EDG, dans son efficacité, devait venir couper le courant ici. C’est tout ce qu’il lui reste à faire. » Une suggestion qui en dit long sur l’exaspération face à des pratiques ancrées depuis des décennies.

Pendant que le ministre s’exprimait, les luminaires du Palais du peuple brillaient de tous leurs feux. Ironie du sort : cette électricité qui illumine la démocratie guinéenne ne serait pas entièrement payée. Le symbole est fort, peut-être même trop.

Gando Barry, le converti de l’énergie

Face à ce constat accablant, Facinet Sylla a tenu à rendre un homnage appuyé à Gando Barry, le directeur général d’EDG. Un « monsieur qui a passé toute sa carrière dans le secteur du budget et de l’économie », et que le président Mamadi Doumbouya a « bien fait de choisir ».

Les chiffres avancés sont éloquents : le recouvrement est passé « de moins de 1 million de dollars à presque 6 millions de dollars ». Une performance qui permettrait de « diminuer la charge que l’État supporte à travers son budget par des subventions ».

Une mentalité de la gratuité

Mais au-delà des institutions, c’est toute une mentalité que le ministre dénonce. « Dès que c’est l’État qui produit quelque chose, ça doit être gratuit », constate-t-il, amer. Pire : « Si vous ne trichez pas, on dit que vous êtes un maudit dans les quartiers. »

Le tableau dressé est sans appel : complicité d’agents pour éviter la pose de compteurs, refus systématique de s’acquitter des factures, pression sociale contre les « trop honnêtes ». Autant de comportements qui « mettent du temps pour changer ».

L’école, remède ultime ?

La solution, selon le ministre, serait à chercher du côté de l’éducation : « Ce changement commence dès l’école primaire jusqu’à l’université. » Un aveu que la bataille des mentalités ne se gagnera pas en un seul mandat.

Alors que la Guinée tente de se reconstruire après des années de transition, la question des factures impayées du CNT pourrait sembler anecdotique. Elle est pourtant symptomatique d’un mal plus profond : la difficulté à instaurer une culture de redevabilité, même au plus haut niveau de l’État.

Entre les lumières du Palais du peuple et les factures dans l’ombre, la Guinée devra choisir. La transition sera-t-elle seulement politique, ou aussi morale ? La réponse, peut-être, se trouve dans le prochain relevé de compteur.

Présidentielle guinéenne : Yéro Baldé dévoile son état-major de campagne

Conakry, ce mardi 18 novembre 2025. L’équation présidentielle commence par l’art de choisir ses lieutenants. Abdoulaye Yéro Baldé, candidat à l’élection du 28 décembre, vient de dévoiler les premiers noms de son état-major de campagne. Deux hommes, deux profils complémentaires, chargés d’incarner sa promesse d’alternance.

Aboubacar Sidiki Kaba prend les rênes de la direction de campagne. Spécialiste des ressources humaines formé entre le Québec et l’Inde, cet expert en gestion des talents porte un regard de sociologue sur la politique. Docteur en administration, son parcours dans les institutions internationales lui a enseigné une vérité : la performance d’une nation se mesure à sa capacité à faire grandir ses talents.

À ses côtés, Joseph Maxime Bilivogui endosse le rôle de directeur adjoint. L’homme est un enfant de l’économie réelle. Entrepreneur minier, président d’Everest Holding S.A., il connaît le poids des investissements et le langage des chantiers. Son engagement en faveur de la jeunesse, à travers la CJDD, dessine les contours d’une conviction : l’entreprise doit être une école de leadership.

La compétence au service de l’alternance

Le choix de ces deux techniciens n’est pas anodin. Il dessine une campagne qui veut se penser comme un projet de gouvernance. Kaba l’organisateur et Bilivogui l’entrepreneur forment un binôme improbable mais cohérent. L’un incarne l’expertise managériale, l’autre la puissance économique.

Leur mission ? Transformer l’essai d’une candidature encore peu connue en une alternative crédible. Ils devront coordonner les actions stratégiques, politiques et opérationnelles pour porter ce projet de « transformation politique, économique et sociale » que Yéro Baldé appelle de ses vœux.

Une campagne générationnelle

Dans les coulisses, on présente cette équipe comme l’incarnation d’une « dynamique d’ouverture ». La campagne veut surfer sur l’énergie de la jeunesse et des femmes, ces forces vives qui « nourrissent l’espoir d’une Guinée de progrès et de responsabilité ».

Le programme reste encore à préciser, mais les grandes orientations sont déjà tracées : justice sociale, transparence, développement inclusif. Autant de concepts qui résonnent comme une antithèse des pratiques politiques traditionnelles.

Alors que la Guinée s’apprête à vivre un scrutin décisif, la nomination de ces deux directeurs de campagne marque le premier acte concret d’une candidature qui se veut technocratique et générationnelle. Reste à savoir si cette équipe, compétente sur le papier, saura trouver les mots pour émouvoir l’électorat. Le temps de la stratégie commence maintenant.

Cellou Dalein Diallo boycotte la présidentielle guinéenne

L’opposant historique Cellou Dalein Diallo a exclu toute participation de son parti à la présidentielle de décembre 2025. Lors d’un meeting à Paris, il a qualifié le scrutin de « mascarade » et a affirmé que l’UFDG ne soutiendra aucun candidat.

Devant ses partisans réunis dans la capitale française, il a été catégorique : « L’UFDG ne s’associera pas à cette mascarade. Nous ne participerons ni directement, ni indirectement ». Ces propos confirment la position du parti face au processus électoral.

« Perdre notre âme »

Cellou Dalein Diallo a expliqué sa décision en dénonçant un processus qu’il juge illégitime. « Si nous nous associons à cette mascarade, à cette confiscation du pouvoir, nous allons perdre notre âme », a-t-il insisté. Il a rappelé que l’UFDG maintient sa position depuis le référendum controversé.

Se présentant en défenseur des valeurs démocratiques, il a ajouté : « Nous sommes des démocrates convaincus. Nous n’allons pas participer à l’enterrement de la démocratie et de la liberté publique dans notre pays ».

Un scénario déjà écrit

L’opposant a suggéré que les résultats de la présidentielle sont connus d’avance. Il les compare à ceux du référendum boycotté par son parti, mais qui avait enregistré officiellement 91 % de participation et 89,3 % de votes favorables.

Pour lui, la seule solution pour restaurer la démocratie en Guinée reste « le départ de la junte ». Il a appelé les Guinéens à se mobiliser autour de « la liberté, la justice et la démocratie ». Selon lui, l’UFDG sera en première ligne de ce combat.

Cette prise de position ferme survient alors que neuf candidats sont en lice pour le scrutin du 28 décembre 2025. L’opposition historique, par sa décision, continue donc de bouder l’élection.

Amadou Thierno Diallo conteste son exclusion de la liste finale

CONAKRY. – C’est un rejet qui laisse perplexe. Amadou Thierno Diallo, candidat de l’UGD-Synthèse à l’élection présidentielle du 28 décembre, ne figure sur aucune liste officielle. Pas parmi les candidats validés. Pas parmi les irrecevables. Pas même parmi ceux qui se sont retirés. Un vide administratif qui, pour l’ancien ministre de la Coopération internationale, équivaut à une exclusion délibérée.

Dans un communiqué publié ce jeudi 13 novembre, l’homme politique exprime son incompréhension face à la décision de la Cour suprême. Celle-ci a justifié son rejet en estimant que « le nom et le prénom d’une personne ne constituent pas un élément déterminant » – un argument juridique qui laisse l’intéressé dubitatif. « Je ne comprends pas la motivation de la Cour », confie-t-il, y voyant « la volonté manifeste d’exclure » sa candidature.

Une absence qui interroge

Le cas Diallo est singulier. Alors que la Cour suprême a rendu publique sa liste définitive de neuf candidats, l’ancien ministre se retrouve dans un angle mort procédural. Son dossier n’a été classé ni comme recevable, ni comme irrecevable. Cette absence totale de mention soulève des questions sur les véritables motifs de son éviction.

Pourtant, l’intéressé affirme avoir « pleinement satisfait à tous les critères exigés par la Constitution ». Son exclusion ne serait due « ni à une incompétence ni à une incapacité », mais relèverait d’un choix politique déguisé en décision technique.

La sagesse d’un vieux routier de la politique

Face à cette déconvenue, Amadou Thierno Diallo a choisi la retenue. Loin des sorties incendiaires habituelles, le responsable politique affiche son respect des institutions. « En tant que citoyen respectueux des institutions, je tiens à affirmer mon respect total pour la décision de la justice nationale », déclare-t-il, appelant ses partisans à « rester mobilisés, unis et confiants ».

Cette modération n’est pas sans arrière-pensée. En évitant la confrontation directe, l’ancien ministre préserve son capital politique et sa crédibilité d’homme d’État. Un calcul stratégique qui pourrait s’avérer payant dans l’après-élection.

L’avenir en pointillé

Si Diallo s’incline, il ne renonce pas. « Ce rejet n’est pas la fin de notre parcours au service du peuple de Guinée », promet-il, laissant entendre que son engagement politique se poursuivra sous d’autres formes. Reste que son éviction crée un précédent inquiétant pour la démocratie guinéenne.

L’homme espère que « cet arrêt ne servira pas de jurisprudence », conscient que l’interprétation donnée par la Cour pourrait à l’future fragiliser d’autres candidatures. En s’exprimant avec mesure mais fermeté, Amadou Thierno Diallo pose en gardien vigilant des règles du jeu démocratique. Son silence, désormais, pèse autant que ses mots.