Guinée Conakry : l’ANAD dénonce des remises en cause des libertés fondamentales

L’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie, dans une déclaration en date du mercredi 20 juillet 2022, dénonce des remises en cause des libertés fondamentales par le pouvoir de la transition, protestant contre l’interdiction de sortie du pays du coordinateur du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), Oumar Sylla alias Foniké Menguè et l’incarcération du Secrétaire Général de la Fédération Syndicale Autonome des Banques, Assurances et micro finances de Guinée (FESABAG), Abdoulaye Sow.

« L’ANAD proteste avec force contre l’interdiction de sortie du pays du coordinateur du FNDC, Oumar Sylla alias Foniké Menguè et l’incarcération du Secrétaire Général de la Fédération Syndicale Autonome des Banques, Assurances et micro finances de Guinée (FESABAG), Abdoulaye Sow.

Peut-on encore parler de justice sous ce régime, alors que des libertés fondamentales sont remises en cause ?

Comment ne pas être dans l’émotion de l’indignation face à un pouvoir aveugle, injuste et brutal puisque le refus de la liberté de mouvement ou de l’exercice du droit syndical, imposé illégalement à un citoyen, est aussi une violence contre les droits humains ?

La colère de l’ANAD est aussi dans le ressentiment face à un pouvoir qui, dans son essoufflement, malmène l’état de droit et dérive vers une posture autoritaire avec la volonté de mettre la nation sous son joug.

L’ANAD s’inquiète ainsi de l’allongement dangereux de la liste d’atteintes aux droits fondamentaux qui risque de porter un coup fatal aux efforts de médiation de la CEDEAO. Libertés de voyager et de s’exprimer entravées. Manifestations pacifiques interdites. Intimidations, arrestations et embastillement, sans fondement légal, des acteurs de la société civile, des leaders politiques et syndicaux. Confiscation et destruction des biens de leaders politiques et harcèlement judiciaire sur la base d’accusations fantaisistes contre leur moralité. Mais plus grave: la Charte de la transition, gardienne de nos droits et libertés fondamentales pendant cette période d’exception, est, elle-même, violée de façon délibérée et répétée.

Face à ces violations outrageantes, l’indignation ne suffit pas. Il faut lutter fermement contre les atteintes graves à nos libertés. Il faut agir avec détermination et persévérance pour protéger l’état de droit pour la mémoire de ceux qui ont payé de leur vie pour ce combat, ou qui sont emprisonnés ou encore ont choisi le chemin de l’exil. C’est pourquoi, l’ANAD appelle toutes les forces vives de la nation à faire bloc afin de contrer la déraison des dirigeants de la junte qui montrent, sans plus se cacher, la face outrageusement autoritaire de son pouvoir.

L’acharnement contre le FNDC est aussi contre l’ANAD comme il est contre tous ceux qui défendent la République et la démocratie. Il est à dessein pour compromettre les chances de succès du dialogue qui doit être engagé sous les auspices du médiateur désigné par la CEDEAO. Les forces vives de la nation doivent donc être vigilantes à l’égard des stratagèmes de ceux qui veulent se maintenir coûte que coûte au pouvoir et résister, avec persévérance, aux forces hostiles au retour à l’ordre constitutionnel.

Ensemble, protégeons nos libertés fondamentales par le retour à l’ordre constitutionnel !

Vive la république !

Vive la démocratie ! »

Fait à Conakry le 20 Juillet 2022

L’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie

Guinée : 9% d’admis au baccalauréat session 2022

Avec 9% d’admis au Bac cette année, la Guinée vient de connaître une chute spectaculaire du taux de réussite. Moins 16 points en un an.

 

Correcteurs plus sévères, politique anti-triche qui a porté ses fruits, chacun y va de son explication. Mais tous les commentateurs du pays s’accordent sur une chose : le système éducatif est à terre.

Malgré ces résultats, il y a tout de même quelques belles histoires. Denise Mayeni Tounkara, en filière sciences sociales, a eu les meilleures notes de tout le pays : « C’est vraiment le cadre dans lequel on m’a mis, avec les professeurs et tout cet assemblage qui a fait que j’ai pu avoir cette excellente note au baccalauréat. »

Elle étudie au complexe scolaire Saint-Georges, dirigé par sa tante, très fière d’elle. Les résultats de ce lycée d’environ 500 élèves sont en baisse, mais Mariam Diallo Tounkara garde le sourire : « Saint-Georges s’en sort la tête haute. Nous avons un taux de réussite globale de 62% ». Le suivi y est quasi-individuel, les enseignants sont rigoureusement sélectionnés. Ce lycée privé coûte 470 euros l’année. « C’est un ensemble, c’est toute une équipe qui travaille, une forte équipe qui est là depuis de nombreuses années », ajoute la directrice de l’école.

Une école publique mourante

On est très loin de l’école publique, de ses classes hangars surchargées, où l’on compte jusqu’à 200 élèves, assure Michel Pepe Balamou. Il est secrétaire général du syndicat national de l’éducation : « Tous les lauréats dans une écrasante majorité viennent des écoles privées. Et l’école publique est en train mourir de sa belle mort. » Il réclame une mesure radicale : « Pour nous, il faut invalider l’année scolaire, pour une véritable crédibilité du système éducatif. » Il demande aussi la démission du ministre de l’Enseignement pré-universitaire.

Selon le chercheur Aliou Barry, directeur du centre d’analyse et d’études stratégiques en Guinée, c’est un problème structurel qui est à l’origine de ce taux d’échec historique.

« Ces résultats expliquent que le système éducatif guinéen est un véritable corps malade. C’est un domaine qui a complètement été délaissé par le pouvoir successif en Guinée. Le budget de l’éducation en Guinée, c’est le budget le plus faible par rapport aux autres départements, et les enseignants ont pris l’habitude depuis de nombreuses années de marchandiser pratiquement les cours, de telle sorte que c’est la première fois aujourd’hui qu’on a empêché qu’il y ait des fraudes. Donc le résultat qui sort, c’est le reflet du fait qu’il y ait un véritable problème en Guinée sur le système éducatif. La responsabilité n’incombe pas aux élèves qui ont échoué, c’est la preuve que les enseignants n’ont pas ni la formation, ni les compétences pour assumer leurs responsabilités d’enseignant, ça se reflète sur les élèves qui ont un niveau très faible, et on a marchandisé l’éducation, on crée des universités privées pour plus de l’argent que de formations. »

Guinée : un médiateur de la Cédeao à Conakry

Le médiateur de la Cédéao pour la Guinée, l’ex-président béninois Thomas Boni Yayi, est à Conakry depuis mardi 19 juillet soir.

 

Le président en exercice de la Cédéao et le nouveau président de la Commission de la Cédéao arrivent ce mercredi. Cette mission de médiation veut rencontrer les autorités de la transition en Guinée, pour notamment obtenir un « calendrier acceptable » de la durée de la transition et éviter à la Guinée d’être sanctionnée le 1er août.

La mission est organisée à l’initiative du président en exercice de la Cédéao, Umaro Sissoco Embalo et de l’ex-président du Bénin, Thomas Boni Yayi, chargé de mener la médiation. Ces deux personnalités ont d’abord consulté chaque chef d’État de la sous-région pour une position commune concernant la Guinée. Le tout nouveau président de la Commission de la Cédéao, le gambien Omar Alieu Touray, est aussi présent et il est accompagné des nouveaux commissaires de la Cédéao.

Leur objectif en venant à Conakry est de convaincre le colonel Mamadi Doumbouya de revenir sur la durée de la transition. La Cédéao vient avec une proposition sur la table : deux ans, à l’image des propositions faites dans les autres transitions en cours au Mali et au Burkina Faso.

Selon certaines sources, les autorités guinéennes seraient prêtes à accepter cette proposition. Reste à savoir à partir de quand faire démarrer les compteurs de la transition : juillet ou janvier, comme le suggèrent plusieurs partis politiques.

Cette visite est une première prise de contact pour également « initier le dialogue », commente un diplomate. C’est donc l’occasion pour le colonel Mamadi Doumbouya, de justifier le calendrier de la transition, d’expliquer les projets prévus par son équipe, avec notamment la rédaction d’une nouvelle Constitution, la convocation d’un référendum…  L’organisation d’élections municipales, législatives et présidentielle. À cela s’ajoute tout un programme de lutte contre la corruption. Tout ceci devrait être étalé sur 3 ans, explique le CNRD, au pouvoir depuis le 5 septembre 2021.

Seulement, les principaux leaders politiques, tels que Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo, sont absents du territoire. Les discussions devraient donc être menées avec les états-majors des partis. Le but, précise-t-on, dans l’entourage de la délégation, est « d’instaurer d’abord la confiance entre acteurs de la classe politique ».

Guinée : Bernard Goumou Premier ministre par intérim

Le Colonel Mamadi Doumbouya a nommé Bernard Goumou au poste de Premier ministre par intérim durant la période d’absence du premier ministre Mohamed Beavogui.

 

Bernard Goumou a été nommé Premier ministre par intérim. Il occupera ce poste pendant la période d’absence du premier ministre Mohamed Beavogui.

Le Premier ministre par intérim aura cette responsabilité cumulativement avec ses fonctions de ministre du Commerce de l’industrie des petites et moyennes entreprises. Cette nomination fait suite à l’absence du premier ministre.

Interrogé samedi soir par le journal local « Africa Guinée », Mohamed Beavogui a effectivement confirmé qu’il est en déplacement hors de la Guinée.

« Au moment où je vous parle, je suis à Rome. Vous avez entendu le Décret qui dit que je suis absent. Alors, je vous le confirme », a souligné M. Beavogui.

Sur sa page officielle sur Facebook, Goumou a remercié le président de transition en Guinée pour cette mission qui lui a été confiée.

« Je viens à travers ce post vous annoncer officiellement ma nomination au poste de Premier Ministre, dans le but d’assurer l’intérim en l’absence de son Excellence Monsieur Mohamed Béavogui… De toute évidence, assurer l’intérim d’un homme de la trempe de Monsieur Mohamed Béavogui se trouve être une tâche ardue, eu égard à la grandeur de l’homme, au charisme et à la manière dont il conduit les rênes de la primature depuis sa nomination », a-t-il réagi.

Guinée : interruption de la rédaction de la nouvelle constitution

Cette décision a été prise après concertation avec le président du Conseil National de Transition (CNT) indique un communiqué du Comité national pour le rassemblement et le développement.

 

Le colonel Mamady Doumbouya, président du Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD) a accepté de « surseoir » au projet de révision constitutionnelle, en attendant le rapport final des Assises Nationales. C’est ce qui ressort d’un communiqué du 10 juillet 2022.

Cette décision a été prise après concertation avec le président du Conseil National de Transition (CNT) indique-t-on dans le communiqué.

« Depuis le 05 septembre 2021, le CNRD a initié les concertations nationales, les assises nationales et le dialogue national. Afin de conférer les chances de réussite à l’ensemble de ces actions, le CNRD conformément à l’esprit du communiqué N°001 du 5 septembre 2021 et après concertation avec le Président du CNT, demande de surseoir à toute activité allant dans le sens de la rédaction d’une nouvelle constitution en attendant le rapport des assises nationales », explique le communiqué.

A noter que le Conseil national de la Transition (CNT) avait mis en place, le 8 juillet courant, une commission ad-hoc pour la rédaction de l’avant-projet de la Constitution, dirigée par l’ancien président de l’Association des magistrats de Guinée, Mohamed Aly Thiam, conseiller au CNT.

La composition des membres de cette commission a créé des polémiques sur les réseaux sociaux. Dr Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), a souligné que « c’est la plus grosse erreur de Dansa Kourouma ».

Cet ancien député de l’UFDG a indiqué, sur sa page Facebook, que « la rédaction de l’avant-projet de Constitution relève normalement de la Commission n°1 (Commission Constitution, lois organiques, Administration publique, Organisation judiciaire). Une Commission ad-hoc n’a donc pas de sens ».

Le colonel Mamady Doumbouya, avait pris le pouvoir en Guinée-Conakry, le dimanche 5 septembre 2021, en reversant Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010, fortement contesté depuis sa réélection en 2020 pour un troisième mandat.

Doumbouya avait en outre annoncé la suspension de la Constitution, la dissolution du gouvernement et des institutions ainsi que la fermeture des frontières.

Conakry : 17 policiers blessés dans de violentes manifestations

Des affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes de jeunes ont éclaté dans des quartiers de la banlieue de la capitale.

 

Dix-sept policiers ont été blessés dont un grièvement, après de violentes manifestations spontanées mardi et mercredi à Conakry qui ont suivi l’interpellation brutale de trois leaders d’un collectif, a déclaré la police guinéenne mercredi dans un communiqué.

Des affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes de jeunes ont éclaté dans des quartiers de la banlieue de la capitale pour protester contre l’arrestation des membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition qui avait orchestré des mois de mobilisation de 2019 à 2021 contre l’ancien président Alpha Condé (2010-2021), renversé en septembre 2021 par une junte dirigée par le colonel Mamady Doumbouya.

Les manifestants ont brûlé des pneus, érigé des barricades, renversé des poubelles et caillassé les forces de l’ordre, qui ont essayé de les disperser par des grenades lacrymogènes. Un calme précaire était revenu jeudi dans la capitale, a constaté un journaliste de l’AFP. Ces manifestations spontanées sont parmi les premières dans un contexte de contestation depuis la prise du pouvoir par le colonel Mamady Doumbouya.

Le FNDC avait appelé à manifester le 23 juin, passant outre l’interdiction édictée par la junte. Il avait suspendu son appel la veille de la manifestation, pour « donner une chance » au dialogue proposé par le gouvernement de transition.

Mais après la dernière réunion avec celui-ci, le FNDC a dénoncé « une parodie de rencontre », ainsi que « la conduite solitaire et autoritaire de la transition » et « les atteintes graves portées aux droits et libertés fondamentaux ».

Le coordonnateur national du FNDC, Oumar Sylla – dit Foniké Mengué –, Mamadou Billo Bah et le rappeur Alpha Midiaou Bah – alias Djanii Alfa – ont été violemment interpellés mardi par la police au siège de leur coalition, où ils tenaient une conférence de presse. MM. Sylla et Bah ont été battus et leurs vêtements déchirés par des policiers.

Ils étaient toujours en garde à vue jeudi, dans l’attente d’être présenté à un juge. Une grande partie de la classe politique a condamné l’arrestation des trois hommes et s’est indignée de la méthode.

MM. Sylla et Bah sont poursuivis pour avoir « produit et diffusé par le biais d’un système informatique des propos injurieux contre le Conseil national de transition (CNT) », le Parlement de transition mis en place par la junte, a expliqué mardi le procureur de la cour d’appel de Conakry, Alphonse Richard Wright, sur la radio privée Fim FM.

Le rappeur Djanii Alfa avait, lui, récemment critiqué des propos du président du CNT, avant d’être menacé d’arrestation par le procureur, selon son avocat.

Conakry-FNDC : trois responsables sous mandat de dépôt

Les trois responsables du Front national de défense de la constitution (FNDC) en Guinée Conakry, arrêtés mardi, ont été placés jeudi sous mandat de dépôt suite à leur audition par le juge d’instruction du tribunal de Dixinn et vont comparaître vendredi.

 

Omar Sylla dit Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah, respectivement coordonnateur national et responsable de la mobilisation et des antennes au FNDC ainsi que le rappeur Alpha Madiou Bah, alias Djani Alfa, sont poursuivis pour outrage à magistrat et injures.

« Le procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Dixinn a décidé de prendre cette affaire en flagrant délit et elle devra être jugée demain vendredi, 08 juillet 2022. Dans le cadre de cette procédure, nos clients sont poursuivis pour outrage à magistrat et injures », a fait savoir Halimatou Camara, membre du pool d’avocats du FNDC dans une déclaration aux médias.

Alors qu’ils animaient une conférence de presse mardi au siège du FNDC pour faire le point après les décisions issues du sommet de la CEDEAO sur la Guinée, des éléments de la police ont fait irruption dans le local pour arrêter les trois opposants contre qui le procureur général avait lancé un avis de recherche.

La brutalité de l’intervention des éléments de la police, relayée à travers des vidéos sur les réseaux sociaux, a suscité une vague d’indignation au sein de l’opinion nationale et internationale.

Des manifestations ont éclaté dans la capitale entre mardi et mercredi suite à cette interpellation musclée de la police.

Dans un communiqué publié mercredi, le ministère de la Sécurité a dénoncé des troubles à l’ordre public graves tout en indiquant que plusieurs blessés dont 17 policiers ont été enregistrés lors de ces manifestations.

Conakry : inondation dans plusieurs quartiers

La pluie diluvienne qui s’abat sur la capitale Conakry depuis la nuit de dimanche a causé des inondations dans plusieurs quartiers de la ville.

 

Coléah imprimerie dans la commune de Matam, Tombo et Coronthie dans la commune de Kaloum, Gbessia dans la commune de Matoto ou encore Lambagny dans la commune de Ratoma… sont entre autres des quartiers qui se sont retrouvés inondés lundi matin. Les populations se sont reveillées les pieds dans l’eau, la circulation routière paralysée.

Le directeur de l’Agence Nationale de Gestion des Urgences et Catastrophes Humanitaires (ANGUCH), Lancei Touré a touché du doigt les réalités de la situation. Le bilan fait état de plusieurs dégâts matériels. Lancei Touré appelle à la mobilisation des partenaires pour secourir des habitants en danger. Et aux populations il demande de redoubler de prudence en cette saison de pluie.

 

Guinée-pénurie de carburant : les stations services prises d’assaut

En milieu de semaine de nombreuses stations services à sec ont été obligées de fermer mais la Sonap rassure la population.

 

La pénurie de carburant de la semaine passée a laissé des traces en Guinée. Alors que certaines stations services à sec fermaient ce mercredi, les Conakryka se sont rués sur les pompes à essence. Des rumeurs annonçaient une nouvelle rupture de stock. Les discours officiels peinent désormais à rassurer.

La Sonap, l’entreprise publique qui importe les produits pétroliers, a beau enchaîner communiqués et visites de terrain pour assurer qu’il n’y aura pas de pénurie, des dizaines de voitures et de motos faisaient encore la queue jeudi 30 juin devant une station de Dixinn (taxi-moto). « Nous, on a fait toute la semaine dernière sans travailler, explique un conducteur. Quand on dit maintenant que la crise vient, tout le monde se précipite pour aller prendre beaucoup de carburant. D’après la communication du directeur de la Sonap, il y a suffisamment de carburant, mais les habitants ont peur. » Ce taxi-moto a attendu deux heures pour faire le plein. Il a un message pour les autorités : « Moi, je leur demande deux choses : Il faut beaucoup communiquer, il faut passer beaucoup d’informations. En plus, mettez la pression sur les dirigeants des stations. Quand vous voyez qu’une station est fermée, venez vérifier, parce qu’il y a des stations de mauvaise foi. »

Le chef de station, Mamoudou Konaté, a reçu des consignes claires : « On ne sert pas dans les bidons, les véhicules 20 litres, les motos 5 litres. » L’État a décidé de sévir contre le marché noir. Jeudi, il y avait encore de l’essence dans cette station, mais le ravitaillement, un camion-citerne de 30 000 litres, se faisait attendre : « On a défini un stock de sécurité à 2 000. Arrivé à 2 000, j’arrête. » Mamoudou Konaté avait donc un peu plus de 5 000 litres à distribuer, soit l’équivalent d’une journée normale. Avec l’affluence, la demande a pu, ces derniers temps, atteindre 8 000 litres par jour.

Conakry : vers la fin des détentions provisoires

Dans une note de service adressée aux différents parquets et aux chefs de juridiction, le Garde des Sceaux guinéen prend un certain nombre de mesures pour désengorger les prisons.

 

Cette note de service sonne comme un cri du cœur. Le ministre de la Justice déplore le manque de moyens des juridictions : elles sont dans des « abris de fortune, insalubres, sans eau, sans électricité, sans budget de fonctionnement et sans prison », lit-on dans cette note. Maître Moriba Alain Koné dénonce par ailleurs « une très mauvaise maîtrise des lois ». Résultat : la détention provisoire est appliquée de manière « quasi-systématique », y compris pour des délits mineurs, déplore le ministre de la Justice.

Mesures salutaires, mais incomplètes

Le Garde des Sceaux liste une série d’instructions visant à corriger tous ces problèmes : il exige notamment la tenue d’audiences criminelles au plus tard le 31 juillet ; il demande par ailleurs une liste nominative de tous les détenus par juridiction, précisant la durée et le motif de leur détention. « La détention provisoire, souligne-t-il, ne doit désormais être ordonnée qu’en cas d’absolue nécessité ».

Des mesures salutaires, mais incomplètes. L’Organisation guinéenne des droits de l’homme, qui travaille sur l’accès des citoyens à la justice, demande plus de moyens pour mettre à jour les infrastructures judiciaires. Alseny Sall, porte-parole de l’OGDH : « Les mêmes problèmes relevés par le ministre sont soulevés par notre organisation, c’est-à-dire l’absence de moyens logistiques pour le transport des détenus. La majorité des juridictions aussi disent qu’elles ont la volonté d’organiser les procès, mais qu’elles n’ont pas de budget de fonctionnement. Donc les déclarations ne suffisent pas, pour régler le problème il faut aussi des politiques vraiment concrètes. »

Un plan de réforme du secteur judiciaire, doté de 97 millions de dollars, est pourtant à l’œuvre depuis 2014 pour dix ans. « La chaîne pénale ne fonctionne pas », dénonce une source proche du dossier qui déplore qu’une grosse partie de cette réforme a été consacrée à des ateliers, sans renouveler les infrastructures judiciaires.