Déguerpissements de Kaloum : des déguerpis Léonais passent la nuit en plein air

Comme les habitants de Kaporo-rails et de Kipé 2, les déguerpis de Petit-bateau dorment à la belle étoile, à la seule différence que cette fois-ci ce sont des étrangers.

Plus d’une centaine de personnes de nationalité Sierra-Léonaise, érigent domicile en bordure de route dans le quartier Tombo, à quelques mètres du Gouvernorat de la ville de Conakry. Des femmes dont certaines enceintes, de vieilles personnes, des enfants dorment sur un petit espace très sale. C’est un caniveau qui les sépare de la route. Le pire, ils sont obligés de se laver, de manger bref de faire tout sur place sous les yeux des passants. Ils ont été déguerpis de leurs hameaux situés sur le long des rails à Petit bateau, il y a quelques semaines.

Dans un anglais fade, ce jeune homme interrogé sur place par Africaguinee.com a expliqué leur calvaire. Selon Dara Camara, l’Ambassade de Sierra Léone a été saisi sur leur situation mais aucune suite favorable n’a été trouvée. « Nous sommes une centaine des personne ici, nous dormons dehors parce qu’on a détruit nos habitations. Nous avons interpellé notre ambassade et ils connaissent ce qui se passe ici. Ils sont même venus ici pour nous voir et ils ont pris leur véhicule pour repartir sans rien faire pour trouver solution à notre problème. On ne connait pas ce qui se passe à leur niveau. Nous sommes ici pour attendre de l’aide nous souffrons beaucoup, le lieu est sale, la nuit tu ne peux même pas dormir à cause des moustiques et les mauvaises odeurs des caniveaux. Je ne peux pas tout expliquer. Beaucoup d’entre nous n’ont même pas à manger. Certains n’ont pas d’argent, on ne sait quoi faire et on n’a pas un autre endroit où habiter. Je demande de l’aide au gouvernement guinéen maintenant et à tout moment », confie un jeune de nationalité léonaise.

Parmi ces gens, il y a plusieurs femmes enceintes. Zénab Conté est l’une d’entre elles. Cette jeune-dame demande de l’aide. « Depuis une semaine 2 jours nous souffrons beaucoup ici. Nous n’avons pas où dormir. Nous dormons et nous nous lavons au bord de la route. Et nous n’avons pas à manger parce que nous n’avons pas d’argent. Nous demandons de l’assistance surtout nous les femmes enceintes », a plaidé cette femme enceinte.
Samer Camara, père de 3 enfants est pécheur de profession. Avant de lancer un appel au Président Alpha Condé et à son Ambassadeur, il explique qu’il habite ce quartier de plus de 10 ans. « Je suis en Guinée à Petit Bateau depuis 12 ans. Je ne vais accuser personne, je ne suis pas capable de le faire même avec le gouvernement. Je me remets à Dieu. Notre Ambassade de la Sierra- Leone ne nous a pas exprimés de la sympathie depuis qu’on nous a déguerpis. L’ambassadeur Almamy Bangoura est un frère, il n’a qu’à nous aider parce que nous dormons sur la route au Petit bateau. Je salue le président Alpha Condé et je lui demande de l’aide aussi », a expliqué Samer Camara avant d’ajouter qu’il vit actuellement grâce au petit commerce de sa femme.

Kaporo-rails : la journée sans activités ignorée à Labé

Pour attirer l’attention des autorités sur le calvaire que traversent les victimes de déguerpissement de Kaporo-rails et de Kipé2, une journée sans activités a été initiée par les victimes.

Cet  appel n’a pas été suivi à Labé, chef-lieu de la Moyenne Guinée où les activités de tous les secteurs en général et particulièrement au marché central tournent. « C’est vous qui m’avez informé de cette journée, je fais le tour du marché central mais personne n’en parle. D’ailleurs lorsque je suis venu le matin, j’ai trouvé que les activités vont bon train, boutiques et magasins tout était ouvert. Si de telles situations sont prévues on est souvent informé par la chambre de commerce ou les autorités communales mais tel n’est pas le cas », affirme Mamadou Telly Diallo, administrateur général du marché central de la ville.

Mamadou Aliou Barry, contacté, dit qu’il n’était pas informé de cette initiative. « Pour la ville morte, c’est avec vous que l’apprends.  Même si des gens sont informés de la situation, ils n’ont pas respecté l’initiative. Néanmoins, j’ai pitié des victimes. C’est vraiment triste ce que ces gens-là ont subi. Malheureusement, la journée n’a pas été suivie ici à Labé », dit le commerçant. Plus loin, l’administrateur du marché central de Labé a invité les personnes de bonne volonté à assister les victimes. « Nous demandons aux citoyens d’assister les victimes, pour qu’elles trouvent de quoi se nourrir et se loger.  Les victimes passent des moments difficiles, toutes les personnes de bonne volonté sont priées de les assister », plaide-t-il.

Selon le porte-parole de ce collectif des victimes, la journée vise à soutenir les victimes et attirer les autorités sur ce qui se passe à Kipé2 et à Kaporo-rails. Cette forme de protestation n’impressionne apparemment pas les autorités qui disent rester restent déterminées à récupérer les domaines de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national.

Ibrahima Kourouma se tourne vers une nouvelle zone à Kaloum

Après la haute banlieue, notamment à Kapro, Kipé 2 et Koloma 1, Dr Ibrahima Kourouma se tourne vers Kaloum.

Ce mardi 26 mars 2019, le Ministre de la ville et de l’aménagement du territoire a fait démolir plusieurs lieux d’habitation au quartier Coronthie, dans le centre-ville de Conakry. « On ne peut pas être dans une situation où les gens viennent s’installer, parfois à 50 centimètres des rails où le train va venir. Je crois que même si eux ne sont pas conscients, l’État a l’obligation de faire en sorte que ces personnes et leurs enfants aient la vie sauve.  Je crois que le dégagement rentre dans ce cadre et cela est extrêmement important pour nous», a précisé Dr Ibrahima Kourouma, le ministre de la Ville et de l’Aménagement du Territoire.

La zone située aux alentours du port autonome de Conakry est également dans le viseur du Ministre Ibrahima Kourouma.  « C’est pour que chaque guinéen puisse bénéficier du port.  Je tiens à préciser que 80% des activités économiques et commerciales en Guinée émanent du port. Tout ce qui est comme import et export c’est le Port de Conakry. L’objectif aujourd’hui du Président c’est de faire en sorte que les pays voisins comme le Mali et le Burkina puissent profiter de ce port », a soutenu le Ministre de la ville et de l’aménagement du territoire.

Kaporo-Rail : Damaro dénonce le populisme de Cellou

Le déguerpissement à Kaporo-rails et à Kipé 2 continue de susciter des réactions au sein de la classe politique.

Amadou Damaro Camara s’interroge sur sa cohérence. « Je ne sais pas comment des militants d’un seul parti peuvent se retrouver sur des dizaines de kilomètres dans une ville comme Conakry. Ça ne peut pas être politique. Ce n’est que du pur populisme », dénonce le chef de la majorité présidentielle. Tandis que  Cellou Dalein Diallo affirme que cette opération « controversée »  est un règlement de compte politique visant son parti. De nombreuses familles se sont retrouvées sans abris à cause de la démolition de leurs maisons par le Gouvernement qui a entamé en début février une opération de récupération des domaines de l’Etat.

L’action vivement contestée et critiquée  est concentrée dans la commune de Ratoma (Kaporo-rails et Kipé 2), réputée être un bastion de l’opposition. Pour Cellou Dalein Diallo, il n’y a pas de doute : c’est un règlement de compte politique. Prudent sur cette affaire en attendant de cerner tous les contours, le président du Groupe parlementaire RPG arc-en-ciel exprime cependant un regret. La politisation et la communautarisation du débat. « Je regrette qu’on ne puisse plus rien débattre en Guinée en dehors du spectre politique et ethnique », déplore le parlementaire, rappelant que lorsque Cellou Dalein Diallo était aux affaires, il avait défendu une position contraire à celle qu’il défend aujourd’hui sur le dossier Kaporo-rails.

Déguerpissement à Conakry : Bah Oury en colère contre le Gouvernement

Longtemps resté silencieux,  Bah Oury a brisé le silence sur le déguerpissement en cours  des populations de Kaporo-rails et de  Kipé 2.

 « Récupérer la réserve foncière de l’Etat est tout à fait normale, protéger et accompagner les déguerpis est aussi un devoir de l’Etat. Le gouvernement  doit aider les populations sinistrées. C’est une obligation régalienne! », Interpelle Bah Oury. L’ancien ministre de la réconciliation s’interroge sur « l’inaction » du gouvernement vis-à-vis des cris de détresse des citoyens déguerpis. Le gouvernement est resté sourd Jusqu’ici face aux pleurs des populations déguerpies livrées à elles-mêmes, sans assistance. Toute chose qui amène l’animateur du mouvement le Renouveau à s’interroger : « Pourquoi les gouvernants  prennent peu en compte la détresse de la population lorsque celle-ci pleure du fait des actes des mêmes gouvernants. Il faut gouverner avec et pour le peuple. Le contraire mène à la ruine et l’instabilité », a-t-il averti.

L’action a été vivement critiquée par la classe politique à cause du fait qu’il n’y a pas eu de mesures d’accompagnement à l’endroit des victimes. Ce drame humanitaire en cours au cœur de la capitale guinéenne est largement commenté par la presse locale et sur les réseaux sociaux. Pour Bah Oury, le gouvernement  aurait dû faire preuve de plus de discernement et de responsabilité actuellement pour ne pas retourner le couteau dans la plaie. « Le lourd passif historique de 1998 a généré un traumatisme collectif profond », rappelle-t-il, alors que le Gouvernement annonce la poursuite des opérations sur d’autres réserves foncières de l’Etat.

 

Récupération des domaines de l’Etat, Labé dans le viseur de l’Etat

Au moment où la récupération des domaines appartenant à l’Etat guinéen se poursuit à Kaporo-Rails et à Kipé2, les citoyens de Labé se demandent s’ils ne sont pas eux aussi dans le viseur du Ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire.

Selon Noumouké Traoré,  le Directeur préfectoral de l’Urbanisme et de l’Habitat, 34 sites ont été immatriculés et une centaine d’autres attendent de l’être : « Avec la Direction préfectorale de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, nous avons, au niveau de la préfecture de Labé, identifié et pris les coordonnées et les dimensions des zones afin de faire les titres. Présentement, nous avons 34 sites immatriculés qui ont des titres fonciers et arrêtés. Certains ont déjà leurs plaques d’immatriculation. Il y a plus d’une centaine qui ont été levés aussi en vue d’une immatriculation. Avec la deuxième mission qui est venue, ces dossiers sont au niveau du département pour leur immatriculation. L’identification, l’immatriculation et la sécurisation concernent non seulement le centre-ville mais aussi les domaines ruraux.  On a pu identifier certains domaines de l’Etat. Ce n’est pas fini puisque ça concerne tous les domaines de l’Etat. Ce n’est pas fini. Dans la commune urbaine ici, il y en a plusieurs. Ce n’est pas fini. »

Certains de ses domaines sont à l’Aéroport de Labé, dans le quartier Tata 1 et Thalakoun. « Il y a les domaines de l’Aéroport. Tous ceux qui occupent les domaines ont été identifiés. Il y a  eu des croix à deux reprises. Il y a la sécurisation de cet aéroport, qui est d’actualité, puisque Labé doit recevoir les envoyés du COCAN. Tout le monde le sait. Il y a aussi le cas de Thalakoun. Cette réserve,  tout le monde le sait, appartient à l’Etat, depuis le temps colonial. Tout récemment, une mission du ministère de la Ville est venue ici, nous avons posé les bornes. Tous les bâtiments se trouvant dans la réserve ont été cochés. Donc, je demande à tout le monde d’arrêter l’envahissement et de démolir et de quitter les lieux, puisqu’à la longue l’Etat va récupérer son domaine, quel que soit le temps, et personne ne sera dédommagé. Cette loi, on l’a ici. Elle dit que tous ceux qui occupent les domaines de l’Etat doivent être poursuivis de manière juridique, ils doivent aussi quitter. Il y a une amende à payer par mètre carré. Et toutes les démolitions sont à leur charge. Donc ils ne doivent s’attendre ni à un dédommagement ni à un recasement », conclut-il

Ibrahima Kourouma : ‘’ Il faut que cela soit clair, les 169 hectares qui avaient été dégagés sont réinvestis par des gens de façon illégale’’

Déclenché il y a plus de trois semaines, le déguerpissement au centre directionnel de Koloma se poursuit.

Ce mercredi 13 mars 2019, le ministre de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, Dr Ibrahima Kourouma est revenu sur ce dossier qui fait beaucoup parler. C’était en marge de la tournée qu’il a entamé auprès des élus locaux des communes de Kaloum et Dixinn.  « Aujourd’hui, ce déguerpissement du côté de Kaporo-rails se passe, je ne dirais pas sans heurts, mais il se passe dans les conditions les meilleures ou dans des conditions souhaitées par le Chef de l’Etat pour éviter qu’on ne soit dans une situation de cafouillage totale. Donc, je voudrais déjà saluer l’esprit civique des populations. Je tiens à préciser que ce déguerpissement que nous sommes en train de faire, comme je l’ai dit la dernière fois, concerne la zone qui a été dégagée et qui a été réinvestie par les populations. Les deux autres zones qui sont considérées comme des zones tolérées, il n’aura pas de déguerpissement à ces endroits. »

Il rappelle que les terres sur lesquelles les populations se trouvaient ne sont pas à elle : « Ce que nous touchons aujourd’hui, c’est qui a été dégagé et illégalement occupé par les populations. Il faut que cela soit clair, les 169 hectares qui avaient été dégagés sont réinvestis par des gens de façon illégale. Nous sommes obligés de faire en sorte que l’Etat récupère ça. Les autres côtés qui n’avaient pas été dégagés et qui sont considérés dans le schéma comme étant des lieux tolérés, si leur dégagement doit se faire un jour, cela se fera sur la base d’une négociation. Le Président de la République est très clair là-dessus sur cette position. Les occupants même savent qu’ils sont venus occuper illégalement ces zones-là. Dès l’instant qu’il y a eu un dégagement qui a été fait, il faut que les gens comprennent que tout le monde informé. »

 Répondant à la question de savoir si d’autres zones sont concernées par les opérations de déguerpissement à part Kaporo-rails, le ministre Kourouma a déclaré : « Oui, il y a d’autres zones. Le Président de la République est très clair. On ne va pas faire du mal aux populations, on ne va pas faire de la violence, ni brimer les gens dans leur droit. Mais on fera en sorte que tout ce qui est domaine de l’Etat soit récupéré. Aujourd’hui, c’est Koloma mais avant Koloma, il y a eu d’autres domaines qui ont été récupérés. Il faut que les gens fassent très attention. Quand il a été question de récupérer les terrains de la Cité Douane pour faire des logements sociaux, il n’y a pas eu de problèmes, la chose à la Cité Police et à Enta (…) Personne sur cette zone (Kaporo-rails) ne vous montrera un papier qui soit un papier datant d’après le décret du président Lansana Conté. »

Parlant de l’utilisation qui sera faite de cette zone déguerpie, il a tenu à préciser : « Dès que la zone sera totalement libérée, vous allez voir tout de suite, des dispositions vont être prises pour que la zone commence à être occupée légalement pour que des guinéens retrouvent un vrai centre administratif… »

Kaporo-rails : le nouveau monde de ceux qui passent la nuit à la belle étoile

Plusieurs familles déguerpies à Kaporo-rails continuent de dormir à la belle-étoile dans les décombres de leurs maisons ravagées par les Bulldozers du département de la ville et de l’aménagement du territoire.

Le constat est amer sur les lieux : des femmes âgées, des enfants, des jeunes, passent la nuit dehors, exposés aux moustiques, aux reptiles et à d’autres dangers. Abandonnées par le gouvernement, ces familles qui n’ont nulle part où aller habiter demandent de l’aide aux personnes de bonne volonté afin de quitter dans ces décombres. Africaguinee.com les as rencontrées. Agée environ de 80 ans,  madame Adama Oury Bah passe la nuit sur les ruines de son ancienne habitation avec toute sa famille. L’octogénaire explique le calvaire de sa famille. « Depuis que notre maison a été détruite nous sommes là, nous n’avons nulle part où aller, nos enfants qui sont à l’école ont perdu cette année. Nous passons la journée ici et la nuit aussi nous dormons ici. Nous avons confié nos biens ailleurs mais nos enfants, nos petits-enfants et nous, nous sommes toujours là parce qu’on n’a pas eu où habiter. Nous gagnons difficilement la nourriture. C’est grâce à ceux qui viennent nous rendre visite avec le peu qu’ils nous donnent, que nous arrivons à acheter la nourriture», a expliqué la vielle dame.

KoumbaTenin Diallo aussi vit le même calvaire. Elle donne les raisons qui l’ont poussée à rester dans ces décombres. « On ne peut pas prendre tout ce monde pour aller chez quelqu’un parce que c’est gênant. C’est pour cette raison que nous dormons ici jusqu’à ce qu’on ait un endroit où aller même si on nous prête ou en location pourvu qu’on ne gêne ou fatigue personne chez lui », a aussi expliqué cette infirme. El hadj Abdoulrahmane Diallo passe également la nuit dans les ruines de son ancienne maison de Kaporo-rails. Il lance un appel aux personnes de bonne volonté pour l’aider à avoir une habitation. « Jusqu’à présent nous n’avons même pas l’espoir d’avoir un endroit où aller passer la nuit à plus forte raison penser à un endroit où habiter. Nous passons la nuit dans ces décombres-là, on mange ici, c’est ici qu’on se lave, nous faisons tout ici. Nous demandons à l’Etat de nous monter où aller parce qu’actuellement la location est excessivement chère. Nous demandons aussi aux bonnes volontés de nous venir en aide. Ici nous sommes à la merci des moustiques parce que même quand tu te couches dans une chambre, ils te piquent à plus forte raison quand tu passes la nuit dehors », fulmine cette victime expliquant les bagages de sa familles ont été volés.

Kaporo-rails : Faya Millimouno fait un malaise

Ce vendredi 8 mars 2019 le Dr Faya Lansana Millimouno qui était en visite dans la zone  de Kaporo-Rails où se poursuivent les opérations de déguerpissement, a fait un malaise.

Tout est parti du discours d’un imam qui expliquait les conditions dans lesquelles certains habitants  ont été déguerpis et qui n’ont pas trouvé où se reloger. Le président du Bloc Libéral (BL), qui a constaté la nature et l’impact du bulldozer de l’État, n’a pas pu résister aux explications de l’imam et  est subitement tombé. Il a fallu l’intervention de conseiller juridique pour lui éviter des blessures. Il sera d’urgence transporté dans une clinique pour des soins intensifs. Faya Millimouno était venu accompagner les femmes de son parti qui ont fêté la journée internationale des droits des femmes ce 8 mars aux côtés de celles et ceux qui sont déguerpis à Kaporo-rails et qui dorment à la belle étoile. Ces femmes du BL ont profité de l’occasion pour faire des dons à ces femmes déguerpies. C dont est composé de savons, d’eaux minérales et de plusieurs autres denrées alimentaires.

 

Une aide mal perçu par le peuple guinéen

Le ministre Bouréma Condé a exécuté une décision plutôt étrange de la part d’Alpha Condé.

Le Général Bouréma Condé s’est rendu à Kaléyiré dans la préfecture de Forécariah pour offrir des vivres à des réfugiés sierra-léonais! Sur instruction du Président Alpha Condé et du premier ministre Kassory Fofana, Bouréma Condé a apporté un « soutien moral » aux 983 réfugiés léonais auxquels il a remis 20 tonnes de riz et 30 millions de francs guinéens. Le ministre Condé a échangé avec des autorités léonaises pour organiser le retour de ces réfugiés dans leur pays. Si cet acte humanitaire envers les réfugiés léonais est salué par certains, il intervient dans un climat de désolation quand on sait que plusieurs familles guinéennes sont  abandonnées et livrées à elles-mêmes dans le quartier Kaporo-rails à Conakry.

 

Malgré l’appel à l’aide des habitants déguerpis, le président Alpha Condé a promis de poursuivre l’opération de récupération de cette zone réservée de l’Etat « sans état d’âme ». A noter que plusieurs citoyens ont récemment offert des parcelles dans la préfecture de coyah pour venir en aide aux habitants de Kaporo-rails.

Kaporo-Rails : Alpha Boubacar blanchit Cellou Dalein

 Le conseiller du chef de file de l’opposition guinéenne chargé des relations publiques a fait ce mercredi 06 mars une mise au point sur les dix millions de francs guinéens donné en soutien aux déguerpis par Cellou Dalein Diallo.

Alpha Boubacar Bah s’exprimant au sujet des déguerpis de Kaporo-Rails a précisé que la somme de dix millions offerte par  Cellou Dalein Diallo est sa part de contribution à la campagne de collecte de fonds lancée par l’UFDG. « Le samedi, on a déposé une caisse et on a dit que l’argent qu’on va récupérer sera donné à la commune, ça veut dire que Cellou Dalein n’est pas allé repartir de l’argent à Kaporo-rails. Lorsque vous lancez un appel à contribution ou à mobilisation de ressources, il serait bien que vous-même vous donniez l’exemple. Donc, le président Cellou a donné un exemple en donnant les dix millions. S’il n’avait pas donné l’exemple, les militants pouvaient dire qu’il  nous demande de payer et lui il ne paie pas », confie-t-il.

Il rappelle aussi que son président leur a interdit de parler de politique dans cette affaire : «Tous les membres du bureau ont payé alors qu’ils avaient déjà payé. J’annonce que tous les députés ont déjà payé chacun un million et certains sont venus avec des sacs de riz et des bidons d’huile et il y a des militants qui ont payé beaucoup plus. Tout ce qui va être payé, mais c’est Cellou Dalein parce que c’est lui qui est en train de mobiliser et c’est lui qui a demandé de payer. C’est Cellou Dalein qui a demandé explicitement à ne pas politiser la situation, il a demandé d’en faire une affaire humanitaire, pas une affaire politique. Il nous a tous interdit, nous qui communiquons, de parler de politique dans cette affaire. Donc il faut aller aider les gens, c’est le plus urgent, la politique viendra après », a ajouté le conseiller de Cellou Dalein Diallo.

Depuis quelques jours, l’opinion publique est divisée sur les dix millions que Cellou Dalein Diallo a offerts aux déguerpis de Kaporo-rails. Certains saluent un geste humanitaire du chef de file de l’opposition alors que d’autres qualifient la somme de dérisoire face aux attentes des déguerpis de Kaporo-rails.

Kaporo-rails : divergeance entre Alpha Condé et Ibrahima Kourouma

Entre les dernières instructions du Chef de l’Etat sur les opérations de déguerpissement à Kaporo-rails et la réalité sur le terrain, il y a déphasage.

 

Selon  un des conseillers de la Présidence de la République, Alpha Condé aurait déjà donné des instructions pour l’arrêt des opérations de déguerpissement à Kaporo-rails. Elle affirme aussi que  le Président Condé continue à croire que ce sont les baraques et d’autres installations qui ont été détruites depuis le début des opérations de déguerpissements. « Ce qui était prévu c’est de débarrasser de cette zone tous les occupants qui avaient déjà été déguerpis, dédommagés, et qui sont venus se réinstaller après », confie-t-elle.

Le constat sur le terrain est pourtant tout autre. De nouvelles maisons ont été cochées ; elles  seront démolies dans les prochaines heures. A moins que le Président Alpha Condé n’intervienne. Cette fois peut-être, il faudra que lui-même vienne sur le terrain pour faire le constat. Ce week-end, le Président Alpha Condé a prévenu que les opérations de déguerpissement se poursuivront « sans état d’âme », menaçant toute autorité qui se rendrait coupable de vente illégale de parcelle de sanction.

Lire aussi : Kaporo-rails: Alpha Condé promet de sévir

Déguerpissement à Conakry: une nouvelle cible en vue

Ibrahima Kourouma le ministre de la ville et de l’aménagement du territoire a identifié une prochaine cible à déguerpir.

Plusieurs habitants d’une des zones de la cité Soloprimo (Koloma) ont été surpris par des agents de l’habitat qui sont venus mettre des croix sur leurs habitations Ce lundi 4 mars 2019. Accompagnés des éléments des forces de l’ordre, ces émissaires ont mis des croix rouges sur plusieurs maisons, insigne qui montre qu’elles sont les prochaines cibles des autorités. Le chagrin, mêlé au sentiment d’injustice était à son comble. Larmes aux yeux, les occupants ont assisté impuissants à cette scène presqu’insupportable.

Certains habitants soutiennent que  cette zone n’avait pas été touchée en 1998. D’où leur surprise. D’autres cherchent déjà à sauver certains biens avant l’arrivée des bulldozers. Ce week-end, le président Alpha Condé a promis d’être intraitable dans la récupération des domaines appartenant à l’Etat, alors que le passage des bulldozers à Kaporo-rail a laissé de nombreuses famille dans la misère et l’abandon. « Les gens construisent n’importe comment. La preuve : la deuxième République a dégagé Kaporo-rails jusqu’à 60%. Il restait peu.  Mais les gens sont venus occuper de nouveau et de façon illégale. Il n’y aura pas d’état d’âme pour tous ceux qui occuperont les domaines de l’État. Celui qui revendra un domaine de l’État sera sanctionné et on récupérera », a prévenu le chef de l’Etat.

Kaporo rails : L’UFDG lance une collecte de fonds pour les déguerpis

Lors de l’assemblée générale ordinaire de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), le déguerpissement à Kaporo-rails a été au centre des discours.

A cette occasion, il a lancé une collecte de fonds pour les déguerpis de Kaporo rails, qui sont privés de toit depuis l’opération de démolition du gouvernement. En l’absence de Cellou Dalein Diallo, c’est le vice-président Kalémodou Yansané, qui a présidé la rencontre.  « Depuis une semaine, aussi bien l’opposition républicaine que l’UFDG, on est en réunion pour aider ces populations. Aujourd’hui, nous voulons lancer un appel solennel, je voudrais que le carton qui est devant vous soit rempli. Je connais le cœur des militants de l’UFDG. Ce qui se passe à Kaporo-rails, pour nous, ce n’est pas un problème politique, c’est devenu un problème humanitaire », déclare Kalémodou Yansané.

Il a par la suite, fait part des contributions des députés de l’opposition, avant d’exhorter les militants d l’UFDG  à faire de même. « Nous allons contribuer pour Kaporo rails, sans distinction de parti politique. Il n’y aura pas d’exclusion. Ceux du RPG, ne seront pas épargnés. Ce qui se passe à Kaporo-rails, est devenu humanitaire. Les députés ont fait une forte contribution pour Kaporo-rails. Chaque député a versé, pour la solidarité SOS Kaporo rails, la somme de 1million de GNF. Cellou Dalein Diallo, a fait une contribution de 10 millions de GNF. Nos opérateurs économiques sont en train de chercher du riz et de l’huile. La priorité sera donnée aux élèves », a fait savoir le député. Parlant de l’élection présidentielle au Sénégal, Kalémodou Yansané a fait remarquer, qu’en une semaine, les résultats définitifs étaient déjà connus. Alors qu’en Guinée dit-il, même pour les élections communales, il faut  attendre un an. Et de conclure, « c’est une honte pour le pays ».

Kaporo-rails: Alpha Condé promet de sévir

C’est la première fois que le président de la république s’exprime sur ce sujet depuis le début des opérations de déguerpissements à Kaporo-rails.

C’est sous un ton ferme que  le Chef de l’Etat, Alpha Condé a promis ce vendredi 1er mars 2019, qu’il n’y aura pas d’état d’âme dans la récupération et le dégagement des parcelles appartenant à l’Etat.   « On a pris la mauvaise habitude, il n’y a pas de civisme. Chacun se rend justice, on gâte n’importe comment. On construit des routes, les gens viennent envahir et vont jusqu’à construire sur le goudron. Lorsque j’ai cassé les maisons dans la forêt (de Démoudoula), les gens ont commencé à crier, mais un mois après il y a eu 1 000 morts à Freetown (…) L’indiscipline a amené les gens à construire même dans les marécages. »

Il a évoqué le fait que les populations construisent   n’importe comment : « la deuxième République a dégagé Kaporo-rails jusqu’à 60%. Il restait peu.  Mais les gens sont venus occuper de nouveau et de façon illégale. Il n’y aura pas d’état d’âme pour tous ceux qui occuperont les domaines de l’État. Celui qui revendra un domaine de l’État sera sanctionné et on récupérera. » De nombreuses familles déguerpies à Kaporo-rails  passent la nuit à la belle étoile exposées aux intempéries.  L’opposition a dénoncé cette action du Gouvernement. Depuis quelques jours, un élan de solidarité a été enclenché pour venir en aide aux sinistrés.

Fodé Bangoura : on a toujours politisé ce problème de Kaporo-rails

L’ancien ministre Secrétaire général à la présidence de la République, Fodé Bangoura est l’actuel leader du Parti de l’unité et du progrès (PUP) créé en 1992 pour soutenir le régime de feu le général Lansana Conté. Nous l’avons rencontré pour en savoir plus sur le bombardement du Palais des nations en 1996, l’agression rebelle de 2000 et l’affaire Kaporo-rails.

Des anciens militaires, notamment l’ex-officier Aboubacar Sidiki Diaby et le commandant Yaya Sow ont rejoint le Rpg Arc-en-ciel. Quel est votre commentaire ?

Chaque citoyen est libre d’adhérer à un parti. Sur ce plan, je n’ai pas de problème. Quand il y a rébellion dans un pays, ce n’est pas contre le chef d’État seulement. C’est aussi contre les citoyens de ce pays. Quand il y avait eu la rébellion en 2000 qui sait le nombre de guinéens tués ? Lansana Conté s’en est sorti sain et sauf. Conakry n’a même pas été agressée. À l’époque c’est Lansana Conté qui était le père de la nation. Nous avions dénoncé à l’époque pour dire que des guinéens ont agressé leurs propres frères, leur patrie. Certains n’avaient pas voulu croire. Mais il n’y a pas meilleurs témoins que les intéressés eux-mêmes qui viennent de dire: « nous avions fait ça ou nous avions voulu faire ça ». Et où ils l’ont dit?, c’est au siège d’un parti qui est au pouvoir, ce qui est malheureux.

Pour vous, cela démontre une complicité qu’il y avait entre le Rpg Arc-en-ciel et les rebelles?

Non! C’est-à-dire que c’est le Rpg Arc-en-ciel en premier qui devrait réagir. On dit souvent: « ne vous moquez pas de celui qui est en train de se noyer quand vous n’avez pas atteint l’autre rive ». Hier, c’était Lansana Conté, mais aujourd’hui c’est quelqu’un d’autre. Je n’y étais pas, mais certains disent qu’ils ont été ovationnés. Comment on peut ovationner un agresseur ? Quelqu’un qui prépare une rébellion contre son pays et vous, vous êtes citoyens de ce même pays. Ce qui est incompréhensible et inadmissible pour moi. Il arrivera un moment dans notre pays où on lira correctement nos pages d’histoire. Ceux qui sont en train de chiffonner ces pages là aujourd’hui ne le pourront pas demain, puisque les intéressés commencent à se dénoncer eux-mêmes publiquement.

 

Qu’est-ce que vous aviez répondu à la CEDEAO qui proposait au gouvernement guinéen d’envoyer une force d’interposition?

Il est difficile de dire non. Mais. On avait demandé à l’époque que « si on doit être d’accord pour recevoir cette force d’interposition qu’elle ne soit pas basée sur le territoire guinéen et que le commandement soit guinéen ». Lansana Conté était un militaire, il savait ce qu’est une force d’interposition. Ceux qui ont reçu le courrier, ont compris que c’était un non catégorique. C’était la seule phrase de la lettre? Non! Il y en avait plusieurs, mais c’était les termes clés. Nous sommes parvenus par nos propres moyens, par nos efforts, à sortir les rebelles du pays.

Quels ont été les impacts de cet acte?

Tout ce qui devrait être consacré à la construction d’écoles, de centres de santé, de routes, ont été utilisés pour notre liberté. C’est au détriment du guinéen. Quand ces gens-là veulent aujourd’hui qu’ils soient applaudis par les mêmes guinéens où qu’on leur donne des trophées, moi je me pose bien des questions. C’est aux guinéens de réagir.

Que vous inspire l’attitude du gouvernement actuel face à ces aveux des anciens militaires qui ont voulu déstabiliser la Guinée ?

Je pense qu’un gouvernement est mis en place par un président élu. Et un président est élu par des citoyens pour assurer leur sécurité et créer les conditions pour le développement du pays. Ce n’est pas à moi de lui dire ce qu’il doit faire. Il avait un projet de société qui parlait de sécurité physique et d’intégrité territoriale. Il a prêté serment autour de ça. Ce n’est pas à moi de lui dire ce qu’il doit faire et ce qu’il ne doit pas faire. C’est à tous les guinéens de tirer les leçons.

À un moment, vous étiez son conseiller. Quels sont vos rapports aujourd’hui ?

Je suis né guinéen avant d’être militant d’un parti. À ce titre, j’ai obligation de servir mon pays. Maintenant quant à nos relations, étant président de tous les guinéens, il est aussi mon président. Donc, ce sont des relations d’un gouvernant et d’un gouverné. Il ne m’a jamais déroulé le tapis rouge, ni fanfare à côté. Donc, C’est un président de la République. Il est dans son palais et il gouverne. Moi, je dirige mon parti. Nous n’avons pas les mêmes rôles. Lui, il s’occupe de tout le pays et moi je m’occupe de mes militants et sympathisants. Quelle lecture faites-vous de la gouvernance actuelle ?

Quels sont vos rapports avec l’actuel Premier ministre ?

C’est un frère et il y a de très bons rapports entre nous. Je n’ai de contentieux avec personne. Tous sont mes frères et amis. Ce n’est pas un combat d’épées, mais un combat d’idées. Ce ne sont pas des ennemis. C’est qu’on ne partage pas la même idéologie et on n’a pas la même préoccupation. Quand je sors ici et que je rencontre le Premier ministre je l’embrasse tout comme Cellou, Sidya et tous les autres. Quel est votre commentaire sur l’opération de déguerpissement en cours à Kaporo Rails? Je refuse qu’on politise l’affaire Kaporo-rails. Tous les Etats du monde ont leurs réserves foncières. Les gens parlent, mais n’ont pas lu les textes. Ce n’est pas seulement Kapororails. Si on sort le décret dont le ministre de l’Aménagement du territoire Ibrahima Kourouma a évoqué, les guinéens seront surpris. Il y a d’autres zones qui sont des réserves de l’État y compris les emprises des routes. C’est dans le même décret.

Il avait été dit dans ce décret que tous ceux qui n’avaient pas investi avant avril 1988 de ne pas le faire et que s’ils le font c’est à leurs risques et périls. Mais on a toujours politisé ce problème de Kapororails. Quand le problème s’était posé dans les années 97 et 98, on avait politisé. Ceux qui tiraient à bout portant contre le système, sont aujourd’hui dans le même problème. Quand un politicien doit parler, il doit faire attention. C’est valable pour ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. Il n’y a pas ce que les partis d’opposition, le Rpg d’Alpha Condé, l’Unr de Ba Mamadou etc., n’avaient pas dit contre le régime Conté. Sur le fond, l’État est dans son droit. Je souhaite qu’on dépolitise ce débat. Ça fait très mal à tout citoyen. Ça, c’est le côté social. Mais il faut voir aussi le côté administratif et juridique.

De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer des velléités anticonstitutionnelles pour octroyer un 3e mandat à Alpha Condé. Qu’en pensez-vous ?

Moi, je n’ai pas vu un communiqué dans ce sens. Donc, je mets cela au compte des rumeurs. Je sais une seule chose, présentement il y a une Constitution qui verrouille le nombre de mandats. Je sais que cette Constitution n’est encore en vigueur, point. Au cas où ces rumeurs devenaient réalités ? Au cas où?, au cas où, vous vous retrouverez à Kassa tout à l’heure.

Kaporo-rails : l’enfer des victimes

De nombreuses familles y vivent depuis 40 ans. Livrées à elles-mêmes sans assistance de l’Etat alors qu’on est à deux mois du début de l’hivernage, les victimes se demandent à quel saint se vouer.

 

Situé dans la commune de Ratoma, le quartier Kaporo souffre le martyr pour la seconde fois. Car sous le règne de Lansana Conté également, plusieurs familles avaient été déguerpies. Plus de vingt ans après, l’histoire se répète. Mais cette fois-ci, un drame cache un autre. Car au-delà des destructions de biens, c’est l’avenir des milliers d’écoliers qui se trouve menacé. Car cette opération intervient en pleine année scolaire. La zone visée regorge de nombreuses écoles privées qui ont été contraintes de fermer. L’Etat a-t-il pensé à ce volet avant d’entamer les casses ? Ce n’est pas l’impression qui se dégage sur le terrain.

La zone est devenue un vaste champ de ruines. Le quartier vit au rythme des bruissements des Caterpillars de l’armée qui rasent tout, sous les yeux impuissants des victimes.  Certains déguerpis disent n’avoir nulle part où aller. L’opération de casse en cours ne se passe pas sans violences. Des heurts ont éclaté ce lundi d’ailleurs, faisant plusieurs autres victimes collatérales. Plusieurs déguerpis accusent des éléments de la gendarmerie d’exactions. Thierno Oumar Dem habite ce quartier depuis la première République. Marié à 4 femmes et pères de 28 enfants, il dit être l’un des premiers habitants de Kaporo-rails.  « Je suis vraiment inquiet aujourd’hui. Je suis là depuis le temps de Sékou Touré, Lansana Conté m’a trouvé ici, Dadis m’a trouvé ici, Konaté aussi et Alpha Condé la même chose, ça fait combien d’années ? Moi je ne sais pas. Au moment où je suis venais ici, il n’y avait pas de route à Bambéto ici, la transversale N°2 n’existait pas, il n’y avait pas une route pour aller à Hamdallaye. Lorsqu’on construisait cette maison on portait à la tête les sacs de ciment qu’on utilisait. En ce moment il n’y avait ni marché, ni rien. C’est grave vraiment, j’ai quatre (4) femmes et les enfants, aujourd’hui je n’ai rien à dire sauf je suis inquiet », a expliqué ce père de famille les larmes aux yeux.

Chassée par la rébellion en Sierra Léone, Fatoumata Diariou Barry est rentrée dans son pays dans l’espoir de vivre en paix. Mais quelques années après, elle est déguerpie deux fois par son propre Gouvernement. Cette mère de 7 enfants explique que c’est grâce à son petit commerce de l’eau glacée qu’elle nourrit sa famille. « Nous étions en Sierra Léone, lorsqu’il y a eu la rébellion on a fui. En ce moment lorsqu’on avait commencé à pleurer parce que nous étions des étrangers mon mari nous avait dit à l’époque d’arrêter de pleurer qu’on a où revenir en Guinée. Et nous sommes revenus, nous sommes 4 épouses, moi personnellement j’ai sept (7) fils, mes coépouses aussi, l’une a sept (7) fils, l’autre cinq (5) et la dernière a neuf (9). En 1998 lorsqu’ils étaient venus pour nous déguerpir ici je me suis battu avec eux et finalement on m’a laissé cette maison de 3 chambres et je suis là avec mon mari, mes 3 coépouses et nos enfants (28 enfants, ndlr). Moi je revends de l’eau glacée et c’est avec ça que je nourri mes enfants. Avec tout ce monde où on va aller ? On n’a nulle part où aller maintenant. Nous on pensait que comme on a fui les rebelles en Sierra Léone qu’on allait nous accueillir. Mais hélas ! »

D’autres habitants de Kaporo-rails voient cette action du Gouvernement guinéen comme une démonstration d’une haine contre une seule communauté. Selon Mamadou Samba Sow, la Capitale Conakry compte plusieurs réserves foncières de l’Etat, mais c’est seulement Kaporo-rails qui sont détruit. « Ce qui s’est passé à Kaporo-rails ici c’est la démonstration et l’accomplissement d’une haine parce qu’il faut dire les choses par leurs noms, c’est une haine contre la communauté locale et celle qui est majoritaire ici c’est la communauté Peulh, c’est elle qui habite Kaporo-rails. », a expliqué cet habitant de Kaporo-rails. Mamadou Samba Sow ajoute que les citoyens de Kapopro-rails se sentent comme des étrangers dans leur propre pays. Il demande par ailleurs que les habitants de cette zone soient traités comme tous les autres guinéens.

Kaporo-Rails : les autorités communales impuissantes

Le maire actuel qui brandi  l’argument selon lequel son administration n’est pas mêlée à cette casse, a annoncé qu’une commission de réflexion sera mise en place pour venir en aide aux  citoyens de Kaporo-Rails.

Sur les ruines, les ‘’huées’’ de quelques habitants désemparés de ce quartier démoli, Souleymane Taran Diallo n’a pas fait assez de promesses. Pour le maire de Ratoma, la situation est plutôt assez complexe. ‘’ Nous avons créé une commission pour essayer de se pencher sur cette situation complexe qui implique assez de problèmes. Nous allons essayer de voir comment aider les déguerpis(…), certes nous n’avons pas de moyens pour prétendre résoudre tous les problèmes de ce quartier mais nous allons marquer notre solidarité. C’est pour cela en partie nous sommes présents ici aujourd’hui. Nous disons aussi aux populations de Kaporo-Rails que nous avons été installés seulement le 22 février dernier (…), donc nous ne sommes mêlés à rien et nous ne sommes pas informés sur  ce qui est en train de se dérouler à Kaporo-rails. Lorsqu’on a commencé la casse ici, le conseil communal était géré par la secrétaire générale de la commune puisque nous n’étions pas installés. Mais cela ne veut pas dire que si étions installés que nous pouvions empêcher cela ? NON, nous ne le pouvions pas’’, a rappelé Souleymane Taran Diallo, avant d’indiquer par ailleurs que l’Etat,  propriétaire d’un domaine quelconque,  a le droit de le récupérer  à chaque fois qu’il sent le désir.

‘’ L’autorité de l’Etat, c’est l’autorité de l’Etat, s’ils ont décidé de casser  ils le feront’’ avance-t-il déplorant la démarche de l’Etat qui a consisté à démolir ces concessions sans mesures d’accompagnement ou d’indemnisation. ‘’ Mais nous aurions souhaité que l’on écoute les populations, nous aurions souhaité qu’on indemnise les gens. D’ailleurs comme le professeur Alpha Condé l’avait promis en 2016, il y avait un million de dollars à la Banque mis à disposition des populations de Kaporo-Rails. Malheureusement deux ans après, jusqu’à présent cet argent n’a pas été débloqué et les populations n’ont pas été dédommagées. Nous espérons que cela va être fait et nous souhaitons que cela se fasse. Sur le plan humain donc, il faut que l’Etat pense à ces populations de Kaporo-rails. Il faut aussi penser à ces enfants qui aujourd’hui ne savent plus où aller, s’ils n’y a pas d’écoles publiques il faut les mettre dans le privé’’ a lancé Souleymane Taran Diallo, maire de la commune de Ratoma.

A Kaporo-rails c’est la désolation et la tristesse. Ce quartier est devenu une vaste étendue de ruines après le passage des bulldozers du Ministère de l’Aménagement du Territoire. Plusieurs familles sont actuellement sans aucun abri et exposées aux intempéries à quelques mois des grandes pluies

Les populations de Kipé 2 menacé d’être déguerpies

Après les habitants de Kaporo-rails, c’est un autre quartier populaire de Conakry qui est dans le collimateur d’Ibrahima Kourouma.

Les habitants du quartier kipé 2 risquent de subir le même sort que les populations de Kaporo-rails forcées à quitter leurs maisons sous la menace des bulldozers. Pour le moment l’affaire de Kipé 2 est actuellement pendante au niveau de la justice qui doit trancher prochainement. Pour les avocats des habitants de kipé 2,  en procédant au marquage des habitations, le ministre Kourouma agit en violation des lois dans un domaine litigieux.

D’après  l’Etat guinéen, le projet de déguerpissement de Kipé 2 résulte de l’application du décret 211 du 22 novembre 1989 qui prévoyait la construction du centre directionnel de Koloma. Pour les avocats des occupants de Kipé 2,  cette zone n’est pas citée comme réserve foncière de l’Etat. Par ailleurs ce décret prévoit des indemnisations aux habitants des zones foncières de l’Etat. Ce projet de démolition de Kipé 2 intervient alors que les habitants de Kaporo-rails sont livrés à eux-mêmes sans aucune indemnisation de la part de l’Etat.

 

Kaporo-rail: un déguerpissement qui fait mal

Poussés à déguerpir avec les bulldozzers, les populations de la haute banlieue de Conakry avaient pourtant retrouvés un espoir.

C’était en 2016 que le président Alpha Condé s’était rendu sur les lieux pour « demander pardon » et promettre un « dédommagement » aux habitants de ce quartier. Livrées à elles-mêmes, les populations de Kaporo-rail comptent sur la mobilisation pour espérer sauver leurs affaires. A ce jour, aucun dédommagement n’est prévu pour ces populations qui craignent l’arrivée des grandes pluies.

 

L’État a lancé une opération de déguerpissement musclée dans la banlieue de Conakry, en vue de poursuivre le développement du centre directionnel de Koloma, qui doit permettre de décongestionner le quartier administratif et des affaires de Kaloum. Plusieurs commerces ont été démolis et des habitations sont en sursis, au grand désarroi des occupants. « J’ai mis trois mois à édifier les deux kiosques qu’occupaient ma femme et sa belle-sœur. On a dû tout démonter en une seule journée », raconte, presqu’en larmes, Bhoye Barry. Chauffeur de profession, il est actuellement au chômage. Ce petit commerce était jusqu’à présent l’unique source de revenus pour les huit membres que compte sa famille. Assise sur des décombres, Fatoumata Binta jette un regard désolé sur les ruines de ce qui fut sa boutique. Elle regrette que les délais aient été si courts qu’ils ne lui ont pas permis de s’organiser. « Nous n’avons pas eu beaucoup de temps. Hier, un gendarme est passé nous dire de vider nos étals, en prévenant qu’ils viendraient aujourd’hui pour tout raser. On a commencé tout de suite à transporter nos marchandises à la maison », assure-t-elle.

 

Du côté du gouvernement, l’explication de ce déguerpissement se trouve dans le besoin de récupérer ce domaine de l’Etat. Le centre directionnel de Koloma vise à abriter le futur centre administratif de Conakry dans le cadre du plan « Conakry, Vision 2040 » promis par Alpha Condé. « Les gens ont été prévenus depuis longtemps », affirme au contraire Ibrahima Kourouma. « Nous sommes sensibles à la situation de ces femmes, mais la priorité, actuellement, est de récupérer les domaines de l’État », insiste le ministre de la Ville et de l’aménagement du territoire. Jusqu’ici, les maisons d’habitation n’ont pas été touchées. La croix rouge tracée sur leurs murs rappelle toutefois que leur démolition n’est qu’une question de jours voire d’heure, comme l’a confirmé Ibrahima Kourouma.

 

Le programme « Grand Conakry vision 2040 » du président Alpha Condé prend forme. Et cette partie du quartier Kaporo-Rails, zone réservée de l’État, y est intégré. L’État veut en effet y développer le centre directionnel de Koloma, qui accueillera les départements ministériels, avec pour objectif de décongestionner le quartier administratif et des affaires de Kaloum. C’est un site de 265,7 hectares Les sièges de la télévision d’État, de l’Autorité de régulation des postes et télécommunication et de l’ambassade des Etats-Unis y ont déjà été construits. D’autres chantiers sont en cours. Les projets de rénovation urbaines sont en outre anciens, insiste le ministre de la Ville et de l’aménagement du territoire, qui juge que les personnes déguerpies étaient prévenues. « Kaporo-Rails est un domaine réservé de l’État conformément au décret 211 pris en 1989. Les occupants le savent bien. Il y a eu un premier déguerpissement en 1998 qui a partiellement libéré le site. Tous ceux qui s’y sont installés l’ont fait illégalement. Pour preuve, les constructions ne sont pas durables », insiste Ibrahima Kourouma, qui dit s’étonner de l’écho médiatique sur ce déguerpissement, qui s’inscrit dans une opération de plus grande envergure. « Nous sommes engagés depuis un bon moment dans un travail de récupération des domaines de l’État. Le site de Kaporo-Rails porte sur 265 ,7 hectares, et au total, il y a plus de 46 000 hectares qui ont été immatriculées. »

Lire aussi : Centre directionnel de Koloma: 10 jours pour terminer les déguerpissements

La misère des populations de Kaporo-rails

De nombreuses familles vont bientôt se retrouver dans la rue pour cause, le Gouvernement a entamé ce mercredi 20 février 2019 les opérations de déguerpissement à Kaporo-rails, quartier situé dans la commune de Ratoma.

Pour cette première phase de l’opération de déguerpissement, ce sont les hangars, les boutiques, magasins et conteneurs situés entre Prima-Center et la RTG Koloma qui sont concernés. La deuxième phase concerne les maisons d’habitations.  Dans la journée de ce mercredi 20 février 2019, les Caterpillars de l’armée guinéenne ont investi les lieux et ont débuté les démolitions. Sur les lieux, un important dispositif sécuritaire est mis en place pour superviser ces opérations de déguerpissement.

Ibrahima Fofana, la mort dans l’âme, prie l’Etat de faire preuve de plus d’humanisme en accordant aux occupants un temps pour mettre leurs biens à l’abri. « Hier ils sont venus mettre des croix partout, signe qu’ils vont nous déguerpir. Le lendemain dès 7h du matin on s’est mis à la tâche pour démonter et on est à l’attente des machines. Je demande aux autorités d’accepter de donner le maximum de temps aux gens pour leur permettre de prendre soin des investissements faits sur le terrain. Bien que ça soit une zone réservée, il faut nous donner un délai qui nous permettrait d’enlever nos biens et aller les mettre à l’abri sans que ça ne soit détruit. »

Abdoulaye Bah est l’une des victimes de ce déguerpissement. Selon lui, les citoyens de Kaporo-rails n’ont pas eu suffisamment du temps pour déplacer leurs biens. « Tout le monde est conscient que les zones réservées appartiennent à l’Etat. Mais l’Etat n’a pas besoin de créer des chômeurs. Ils peuvent passer par d’autres méthodes en donnant du temps aux gens de bien se préparer, chercher un nouveau local parce que chacun de nous a une famille derrière lui. Maintenant ce sont plusieurs familles qui sont mises dans de mauvaises situations. L’Etat n’avait pas besoin de faire tout ça », se plaint ce père de famille. Rappelons que  dans les années 1997 sous le régime du feu Général Lansana Conté, le quartier kaporo rails avait connu le même sort. 22 ans après, plusieurs pauvres familles de ce quartier se préparent à se retrouver sans abris.