Faya Millimouno à Kankan : « 49 % pour la CBG, 15 % pour Simandou… et Boké ? »

Kankan, Guinée – L’air est chargé d’une attente électrique. Sous un soleil de plomb, la foule, massée devant l’estrade, semble retenir…

Journal de Conakry

Kankan, Guinée – L’air est chargé d’une attente électrique. Sous un soleil de plomb, la foule, massée devant l’estrade, semble retenir son souffle. D’un pas décidé, Faya Millimouno s’avance. Le candidat à la présidentielle du 28 décembre 2025 n’est pas venu pour de simples salutations. Il est venu raconter une histoire, une histoire de chiffres qui, selon lui, résume le drame guinéen : celle des parts perdues et des richesses envolées.

Dès ses premiers mots, il plonge l’assistance dans un héritage lointain, presque mythique. « Le président Sékou Touré vivait, paix à son âme, il avait négocié… », commence-t-il, établissant d’emblée un lien entre le père de l’indépendance et le combat actuel pour la souveraineté économique. Puis vient le chiffre, asséné comme une évidence douloureuse : « Vous savez combien de parts souveraines la Guinée a dans la CBG ? C’est 49 %. »

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Le silence se fait plus dense. « Ça fait plus de 50 ans que nous prenons les 49 % avec la CBG, mais on n’a pas encore pu construire la ville de Boké. » La phrase tombe, simple, brutale, et dessine en creux un demi-siècle de frustrations. Boké, épicentre de la bauxite, symbole du paradoxe guinéen : une terre riche sur un peuple pauvre.

Puis, le candidat du Bloc Libéral tourne son regard vers l’autre géant, le projet ferroviaire et minier de Simandou, présenté comme le Graal économique. Son ton se fait tranchant. « Aujourd’hui, on est en train de vous vendre l’idée qu’avec Simandou, vous allez avoir suffisamment d’argent pour construire la Guinée… alors que nous n’avons que 15%. » Il marque un temps, scrutant les visages. « Si avec 49%, on n’a pas développé Boké, avec 15%, peut-on développer la Guinée ? »

C’est là, dit-il, le cœur de sa bataille. « Voilà la raison pour laquelle je suis dans cette compétition. Il faut mettre fin au bradage de nos ressources. » Pour Faya Millimouno, ce « bradage » n’est pas une abstraction économique. Il a un visage : celui d’une « jeunesse guinéenne étouffée », privée d’opportunités, tandis que les richesses filent « en Europe, en Amérique ». Sa promesse est claire : « À mon arrivée à Sékhoutouréyah, je mettrai fin à cela. »

Face à cette jeunesse, il ne brandit pas seulement des critiques, mais une alternative : une « bourse de l’entrepreneuriat ». « Au 21e siècle, on n’est plus formé simplement pour travailler pour quelqu’un, lance-t-il. Vous êtes des intelligences qui peuvent créer des entreprises prospères… Il suffit que l’État soit de votre côté. »

Le discours bascule alors de la dénonciation à l’appel à l’action. Faya Millimouno se présente en homme de la « rupture ». « Si vous voulez avoir un résultat différent, il faut faire des choses différemment. » Il se définit non comme un politicien venu « se servir », mais comme un serviteur. « Le moment est arrivé de réclamer notre victoire », clame-t-il, enjoignant ses partisans à « taper à toutes les portes dans le Nabaya ».

Sa vision finale est celle d’une « indépendance économique » pour un pays qu’il décrit comme « riche » mais transformé en « grand cimetière pour les intelligences ». Pour renverser la table, il ne mise pas que sur les promesses, mais sur une mobilisation méthodique. Il donne des consignes précises pour le jour du vote, le 28 décembre : voter, puis « prendre son téléphone » pour appeler les autres, et surtout, « rester là » pour surveiller le comptage. La victoire, martèle-t-il, réside dans « la sécurisation sans faille ».

Alors qu’il quitte l’estrade sous les acclamations, une dernière promesse résonne : « Après le 28 décembre 2025, lorsque je serai à Sékhoutouréyah, vous saurez que vous avez un président qui pense à vous. » À Kankan, Faya Millimouno n’a pas seulement tenu un meeting. Il a planté le décor d’une bataille où les pourcentages des contrats miniers deviennent l’étendard d’une révolution promise.

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