Conakry, Guinée – C’était une visite éclair, mais un message sans équivoque. Mardi 9 décembre 2025, le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga a atterri à Conakry pour une rencontre brève, mais dont les échos pourraient résonner bien au-delà des frontières des deux pays.
Le sujet officiel : la coopération économique, avec sur la table les projets d’interconnexion ferroviaire et de nouveaux corridors de transit. Mais au-delà des cartes et des schémas d’infrastructures, une question vitale planait sur les discussions : l’accès à la mer pour un Mali sous pression.
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Le chef du gouvernement guinéen, Amadou Oury Bah, n’a pas fait dans la demi-mesure. Devant son homologue, il a prononcé des mots qui sonnaient comme un serment. « La Guinée est toujours disponible pour apporter son concours à la République du Mali pour l’accession à la mer », a-t-il déclaré, qualifiant cet engagement de « ferme », « moral » et de « responsabilité ».
Une promesse d’autant plus forte qu’elle est faite en « toute circonstance », malgré les « vicissitudes politiques » – une référence subtile aux turbulences diplomatiques qui secouent parfois la région.
Car derrière cette visite de travail, se cache une réalité plus sombre. Le Mali, en lutte contre l’hydre djihadiste depuis 2012, voit aujourd’hui son approvisionnement en carburant directement menacé par les groupes armés. Ces attaques sur une ressource vitale étranglent un peu plus un pays déjà en proie à une crise sécuritaire tentaculaire. C’est dans ce contexte d’urgence que le président malien, le Général Assimi Goïta, a dépêché son Premier ministre à Conakry.
La réponse guinéenne a été claire et fraternelle. « Tout ce qui peut affecter le Mali, affectera nécessairement la Guinée », a souligné Amadou Oury Bah, plaçant la sécurité malienne comme un pilier de la stabilité ouest-africaine. « Nous souhaitons que le Mali retrouve la stabilité et la paix. Cela contribuera à la stabilité et la paix dans toute l’Afrique de l’Ouest. »
Dans les couloirs du pouvoir à Conakry, on comprend que la fragilité du voisin est un risque partagé. L’engagement n’est donc pas seulement une question de solidarité historique entre peuples frères ; c’est aussi une stratégie de stabilité régionale.
Alors que le Premier ministre malien repartait vers Bamako, une certitude demeurait : face au défi de l’enclavement et à la menace sécuritaire, le Mali peut compter sur la porte de Conakry. Une porte que la Guinée promet de garder ouverte, par devoir moral et par intérêt commun.
