À moins de quatre semaines de l’élection présidentielle guinéenne du 28 décembre 2025, le climat politique se tend dangereusement. Le Bloc Libéral (BL), parti d’opposition dirigé par Faya Millimouno, a annoncé ce jeudi l’enlèvement de son directeur adjoint de campagne, Massa Douago Guilavogui. Le kidnapping aurait eu lieu dans la nuit du 2 au 3 décembre.
Le parti dénonce un acte « odieux » et parle d’une « stratégie de terreur ». Selon lui, cette manœuvre vise à étouffer les voix dissidentes en pleine période électorale.
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Un militant enseignant enlevé par des « individus non identifiés »
D’après le communiqué du BL, Massa Douago Guilavogui, également enseignant, a été enlevé par des individus non identifiés. Le parti considère cette disparition comme faisant partie d' »une série d’attaques » contre ses cadres et militants. Aucun détail supplémentaire sur les incidents précédents n’a été fourni.
Le BL décrit Guilavogui comme « un militant engagé » qui œuvre pour l’éducation et l’amélioration des conditions des enseignants. Son profil le relie directement aux tensions sociales récentes, notamment la grève des enseignants qui dure depuis plusieurs semaines.
Cinq exigences pour rétablir la confiance
Le Bloc Libéral a formulé cinq exigences face à cet enlèvement :
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Condamner fermement l’enlèvement et exiger la libération immédiate de Massa Douago Guilavogui.
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Libérer toutes les personnes portées disparues ou détenues arbitrairement.
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Lancer une enquête urgente et impartiale pour identifier les auteurs et les commanditaires.
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Garantir la sécurité de tous les acteurs politiques pendant la campagne électorale.
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Respecter les droits fondamentaux et le libre exercice de l’activité politique.
Le parti considère cet enlèvement comme « une atteinte grave aux droits humains, à la sûreté des citoyens et au libre exercice de la politique ». Il ajoute que ces actes plongent le pays dans « un climat de terreur inacceptable » alors que l’élection doit être libre et apaisée.
Un contexte électoral déjà tendu
Cette affaire intervient dans un climat politique déjà très tendu. La campagne présidentielle bat son plein. Le général Mamadi Doumbouya, chef de la transition, est le candidat favori. Il affronte plusieurs opposants, dont Abdoulaye Yéro Baldé (FRONDEG) et Faya Millimouno (BL).
Les dernières semaines ont été marquées par des tensions sociales, des remaniements sécuritaires dans l’armée et la police, et des accusations contre le pouvoir pour verrouillage du processus électoral.
L’enlèvement d’un cadre d’opposition, si confirmé, pourrait sérieusement compromettre la crédibilité du scrutin. La Guinée, qui cherche à tourner la page de la transition militaire de septembre 2021, ne peut se permettre une escalade des violences à l’approche du vote.
Les prochaines heures seront cruciales. La réaction des autorités, la conduite d’une enquête indépendante et le sort de Massa Douago Guilavogui détermineront si le pays pourra organiser l’élection dans des conditions de sécurité et de liberté acceptables.
