À l’approche de l’élection présidentielle guinéenne du 28 décembre 2025, le candidat du Front démocratique de Guinée (FRONDEG), Abdoulaye Yéro Baldé, a exprimé ses regrets quant à l’absence des poids lourds politiques Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé et Sidya Touré de la compétition électorale. Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur a toutefois réaffirmé sa détermination à remporter le scrutin face au candidat de la transition, le général Mamadi Doumbouya.
« J’aurais aimé qu’ils soient présents »
Abdoulaye Yéro Baldé n’a pas caché sa déception face à un paysage électoral privé de certaines figures historiques. « J’aurais aimé que ces leaders – que ce soit le Premier ministre Sidya Touré, le Premier ministre Cellou Dalein Diallo, le président Alpha Condé – soient présents ou à travers leurs partis, ça aurait été l’idéal », a-t-il déclaré, se présentant comme « un démocrate convaincu ».
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Le candidat a rappelé son propre parcours pour étayer ses convictions démocratiques : « J’ai démissionné du gouvernement [d’Alpha Condé] parce que je crois fermement à la démocratie et la liberté. J’aurais préféré qu’ils soient aussi présents ou leurs partis, mais ce n’est pas le cas. »
Une campagne centrée sur la stabilité politique
Face à cette absence, Yéro Baldé axe sa campagne sur la promesse d’instaurer une stabilité politique durable en Guinée. « Depuis notre indépendance en 1958, l’instabilité est permanente en Guinée. Chaque changement de régime s’accompagne de morts, de tueries et il faut que ça s’arrête », a-t-il martelé.
Il insiste sur la « soif de stabilité politique » des Guinéens, qu’il considère comme un prérequis essentiel pour « engager un développement réel de notre pays ». Son projet de société vise précisément, selon ses termes, à empêcher que « ce type d’actes se répètent ».
Les libertés démocratiques comme priorité
Le candidat du FRONDEG a détaillé ses priorités en cas de victoire. « Si je suis président de la République, la première des choses, c’est de rétablir les libertés démocratiques, la liberté de la presse et la liberté d’opinion et faire de la justice le principal instrument du changement dans notre pays. »
Une promesse qui résonne particulièrement dans un contexte où la transition militaire a été marquée par des restrictions des libertés publiques et où la candidature de Mamadi Doumbouya elle-même fait débat. Yéro Baldé a d’ailleurs rappelé que « selon la charte de la transition, Mamadi Doumbouya n’avait pas le droit de se présenter », tout en reconnaissant que « ce qui s’est passé aujourd’hui, c’est un état de fait ».
Un appel aux absents à contribuer à l’avenir du pays
Interrogé sur la possibilité de capitaliser politiquement sur l’absence de ces figures, Yéro Baldé a répondu par la négative. « La question de capitaliser sur leur absence ne se pose pas. Aujourd’hui, il faut capitaliser sur quoi ? Sur ce besoin fondamental des Guinéens : la soif de changement. »
Il lance plutôt un appel à Diallo, Touré et Condé : « Nous sommes à un tournant historique de l’avenir de la Guinée. Qu’ils soient présents ou pas, il faut qu’ils apportent leur contribution, qu’ils parlent à leurs militants et que nous puissions aller de l’avant pour un meilleur avenir pour tous. »
Cet entretien révèle la stratégie du candidat du FRONDEG : se présenter comme l’alternative démocratique et stable face à un pouvoir issu de la transition militaire, tout en tentant de rallier symboliquement l’électorat des leaders politiques exclus du processus. À moins de quatre semaines du scrutin, Yéro Baldé tente de capitaliser sur les frustrations liées aux absences forcées tout en proposant un programme centré sur la rupture avec l’instabilité chronique du pays.
