Guinée: la campagne électorale pour les communales 2018 officiellement lancée

La Commission électorale nationale indépendante (CENI, organe chargé des élections en Guinée) a officiellement lancé samedi, suite à un décret du président de la République, les activités de la campagne électorale pour les élections communales, prévues le 4 février prochain sur l’étendue du territoire national.

A cette occasion, le président de la CENI, Salif Kébé, a invité les acteurs politiques à tous les niveaux à s’inscrire dans la logique d’une campagne civilisée et apaisée, afin d’éviter de compromettre la tenue réelle des élections à la date indiquée par la loi.

Dans une déclaration lue sur les ondes des médias d’ Etat, M. Kébé a déclaré qu’il rêvait d’une compétition où le vaincu, avec élégance, irait féliciter son rival, et où le vainqueur saurait avoir le triomphe modeste.

« J’en appelle donc pour une campagne civilisée, apaisée, fraternelle, où les propos seront toujours pondérés », a-t-il déclaré. « La Nation guinéenne représente notre patrimoine commun, elle est pour cette raison au-dessus de nos aspirations individuelles et nos intérêts partisans, aussi légitimes soient-ils », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, il estime que l’unité nationale et la cohésion sociale doivent guider les actes de chacun.

Pour le compte des élections communales de cette année, plus de 5 millions d’électeurs sont enregistrés dans le fichier de la CENI pour le vote du 4 février prochain, qui visera à élire les responsables à la tête des 342 communes rurales et urbaines du pays.

Pour ce faire, la CENI va installer plus de 15.000 bureaux de vote pour départager les 30.000 candidats incrits sur 1.300 listes de partis ou coalitions politiques et listes indépendantes.

Le coût de l’organisation des élections communales à la base est estimé selon le budget de la CENI à plus de 350 milliards de francs guinéens, soit 41 millions de dollars américains.

Avec l’aide des partenaires au développement, le gouvernement guinéen contribuera seulement à hauteur de plus de 90 milliards de francs guinéens, soit 10 millions de dollars américains.

La campagne électorale durera 15 jours et sera une occasion pour les candidats des différentes communes urbaines et rurales de vendre leur projet de société en ce qui concerne le développement de nos communautés.

Communales 2018 en Guinée : L’UFR prévient les administrateurs locaux

Sur l’ensemble du territoire national où elle dit avoir présenté des candidats aux élections communales et communautaires en vue, l’Union des Forces Républicaines (UFR) de Sidya Touré qui se dit être déjà victime de l’interférence de certains administrateurs locaux à l’intérieur du pays, entend veiller au grain jusqu’à la proclamation des résultats pour empêcher d’éventuels cas de fraude.

C’est du moins ce qu’a confié le député Ibrahima Bangoura, vice-président dudit parti dans un entretien accordé à Guinéenews© ce jeudi 19 janvier.

Parlant de l’atmosphère qui prévaut sur le terrain, le député de l’UFR a annoncé les dispositions prises par sa formation politique pour empêcher la fraude. « L’atmosphère qui prévaut actuellement sur le terrain, c’est que certains chefs de quartier ont commencé à s’immiscer dans le processus électoral. Mais à l’intérieur du pays surtout, ce sont les sous-préfets qui commencent à s’illustrer comme d’habitude. Si je prends le cas de Kabak (Forécariah), le sous-préfet est en train de changer l’ensemble des chefs de district et les conseils de district. C’est lui qui s’évertue aujourd’hui comme premier chef de district, premier vice-président et deuxième vice-président. Et il dit que c’est lui qui est le chef à Kabak. Nous avons eu aussi une situation à Albadariah dans Kissidougou où le sous-préfet est allé barrer les noms des candidats de l’UFR sur la liste en estimant que trois personnes ne doivent pas figurer sur notre liste. Ce sont les deux cas que je donne en exemple. Il y a toujours cette velléité de leur part d’influencer le processus électoral. Mais nous sommes-là et nous veillons au grain. Nous sommes maintenant aguerris en ce qui concerne le processus électoral. On ne se laissera plus voler par qui que ce soit. Nous allons lutter contre la fraude avant le scrutin, pendant le scrutin et après le scrutin. Nous avons pris des dispositions pour lutter contre la fraude. Et je vous dis que lorsque la situation d’Albadariah s’est posée, on a approché tout de suite la CENI et elle a donné des instructions fermes pour que cette situation soit corrigée. Une attitude qui nous a donnés satisfaction. Nous pensons que cela permettra d’apaiser le climat politique. Mais, il faudrait que l’administration locale soit neutre dans le processus électoral », a-il déclaré.

Ibrahima Bangoura qui croit aux chances de l’UFR de rafler plusieurs mairies se dit également « rassuré » de la fermeté des militants du parti de ne pas céder à l’achat de conscience. Là-dessus, son message est clair : « Je pense que les gens voient aujourd’hui ce qui se passe dans le pays, ils ne se laisseront pas berner. Aujourd’hui, la situation est tellement difficile pour tout le monde qu’on ne viendra pas raconter n’importe quoi à quelqu’un. Vous savez dans le langage populaire, quand on veut dire que quelqu’un ne respecte pas sa parole, on dit qu’il est un politicien. Donc nous souffrons aussi de cela. Mais cela s’adresse aux mauvais politiciens, des gens qui promettent et qui ne réalisent pas. Mais tout le monde sait que le président Sidya Touré a déjà prouvé, par le passé, ce dont il est capable. Et je vous assure que lorsque le pays sera donné au président Sidya et à son équipe, la Guinée décollera, j’en suis sûr ».

L’absence des représentants de l’UFR au niveau de certaines CEPI (commission électorale préfectorale indépendante) ne pourrait-elle voir des conséquences au niveau du contrôle du vote de l’UFR ? Là-dessus, le vice-président de l’UFR dit n’avoir aucune inquiétude. « En 2005 déjà, lorsqu’il y a eu les élections communales et communautaires, on a été représenté sur l’ensemble du pays. On a été là où on n’espérait pas. Je vous donne le cas de deux CRD (communauté rurale décentralisée) à l’époque, qui sont maintenant des communes rurales, à Télimélé. Les gens qu’on ne connaissait pas se sont levés et ont présenté des listes en notre nom. Il y a eu deux conseillers à l’époque. Nous n’avons pas été représentés dans certaines CEPI. Vous savez à l’époque, quand il y a eu le renouvellement des démembrements de la CEPI, il y a eu une certaine cacophonie, il y a certains qui ont dit que nous ne sommes pas de l’opposition alors que nous sommes réellement de l’opposition parce qu’elle est plurielle. Cela a fait qu’avec embrouillamini, on n’a pas été représenté au sein de certaines CEPI. Mais je vous assure que nous n’avons aucun problème avec ces CEPI. Par exemple à Kindia, nous n’y sommes pas représentés, mais nous sommes sûrs de gagner », a-t-il déclaré.

Et de conclure : « C’est la détermination et l’engagement qui feront la différence. Nous, nous sommes déterminés et engagés. Nous allons veiller sur le vote. On ne dormira même pas d’un seul œil. Nos yeux seront ouverts pour contrôler nos votes jusqu’à la proclamation des résultats ».