Libération de Lansana Camara

Les démarches de la Haute Autorité de la Communication et de l’AGUIPEL pour la mise en liberté provisoire du Journaliste Lansana Camara ont finalement abouti.

Le Président de l’Association Guinéenne de la Presse en ligne a tenu à venir avec Lansana Camara remercier sincèrement la Présidente de la HAC, Mme Martine Condé, pour les efforts fournis par elle depuis l’annonce de l’arrestation du journaliste jusqu’à la mise en liberté provisoire de ce dernier. « Au nom de l’ensemble des journalistes, nous vous remercions Mme la présidente pour tous les efforts fournis dans le cadre de la libération de notre confrère, Lansana Camara. Je suis personnellement témoin de toutes les démarches que vous avez eues à mener dans cette situation. Des coups de fils, des rencontres avec moi et tant d’autres démarches. Je vous en remercie sincèrement, et je mets également l’occasion à profit pour vous souligner que la procédure n’est pas terminée, c’est juste une première étape qui a été franchie. Nous comptons toujours sur votre diligence pour la suite de cette affaire », a déclaré en substance M. Amadou Tham Camara, Président de l’AGUIPEL.
L’administrateur du site d’informations www.conakrylive.info mis en mandat de dépôt le 26 Mars 2019 vient d’être mis en liberté provisoire. Dès sa sortie de la Maison Centrale, le prévenu Lansana Camara, accompagné du Conseiller juridique de la Haute Autorité de la Communication, Elhadj Djéli Mory Dioubaté et du président de l’AGUIPEL Amadou Tham Camara s’est rendu aussitôt à la Haute Autorité de la Communication. La Présidente de la HAC a demandé à M. Lansana Camara de considérer cette détention comme un fait du destin. Mme Martine Condé pour terminer, a instruit le Conseiller juridique de la HAC à continuer à suivre le dossier, avant de proposer l’organisation très prochaine d’une rencontre avec les journalistes pour que le contenu de la L002 sur la Liberté de la Presse soit davantage expliqué.

En retour, la présidente de la HAC, visiblement émue est d’abord revenue sur les deux principales missions de la HAC à savoir : protéger les journalistes contre les abus du pouvoir, et de l’autre côté protéger également les autorités et les citoyens contre des manipulations de l’opinion par les journalistes. Avant de noter que les efforts et démarches menées pour la libération de M. Lansana Camara est un devoir et une des missions de la HAC. En affichant sa satisfaction suite à la libération de M. Camara, Mme Martine Condé a invité les journalistes à plus de responsabilités et de professionnalisme dans le traitement des informations.

 

Ce qui a manqué dans le discours à la nation d’Alpha Condé

Par Amadou Tham Camara, Journaliste à Guineenews

Le président Alpha Condé s’est adressé hier à la nation pendant environ 13 minutes pour le traditionnel discours de l’an.

Sur la forme, les plus rigoristes des Guinéens ont été choqués de voir leur président à la télévision avec une veste, une chemise mais sans cravate. En une occasion aussi solennelle, cela est une faute en matière de protocole vestimentaire, frisant le manque de respect voire la condescendance vis-à-vis du peuple de Guinée…Un beau boubou aurait suffi.

Certes, le président a fait un survol général de ses grands acquis de 2017 notamment l’accord de financement de projets prioritaires de 20 milliards de dollars conclu en septembre 2017 avec la Chine et les promesses de financement du Plan national de développement économique et social (PNDES) de la Guinée à hauteur de 21 milliards de dollars. Toutefois, il n’a pas abordé certains sujets importants sur lesquels il était légitimement attendu par les Guinéens en 2018, année importante marquant le soixantième anniversaire de la création de la Guinée. Voici quelques omissions présidentielles.

Alpha Condé n’a pas pipé mot sur la fin des coupures intempestives d’électricité à Conakry. Alors que la capitale guinéenne baigne dans le noir depuis trois semaines, la compagnie nationale d’électricité a semblé dégager ses responsabilités dans un communiqué publié la semaine dernière, en justifiant les coupures par la baisse du niveau des eaux dans les barrages et les difficultés d’approvisionnement en carburant pour les centrales thermiques. Ce dernier point incombe à l’Etat car la compagnie nationale comble son déficit en période d’étiage par des subventions payées par le gouvernement.

De même, le chef de l’Etat a été muet sur l’organisation du procès du massacre 28 septembre en 2018 dont la phase d’instruction est annoncée pourtant terminée. Dans le même ordre d’idées, si le président Condé a abordé les élections locales, il a été silencieux sur l’organisation des élections législatives qui doivent normalement être organisées en septembre 2018.

Alors que la Guinée est le plus fort contingent de migrants illégaux à débarquer à Lampedusa en 2017, selon l’organisation internationale de la migration, le nombre d’emplois exacts qui sera créé en 2018 n’a pas été dit par Alpha Condé. Ni dans le secteur public, ni dans le secteur privé. A ce sujet, le président s’est contenté de dire que la reconstruction de l’usine militaire de confection de tenues au camp Alpha Yaya créera 1558 emplois. Sans avoir la même précision sur le nombre d’emplois que créeront les trois milliards de dollars des Chinois prévus cette année pour la construction de la route Coyah-Mamou-Dabola, l’assainissement des voiries de Conakry, la construction de la première université sur les quatre prévues. La main d’œuvre chinoise aura-t-elle la part du lion au détriment de la main d’œuvre guinéenne ? Le président ne l’a pas évoqué.

Le président a annoncé dans son discours qu’ « à ce jour, toutes les institutions prévues par la constitution, ont été mises en place ». Pourtant, la haute cour de justice n’existe toujours pas. La nécessité de la création de cette institution, qui est la seule habilitée à juger les ministres et les chefs d’Etat, est de plus en plus impérieuse. En effet, le conseil des ministres du 28 décembre dernier a relevé des fautes de gestion dans certains ministères par la création des comptes bancaires illégaux dans des banques privées. Pour autant, le président n’a pas évoqué l’instrument juridique indispensable pour la sanction.

Simples omissions ou vrais calculs politiques ? Ceux qui attendaient le nouveau visage de la Guinée à l’orée de ses soixante ans d’existence, apprécieront.