Dans un Etat de droit, le droit de manifester est inscrit en lettres en dâor parmi les libertĂ©s et droits fondamentaux de lâhomme et son exercice fait partie du quotidien des citoyens.
Mais depuis quâun certain Alpha CondĂ© a Ă©tĂ© portĂ© Ă la tĂȘte de la GuinĂ©e, ce droit est devenu le sujet dâune controverse savamment entretenue par les ennemis et les fossoyeurs de la dĂ©mocratie et de lâĂtat de droit.
Des mercenaires de la plume et du microphone se livrent Ă une malsaine campagne dĂ©crĂ©dibilisation des manifestants quâils assimilent Ă des criminels. Ils ne ratent aucune occasion de tirer Ă boulets rouges sur les manifestations.
Le droit de manifester, faut-il le rappeler, est consacrĂ© par tous les instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits de lâhomme. MĂȘme le torchon du 22 mars 2020 que le dictateur tente dâimposer non sans peine au peuple de GuinĂ©e prĂ©voit hypocritement ce droit. Hypocritement, parce quâil ne sert Ă rien de consacrer un droit ou une libertĂ© que lâon est prĂȘt Ă violer tous les jours. Le droit de manifester constitue, dans tous les pays, le moyen le plus sĂ»r de faire entendre raison Ă un gouvernement sourd et aveugle.
En GuinĂ©e, les manifestations de rue pendant ces dix derniĂšres annĂ©es ont dĂ©butĂ© lorsque le dictateur, une fois Ă la tĂȘte du pays, sâest refusĂ© dâorganiser des Ă©lections lĂ©gislatives sous le prĂ©texte que le fichier Ă©lectoral, sur la base duquel il a Ă©tĂ© pourtant Ă©lu, Ă©tait corrompu.
En fait, il voulait avoir une assemblĂ©e nationale Ă sa solde comme le groupuscule qui siĂšge actuellement au Palais du peuple et qui lui sert de caisse de rĂ©sonance. Sans les puissantes mobilisations et les gigantesques manifestations de lâopposition, il nâaurait jamais organisĂ© des Ă©lections lĂ©gislatives. Et il a fallu trois annĂ©es de convulsions sociopolitiques et des centaines de morts et de blessĂ©s dans les rangs de manifestants dĂ©sarmĂ©s pour que se tiennent des lĂ©gislatives. De mĂȘme, pour recomposer la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI) qui Ă©tait totalement acquise Ă sa cause et pour obtenir des Ă©lections communales, il a fallu encore des manifestations, des morts et des blessĂ©s.
Alpha CondĂ©, en tant quâanarchiste gauchisant, ne connaĂźt que le rapport de force et le langage de la rue. Et comme il est peureux Ă lâimage de tous les dictateurs et que les manifestations des militants pro- dĂ©mocratie troublent constamment son sommeil, il passe par tous les moyens pour tuer les manifestants.
Des hommes en uniforme entretenus Ă coups de milliards et voulant prĂ©server Ă tout prix leurs avantages financiers et matĂ©riels (carburant, riz et autres denrĂ©es alimentaires) sont prĂȘts Ă tout. En cas de manifestations, ils tuent, blessent, violent, volent et dĂ©truisent tout sur leur passage dans les quartiers rĂ©putĂ©s favorables Ă lâopposition. Aujourdâhui, la stratĂ©gie des partisans du despote Alpha CondĂ© consiste Ă jeter le discrĂ©dit sur les rapports des organisations de dĂ©fense des droits de lâhomme.
Mais en GuinĂ©e, personne nâa besoin dâĂȘtre membre de telles organisations pour savoir qui tue pendant les manifestations. Pour vendre la thĂšse selon laquelle ce sont les manifestants qui sâentre-tuent, le jeune Boubacar Diallo dit Grenade a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et photographiĂ© avec une arme quâon lui a fait porter dans les locaux de la Brigade de Recherche de Matam. Mais le montage Ă©tait si grossier que mĂȘme un aliĂ©nĂ© mental pouvait le mettre Ă nu. En fin de compte, câest le mĂȘme Boubacar Diallo dit Grenade qui a Ă©tĂ© graciĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© condamnĂ© Ă dix annĂ©es de rĂ©clusion et dĂ©tenu pendant cinq ans.
En rĂ©alitĂ©, ce sont les forces dites de lâordre et Ă©lĂ©ments infiltrĂ©s du pouvoir qui tuent dans le seul but de ternir lâimage des militants pro-dĂ©mocratie. Il nây a pas un seul GuinĂ©en qui ne connait pas cette vĂ©ritĂ© sauf sâil est de mauvaise foi. Les militants pro-dĂ©mocratie ont plusieurs fois fait la preuve quâils sont capables dâorganiser des manifestations sans violences. Les grandioses manifestations du FNDC en sont la preuve la plus illustrative. Câest quand le pouvoir de Alpha CondĂ© a peur de tomber par la force des manifestations et que, pris de panique, il envoie ses tueurs Ă gage opĂ©rer.
Encore une fois, manifester est un droit, tuer un manifestant est un crime. Les militants pro-dĂ©mocratie nâont dâautre moyen de lutte face aux violations de leurs droits et lâassassinat de lâĂtat de droit, que les manifestations. Alpha CondĂ© avait quant Ă lui encouragĂ© le recours aux armes et Ă la rĂ©bellion. Le GĂ©nĂ©ral Lansana ContĂ© avait toutes les raisons de le faire condamner Ă vie.
Mais, si Alpha CondĂ© tue impunĂ©ment des GuinĂ©ens, câest parce que la justice sâest toujours montrĂ©e comme Ă©tant sa complice. Il nây a jamais eu aucune enquĂȘte pour identifier les auteurs des assassinats. Câest pourquoi, ceux qui espĂšrent quâil y aura un procĂšs sur les Ă©vĂšnements du 28 septembre doivent se dĂ©tromper. Alpha CondĂ© nâosera jamais organiser un tel procĂšs parce quâil sait que ce sont les mĂȘmes hommes qui constituent les piliers de son rĂ©gime.
Sans lâarmĂ©e, la gendarmerie, la police et la justice, le despote peut tomber du jour au lendemain. Câest pourquoi, ces corps dont choyĂ©s et chouchoutĂ©s. Ils peuvent se permettre tous les abus, le despote ne dira rien pourvu quâils servent de pilier Ă son rĂ©gime. MĂȘme les hommes en uniforme impliquĂ©s dans le trafic de drogue seront protĂ©gĂ©s tant quâils servent de bouclier Ă son rĂ©gime.
Mais une chose reste claire : le train de la dĂ©mocratie est en marche ; aucun dictateur ne pourra. Alpha CondĂ© peut tuer les GuinĂ©ens autant quâil peut mais il partira et rendra compte.
SĂ©kou KOUNDOUNO
Responsable des stratégies et planification du FNDC
Membre du Balai Citoyen
Membre AFRIKKI