Pour une Guinée qui réussit, faut-il inventer un nouveau type de citoyen ?

L’une des nombreuses tares de notre pays est la prédisposition de sa population à accepter la dictature avec résignation et fatalisme. Cela s’explique par le mauvais choix de l’adaptation au lieu de la contestation contre les agissements vicieux de l’État et des dépositaires de l’autorité publique. 

À l’évidence, certaines attitudes de nos concitoyens expliquent clairement les raisons du retard de notre pays. L’État n’existe que pour faire du mal aux plus faibles dont l’exercice des droits et libertés élémentaires est d’ailleurs considéré comme étant un privilège extraordinaire.

Les séquelles des précédents régimes dictatoriaux se font davantage sentir par la soumission à l’injustice, l’individualisme égoïste, la culture de la démagogie, la promotion de la médiocrité, le manque de solidarité, l’hypocrisie flagrante, l’allergie face à la vérité, le culte de personnalité etc.

C’est pour cela, par naïveté et méchanceté, certains ont pensé que soutenir l’instauration d’une nouvelle dictature déguisée en 3ème mandat, serait une façon de faire du mal à d’autres. Mais aujourd’hui la cherté de la vie, la mauvaise qualité des routes, le chômage massif, les augmentations abusives des taxes et impôts, la faillite du système scolaire et sanitaire, ne dissocient pas les citoyens en termes d’impact négatif sur leur quotidien et leur avenir.

Ne dit-on pas que l’échec ou la réussite dépend en grande partie de l’environnement dans lequel on vit ? À entendre les propos ou voir certains agissements de nos concitoyens, on se rend compte qu’ils sont plus victimes que coupables car ayant grandi dans une société délibérément pervertie par les mauvais dirigeants qui se sont succédé aux commandes de la Guinée.

C’est à comprendre que le système a été construit pour fonctionner que dans l’intérêt absolu de ceux qui gouvernent. C’est pourquoi chacun aspire à briguer une portion du pouvoir pour uniquement tirer profit des privilèges et avantages y afférents.

Alors le plus grand défi contemporain du leadership politique, social et intellectuel est de parvenir à réinventer un véritable modèle de société. Cela passera par une conscientisation massive sur les notions relatives à “l’avenir commun” et du “vivre ensemble”.

Il faut se convaincre que l’avenir est plus ouvert et rempli d’énormes potentialités; il n’y a aucune fatalité à laquelle serait soumise tout un peuple. Il faut impérativement lever tous les verrous et ne pas limiter nos ambitions. Autrement, des dirigeants manipulateurs, arrogants et médiocres continueront toujours de sucer la Guinée comme des vampires au détriment de l’intérêt général.

Aliou BAH 
MoDeL

Le RPG, autopsie d’une autre duperie politique

L’un des plus grands mensonges politiques de la Guinée des dernières années est le fait de dire qu’Alpha Condé est devenu Président grâce au RPG. Dès lors que le temps nous a révélé quelques dessous de la catastrophe électorale de 2010 et tous les autres braquages électoraux qui ont suivi, il est évident que ce parti n’a été qu’un maquillage pour camoufler la façon antidémocratique de la conquête et l’exercice du pouvoir.

Pour preuve, si ce parti était solide, pourquoi n’a-t-il pas permis à son leader irremplaçable de devenir Président au vivant de Lansana Conté ? Pourquoi refuse-t-il la transparence des consultations électorales et le renouvellement de ses instances (aucun congrès électif crédible depuis sa création) ?

À l’instar du PDG et du PUP, le RPG est confondu à l’État. Donc il n’existe que grâce aux administrateurs territoriaux, aux ressources publiques et aux fonctionnaires véreux. Ce qui en soi est illégal et honteux. C’est pourquoi Alpha Condé ne se sent jamais inquiété par des petites agitations venant d’un fief dit électoral qui en réalité est une fabrication physiologique pour tromper l’opinion publique.

Il a d’ailleurs démontré à plusieurs égards par des actes et des discours que son pouvoir ne tient que grâce au soutien des dépositaires de la violence d’État et quelques affairistes locaux et internationaux.

L’autre aspect est qu’à l’évidence aucun baron du régime ne fait un effort visible pour récupérer le parti et se projeter. Cela prouve davantage que c’est une coquille vide qui ne représente aucun enjeu pour la succession d’Alpha Condé. À quoi bon se préoccuper de quelque chose qui est sans importance ?

Par ailleurs, la nature ayant horreur du vide, le parti en déficit de cadres et de personnalités fortes, cela a évidemment favorisé l’accession des troubadours, transhumants politiques et militants de la 25ème heure à la plus haute sphère de l’État. Alors le RPG n’est qu’un nom et un souvenir pour une minorité de convaincus (bien que respectables) qui se sont laissé naïvement abuser par un groupe d’arrivistes et de vendeurs d’illusions.

Il y a de fortes chances qu’il soit rangé dans le même sac que le PUP et le PDG qui, pour se donner un semblant de légitimité, fabriquaient des scores électoraux inédits à coup de corruption, de mensonge et de violence. C’est pourquoi ils ne peuvent survivre lorsque la gestion de l’État change de main.

Aliou BAH
MoDeL

La Guinée risque de tourner en rond en donnant l’illusion de changer…

La falsification de l’histoire n’est possible que par le silence et l’indifférence des témoins crédibles. Du moment que la lutte contre l’ignorance et la désinformation passe par les témoignages qui retracent la réalité des faits, il est important d’être acteur engagé et non spectateur résigné.

En effet, imaginons la Guinée en 2051 (dans 30 ans) où les historiens partisans, les nostalgiques fanatiques, les dirigeants actuels et certains descendants des bourreaux du régime, essaieront de faire croire que la version gouvernementale des faits qui se déroulent actuellement mérite d’être tenue pour la vérité historique.

En fait, ils diront qu’entre 2019-202, la Guinée a failli être déstabilisée par certains pays voisins en complicité avec des puissances étrangères. Ils soutiendront que les preuves de la magnanimité d’Alpha Condé et la culpabilité des détenus politiques étaient les lettres d’excuses publiques et de repentance.

Ils ajouteront certainement que Foniké Mengué, Ousmane Gaoual, Étienne Soropogui, Cherif Bah, Cellou Baldé, Sekou Koundouno, Ibrahim Diallo, etc., étaient des anti-guinéens et des comploteurs fabricants d’armes. Ils n’hésiteront pas de dire que Roger Bamba est mort confortablement dans un hôpital et non en prison.

Ils diront que les rapports des organisations de défense des droits de l’homme étaient faux, partiaux et politiquement motivés. Que les chiffres des victimes ont été exagéré et qu’il n’y avait même pas de prisonniers politiques. Plutôt il y avait des ennemis du peuple qui aimait son Président qu’il plébiscitait à chaque élection.

Que les témoignages des victimes sur l’horreur du camp de Soronkoni à Kankan et la maison centrale de Conakry en passant par les ‘’charniers’’de N’zerékoré n’étaient que des inventions des saboteurs de la Guinée.

N’est-ce pas de cette façon que certains essayent jusqu’à présent de nous imposer une version erronée de notre histoire politique ? N’est-ce pas la communication d’État aujourd’hui qui risque de servir demain de base de raisonnement pour ceux à qui le régime profitait d’une façon ou d’une autre ?

Sans passion, écoutez les discours d’Alpha Condé et les communiqués de son gouvernement. Analysez l’attitude des dignitaires de son régime. Ensuite, réfléchissez sur le passé, vivez activement le présent et imaginez le futur. Ce pays ne vous surprendra jamais car le système et ses pratiques sont restés fondamentalement les mêmes.

C’est pourquoi, tant qu’il n’y aura pas l’émergence d’un leadership courageux, intègre et compétent qui incarne la rupture radicale, notre pays risque de tourner en rond en donnant l’illusion de changer à coup de vernis. Et cela profitera toujours au même petit cercle d’individus véreux et criminels.

En somme, voilà ce qui risque d’arriver en permanence dans un pays où les hommes de valeur disent naïvement qu’ils ne s’intéressent pas à l’activisme politique et social.

Aliou BAH 
FNDC
MoDeL

Dialogue politique : « le MoDeL ne se sent ni intéressé ni concerné par un simulacre de dialogue » (déclaration)

Le MoDeL parti politique dirigé par Aliou Bah s’est fendu d’une déclaration le dimanche 20 juin 2021 pour donner sa position dans le cadre du dialogue politique et social.

Lire-ci dessous le communiqué :

Après s’être octroyé un troisième mandat dans des conditions désastreuses pour la vie et les libertés des citoyens, au détriment de la démocratie et de l’État de droit, le régime d’Alpha Condé annonce un prétendu dialogue dont l’objectif est de créer une nouvelle diversion pour occuper les esprits afin de gagner du temps.
En effet, le manque d’objectivité de l’initiative se prouve avec aisance. De par la loi, il existe un cadre permanent de dialogue politique et social dont la responsabilité constitutionnelle incombe au premier ministre. En plus, une Assemblée Nationale représentative, contrairement à celle en présence, est par principe le meilleur cadre de dialogue sur toutes les questions d’intérêt national. Le conseil économique et social et le médiateur de la République sont aussi des institutions dédiées en permanence pour ce genre de travail.
Alors, quel est l’intérêt de créer par décret présidentiel un autre cadre dit permanent de dialogue ? Quelle pertinence d’y discuter des problèmes sectoriels dont la résolution relève de la responsabilité des ministères et départements associés ? Les réponses à ces questions montrent suffisamment le manque de sérieux de nos autorités.
Le monde entier et les Guinéens connaissent l’origine et les responsables de la crise multidimensionnelle en cours dans notre pays. Alors, il est inutile de faire semblant de ne rien voir ou de vouloir déplacer le débat.
Alpha Condé ne cesse de se vanter d’avoir anéanti l’opposition et conséquemment toute forme de contradiction pacifique et démocratique. Son régime continue de garder en prison des centaines de militants pro-démocratie, totalement innocents. L’instrumentalisation politique de la justice et des forces de sécurité saute aux yeux.
Le MoDeL a toujours été soucieux de la paix et de la quiétude sociale. C’est pourquoi ses militants et responsables ont participé activement à la lutte du FNDC avec constance et détermination.
Alors le MoDeL, fidèle à ses valeurs et principes, reste ferme et catégorique en disant qu’il ne se sent ni intéressé ni concerné par un simulacre de dialogue tel qu’il est annoncé et se déroule actuellement.
Nous restons du côté des victimes en général, et des détenus politiques en particulier dont nous exigeons la libération sans conditions et la réhabilitation pour le préjudice subi.
Conakry, 20/06/2021
Le Bureau Exécutif

Dialogue politique : Le MoDeL dit ne pas être concerné par un quelconque simulacre de dialogue (communiqué) - 224infos.org