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Sayon Bamba: « C’est la curiosité qui m’a influencé ……..»

Le développement d'un pays , passe forcément par le rayonnement de sa culture traditionnelle et moderne. La Guinée regorge beaucoup…

Le développement d’un pays , passe forcément par le rayonnement de sa culture traditionnelle et moderne. La Guinée regorge beaucoup de talents culturels qui tentent tant bien que mal de faire valoriser sa culture sur le plan national et international. Pour illustration, votre journal en ligne, journaldeconakry.com est allé à la rencontre d’une actrice incontournable du développement de la culture guinéenne sous toutes ses formes.
Madame Sayon Bamba, puisqu’il s’agit d’elle, nous parle de ses premiers pas dans la musique, de son riche parcours et du fonctionnement de l’agence guinéenne des spectacles dont elle a l’honneur de diriger actuellement.

Bonjour madame,  présentez vous à nos lecteurs 

Je suis Sayon Bamba artiste chanteuse musicienne, comédienne et Directrice de l’agence guinéenne des spectacles, administratrice culturelle.

Vous avez grandi à Conakry, puis émigré à Marseille où vous êtes restée pendant de nombreuses années. Aujourd’hui vous vivez à Bruxelles, cela a-t-il eu une influence sur votre vie lors de votre Conakry natal?

Oui! Parce que je me considère avec tous les voyages que j’ai eu et cette chance que j’ai eu de connaître les cultures de pas mal de pays, de pas mal d’endroits de me sentir un peu comme une citoyenne du monde, je pense que c’est intéressant pour notre pays aujourd’hui. Vous savez que notre pays c’est comme si c’était une goutte d’eau dans l’océan mais en même temps une goutte assez importante et chaque pays apporte son identité et sa chance, connaître les autres pays aide aussi son pays à avancer, à se développer et à ne pas être justement cette goutte d’eau perdue. Donc les voyages m’ont servi forcément à voir les choses différemment et à proposer de nouvelles pistes aux gens de mon secteur en Guinée pour justement favoriser la visibilité de la Guinée à l’international.

Dans votre album « Dougna » sorti en 2011,  vous êtes allé vers l’électro. Est-ce que le fait d’être loin de Conakry qui vous a influencé ?

Non. C’est la curiosité qui m’a influencé. Parce que souvent on a tendance à condamner les nouvelles choses ou alors à donner son point de vue sans avoir essayé. Moi j’avais envie d’essayer parce que l’artiste a cette chance, on peut essayer des choses et puis à un moment donné  on estime que non ce que j’ai essayé ça m’a plu ou ne m’a pas plu. C’est ce qui m’a amené à aller dans l’électro. Mais je suis allée dans l’électro pas en quittant totalement le mode africain. J’ai voulu toujours essayer de faire une rencontre entre la tradition de l’Afrique de l’époque et cette nouvelle tradition. Qu’on le veuille ou pas, c’ est aussi une forme de musique traditionnelle puisque ça appartient à la génération d’aujourd’hui et nous savons que cette héritage électro fera partie forcément des traditions de l’être humain donc c’est deux traditions qui se rencontraient pour moi et c’était vraiment de la curiosité.
Quel est le rôle que joue l’agence guinéenne des spectacles?
L’agence guinéenne des spectacles s’occupe de réglementer les spectacles vivants guinéens en passant par identifier qui organise, comment, leur donner la possibilité d’organiser en leur imposant un cahier de charge qu’ils doivent respecter scrupuleusement et nous avons aussi en ce qui concerne la sécurisation des lieux par une expertise. Donc on donne l’autorisation de jouer en fonction du cahier de charge sécuritaire que propose l’organisateur. Donc nous ne devons pas donner d’autorisation d’exécuter un spectacle si nous ne sommes pas sûr que le public, les artistes qui jouent et l’opérateur ne sont pas dans un cadre sécurisé de manière effective. D’un autre côté, nous nous occupons aussi de la promotion des artistes et des spectacles vivants guinéens donc forcément de la promotion de la culture guinéenne parce que sans ce facteur de promotion il ne peut pas y avoir de spectacles. Quand on fait de la promotion, ça un retour parce que ça veut dire que notre culture commune est vendue.
Quelle relation entretien l’agence guinéenne des spectacles avec les opérateurs culturels?
L’agence guinéenne des spectacles n’a pas un grand lien avec les artistes parce que nous sommes une agence qui réglemente les spectacles. Nous nous défendons les artistes. On travaille avec les promoteurs et les producteurs. Nous exigeons que ces promoteurs respectent leur cahier de charge. Le rapport ici, c’est de protéger les artistes et les spectacles vivants . Donc, nous sommes responsables de leur bien être. Donc, tous les promoteurs culturels doivent être affiliés à l’agence guinéenne des spectacles.

 Comment arriver vous a concilié la fonction de directrice de l’Agence guinéenne des spectacle avec votre carrière de chanteuse ?

En respectant le planning. Vous savez la vie est une question d’organisation. Un être humain a la possibilité de faire beaucoup de choses à la fois, et si on voit la vie sur cet angle là, on y arrive. Moi j’ai un plan . J’ai un papier à la maison qui est contre un mur qui me dit tel jour je suis à tel endroit. C’est une véritable planification. Et puis l’artiste crée le plus souvent dans la nuit, quand tout le monde est couché. Pour l’instant, ma carrière artistique je l’ai ramenée au second plan. Ne pas totalement quitté le côté artistique parce que je sais qu’on peut encore continuer à aider des artistes peu connu à rentrer dans le système des musiques du monde mais ma première mission aujourd’hui que j’ai envie de défendre c’est l’agence guinéenne des spectacles.
Le 15 mars dernier, vous étiez en concert à Marseille, la ville qui vous a accueillie en terre française. Comment vous vous êtes senti lors de ce retour au « quartier » ?
Je me suis senti très bien parce que j’ai vu des personnes que je connaissais. J’ai vu un public qui ne m’a pas oublié, ça m’a fait plaisir . Des gens qui ont vu mes premiers concerts et qui étaient là et puis j’ai retrouvé aussi des musiciens avec qui j’ai joué 10 ans ou 15 ans. C’est quand même des gens qui me connaissent ou qui m’ont connu et cela à de l’importance sans oublier que j’ai mes enfants à Marseille, forcément c’était un retour à la maison . C’était très agréable pour moi .
Ce concert marquait la présentation officielle de votre cinquième disque en France baptisé « Gnogué Tombo ». Est-ce que vous pouvez nous présenter cet album ?
Cet album je l’ai écrit quand j’ai quitté Marseille pour m’installer à Conakry de nouveau et quand je suis venue j’ai commencé l’écriture par ce titre et c’est pour ça que ce titre justement est celui que j’ai choisi pour représenter tout cet album. Bien qu’il y a d’autres titres dans l’album, Gnogue Tombo qui a été le premier que j’ai écrit parle de la situation à Conakry de fait que les gens stigmatisent sur la poubelle et oublie que dans nos familles on a des poubelles encore beaucoup plus visibles qui nous dérangent plus. C’est cette décharge de la vie sociale, c’est ce mari qui ne rentre plus à la maison qui a délaissé sa femme et c’est cette pauvre femme qui n’ayant rien se retourne vers les Séries Novelas et du coup cette femme qui n’a plus aucune envie de quoi que ce soit n’a plus de temps pour son fils et puisque le fils n’a pas son père se retrouve dans la rue. Ça créé des enfants et des jeunes qui n’ont plus de père et donc qui manque d’éducation et qui sont dans la violence permanente. La montée de la violence, nous sommes tous responsables. Cette violence des jeunes, nous sommes responsables parce que nous les avons abandonné. Et tant qu’il n’y aura pas cette prise de conscience et ce retour des adultes donc de la vie familiale, du père à la mère à la maison dans la cellule familiale, nos jeunes seront à la rue. Donc, Gnogue Tombo, c’est cette déchetterie que je dénonce.

On vous annonce en Europe dans une tournée entre Juillet et Août. Quels sont les pays dans lesquels vous aller vous rendre lors de cette tournée ?

Déjà la France c’est bien. Je serai en France, en Belgique et en Hollande. J’y serai pour des concerts, mais aussi j’en profiterai pour être directrice parce que si on veut vendre les spectacles vivants , il faut aller dans les festivals, il faut aller rencontrer les gens et comme déjà je suis programmée à ces endroits, je dirais donc que j’ai la double chance en y jouant j’ai la possibilité de défendre encore plus le rouge jaune vert. Le concert à Marseille donne sur une programmation qui est déjà ficelée sur ma tournée en 2019 qui sera consacrée à la Guinée. Donc je fais partir des trois artistes guinéens, moi j’ai pensé à Sonna Tata et Lega Bah pour venir avec nous. L’idée c’est de les amener à faire des concerts qu’on appellerait « fenêtre sur la Guinée ».
Quels sont les projets de madame Sayon Bamba?
 
Les projets sont multiples et variés. Normalement en septembre je serai au Brésil pour un travail sur les cultures que j’avais initié depuis 5 ans maintenant. Cela faisait 3 ans que je n’étais pas allée au Brésil, accéder à l’agence guinéenne des spectacles n’a pas faciliter mon retour au Brésil parce que j’étais jamais disponible quand ils me sollicitaient . Vu qu’on est dans cette démarche d’ouverture et de promotion, je dois aller les voir en septembre pour pas mal de choses que nous avons à faire ensemble et puis il y aura un retour aux États-Unis.
Votre dernier mot madame 
Je vous remercie d’avoir accordé ce temps à mon humble personne. Je demande que les femmes restent vigilantes et qu’on soit mobilisée mais dans le bon sens du terme pas monter à tout prix mais se faire respecter en fonction de notre travail.