La situation des guinéens e Angola est plus qu’alarmante ! Un des « rescapés » de la prison de Trinta a tiré sur la sonnette d’alarme. Dans cette interview, ce jeune qui a décidé de rentrer dans son pays après sa sortie de prison, a porté de graves accusations contre les diplomates guinéens en poste à Luanda. Excliusif !!!
AFRICAGUINEE.COM : Vous venez de sortir de prison en Angola, racontez-nous ce que vous avez vécu ?
T.I.D : Au moment où je vous parle je suis à l’aéroport de Luanda pour rentrer en Guinée. La vie est très difficile ici, ça ne va pas chez nous aussi, mais à partir de la prison j’ai pris la décision de rentrer au pays. Ici quand on te jette en prison tant que tu n’achètes pas un billet d’avion retour tu resteras en détention avec des tortures de tout genre.
Comment les détenus vivent dans les prisons angolaises ?
C’est la famine dans les prisons. Vous ne pouvez pas imaginer, il faut vivre les faits pour se rendre compte. Au petit-déjeuner on vous propose une petite boule de pain. Pour manger à votre faim il vous faut au moins trois boules qui coutent 50 Kwanza. Mais c’est une seule boule qu’on vous donne au petit-déjeuner, accompagnée d’une petite tasse de l’eau chaude parfois avec de lait qu’on déverse dans une casserole de plus 40 litres. C’est avec cette boule de pain et la tasse de café que tu dois tenir jusqu’à 14h. Pas un verre au vrai sens du mot, mais c’est dans des bidons du genre eau de Coyah coupé qu’on vous sert le café comme vous le voyez dans les vidéos. Tu n’as pas droit à la visite même si on envoie à manger les gardes retirent et mangent. À 14 heures on te sert une louche de repas à base de maïs et une louche de haricot trop salé, mais tu n’as pas le choix, la nuit aussi tu n’as droit qu’à une petite quantité du riz ou des spaghettis. Les gens sont affamés, malades et amaigris. C’est l’enfer total
Dans quelles circonstances avez-vous été arrêté ?
Pour mon cas, j’étais parti négocier la libération d’un grand-frère à la police, je me suis fait accompagner par un ami qui est un officier pour une couverture. Il m’a fait attendre dehors, entre temps un autre policier m’a invité à entrer dans un couloir. Pour moi c’était pour payer le montant contre la libération de mon frère, j’ai sorti le montant à payer, ils m’ont demandé mes documents aussi, j’ai sorti le document, on m’a dit que le document n’est pas valable. Pourtant c’est les mêmes qui m’ont délivré le document de titre de séjour. Ils ont saisi le document en me jetant en prison avec d’autres. Le lendemain ils nous ont embarqué pour la prison de Trinta. Même le frère pour lequel j’étais allé négocier la libération a été envoyé avec nous à Trinta.
Est-ce qu’on vous donne la possibilité de confier vos biens à quelqu’un ?
Vous perdez tout si vous n’avez pas quelqu’un de confiance derrière vous qui va vendre le contenu de votre place pour vous et garder l’argent, si vous êtes arrêté vous n’avez aucune occasion de protéger ou de confier à quelqu’un. Donc, si vous n’avez personne derrière, vous perdez tout après. Les ouest-africains ont presque tous des boutiques, c’est là qu’ils se présentent pour vous arrêter parce que vous n’allez pas fuir et laisser vos biens derrière, c’est facile d’arrêter quelqu’un à sa place, ils arrêtent dans les domiciles mais c’est peu, dans la rue aussi ils prennent beaucoup surtout s’ils voient les traces de prière sur votre front, on sent que vous êtes musulman, donc étranger, parce qu’eux ne le sont pas du tout. C’est un signe distinctif. Il y a beaucoup de personnes qui sont arrêtées alors qu’elles ont leurs femmes et leurs enfants dehors. Ce sont des choses difficiles à expliquer. Personne n’est là pour s’occuper d’eux, les gens sont dans une confusion totale. Nous avons vu quelqu’un qui a laissé sa femme avec deux enfants, sa femme était aussi en état, elle a accouché à l’insu de son mari qui était détenu avec nous. Tout ça c’est le chaos. Ils sont pleins dans les prisons avec cette situation.
Il arrive des moments où ils bastonnent les gens, parfois les gardes peuvent venir exercer la force sur les prisonniers. Vous savez, il y a des personnes qui ne peuvent se résigner, elles répliquent, du coup c’est la torture, ils ont de petites cellules d’isolement pour les récalcitrants, si vous vous révoltez contre les exactions ils vous mettent dans ces cellules pendant 20 jours. Récemment des prisonniers avaient manifesté là-bas, ils les ont bastonnés avec des barres de fer avant de les emprisonner, ils disent qu’ils feront 3 semaines en isolement et ils sont trois par cellule, c’est des isoloirs même. Nous avons dit à leurs parents d’acheter les billets pour eux sinon ils risquent de mourir en détention.