Par les temps qui courent, s’il y a un sujet qui divise profondément les Guinéens, c’est bien celui portant sur la nécessité ou non d’une nouvelle constitution pour la Guinée.
Pour les partisans du pouvoir, l’actuelle constitution est tout sauf une émanation du peuple souverain de Guinée. Elle a en effet été adoptée en 2010 par les membres du CNT (Conseil national de la transition), lui-même mis en place par la junte qui s’est emparée du pouvoir le 23 décembre 2008, au lendemain de la disparition du général-président Lansana Conté. Ils continuent de soutenir que le peuple aurait dû donner son avis sur ce sujet par voie référendaire. Ce qui n’a pas été le cas, pour des raisons que l’on sait. Tout le monde ou presque était pressé de voir les militaires remettre les rênes du pouvoir aux civils à l’issue d’élections libres et transparentes.
Aujourd’hui, de l’avis de bon nombre de Guinéens, la nécessité de doter leur pays d’une nouvelle constitution s’impose pour qu’on reparte sur une base à la fois solide et consensuelle. Depuis un certain temps, nombreux sont les cadres et personnalités politiques, dont on dit proches du pouvoir, qui, lors des meetings ou par voie de presse, n’hésitent plus à s’afficher et à se prononcer clairement en faveur d’une nouvelle constitution.
Par contre, il y a d’autres Guinéens qui ne veulent pas du tout entendre parler de troisième mandat ou de nouvelle constitution. Pour faire barrage à ce projet qu’ils qualifient de ‘’suicidaire’’, des activistes de la société civile et des poids lourds de l’opposition ont récemment mis en place le Forum national pour la défense de la Constitution (FNDC). Pour eux, le président Alpha Condé n’a pas l’intention de quitter le palais Sékhoutouréyah au terme de son second et dernier mandat constitutionnel. Dans leurs déclarations et sur le terrain, ils font à ce jour preuve de détermination à en découdre avec les promoteurs du 3ème mandat ou de la nouvelle constitution, avec tous les risques que cela comporte.
Au regard de ce qui précède donc, il serait salutaire que l’on laisse le peuple souverain se prononcer librement pour ou contre une nouvelle constitution. Pour départager les deux camps, le gouvernement devra prendre ses responsabilités en organisant un référendum dans des conditions transparentes, comme cela se fait dans toutes les démocraties.
Dans cette perspective, en lieu et place des attaques personnelles dans les médias et des affrontements inutiles, les promoteurs et les détracteurs d’une nouvelle constitution ou du 3ème mandat devraient plutôt affûter leurs armes et affiner leurs arguments pour avoir la majorité des Guinéens de leur côté.
C’est seulement en procédant de cette façon que l’on pourrait mettre notre pays à l’abri de la chienlit et d’une instabilité aux conséquences incalculables. Tous les acteurs sociopolitiques devraient constamment garder à l’esprit que la Guinée est notre maison commune, que nous sommes tenus de protéger à tout prix.