Le Président du Rassemblement Guinéen pour le Développement (RGD) National (RGD), ancien ministre délégué à la Défense Nationale Me Abdoul Kabèlè Camara s’active déjà. Au cours d’une interview qu’il a bien voulu nous accorder, il fait le point sur son récent voyage à la rencontre de la diaspora guinéenne, la crise qui mine le secteur éducatif guinéen et pourquoi choisir pour le RGD à la présidentielle de 2020.
Bientôt deux mois à la tête du RGD, quelle appréciation faites-vous de la mobilisation et de l’implantation de votre parti sur la scène politique ?
C’est une très grande surprise. A moins de deux mois, nous avons enregistré près de quinze mille adhérents. C’est-à-dire, des militants qui sont venus spontanément acheter la carte du parti à 5 000 francs pour certains et d’autres, 200.000 francs comme contribution volontaire afin d’obtenir la carte de membre fondateur et la carte de membre d’honneur. Nous sommes satisfaits de cette mobilisation qui a été enregistrée au niveau du siège de notre parti. Et puis, nous avons également procédé depuis le 17 octobre 2018 à l’information, à la vulgarisation de la vision du parti qui a été rédigée et lancée à tous les niveaux.
Dites-nous quel a été l’objectif et le message véhiculé au cours de votre tournée en France ?
Je reviens de la France où nous avons fait une communication à l’adresse de la diaspora guinéenne. A partir de Paris, cette communauté a bien reçu notre message. Nous avons présenté notre vision et surtout expliqué ce pourquoi le Guinéen de la diaspora et le Guinéen de l’intérieur devront être fiers d’eux-mêmes et de leur pays à travers le slogan « Mon pays, Ma fierté » qui est d’ailleurs la fondation de notre vision intitulée « Vers un nouveau pacte social ». Une façon concrète qui va donner le moyen à tout un chacun de s’épanouir tout en déployant ses propres potentialités et aptitudes. En clair, ce slogan est un bon moyen d’inscrire les populations dans une continuité intergénérationnelle, de les intégrer dans l’histoire de la Guinée. C’est une manière de faire impliquer les populations de notre chère Guinée dans les chantiers de l’avenir. Vous savez par ces temps de très grande incertitude et de risque sur la stabilité de notre nation, il nous faut définir de nouveaux comportements. Justement, une des raisons du discours prononcé à Paris.
Quels sont vos attentent vis-à-vis de la diaspora Guinéens ?
Beaucoup de choses jusqu’à présent n’ont pas été prises en compte totalement par les différents gouvernements. Je ne parle pas seulement du gouvernement actuel, mais de tous les gouvernements qui se sont succédés. Aucun d’entre eux n’a pris en compte la diaspora guinéenne dans leurs actions alors que les Guinéens de l’étranger peuvent faire beaucoup de choses. Le Guinéen expatrié qui souhaite investir ou se réinstaller dans son pays d’origine ne saurait être perçu comme une menace Vous savez, la grande difficulté des Guinéens qui sont à l’étranger résulte de l’absence de structures de contact qui leur permettent d’entretenir un dialogue avec les autorités de leur pays d’origine. Les émigrés guinéens ont besoin d’avoir de véritables relais et des réseaux de soutien efficaces en Guinée qui se mobilisent pour la mise en place de structures adéquates et performantes. Le Guinéen expatrié qui souhaite investir ou se réinstaller dans son pays d’origine ne saurait être perçu comme une menace. Notre intime conviction est que nos compatriotes qui sont à l’étranger sont des citoyens modèles qui apportent à la population et surtout à la jeunesse l’encadrement et la vision nécessaires pour la construction pacifique de la nation guinéenne. Ils sont des acteurs de la paix, des créateurs de ressources et d’emplois. A travers eux, ils ont apporté déjà leur part de contribution. Ils sont en train d’améliorer les conditions de vie de nos parents en envoyant des fonds et biens et d’ailleurs c’est ce qui a contribué à la réduction un peu de leurs soucis en ce qui concerne le panier de la ménagère. Ils peuvent encore mieux faire. Et avec eux, demain, si le RGD est au pouvoir, tous les départements concernés travailleront avec la diaspora guinéenne. On identifiera les élites, le potentiel intellectuel qui se trouve à l’extérieur. Et ceux qui sont dans le secteur moyen de la technologie seront également recherchés pour apporter leur contribution au développement de notre pays. Nous sommes quatre régions naturelles mais il y a une cinquième naturelle, c’est la diaspora guinéenne
Une fois au pouvoir, quelle serait la particularité du RGD par rapport aux autres partis ?
Kabèlè avec le RGD au pouvoir, c’est la lutte contre le communautarisme, la lutte pour le respect des lois et règlements. D’abord, la Constitution sera un guide phare pour tous les Guinéens. Tout le problème de la Guinée résulte à la non application de nos lois et règlements. Avec le RGD, c’est la solidarité nationale qu’il faudra développer. Avec le RGD, demain au pouvoir, c’est l’amélioration de la qualité de vie de nos concitoyens, faire en sorte que nous puissions avoir une agriculture développée et mécanisée pour résorber la problématique de l’autosuffisance alimentaire. Avec le RGD, c’est travailler pour que nous puissions avoir l’énergie renouvelable aussi et construire des barrages pour faire en sorte que nous puissions développer nos industries. Avec le RGD, nous ferons de sorte que les Guinéens partout où qu’ils se trouvent, puissent ouvrir le robinet et avoir l’eau courante et potable, puissent se soigner, parce que l’homme est le capital le plus précieux. Ce qui va nous différencier des autres, c’est que pour le RGD, il est impératif de mettre en place des programmes spécifiques de promotion de l’employabilité́ des jeunes. Nous allons nous mobiliser pour la création d’un écosystème apte à répondre au développement d’infrastructures et de services. Des actions que nous allons poser, il sera possible concrètement, de rendre performant le tissu industriel à l’intérieur du pays afin d’améliorer la productivité ainsi que le processus de recherche et d’innovation des petites et moyennes industries dans des secteurs à forte valeur ajoutée. C’est de cette manière que nous allons voir nos jeunes et femmes créer des start-ups et contribuer sans contrainte au développement de leurs terroirs. Avec le RGD, la réduction des inégalités d’accès à la santé sera une préoccupation majeure. Nous pouvons en dire autant pour combattre l’insalubrité, pour le respect des droits humains, pour la recherche et l’enseignement supérieur, l’agriculture, etc.
L’éducation guinéenne souffre actuellement d’une crise qui ne dit pas son nom. Que proposez-vous pour une sortie de crise ?
Le gouvernement est en train de passer à côté. En termes de solution, ce n’est pas en devenant intransigeant en fermant les portes qu’on peut museler les syndicalistes. Les syndicalistes ont le droit de faire la réclamation. Il appartient au gouvernement de les écouter, de s’asseoir autour de la table et discuter pour trouver le minimum de problème qui soit de nature à soulager leurs peines. Ce qu’ils réclament n’est pas une mer à boire. C’est leur droit qu’ils réclament. Il faut les satisfaire. Un gouvernement qui ferme les yeux et qui bouche les oreilles est un gouvernement qui va tout droit au mur et qui va se fracasser la figure. Ils sont là parce que le peuple est là. Les syndicats font partie intégrante du peuple. Et c’est leur aspiration profonde qu’ils expriment. Le gouvernement doit trouver la solution. Le président de la République doit s’impliquer. S’il ne s’implique pas à force de rester longtemps muet sur ce sujet, il va les conduire à une situation regrettable pour tout le monde. Car l’enseignement est une profession noble. Elle ne conduit pas à la richesse comme d’autres secteurs, c’est un sacrifice qui est consenti par des enseignants. On doit les respecter, on doit les écouter pour trouver la solution pour que la vie scolaire reprenne.
Quel message vous avez à lancer à l’endroit du peuple guinéen ?
C’est de respecter d’abord les lois et règlements. Quand on devient de bons citoyens, vous verrez que tout marchera. Aussi, si vous êtes un parti politique et que vous voulez manifester, alors manifestez conformément aux lois et règlements en vigueur. Vous êtes gouvernant ou dirigeant et que vous voulez encadrer les manifestations politiques, alors votre mission principale, c’est de protéger les personnes et leurs biens. Vous devez faire en sorte que les manifestations se déroulent dans la paix. Si vous êtes un dirigeant, et qu’il y a un problème d’Etat qui se pose, il faut vous referez aux lois. Il faut mettre fin aux conciliabules, aux compromis inutiles qui conduisent à des impasses. Et ces impasses conduisent à des morts et à des destructions d’infrastructures. Ce qui est très grave. Et c’est justement ce que nous vivons actuellement en Guinée. Malheureusement, certains préfèrent des négociations bancales, sachant très bien que ces négociations ne seront jamais mises en œuvre. On les préfère à la loi et tout simplement pour se tromper. Le RGD a choisi la voie de la transparence, du respect des lois et règlements. La voie du dialogue, mais un dialogue fructueux et qui soit bénéfique pour toutes les parties, tous les acteurs impliqués.