En juin 2016, le colonel Issa Camara alors commandant du camp d’infanterie de Mali commettait des exactions inouïes sur des populations civiles désarmées à Mali.
Les 17 et 18 juin 2016, au moins 22 personnes ont été blessées par balles, une centaine de boutiques et magasins pillées et incendiées, des animaux domestiques abattus. Les traces sont encore visibles et les plaies peinent à se cicatriser. Les victimes se relèvent difficilement de l’horreur qu’elles ont subie. Après un procès à rebondissement tenu à Labé, le colonel Issa Camara s’en est sorti avec une peine de six ans d’emprisonnement avec sursis. Condamnation jugée clémente par les victimes qui avaient tout perdu. Mais depuis, leur douleur n’a fait qu’empirer puisque jusqu’à présent ils n’ont reçu aucun sous de la somme qui leur avait été promise en termes d’indemnisation. Pourtant, le colonel Camara et ses hommes avaient également reçus une peine de deux milliards de francs guinéens d’amende à déverser aux parties civiles pour toute cause des préjudices confondus.
Un an pratiquement après ce verdict, les victimes n’ont encore rien perçu. Les autorités expliquent ce retard par l’appel interjeté par les avocats de colonel Issa Camara. Interrogé, le président de l’association des victimes des violences et des pillages dans la préfecture de Mali déplore l’attente prolongée dans le cadre de l’indemnisation près d’un après le procès de colonel Issa Camara et compagnie. « C’est la déception totale, je ne pouvais pas imaginer qu’on pouvait rester jusque maintenant sans aucune suite. À la justice de clarifier les choses et d’indemniser les victimes. A l’heure qu’il fait nous sommes très coincés, les victimes sont là sans rien, sans source de revenus. On ne comptait que sur ça », regrette Abdourahmane Diallo qui a perdu 67 millions dans ces violences. Boubacar Touré, une autre victime des violences est également dans les mêmes difficultés. Ses biens ont été vandalisés, pillés par les hommes du commandant Issa Camara. Il estime ses pertes à plus de 46 millions GNF. Abdoul Diallo s’insurge contre le silence assourdissant qui prime depuis la fin du procès. « Personne ne nous dit mot par rapport à cette situation, nous sommes abandonnés à nous-mêmes, j’ai perdu un peu plus de 40 millions, j’ai noté quelques part, mais personne n’en parle maintenant. On se débrouille autrement mais ça ne va pas du tout » renchérit-il.
Interpelé sur le retard dénoncé par les victimes, le préfet de Mali explique. « Il y a l’une des parties qui a interjeté appel. (…) Le jugement se fera au niveau de la cour d’appel de Conakry, c’est après ce procès qu’il sera question d’exécuter les décisions prise au tribunal de première instance de Labé » a confié le préfet de Mali Elhadj Harouna Souaré. Alors que le commandant Issa Camara continue de « se la couler douce », les victimes elles sont sur le qui-vive.