Conakry, Guinée — L’ambiance n’est pas à la célébration au siège du Bloc Libéral (BL). Au lendemain du scrutin présidentiel, le candidat Faya Lansana Millimouno a dressé, lundi, un réquisitoire accablant contre un processus qu’il qualifie de « brigandage » plutôt que d’élection. Lors d’une conférence de presse tendue, il a énuméré une série d’« irrégularités graves » qui auraient, selon son parti, entaché l’ensemble du vote.
« L’élection n’était ni libre, ni transparente, ni crédible », a lancé d’emblée le candidat, pointant du doigt la Direction générale des élections (DGE) et ses démembrements locaux.
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Des délégués « chassés » des bureaux de vote
Le premier grief porte sur l’exclusion systématique des observateurs du BL. Millimouno a rappelé que son parti s’était pourtant conformé aux exigences strictes de la DGE, fournissant des listes exhaustives de délégués avec leurs identités complètes et leurs affectations.
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« Malgré cela, le démembrement de la DGE refusait d’accepter nos ordres de mission », a-t-il déploré. Dès l’ouverture des bureaux, les appels auraient afflué : « Dès 7 heures, on a commencé à m’appeler pour dire qu’on chassait les délégués du Bloc Libéral, ici à Conakry et un peu partout sur le territoire national. »
La question brûlante des bureaux « délocalisés »
Une autre accusation majeure concerne la délocalisation frauduleuse de bureaux de vote. Le candidat affirme que de nombreux électeurs se sont présentés à l’adresse indiquée sur leur carte pour trouver le bureau fermé ou déplacé sans notification.
« On a constaté que certains bureaux de vote ont été carrément délocalisés. Vous ne savez pas là où le bureau de vote se trouve », a-t-il déclaré, citant l’exemple du collège Bafon Sud. Pour lui, cette pratique opaque avait un objectif clair : « Nous commençons à comprendre qu’il y a un nombre élevé de bureaux de vote délocalisés pour que les bourrages se fassent de façon libre et sécurisée. »
Pressions militaires et violences
Le tableau dressé par Faya Millimouno inclut également des intimidations sur les électeurs et des violences contre ses partisans. Il a évoqué la présence dissuasive de militaires à l’entrée de certains bureaux, chargés d’influencer le vote. « Quand tu viens, on te dit pour qui tu dois voter. Si ce n’est pas le bon choix, on te demande de changer. »
Des personnes chargées de filmer ces irrégularités auraient été « molestées, violentées, arrêtées », certaines passant la nuit en garde à vue. En s’appuyant sur des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, montrant selon lui des bulletins pré-remplis, le leader du BL a assené : « On voit des gens en train de cocher, plier et déposer les bulletins dans l’urne. Ce n’est pas une élection, c’est un brigandage. »
Ces accusations sévères, portées avant même l’annonce des résultats officiels, jettent une ombre sur la crédibilité du scrutin et présagent d’une contestation politique âpre dans les jours à venir.




