Après Cellou Dalein Diallo, c’est Kiridi Bangoura, Ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence et porte-parole de la présidence, qui notre invité ce mercredi, 30 janvier 2019.
Les législatives auront-elles lieux cette année, en Guinée ?
C’est la CENI qui fixe le calendrier électoral en Guinée. Cette CENI est constituée de façon paritaire par l’opposition et la majorité. Y a un constat qui a été fait par les acteurs politiques, y a quelques temps, lors du dialogue politique que les recommandations issues de l’audit du Fichier doivent être implémentées pour que les élections puissent se tenir dans les meilleures conditions possibles. C’est à la suite de cela que la CENI pourra techniquement proposer un calendrier électoral.
‘‘Tout se fait en fonction d’un agenda caché du Président Alpha Condé’’, a déclaré hier l’opposant Cellou Dalein Diallo. Que répondez-vous à cela?
Le chef de file de l’opposition sait très bien qu’il n’y a pas d’agenda caché. Le seul agenda, c’est l’agenda républicain. Le Chef de l’Etat n’a rien à voir quant à la fixation de la date des élections. L’obligation lui est faite, chaque fois que la CENI lui propose une date de prendre un décret pour avancer.
Le report des législatives va-t-il entrainer un report de la présidentielle de 2020 ?
Vous savez, en fait, quand vous êtes dans une programmation du réel, vous vous occupez des problèmes qui se posent à vous concrètement. Il y a un glissement c’est vrai. Un constat a été fait qu’on ne peut pas tenir les élections législatives à date. Mais, si tout se passe bien, les élections là auront lieu cette année. Donc, on pourra poursuivre le déroulé du calendrier républicain, en Guinée.
Est-il envisageable de coupler les législatives et la présidentielle ?
Je ne suis pas membre de la CENI. Le Gouvernement, non plus, n’est pas membre de la CENI. Mais, c’est la CENI qui propose le calendrier électoral dans notre pays. La bonne volonté du Gouvernement est sincèrement assez claire. Et, chaque fois que la CENI va demander au Gouvernement de disposer des moyens budgétaires nécessaires pour l’organisation des élections, le Gouvernement sera au rendez-vous. De ce côté-là, les choses sont excessivement claires.
Allons-nous vers un 3è mandat où pas pour le président Alpha Condé ?
Le Président a tellement à faire ; le taux de prévalence du paludisme dans notre pays vient de passer de 45% à 15%. Le Président est dans le concret. Il est auprès des populations, il est auprès des paysans, il est auprès des jeunes et des femmes pour réaliser le projet de développement national. Et, aider chacun et chaque catégorie à participer à ce plan national de développement économique et social. Cela le préoccupe énormément. Je crois qu’il a assez à faire, et le mandat est totalement ouvert pour lui, je ne sais pourquoi nous allons basculer artificiellement dans une discussion concernant le Président de la République.
Est-ce que vous connaissez l’équivalent en Europe, d’un Chef d’Etat qui discuterait avant la fin de son mandat, de la fin de son mandat. Et, je ne sais pas pourquoi nous allons toujours être traités de façon un peu particulière, excusez-moi madame, je ne suis pas susceptible. Mais, il est important de souligner ça quand même. C’est curieux qu’en 2019, au lieu de s’occuper des législatives et du développement, au lieu de travailler sur cela, nous sommes en train encore de discuter d’un plan qui n’existe pas pour l’instant. Le Président est à la tache au milieu des populations pour faire avancer notre pays.
Mais, pourquoi ne se prononce-t-il pas clairement ?
Madame, la Constitution guinéenne ne prévoit nullement que le Président puisse répondre à cette question, à cette date. Il y a une mission qui est confiée au Chef de l’Etat, pour le moment, il estime qu’il doit mettre toute son énergie dans l’accomplissement de cette mission.
Et vous alors, vous souhaitez qu’il puisse rester, afin de continuer le travail entamé ?
J’entends beaucoup de Guinéens le dire. J’entends d’autres Guinéens qui ont d’autres opinions. C’est ça la démocratie. Il faut que nous acceptions que le débat soit le maître mot de la démocratie. Il ne s’agit pas seulement de rester dans l’observation statique des institutions. Il faut laisser le débat permettre aux opinions de s’exprimer.
Donc, vous reconnaissez qu’il y a un débat ?
Il y a un débat en Guinée actuellement sur la Constitution, sur les institutions, sur l’organisation de l’Etat au niveau du territoire ; est-ce qu’il faut plus de décentralisation ou moins de décentralisation. Il y a un débat très intéressant actuellement sur la codification plus forte des questions environnementales, la place des femmes dans la vie politique. Parce qu’il y a des femmes qui se pose la question si l’égalité doit être formelle, ou si des contraintes de quotas doivent… assurer pleinement leur expression. Tous ces débats-là existent. Et, tous ces débats trouvent leur achèvement à un moment donné dans le texte fondamental de la République.
Une nouvelle République qui permettrait au Chef de l’Etat de se représenter ?
Madame, est-ce que vous êtes d’accord avec moi que le souverain premier, c’est le peuple. Si le peuple décide un jour qu’il y est une nouvelle République, on en parlera. Ni moi ni vous ni Elhadj Cellou Dalein Diallo ni le Président de la République ne peut décider à la place du peuple de Guinée.
Selon certaines informations, un texte de réforme de la Constitution serait déjà prêt ? C’est faux, selon vous ?
Si certains sont lus forts que les volontaires, les citoyens éclairés qui débattent actuellement pour la réforme de la Constitution guinéenne, c’est leur affaire, c’est leur contribution aussi. Je n’ai jamais entendu parler de cela, madame.
Une réforme pourrait entraîner des violences ?
Nous sommes tous derrière le Président de la République sur le chantier du développement, de la démocratie et de l’unité nationale. Ce qui est important, justement pour éviter le pire, c’est de continuer tous à jouir et surtout à observer les devoirs que l’Etat de droit nous impose. La CENI est en place. Il faut que nous nous engagions tous à ce que cette CENI, rapidement, propose un chronogramme électoral au pays. Il y a du travail concret à faire pour préparer les élections législatives à venir. Il faut que les partis politiques, la société civile, les citoyens, s’engagent tous dans ce processus-là.
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