Le nouveau ministre de la Sécurité a dans un arrêté ministériel interdit la circulation des motostaxis à Kaloum à compter du lundi 25 juin prochain.
Cette décision du ministre Ibrahima Keira ne fait pas l’unanimité au sein de la corporation. C’est du moins ce qui ressort du constat fait auprès des taxis motos stationné au rondpoint de Cosa dans la commune de Ratoma en banlieue de Conakry.
En effet, les conducteurs des mototaxis rejettent catégoriquement la décision du ministre Keira.
Pour Mamadou Saliou Doumbouya, conducteur de taxis motos, le gouvernement n’a qu’à trouver du travail pour la jeunesse au lieu de les empêcher de se débrouiller.
« Nous ne sommes pas du tout d’accord sur cette décision. C’est ici qu’on a l’habitude de nous débrouiller pour gagner le quotidien. On demande au gouvernement de nous laisser chercher notre pain. Il n’y a pas de travail, et nous avons des familles à nourrir. On veut que le gouvernement nous arrange en nous laissant travailler. On souffre beaucoup et on a fini les études, on n’a pas gagné du boulot », a-t-il crié.
« On veut que le gouvernement nous aide à avoir du boulot pour qu’on abandonne les taxis motos. Le travail là n’est pas un métier c’est juste pour avoir la dépense quotidienne parce qu’il n’y a pas de travail ».
Selon Alpha Ibrahima Keira, les mototaxis sont à la base des embouteillages et des accidents enregistrés dans la capitale.
Ce conducteur affirme qu’à Cosa, les conducteurs sont bien organisés.
« À Cosa ici chacun est identifié. Si je fais un accident c’est à travers le numéro de mon badge et mon numéro de plaque qu’on peut m’identifier ».
Le Syndicat des taxis motos de Cosa affiche un visage triste ce matin. Il prédit que la situation sera difficile à gérer.
« C’est très difficile vu qu’il y a trop de motards à Conakry parce qu’il n’y a pas d’autres activités pour la jeunesse. Dire qu’ils vont interdire les taxis motos à Kaloum, ce sera difficile, parce qu’il y a des gens qui sont nés et logés à Kaloum et qui y ont des mototaxis. Comment ces gens-là vont rester sans travailler. Il y a beaucoup parmi nous qui n’ont pas de lignes donc ils font le rallie pendant toute la journée pour aller faire taxis motos en ville.», dixit Ibrahima Diallo, secrétaire général du syndicat des mototaxis de Cosa.
« Mais nous, on fait pas taxis motos en ville mais il y a certaines personnes qui viennent nous déplacer pour qu’on les dépose en ville et on revient en banlieue. Comment nous aussi on peut travailler avec ces personnes désormais? », s’interroge-t-il.
Ibrahim reconnaît que l’État est fort, mais, appelle plutôt à la compréhension des décideurs.
« L’Etat est fort, il peut interdire les mototaxis dans tout Conakry. Mais comment nous aussi nous allons vivre avec nos familles respectives comme on n’a pas un autre boulot. Le gouvernement n’a qu’à penser à cette situation. »
Plus loin, ce syndicaliste propose: « C’est que nous voulons, le ministre n’a qu’à organiser les taxis motos. Que chacun sache sa base et sa limite. Même si il faut les stationner à Kaloum pour ne pas qu’il y a débordement, car toutes les affaires du pays se déroulent à Kaloum.», a-t-il plaidé.
Contacté ce matin par une radio de la place, Alpha Ibrahima Keira, ministre de la Sécurité, a affirmé que toutes les dispositions sont prises pour l’application stricte de cette décision.