En plus des ordures qui s’agglutinent dans les rues de Conakry causant, la gestion des matières fécales est un vrai casse-tête.
D’après le constat, les autorités ne s’impliquent pas dans la gestion des matières fécales à Conakry. Ce sont des privés qui aident les citoyens à se débarrasser de cet encombrant voisin. Dans cette campagne d’assainissement lancé par le Gouvernement de Kassory Fofana cette action n’a pas été instaurée. Et pour tant de ce côté, il existe un handicap qui contribue à donner une mauvaise image de Conakry. Les privés se débrouillent avec leur moyen de bord. Ce qui n’est pas sans conséquences. Dans le but de rendre la capitale Conakry propre, les autorités guinéennes ont instauré une campagne d’assainissement les derniers samedi de chaque mois de 6h à 11 heures. Le curage et dépotage l’acheminement des déchets des toilettes ne sont pas inscrit dans ce programme. Pourtant, il suffit d’une simple balade dans certains quartiers de Conakry pour comprendre l’ampleur du problème. L’on est envahi par une odeur nauséabonde que dégagent les égouts ou encore des toilettes bouchées.
C’est en bordure de mer, dans les champs des agriculteurs que ces matières fécales sont déversées. L’endroit est situé dans la commune de Ratoma, précisément à Sonfonia, quartier situé sur la corniche nord de la capitale Conakry. Tous les jours ou presque du matin au soir, des camions remplis de matière fécales se succèdent. Pieds plongés dans une marre de matières fécales, Omè Guillaume muni d’un pèle et d’une daba cherche à défricher son champ. Ce père de famille se prépare au laboure pour cultiver de la patate douce. Il se plaint des odeurs qui quelquefois l’empêchent de travailler. « Ces déchets nous dérangent. Ces gens sont là tous les jours de 8h jusqu’à 22h et ça dérange tout le monde ici. On n’utilise pas ces déchets pour fertiliser nos sols, nous nous partons dans les marchés pour acheter le vrai engrais. Nous travaillons tous les jours ici mais ces odeurs nous fatiguent énormément. Nous demandons à l’Etat de nous aider à stopper cela. Ils n’ont qu’à trouver un autre endroit ailleurs où ils vont dépoter ces déchets des toilettes », explique-t-il. Martine aussi est nourrice. Bébé au dos, cette dame travaille dans ces conditions mais elle s’inquiète de la santé de son bébé. « Je travaille ici et j’ai un enfant. Tous les jours ils versent ces déchets ici et ça nous dérange parce que ça sent mauvais. Je lance un appel à l’Etat pour qu’il nous aide à enlever ces gens-là d’ici pour qu’on puisse travailler », a lancé cette nourrice.
Face aux complaintes des agriculteurs, les gestionnaires de sociétés de curage expliquent qu’ils n’ont pas le choix. Un chauffeur d’un camion vidangeur a expliqué que c’est par manque d’un lieu approprié qu’ils dépotent ces matières fécales en bordure de mer. Selon lui, les autorités n’ont pas trouvé un endroit spécial pour dépoter ces déchets. Thierno Saidou Barry, responsable d’une société de vidangeur de la place qui s’occupe de l’assainissement et du curage des toilettes à Conakry, nous a fait comprendre que la Capitale Conakry ne dispose qu’un seul dépotoir des déchets des toilettes. « On nous a montré un endroit réservé aux militaires où on peut faire le dépotage moyennant quelques frais. Actuellement tous les vidangeurs de Conakry font le dépotage dans cet espace. L’endroit se trouve à Sonfonia vers l’Université Général Lansana Conté. (…) C’est une zone isolée et cela profite aux agriculteurs de la place parce que ça fertilise un peu le sol. Il confie que pour le dépotage d’un camion, le prix se négocie dans les alentours de 100 mille fg. « Une partie de cet argent est versé chez les agents qui sont postés dans cette Zone », a ajouté ce jeune tout en déplorant le manque d’implication des autorités communales dans ce domaine.