Des milliers de personnes ont manifesté lundi dans une ambiance tendue à Conakry pour réclamer la fin d’un conflit qui perdure depuis un mois dans l’enseignement, alors que l’opposition a appelé à faire de la capitale guinéenne une « ville morte » pour protester contre les résultats de récentes élections locales.
Dans la presqu’île de Kaloum, le quartier administratif et des affaires, des milliers de personnes réclamaient dans la rue la réouverture des écoles, fermées depuis le 12 février en raison d’une grève lancée par une branche dissidente du Syndicat libre des Enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG).
En fin de matinée, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant le palais du président Alpha Condé, proférant menaces et insultes à des membres de la garde présidentielle portant des équipements anti-émeutes, a constaté un correspondant de l’AFP.
Les manifestants, en majorité des jeunes et des femmes, lançaient des slogans hostiles au chef de l’Etat tels que « Alpha dégage » ou « Alpha, on en a marre », lui reprochant de n’avoir pas trouvé de réponse aux revendication des grévistes, qui réclament des augmentations de salaire.
« Comment comprendre le silence et le mépris du président alors que les enfants sont depuis un mois à la maison? », a déclaré une mère de famille à l’AFP.
A ce conflit dans l’enseignement s’ajoutent depuis des semaines les protestations du principal parti de l’opposition, l’UFDG, qui conteste la victoire du parti présidentiel lors des élections locales du 4 février,
Le parti de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein a appelé à une nouvelle action « ville morte » lundi à Conakry, après celle du 26 février, au cours de laquelle un manifestant avait été tué par les forces de l’ordre.
« Aujourd’hui, on a dit journée ville morte, rentrez chez vous », lançaient des jeunes munis de bâtons sur le boulevard Le Prince, un des plus importants de la ville, obligeant les automobilistes à rebrousser chemin.
Dans les quartiers de Boulbinet et Sandervalia, des pneus ont été brûlés et des barricades érigées, selon le correspondant de l’AFP.
Le 8 mars, plusieurs milliers de femmes en blanc avaient dénoncé dans les rues de Conakry les violences policières meurtrières lors de manifestations politiques, qui selon l’opposition ont fait 90 morts depuis l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé en 2010.
Le même jour, le président Condé a promis de mener une vaste consultation puis de procéder à un « grand remaniement ministériel ».