En Guinée, un tribunal criminel condamne à quinze ans de réclusion un jeune homme pour vol à main armé, et ce malgré la torture qu’il affirme avoir subi au moment de son arrestation.
En 2016, Diogo Sow est arrêté par la brigade anti-criminalité à son domicile en compagnie de sa conjointe. Ils sont alors interrogés violemment, battus, ligotés, humiliés pendant plusieurs jours, témoigne-t-il. Torturés, insistent ses avocats. Au moment des faits, une vidéo révélant ces maltraitances avait fait le tour de la toile et suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.
Sur cette vidéo postée anonymement sur Youtube, plusieurs individus en tenue militaire torturent un homme pendu à une barre de fer. Pour l’avocate de ce jeune, Maitre Halimatou Camara, de la Fédération internationale des droits de l’homme, ces maltraitances filmées auraient dû non seulement faire annuler la procédure mais également empêcher la condamnation de son client à quinze ans de prison pour vol à main armée. « Pendant plusieurs décennies, les droits humains ont toujours été violés. Jusqu’ici, nous n’arrivons pas à nous défaire de ça. Nous pouvons cautionner la torture, nous pouvons cautionner que ces images fassent le tour du monde, et que cela n’entame en rien cette procédure, c’est incroyable ! Cette histoire n’est possible qu’en Guinée. Ailleurs, ce n’est pas faisable. »
Au moment des faits en 2016, le ministère de la Sécurité avait suspendu douze fonctionnaires de police et gendarmerie relevant de la brigade anti-criminalité numéro 8. L’un des tortionnaires présumés est entre les mains de la justice, souligne Maitre Michel Sonomou, président d’Avocats sans Frontière Guinée. « Aujourd’hui, cet officier de la sécurité se trouve à la maison centrale de Conakry, et dans les jours, les semaines à venir, parce que le procureur l’a fermement promis, il répondra lui aussi de ses actes devant la justice guinéenne. »
Pour l’heure, aucune date de procès pour torture n’est connu.