Alors que le Gouvernement envisage de réglementer la commercialisation de la Chicha en Guinée, un médecin cancérologue vient de prévenir que cette substance est plus dangereuse que la cigarette.
De nombreux jeunes, mêmes des adolescents sont accrochés à la consommation de la chicha. Pour s’en convaincre, il suffit de faire le tour de certains restaurants ou autres lieux de distractions de la capitale. Pourtant, la chicha est plus dangereuse que la cigarette ordinaire. Certains pays comme Rwanda l’ont déjà interdit. Selon un cancérologue, la chicha est plus toxique que la cigarette ordinaire et provoque plusieurs cancers, tels que la tuberculose et l’hépatite. Dr Malick Bah que nous avons interrogé parle des risques qu’encourent les consommateurs de la chicha.
Tout d’abord c’est quoi la chicha ?
La chicha est une pipe à eau ayant un dispositif qui sert de filtre avant d’être fumé. La Chicha est comme de la cigarette. Elle est constituée de la nicotine, du goudron, du monoxyde de carbone `et des métaux lourds.
Quelles sont les maladies auxquels s’exposent les fumeurs de chicha ?
La chicha peut entrainer des maladies des voies respiratoires, surtout le cancer des voies respiratoires à savoir : le cancer de la bouche, de la gorge, de l’œsophage, des poumons et tous les autres cancers causés par la nicotine. S’il y a une intoxication au monoxyde de carbone parce qu’on dégage le monoxyde de carbone, les symptômes c’est d’abord les vertiges, les vomissements et les pertes de connaissance. A la longue, ça entraine le cancer des voies respiratoires.
Enregistrez-vous des cas dans ce centre ?
Oui il y a beaucoup de patients qui viennent faire des consultations parce que c’est un centre de référence des cancers et on sait que le facteur c’est la cigarette. Il y a certains fumeurs qui viennent pour des cancers pulmonaires et d’autres dans notre investigation on s’est rendu compte que c’est des personnes qui fumaient. On n’a pas demandé de façon directe s’ils ont fumé la chicha. Mais effectivement, il faut savoir que la chicha c’est de la cigarette qui est plus dangereuse que la cigarette ordinaire.
Comment se fait la prise en charge ?
Pour la prise en charge ça dépend de la pathologie. Pour le cancer c’est trois volets. Il y a la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Chez nous en Guinée, nous n’avons que deux volets : la chirurgie et la chimiothérapie. Mais cela dépend du diagnostic et des indications.
Est-ce que les gens viennent tôt pour les consultations ?
Les gens viennent à un stade avancé de la maladie, ils passent par les tradi-praticiens, d’hôpital en hôpital. Souvent les gens sont mal informés et ils viennent à un stade où la prise en charge est très difficile ou limitée.
Disposez-vous d’équipements adéquats pour ces traitements ?
Oui, nous en disposons. C’est la chirurgie. On n’a un bloc pour l’intervention et tous les éléments qu’il faut. La chimiothérapie nous avons les drogues malgré que ces très coûteux, nous avons des infirmiers formés pour cela et souvent les indications de chimiothérapie sont discutées en concertation. Et souvent quand la personne prend trois à quatre cures on réévalue pour voir le traitement. Sinon les gens sont très bien pris en charge par rapport à ces deux volets que nous avons ici. Le cancer s’il est vu tôt, il est guéri à 100% mais s’il est vu tard, ce que nous pouvons c’est de stopper l’évolution de la maladie, allonger la vie du patient et donner le confort aux malades.
Quel est le coût de la prise en charge ?
Les produits de la chimiothérapie coûtent extrêmement chers et ça dépend des protocoles. Il y a des protocoles, une seule cure tu peux dépenser jusqu’à 5 à 6 millions de francs guinéens et chaque mois tu dois prendre. Et il vous faut minimum 6 à 8 mois pour la guérison. Souvent c’est la prise en charge, elle est très coûteuse et l’Etat n’intervient pas. Il faudrait que l’Etat subventionne la chimiothérapie et nous aide à avoir beaucoup de molécules sur le marché. Souvent c’est les privés qui envoient ces molécules et fixent leurs prix. Si c’est le laboratoire central qui envoie et l’Etat subventionne, les malades vont moins souffrir. Nous demandons à l’Etat de s’investir et s’impliquer pour pouvoir aider les malades.
Comment prévenir ces maladies des voies respiratoires ?
Les mesures préventives c’est de ne pas fumer la chicha, la cigarette. Parce qu’une section fait 45 à 60 minutes. Donc, quand les gens fument la chicha cela veut dire qu’ils fument 100 cigarettes. Vous imaginez combien de fois vous vous intoxiquez par section. Et les gens font 2 à 4 heures ensembles sans comptez qu’ils peuvent se transmettre des maladies comme l’hépatite qui a des conséquences redoutables qui va donner même le cancer du foie et ça peut donner même la tuberculose. Tu verras plus de 5 personnes qui utilisent une pipe et à travers les salives il y a une contamination et des propagations du virus.
Est ce qu’il existe vaccin préventif contre ces maladies ?
Il y a le vaccin contre l’hépatite mais il faudrait que cela soit connu et dans un programme national. Parce que c’est un problème de santé publique. Beaucoup de nos malades sont venus qui font des cancers du foie par ce qu’ils ont été infectés par le virus de l’hépatite. Pour les autres cancers, l’étiologie n’est pas connue mais il y a un faisceau d’arguments la cigarette, les virus et d’autres gènes.
Quels conseils avez-vous à donner à la jeunesse guinéenne?
Tout ce que je peux dire aux jeunes c’est d’arrêter de fumer la cigarette. C’est des consommations qui ne sont pas bonnes pour la santé de l’individu. La chicha est plus dangereuse que la cigarette dont les conséquences sont irréversibles. Donc c’est d’éviter de fumer, l’endroit même où on fume il peut y avoir des intoxications au monoxyde de carbone parce qu’on dégage le gaz carbonique quelques fois dans un lieu fermé. Pour cela l’Etat doit intervenir et veiller aux normes dans ces endroits. J’ai du mal à comprendre que quelqu’un paye de l’argent pour se détruire. C’est inconcevable parce que cela ne procure aucun plaisir. C’est plutôt nuire à sa santé et avant de mourir tu vas souffrir. Je demande aux jeunes de vivre sains.