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Le discours d’Alpha Condé à la nation lors de son 80e anniversaire

Le chef de l’Etat guinéen qui a fêté ses 80 ans dimanche 4 mars dans la plus grande difficulté, acculé…

Le chef de l’Etat guinéen qui a fêté ses 80 ans dimanche 4 mars dans la plus grande difficulté, acculé qu’il est par des crises, a finalement décidé lundi nuit de s’adresser à ses compatriotes. Mais à lire entre les lignes, il ne sera pas exagérer de dire que le discours présidentiel est sans éclat. Pour le dire en un mot comme en mille, Alpha Condé ne fait que reporter les crises. Lisez plutôt.

« Mes chers compatriotes,

Il arrive des moments où dans la vie d’une jeune nation comme la nôtre, des choix s’imposent à chacune et à chacun d’entre nous et qui engagent notre présent et notre avenir commun. Nous vivons aujourd’hui l’un de ces moments. Notre pays comme tous les autres, traverse des difficultés qui, si nous en prenons la mesure exacte, sans passion ni calcul, peuvent être surmontées. C’est pourquoi, j’en appelle au sens élevé du devoir de chacun d’entre nous et vous exhorte tous, mes chers compatriotes, à un véritable sursaut national. Chacun doit se rappeler en toutes circonstances, que l’intérêt de notre pays est au-dessus de tout. Notre Guinée survivra et quoi qu’il arrive restera debout et forte.

Mes chers compatriotes,

Chacun de vous connaît l’immense espoir que j’ai toujours placé dans notre jeunesse qui a toute ma confiance et bénéficie aujourd’hui de toute l’attention de la part de l’Etat, du gouvernement et de moi-même. Chacun d’entre nous peut donc comprendre ma préoccupation, ainsi que celle de toute la nation face à la grève des enseignants qui perdure au grand dam de tous avec des conséquences malheureuses pour tout le pays et son système économique. Je regrette comme tous les Guinéens, les élèves et leurs parents, que notre école connaisse une succession de grève. A travers nos enfants aujourd’hui privés de leur droit à l’enseignement se joue notre avenir individuel et collectif. Ma responsabilité première en tant que chef de l’Etat est d’être à l’écoute de tous les Guinéens et de trouver des solutions aux problèmes de ce pays dans un langage de vérité et de sincérité partagé, convaincu que seuls le dialogue et la concertation sont à mesure de mettre fin à toutes les incompréhensions. J’en appelle à toutes et à tous à faire confiance à ce gouvernement et à moi-même pour répondre à leur aspiration légitime dans le cadre d’un échange franc et d’un partenariat responsable. Malgré les progrès significatifs réalisés ces dernières années, des efforts immenses restent certes à accomplir pour améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs. J’en suis conscient.

Mes chers compatriotes,

Soyez assurés que nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour le bien-être du peuple, malgré les difficultés et les défis auxquels notre pays est aujourd’hui confronté. En effet, nos ressources sont très limitées. Les besoins dans tous les domaines sont considérables et chaque jour plus pressants. Tout est priorité, tout est urgence. N’en doutez pas, je prendrai toutes les mesures souhaitées par la majorité silencieuse de nos compatriotes pour combattre la gabegie financière et économique, la corruption, l’impunité. Il est du devoir de chaque citoyen et plus encore de l’Etat […], notamment dans la promotion de la gouvernance politique et économique […] N’ignorons pas les difficultés, car il est difficile de changer des habitudes installées pendant des décennies.

Mes chers compatriotes,

Soyez rassurés de toute ma détermination à assurer cette mission sacrée et patriotique dans l’intérêt supérieur de notre nation et l’ensemble du peuple de Guinée.

Mes chers compatriotes,

La force ne peut pas être un recours, la violence n’est pas une solution. Je regrette profondément toutes les victimes de toutes les violences survenues dans notre pays. Je dis bien toutes les victimes. Je m’incline devant la mémoire d’enfants innocents qui ont péri dans l’incendie criminel de Kalinko dans la préfecture de Dinguiraye, lors des élections locales. Aussi bien pour ces malheureuses victimes que pour d’autres que notre pays a très malheureusement enregistrées, je voudrais au nom du peuple de Guinée, de son gouvernement et à mon nom propre, réitérer nos sincères condoléances.

Je voudrais aussi dire à toutes les familles endeuillées et attristées, qu’elles ne sont pas seules, que l’Etat sera toujours à leurs côtés pour leur assurer de sa compassion, son soutien et sa solidarité. C’est par la recherche et la préservation constante de la justice et de l’égalité entre tous les citoyens que nous parviendrons à une société juste et paisible.

Mes chers compatriotes,

Sans l’unité de notre pays et la fraternité entre les Guinéens, nous ne pourrons pas triompher de nos doutes et interrogations et préparer ensemble en toute confiance un avenir plus que jamais promoteur. L’espoir est permis grâce à la confiance retrouvée dans notre pays par les partenaires techniques et financiers et la communauté internationale qui s’est manifestée notamment lors du groupe consultatif (Ndlr : des partenaires techniques et financiers) à Paris. Ce qui nous a permis d’avoir un niveau de mobilisation des ressources jamais égalé dans l’histoire notre pays. Bien sûr, ces ressources ne seront au fur et à mesure accessibles que si nous honorons nos engagements à l’égard de nos partenaires et de nous-mêmes, notamment en matière d’exécution budgétaire et du respect des mesures macroéconomiques. C’est seulement à ces conditions et seulement ces conditions que les perspectives prometteuses s’annoncent aussi bien pour la prospérité économique du pays, aussi de chaque citoyen dont le bonheur est la finalité de notre action. Oui, notre pays est en marche vers le progrès à condition que notre stabilité politique et sociale ne soit pas menacée par des crises sociales à répétition et des conflits politiques permanents. Aussi, je voudrais solliciter de tous les différents partenaires sociaux une trève sociale pour que nous consacrions toutes nos énergies, tous nos talents, toute notre compétence, à éviter des crises devenues récurrentes et cycliques, ainsi qu’à créer de la richesse pour endiguer dans notre pays la pauvreté qui est […] Je m’emploierai personnellement à encourager le dialogue direct et franc avec toutes les forces vives de la nation pour parvenir à un large consensus sur les questions d’intérêt national. Ce dialogue, je l’ai déjà commencé avec les organisations socioprofessionnelles et se poursuivra dans les jours à venir. Plus que jamais, la Guinée a besoin d’union sacrée de la nation, la solidarité entre tous ses enfants, enfin de faire face aux défis de notre époque.

Mes chers compatriotes,

Je crois en vous, en notre pays, à la nation guinéenne. Ensemble, j’en suis convaincu, nous gagnerons le pari du développement, de la paix, de la prospérité pour tous et du bonheur pour chacun.

Vive la République,

Vive l’unité nationale,

Vive la paix. »