Des milliers de Palestiniens ont manifesté, lundi à Jéricho, lors du plus grand rassemblement en Cisjordanie contre le plan de l’administration Trump pour le Proche-Orient, qui prévoit l’annexion par Israël des blocs de colonies juives et de la vallée du Jourdain.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté, lundi 22 juin, à Jéricho, en Cisjordanie occupée, contre le plan américain pour le Proche-Orient, fustigé par le leadership palestinien.
Il s’agit du plus grand rassemblement en Cisjordanie depuis l’annonce, fin janvier, du projet du président Donald Trump, alors que les précédentes mobilisations manifestations avaient réuni des dizaines ou quelques centaines de protestataires.
Le parti Fatah de Mahmoud Abbas, à la tête de l’Autorité palestinienne (AP), avait appelé à une mobilisation massive malgré les restrictions liées au coronavirus à Jéricho, ville arabe à la pointe sud de la vallée du Jourdain, près de la mer Morte, en Cisjordanie.
« Pas d’État palestinien sans la vallée du Jourdain », « la Palestine n’est pas à vendre », « le plan Trump ne passera jamais », « le droit international est clair, nous sommes ici en Palestine », pouvait-on lire sur des pancartes.
Le plan de l’administration américaine prévoit l’annexion par Israël des colonies juives et de la vallée du Jourdain, vaste plaine agricole, en Cisjordanie, et la création d’un État palestinien sur un territoire réduit.
De son côté, l’Autorité palestinienne dit avoir rallié des soutiens internationaux contre ce projet, alors que le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit annoncer à partir du 1er juillet sa stratégie pour mettre en place le plan américain.
« Je suis venu ici pour protester contre l’annexion car il n’y aura plus de terre pour un État palestinien si Israël annexe », a expliqué à l’AFP l’un des manifestants Mohammed Ichloon, 48 ans, venu du camp de réfugiés de Aqabat Jaber, situé à la sortie de la ville.
« Nous ne laisserons pas Israël voler nos terres », a renchéri Kamal Saïd, un employé d’une ONG chrétienne vivant dans le même camp.
« Vous n’êtes pas des locataires ici, c’est votre maison »
Et l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, a pris la parole pour critiquer le plan Trump tout en appelant les Palestiniens à s’y opposer pacifiquement.
« Vous n’êtes pas des locataires ici, c’est votre maison », a lancé Nickolay Mladenov aux Palestiniens, appelant les diplomates à ne « pas perdre une seconde, une minute ou une heure » pour agir contre le projet d’annexion.
« L’ONU croit que l’annexion est contre le droit international (…) Et si elle se réalise, cela tuera l’idée que la paix et un État pour les Palestiniens peuvent être obtenus via des négociations », a-t-il déclaré, exhortant les Palestiniens à « ne pas s’éloigner du sentier de la non-violence ».
« Ne perdez pas de vue l’objectif d’un État palestinien libre, sur cette terre, et aux côtés d’Israël (…) alignés sur les frontières de 1967 », remises en cause par le projet d’annexion, a-t-il ajouté.
Dans la foulée de l’occupation de la Cisjordanie en 1967, Israël y a établi ou légalisé un réseau de colonies, illégales selon le droit international. Aujourd’hui, plus de 450 000 personnes vivent dans les colonies en Cisjordanie, un nombre ayant augmenté de près de 50 % durant la dernière décennie, selon les données israéliennes.
Des pays européens et du Moyen-Orient ont mis en garde contre l’annexion de pans de la Cisjordanie par Israël sans toutefois annoncer de mesures concrètes. Et des responsables chinois et russes ont aussi pris la parole lundi au rassemblement de Jéricho, a constaté une équipe de l’AFP.
« Nous avons désormais avec nous une large coalition internationale contre le projet israélien d’annexion de terres en Cisjordanie », composée des « pays arabes, des pays non-alignés, de l’Afrique et de l’Europe », a déclaré lundi à l’AFP le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat.
« Aucun pays n’est en dehors de cette coalition, sauf Israël et les États-Unis », a-t-il affirmé.
Avec AFP