Des milliers de personnes ont fait fi des règles sanitaires, dimanche en France, à l’occasion de la Fête de la musique. Des professionnels de santé s’inquiètent des conséquences de ces rassemblements.
Les gestes barrière et la distanciation sociale étaient bien loin des esprits, dimanche 21 juin, lors de la Fête de la musique. Des milliers de Français se sont rassemblés et ont dansé dans les rues, malgré un nombre d’événements limités et des restrictions sanitaires.
Sur une petite place du 11e arrondissement à Paris, des habitants se sont rassemblés pour chanter à tue-tête le vieux tube de Mylène Farmer « Désenchantée », craché par une sono puissante, dansant avec un bonheur visible.
Des quartiers “plus vivants”
Sur les quais du canal Saint-Martin, le coronavirus semble un lointain souvenir : avant d’être vidés en début de soirée par une méchante pluie, les abords du canal étaient bondés et dans le Jardin Villemin tout proche, les DJs enchaînaient les morceaux de house devant une foule compacte de danseurs.
À Menilmontant (20e) sur une petite place connue pour ses bars, une fanfare est installée, des vendeurs de merguez, des tables sont dressées sous des chapiteaux pour se protéger de la pluie.
Violette 28 ans, note que depuis le déconfinement le quartier est redevenu « vivant ». Mais c’est encore plus le cas ce soir avec la reprise de petits concerts : « la Fête de la musique c’est important, c’est un événement national ». S’attendait-elle dans ces circonstances au respect des règles de distanciation ? « Non », répond-elle en riant.
Sur le parvis de l’Institut du monde arabe, en revanche, les règles édictées à l’occasion de l’épidémie de coronavirus ont été respectées : des vagues successives de 500 spectateurs ont enchaîné les karaokés assis, autour de tables de 10 espacées de 3 mètres, face à une scène où un animateur proposait des morceaux de rap et de pop arabisante.
Appels à la prudence
« J’appelle toutes celles et ceux qui s’apprêtent à se déplacer à être prudents et responsables. On peut célébrer la musique en gardant les distances et en étant prudents », a mis en garde le ministre de la Culture Franck Riester, qui s’est rendu lui aussi en début de soirée devant l’IMA. Mais c’est un fait : après des mois de disette, beaucoup veulent se rassembler et renouer avec la fête.
À Strasbourg, des habitants étaient accoudés dès l’après-midi sur les ponts qui enjambent l’Ill ou sur les quais pour voir et écouter passer un bateau de croisière transformé en scène musicale. DJs et groupes doivent s’y succéder jusqu’à minuit.
Toujours à Strasbourg, des vélos-cargos musicaux ont fait des haltes au cours de l’après-midi dans divers quartiers de la ville, du chic parc de l’Orangerie au populaire Neuhof. Les artistes itinérants, de styles divers mais toujours festifs, ont entonné aussi bien « les copains d’abord » que « Happy » de Pharrel Williams et lancé un Madison sur la place de la gare – une danse idéale par temps de distanciation sociale.
“On est là pour Steve”
L’édition de cette année est également marquée par un anniversaire funeste : la mort, il y a un an, de Steve Maia Caniço lors d’une opération policière controversée à la fin d’une soirée électro.
Une marche blanche rassemblant plusieurs milliers de personnes (2 600 selon la police) s’est tenue à Nantes, partie du château des Ducs de Bretagne pour rejoindre l’endroit en bord de Loire où s’était noyé cet animateur périscolaire de 24 ans après une intervention de la police pour disperser des fêtards.
« On n’oublie pas, on est là pour Steve. On ne lâchera pas l’affaire, on est prêt à se battre pour que justice soit rendue », a dit à l’AFP Jérémy Bécue, 25 ans, qui avait également chuté dans la Loire la nuit fatidique.
L’ancien ministre de la Culture, Jack Lang, créateur de la Fête de la musique, a dédié cette édition 2020 au jeune homme dont le corps avait été retrouvé un mois après les faits.
Avec AFP