Kipe2 (journaldeconakry.com) – À travers une lettre qui leur a été adressée par un huissier de justice, les habitants de Kipe2 sont sommés de quitter leurs concessions respectives. Selon ladite lettre, ces concessionnaires ont jusqu’au 30 septembre pour déguerpir des lieux.
Ce jeudi, les concernés se sont réunis et ont haussé le ton afin, disent-ils, d’être entendu par les décideurs. Pour eux, cette lettre bafoue leurs droits. Elhadj Ousmane Baldé 70 ans habite ce quartier depuis 1983. Il retrace l’histoire. « Depuis le 30 juillet, nous avons reçu une lettre d’un huissier nous demandant de quitter les lieux au plus tard le 30 septembre. Nous nous sommes aperçus que l’ordre de mission qui lui a été délivré par le secrétaire général du ministère de la ville et de l’aménagement du territoire dit expressément que la mission consiste à faire le bornage des lieux concernés et à faire l’expertise et l’évaluation des bâtis avant quoi que ce soit. À notre grande surprise, la lettre qui accompagne celle de l’huissier nous demande de déguerpir au plus tard le 30 septembre. Ce qui est, de façon flagrante contradictoire », explique-t-il.
«Nous nous sommes rendus compte que le lot en cause d’après la lettre ne correspond pas avec celui figurant dans le document que nous possédons. La décision de recaser les gens qui ont été déguerpis de l’actuelle cité des médecins, de l’emprise de l’aéroport dans cette zone a été prise sous l’égide de l’ancien ministre Moussa Diakité ex ministre de l’habitat sous la deuxième république. Ceux-ci ont trouvé sur place des coutumiers qui y vivaient depuis plus de cinquante ans », a-t-il rajouté.
Pour ce dernier, la zone indiquée dans la lettre de l’huissier ne correspond pas à celle inscrite dans leurs papiers. D’où une incompréhension totale de la démarche du ministère de l’Habitat et de l’Aménagement de la ville.
«Nous avons l’éclairage public, des bornes fontaines, des forages et les conduites d’eaux mis par l’État. En plus nous ne nous appelons pas Koloma. Dans tous les documents que nous détenons, notre zone s’appelle Kipe2. Donc nous disons que la lettre de l’huissier bafoue nos droits», crie Elhadj Ousmane Baldé.
Elhadj Malick Barry un autre habitant du quartier renchérit «Bana Sidibe a envoyé une équipe de géomètres en 1988, qui ont tout recensé (puits, bâtiments, plantations). Depuis aucun autre ministre de l’Habitat n’est venu nous voir. Il y a des zones déguerpies depuis 20 ans 9 mois, qui n’ont jusqu’à présent pas été recasés.»
Ces familles menacées de déguerpissement demande à l’Etat de respecter les lois de la République car disent-ils, l’État est une continuité.
Il est à préciser que selon le dernier recensement pour les élections législatives en Guinée, 4436 personnes vivent dans cette zone menacée de déguerpissement.
Voilà une autre crise qui vient s’ajouter à celles déjà existantes dans le pays
La question qu’il faut se poser aujourd’hui, c’est jusqu’où ira ce bras de fer entre les habitants de Kipe2 et le gouvernement quand on sait que les occupants du bord de la décharge de Dar Es Salam avaient aussi été menacés de déguerpissement et que cette affaire n’a toujours pas connu son épilogue.
Affaire à suivre
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