KANKAN – Le message est , clair et ferme, dans la chaleur de la cité du Manding. Ce vendredi 10 octobre, le Premier ministre Bah Oury, en tournée nationale, s’est adressé aux autorités locales de Kankan. Devant elles, il a tracé la ligne rouge, celle que l’administration ne devra pas franchir : la neutralité absolue dans le processus électoral à venir.
D’entrée, le chef du gouvernement a salué le référendum du 21 septembre comme une victoire collective. « Nous avons réussi une grande chose ensemble », a-t-il déclaré, évoquant un scrutin organisé « dans la paix, dans la convivialité et dans la sécurité pour tous ». Des mots qui résonnent comme un hommage, mais aussi comme un standard à maintenir.
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Puis est venu le cœur de son discours, la raison véritable de sa présence. « Dans les processus électoraux, l’administration territoriale doit marquer sa neutralité et son impartialité », a-t-il asséné, regardant son auditoire droit dans les yeux. Le ton n’était pas suppliant, mais prescriptif. « C’est cela qui fonde la transparence, la crédibilité et le sérieux du processus que nous sommes en train d’accomplir aujourd’hui. »
Tourner la page des « pulsions antérieures »
Le Premier ministre n’a pas éludé les démons du passé. Il a appelé à rompre définitivement avec les pratiques qui ont trop souvent ensanglanté les scrutins guinéens. « La victoire sur nos défauts, nos insuffisances antérieures, nos pulsions antérieures qui consistent à tout régler par des coups de poing… »
Sa voix s’est faite plus grave pour l’exhortation finale : « Il faut faire en sorte que les étapes à venir se fassent dans la cohésion, la paix et dans le respect des règles démocratiques. » Chaque mot pesait son poids de mémoire et d’espoir.
Chaque voix compte, hier comme demain
Mais c’est dans sa conclusion que Bah Oury a peut-être livré son message le plus fort, une leçon de démocratie élémentaire et essentielle. « Cette voix compte pour le oui, elle compte pour le non, et demain elle comptera pour monsieur ou madame X, ou monsieur ou madame Y. »
Une phrase simple, qui résume l’enjeu fondamental : la voix de chaque Guinéen, quelle que soit sa couleur politique, doit être « protégée et consacrée ». C’est là, a-t-il estimé, le socle de la refondation de l’État, la condition sine qua non pour que « la sécurité et la paix civile continuent de régner dans notre pays ».
Dans la salle, le silence était éloquent. Le message était passé. À quelques semaines d’une présidentielle cruciale, le gouvernement semble vouloir jouer la carte de la transparence. Reste à savoir si, sur le terrain, les acteurs entendent raison.
