CONAKRY – Le lundi 3 novembre, alors que les portes de la Cour suprême se fermaient sur la période de dépôt des candidatures, un constat s’imposait : la présidentielle du 28 décembre se jouera sans une grande partie de ses têtes d’affiche habituelles. Une page se tourne, laissant place à un paysage politique redessiné, où les absences parlent aussi fort que les présences.
Les présents et les fantômes
Ils étaient là, sous les projecteurs. Le Général Mamadi Doumbouya, chef de la transition, a officialisé son entrée en lice dans un apparat calculé. À ses côtés, des noms familiers de la scène politique – Oumane Kaba, Lansana Kouyaté, Faya Millimouno – ont déposé leurs dossiers, espérant incarner une alternative.
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Mais dans ce tableau, les silhouettes manquantes creusent un vide saisissant. Où est Cellou Dalein Diallo, l’opposant historique, contraint à l’exil ? Où est Sidya Touré, pourtant réhabilité, mais désormais frappé par la nouvelle barrière constitutionnelle des 80 ans ? Leurs noms, qui ont rythmé les joutes électorales des deux dernières décennies, brillent ce jour par leur absence.
Les exclus du jeu politique
Les absences ne sont pas seulement le fait de l’exil ou de l’âge. Elles sont aussi le résultat de sanctions administratives et de recompositions stratégiques. Le RPG Arc-en-ciel, l’ancien parti au pouvoir d’Alpha Condé, reste suspendu par le ministère de l’Administration du Territoire. Son silence est celui d’une machine politique mise sous cloche.
Quant à Mamadou Sylla, l’ancien chef de file de l’opposition qui avait contesté le troisième mandat d’Alpha Condé en 2020, il renonce à son tour. Son parti, l’UDG, a évoqué des matériels de campagne bloqués à la frontière. Une explication qui cache peut-être une lecture plus stratégique d’un contexte devenu hostile.
L’incertitude persiste
Pour les candidats qui ont franchi le premier obstacle du dépôt de dossier, rien n’est encore gagné. La Cour suprême, gardienne de la constitutionnalité du processus, doit maintenant examiner chaque candidature avec une loupe juridique. Des invalidations restent possibles, susceptibles de modifier une dernière fois la physionomie de la course.
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Cette présidentielle se dessine ainsi comme un moment de bascule. Elle n’opposera pas les figures qui ont structuré la vie politique guinéenne depuis des années. À la place, elle offre l’image d’une arène recomposée, où de nouveaux visages tentent de s’imposer sur les ruines d’un ancien système. Le scrutin du 28 décembre ne sera pas seulement un vote pour un président, mais un référendum sur cette nouvelle donne.
