La Maison de la presse de Conakry a servi de cadre, ce jeudi 23 octobre, à une révélation qui pourrait faire date. Amnesty International y a présenté un rapport accablant sur les conditions de travail au sein de la Société guinéenne de palmiers à huile et d’hévéa (SOGUIPAH). Fabien Offner, chercheur pour l’organisation en Afrique de l’Ouest, n’a pas mâché ses mots en détaillant les manquements observés.
Des salaires en dessous du minimum légal
Le constat le plus frappant concerne la rémunération. « Le SMIC, révisé en 2022 à 558 000 francs guinéens, n’est pas appliqué à la SOGUIPAH », a affirmé le chercheur. Preuves à l’appui, l’organisation a examiné des dizaines de bulletins de paie montrant que les travailleurs perçoivent des salaires inférieurs au seuil légal. Cette situation viole directement l’article 241 du Code du travail guinéen.
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Le rapport aborde également d’autres abus. Amnesty International a documenté des expulsions forcées de travailleurs et des restrictions à la liberté d’expression dans l’entreprise publique. Ce tableau sombre contraste avec les engagements internationaux que la Guinée a ratifiés.
L’État guinéen face à ses responsabilités
Face à ces révélations, Habibatou Gologo, directrice adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest, a rappelé la mission de l’organisation : « Notre rôle est d’attirer l’attention des acteurs concernés ». Elle a souligné que dans d’autres pays, les campagnes de l’ONG ont entraîné des réactions positives des autorités.
L’organisation a formulé des recommandations précises à l’État guinéen. Au-delà du respect du SMIC, Amnesty International demande que les travailleurs de la SOGUIPAH et les producteurs familiaux perçoivent une rémunération garantissant une vie décente.
Le ballon est désormais dans le camp des autorités. Accepteront-elles de jouer pleinement leur rôle de régulateur et de garantir le respect des droits des travailleurs ? La réponse pourrait marquer un tournant dans les relations entre pouvoir public et entreprises d’État en Guinée.
