Quatre ans après la prise du pouvoir par l’armée, le gouvernement guinéen dresse un bilan contrasté de sa transition. Face aux investisseurs réunis ce mercredi à Conakry, le ministre du Budget Facinet Sylla a célébré la « stabilité politique » retrouvée sous l’égide du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).
« Depuis le 5 septembre 2021, notre pays s’est engagé dans un processus de refondation. Sous le leadership du général Mamadi Doumbouya, la Guinée a retrouvé la stabilité politique », a déclaré le ministre, évoquant « un climat de sérénité propice aux investissements ».
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Un plébiscite en terrain miné
Preuve de cette normalisation, selon le pouvoir : le référendum constitutionnel du 21 septembre dernier, adopté à 89,38 % avec une participation officielle de 86,42 %. Les chiffres donnent le vertige : plus de cinq millions de « Oui » contre 610 000 « Non ». Mais cette consultation s’est déroulée dans un contexte particulier. Pendant la campagne, l’espace médiatique était contrôlé, les manifestations interdites. L’opposition historique avait choisi le boycott, dénonçant un processus verrouillé.
« Nous qui sommes des acteurs, nous savons tous ici qu’avant, l’élection était synonyme de chaos, de paralysie, de victimes, de sang versé », a relativisé Facinet Sylla. « Pour la première fois, nous avons fait des élections sans aucune victime, sans effusion de sang. Je pense que cela mérite d’être salué. »
La présidentielle de décembre en ligne de mire
Le lendemain de la promulgation de la nouvelle Constitution, le président Doumbouya a fixé la prochaine échéance : l’élection présidentielle se tiendra le 28 décembre 2025. « Cette stabilité politique qui est l’œuvre du Général Mamadi Doumbouya, je dirais même son principal achievement », a souligné le ministre du Budget.
Stabilité politique, dividendes économiques ?
Selon Facinet Sylla, cette stabilité a des retombées concrètes. « Cet afflux des investissements directs étrangers a eu un effet de ruissellement sur tous les secteurs socio-économiques du pays », a-t-il assuré, citant la création d’emplois et l’amélioration des infrastructures.
Pourtant, derrière les annonces optimistes, une autre réalité persiste. Alors que le pouvoir vante une transition apaisée, ses détracteurs dénoncent un régime autoritaire qui muselle toute contestation. La campagne pour la présidentielle de décembre s’annonce comme le véritable test de cette stabilité tant célébrée – et de sa légitimité réelle auprès des Guinéens.
