Présidentielle guinéenne : stabilité ou transformation, deux visions face à face

À Labé, dans la cité de Karamoko Alpha Mo, le ton est grave, presque solennel. Le Premier ministre Amadou Oury…

Journal de Conakry

À Labé, dans la cité de Karamoko Alpha Mo, le ton est grave, presque solennel. Le Premier ministre Amadou Oury Bah prend la parole comme on défend un cap. Face aux journalistes, il raconte la transition guinéenne comme une œuvre encore inachevée, fragile, qu’il faudrait à tout prix protéger.

Il ne nie rien. Oui, le général Mamadi Doumbouya et les membres du CNRD avaient promis de ne pas se présenter. Oui, l’engagement était clair. Mais, selon lui, l’histoire d’un pays ne se gouverne pas à coups de promesses figées.

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« Dans la gestion d’un État, ce sont les intérêts supérieurs de la nation qui priment », martèle-t-il.

Le récit qu’il déroule est celui d’un tournant historique : Simandou enfin lancé, des réformes de gouvernance engagées, une économie en transformation. Pour Bah Oury, arrêter maintenant serait un risque. Continuer devient alors, à ses yeux, une obligation nationale.

Trois raisons justifient cette candidature controversée : consolider les acquis, répondre à une aspiration populaire née des changements visibles, et surtout préserver la stabilité d’une sous-région ouest-africaine en pleine turbulence.

Dans ce récit, la Guinée est présentée comme une digue. Un rempart contre le chaos régional. Et Mamadi Doumbouya, non comme un homme en quête de pouvoir, mais comme un garant de l’ordre et de la continuité.

À Kaloum, le candidat lui-même salue ses équipes. La campagne est rodée, disciplinée, confiante. Le mot d’ordre est clair : proximité, écoute, victoire. La machine est en marche.

De l’autre, la promesse d’une rupture par la terre

À des centaines de kilomètres de là, à Nzérékoré, le décor change. Ici, pas de discours sur la stabilité régionale ou les équilibres géopolitiques. Abdoulaye Yéro Baldé parle de pluie, de terre, de cacao et de café.

Devant ses militants, le candidat du FRONDEG dessine une autre Guinée. Une Guinée qui nourrit ses enfants grâce à ses régions. Une Guinée qui transforme ce qu’elle produit au lieu d’exporter à l’état brut.

« Cette région peut nourrir toute la Guinée », lance-t-il, en désignant la forêt qui l’entoure.

Son récit est celui d’un potentiel gaspillé. Neuf mois de pluie, des terres fertiles, mais aucune usine. Pour lui, le problème n’est pas l’absence de ressources, mais l’absence de vision industrielle.

Là où le camp présidentiel parle de consolidation, Baldé promet la transformation. Des unités industrielles à Nzérékoré, une économie décentralisée, une gestion rigoureuse des ressources nationales.

Il se présente comme l’homme des régions, celui qui part du terrain pour bâtir l’État. Sa campagne est plus modeste, mais se veut enracinée, concrète, presque pédagogique.

Deux Guinée, un choix

À moins de deux semaines du scrutin du 28 décembre, la présidentielle guinéenne se dessine comme un choix clair.

D’un côté, Mamadi Doumbouya incarne la continuité d’une transition présentée comme salvatrice, au nom de la stabilité et des réformes engagées. De l’autre, Abdoulaye Yéro Baldé propose une rupture économique par l’agriculture, l’industrialisation locale et le développement régional.

Deux récits. Deux visions.
La Guinée de la consolidation contre la Guinée de la transformation.

Le verdict, lui, appartient désormais aux urnes.

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