Les journalistes guinéens ont célébré ce 03 mai la journée mondiale de la liberté de presse. Pour la première fois , le président de la République est venu accompagné la presse dans cette célébration . Alpha Condé n’a pas manqué de fustiger le classement de Reporters Sans Frontières. À cette occasion , les associations de presse du pays ont donné leur point de vue sur l’exercice du métier en Guinée et se sont prononcés sur le discours du président de la République .
Sanou Kerfala Cissé président de l’union des radios et télévisions libres de Guinée (URTELGUI)
Le 03 mai pour l’ensemble des professionnels de la communication du monde entier constitue un moment de retrouvailles, de joie , un moment où on met sur la table tout ce qu’on a comme tares, tout ce qu’on a comme difficultés, pour pouvoir aplanir nos différents déséquilibres auxquels la presse dans son ensemble est confrontée pour pouvoir faire de la presse guinéenne une presse responsable et compétitive. Je vais lancé un appel aux journalistes guinéens : J’ai constaté depuis bientôt 4 ans, les journalistes guinéens notamment qui exercent dans les radios au lieu d’être des journalistes deviennent des procureurs de la République . Tout journaliste débatteur dans un studio qui n’arrive pas à coller son invité n’est pas satisfait. Le journaliste a pour but de tirer des informations de son invité. Pour la quasi-totalité des journalistes qui font des débats dans des émissions débat dans des radios ne donnent même pas la possibilité, le temps à l’interviewé de s’exprimer donc il faut que cette pratique cesse. Il faut que nous descendons sur la planète terre . Nous sommes des journalistes et nous ne pouvons pas réinventer cette profession.
Amadou Tham Camara Directeur de la maison de la presse et président de l’association guinéenne des éditeurs de la presse en ligne (AGUIPEL).
Nous respectons le point de vue du président de la République mais l’ONG Reporters sans frontières est indépendante donc elle est libre de faire son classement. Les patrons de presse ne sont pas consultés . L’année 2017 a été difficile pour la presse. Il y a eu des journalistes qui ont été interpellés et mis en garde à vue . Il y a des radios qui ont été fermé. C’est tout cela qui n’a pas contribuer à donner une bonne image du pays. Une presse qui est mal notée c’est une démocratie qui est mal notée. Et le président en tant que garant de cette démocratie il peut ne pas être content. Ce n’est pas la faute à la presse guinéenne.
Hassane Kaba Journaliste, Directeur général de la maison de la presse
Il y a certes eu des progrès mais n’empêche qu’il y a des combats. Il y a des menaces qui se présentent aujourd’hui au niveau de la presse. Une liberté n’étant jamais totalement acquise c’est une lutte de longue haleine , une lutte permanente. Humblement, en tant que professionnel de la communication, je dis que l’ONG Reporters Sans Frontières a ses critères et sa façon de travailler. Il y a une liberté de ton qui existe chez nous en Guinée qui n’est pas le cas dans beaucoup d’autres pays. Il y a des pays dans la sous région, où lever le ton, ou manquer de respect au chef d’État, le journaliste est toute suite poursuivi. Liberté de presse ne veut pas dire forcément absence de détention de journalistes dans les prisons. La liberté c’est la possibilité pour les journalistes de pouvoir évoluer économiquement. Il faut que les journalistes soient à mesure d’entretenir sa famille. Si vous avez des journalistes avec les ventres. Quelle liberté voulez vous pour ce journaliste? Les entreprises de presse ne sont pas des entreprises ordinaires. Ce sont des entreprises qui évoluent sur un terrain très sensible. C’est pourquoi il est très important que le combat économique soit gagné. J’ai toujours reproché à Reporters Sans Frontières, de ne pas consulter les hommes de médias guinéens avant de faire leur classement. Malheureusement, on ne remarque même pas leur présence dans le pays sauf quand ils rendent public leur rapport. Je ne doute pas de la fiabilité de ces résultats mais je sais que dans notre pays il existe une liberté de ton qu’on ne peut pas avoir au Sénégal par exemple.