En 2010, lors de sa prestation de serment, Alpha Condé qui prenait en main les destinées d’un pays qui se cherchait encore, déclarait s’efforcer être le Nelson Mandela de la Guinée. Sacrée promesse. Ultime défi.
En 2021, plus précisément au mois juillet, il aurait déclaré selon un journal de la place, je cite encore : « Je considère Felix comme un fils parce que j’étais très lié à son père. J’ai voulu que lui Katumbi et Mbemba travaillent ensemble pour le bonheur du Congo. Parce que son père a été un symbole. A un moment donné, on a rêvé qu’il (Etienne Tshisekedi) joue le rôle de Mandela. C’est-à-dire qu’on le soutienne pour qu’il fasse un mandat qui lui permet de mettre l’ordre au Congo, de créer une situation démocratique, mais Dieu n’a pas voulu. Quand son fils est devenu président, ça a été une fierté pour nous ». Fin de citation.
Plus de onze ans, après l’aveu d’échec est pathétique. La farce est totale. L’aveu d’échec implicite est ici sans équivoque. C’est clair dans la tête de koro lui-même qu’il a échoué même si pour nous autres citoyens lambda cet échec n’est pas nouveau.
Tout a été fait pour que lui-même Don Alpha soit ce qu’il avait promis ou déclaré vouloir être : « Le Nelson Mandela de la Guinée ». Et comme le ridicule ne tue pas, Don Alpha s’aventure même jusqu’à dire : « C’est-à-dire qu’on le soutienne pour qu’il fasse un mandat qui lui permet de mettre l’ordre au Congo, de créer une situation démocratique… ».
Qu’est-ce qui l’en a empêché lui-même qui voulait se revendiquer Mandela ? Un seul mandat pour le vieux-père Tshisekedi. En même temps, trois mandats pour le vieux Don Alpha ? Cela lui paraît-il si juste ? Un pour toi et trois pour moi ? Du sacré Alpha. Pourtant, ce n’est pas faute de conseils de la part des plus dignes et fiables citoyens du monde (les Guinéens, les Africains, les Occidentaux et même peut-être quelques Orientaux . Qui sait ?)
Ce n’est pourtant pas faute de pression et de résistance. Les Guinéens, dans leur majorité , ont résisté. Ils ont marché, protesté, dénoncé et même trop enduré pour ce fameux troisième mandat de Don Alpha au prix de leurs vies. Nous avons été gazés, blessés par balles pour les plus chanceux. Nous avons été embastillés, torturés sans jamais être jugés par une justice impartiale pour les moins chanceux. Et nos héros sont tombés sous les balles des bidasses ou de la torture en prison. Nous ne les oublierons jamais. Sans oublier nos exilés.
Tout ceci ne peut aucunement relever de l’œuvre d’un Mandela. Fût-il celui guinéen. Nelson Mandela est un symbole universel que l’on doit éviter d’associer aux œuvres sataniques.
Nelson Mandela est par essence le sens élevé de l’humanisme, du pardon, de la grandeur d’âme, de l’unité dans l’action et non la parole. Autour de lui, les sud-africains se sont unis à son vivant et continuent de clamer son héritage. À sa mort, le monde l’a pleuré et a couru vers son corps pour l’honorer.
Cela n’est pas donné et ne peut être donné à celui qui emprisonne toute voix contestataire. À celui qui exile et tue sans coup férir tous ceux-là qui ne se soumettent pas à son desiderata. Les tout-nouveaux anciens temporaires pensionnaires de la maison centrale se demandent toujours ce dont ils sont coupables pour mériter plus de huit mois de prison sans procès.
Étienne Soropogui et Foniké Manguè, entre autres, eux paient encore la forfaiture de l’anti Mandela. Je leur dis toute mon admiration pour la dignité et la bravoure avec lesquelles ils font face à cette injustice dans le pays de celui qui affirmait s’efforcer à devenir le Nelson Mandela de la Guinée.
Mandela, c’est le contraire de votre recette Don Alpha.
Boubacar BARRY
Citoyen Guinéen pour une alternance en Guinée