Certes, les hommes ronflent plus que les femmes, qui bénéficient de leurs hormones… Mais elles peuvent aussi souffrir de ce problème, notamment à la ménopause ou durant la grossesse. Des solutions mécaniques et chirurgicales existent.
Gênant vis à vis du conjoint, perturbant pour le sommeil… dans les cabinets ORL, les femmes se plaignent de plus en plus de leurs ronflements « Depuis une quinzaine d’années », précise le Dr Gilles Ayoun, à l’Institut français de chirurgie du nez et des sinus. La première raison, c’est l’information : elles n’ont plus honte de dire qu’elles ronflent et prennent conscience que cela peut être une pathologie. « On observe aussi une hausse du tabagisme féminin, une libération de la consommation d’alcool et un régime alimentaire trop gras… ». Autant de facteurs qui favorisent ce trouble, dû à un rétrécissement du passage de l’air dans la gorge.
Le rôle protecteur des œstrogènes contre les ronflements
Néanmoins, les femmes gardent un atout : leurs hormones. Les œstrogènes protègent les fibres élastiques, au niveau du voile du palais et du pharynx. Mais lorsqu’arrive la ménopause, leur taux baisse. Et des ronflements peuvent alors apparaître. De façon transitoire, certaines femmes ressentent aussi une gêne en fin de grossesse. « La capacité respiratoire diminue, reprend le Dr Gilles Ayoun. L’expansion du diaphragme est plus difficile. La pression intranasale augmente à cause des récepteurs hormonaux qui s’y trouvent ». Ce phénomène prend fin après l’accouchement. Quoi qu’il en soit, un ronflement ne doit pas être pris à la légère et nécessite une consultation chez un spécialiste.
Le médecin ORL cherche à répondre à trois questions:
Quelle est la gravité du problème ? S’agit-il d’un simple problème social ou d’une pathologie médicale avec apnée du sommeil ? Dans ce dernier cas, les risques cardio-vasculaires, de diabète et d’hypertension augmentent.
Quelle est l’origine des ronflements ? Le bruit vient-il d’une obstruction du nez, de la base de la langue, du voile du palais ou simplement de grosses amygdales ?
Quels sont les possibles facteurs aggravants ? Enfin, le médecin s’interroge sur les facteurs aggravants (surpoids, alcool, tabac, etc.), avant de soumettre des solutions.
Le traitement par radiofréquence, efficace mais à renouveler
« Souvent, pour les femmes, nous observons un voile court et peu tendu, détaille le Dr Gilles Ayoun. Nous proposons alors de la radiofréquence : les aiguilles produisent des micro-brûlures et la cicatrisation va retendre le voile ». Sous anesthésie locale, avec un anxiolytique pour éviter tout mouvement involontaire, ce traitement ne dure qu’un quart d’heure et la récupération quelques jours – pas plus d’une semaine. En revanche, les effets s’estompent avec le temps et l’opération doit être renouvelée tous les trois à cinq ans. L’Assurance maladie ne prend pas en charge le traitement par radiofréquence. « Il faut compter 800 euros environ », précise le spécialiste.
Le port de gouttière pour libérer de l’espace
Il peut aussi être prescrit une orthèse d’avancée mandibulaire, moins pratique mais remboursée en cas d’apnée du sommeil. Cette gouttière, placée dans la bouche, fait avancer la mâchoire inférieure, dégage de l’espace et tend le voile du palais. À porter toutes les nuits.
En amont, en fonction du problème identifié, le médecin recommandera éventuellement d’autres traitements chirurgicaux : ablation des végétations ou des amygdales, correction de déviation de cloison nasale, etc. Mais, pour un ronflement modéré, une meilleure hygiène de vie suffit parfois à estomper le ronflement. En cas de kilos en trop, notamment, comme l’explique le Dr Gilles Ayoun : « Une infiltration graisseuse de la partie arrière de la langue est responsable, par son augmentation de volume, de l’obstruction. Celle-ci disparaît naturellement avec la perte de poids ».