Le ministre béninois du Tourisme, de la Culture et des Sports, Oswald Homeky, estime que les biens culturels sont une partie des africains, et constituent l’essence même de l’histoire africaine.
Dans son allocution à l’ouverture, le mardi 9 avril 2019, à Cotonou, au Bénin, de la réunion des directeurs du patrimoine culturel et des musées de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), M. Homeky a loué et rappelé la demande formulée par son pays pour le retour des biens issus de son unique et riche patrimoine culturel historique. Pour lui, cette demande n’est pas une victoire du Bénin, mais plutôt la reconnaissance des efforts des leaders africains, conscients des enjeux politiques et des valeurs culturelles et identitaires fortes de ce patrimoine. « Le Bénin doit pleinement assumer son rôle de leader sinon de pionnier dans cette démarche que je souhaite commune, sinon concertée des Etats de notre espace commun. Mon pays, le Bénin pourra, je l’espère, partager son expérience ô combien exaltante lors de cette réunion de Cotonou, avec l’ensemble des participants », a déclaré M. Homeky.
Pour sa part, le commissaire chargé de l’Education, de la Science et de la Culture de la commission de la CEDEAO, Prof Leopoldo Amado, a plaidé pour que les propositions qui seront formulées permettent la mise en œuvre d’une action régionale conséquente, sans pour autant compromettre les efforts déjà engagés. « Et en cela, il faudrait que les propositions qui vont constituer ce plan d’actions régional, tant attendu par les chefs d’Etat, soient des propositions concrètes à court, moyen et long termes ; des propositions pour l’intérêt régional, avec une répartition des responsabilités aussi bien au niveau des Etats qu’au niveau de la Communauté », a indiqué M. Amado. S’exprimant au nom du président de la commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, il a insisté sur la nécessité pour les uns et les autres de s’unir pour définir un mécanisme devant contribuer au retour dans leurs pays d’origine du patrimoine culturel des pays africains hors du continent, afin de reconstituer le patrimoine culturel régional.
Cette réunion se propose aussi d’identifier les conditions pratiques sur la problématique de retour de ces biens, de faire le point des démarches menées par ces pays dans le processus de retour de leurs biens culturels. Il s’agira également pour les participants de faire la cartographie des biens culturels africains des Etats membres de la CEDEAO conservés dans les pays occidentaux ; de procéder au diagnostic de la conservation et de la protection du patrimoine culturel de ces Etats ; de proposer des actions conjointes devant permettre d’adopter une démarche régionale pour le retour des biens culturels, et de définir la stratégie de conservation des biens une fois retournés dans leurs pays d’origine. En décembre 2018, à Abuja, au Nigeria, les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont adopté une Déclaration politique sur le retour des biens culturels africains dans leurs pays d’origine.
Dans cette Déclaration, les dirigeants ouest-africains ont instruit la Commission de la CEDEAO à leur proposer à leur prochaine session, un plan d’actions régional pour le retour de ces biens. Dans cette perspective, la Commission a élaboré un projet de plan d’actions régional. Toutefois, avant de le soumettre aux chefs d’Etat, il devrait être validé par les directeurs du patrimoine culturel de l’espace communautaire, et approuvé par les ministres de la culture des Etats membres ; d’où l’intérêt de la rencontre de Cotonou. En dehors de la finalisation du projet de plan d’actions régional, la réunion examinera également la feuille de route sur le retour des biens culturels, avec un accent particulier sur l’examen du contexte, des contraintes et des défis, sans oublier les orientations, les axes et les objectifs stratégiques et les actions à mettre en œuvre.