Le journaliste Amadou Diouldé Diallo libéré

Le  journaliste et historien guinéen, Amadou Diouldé Diallo recouvre sa liberté après environ trois mois de détention à la Maison centrale de Conakry.

Le verdict dans le procès du journaliste et historien Amadou Diouldé Diallo vient de tomber. Il a été condamné au paiement d’une somme de cinq millions de francs guinéens et remis en liberté, ce mercredi 19 mai 2021.

Arrêté le 27 février 2021, détenu et jugé pour « outrage au chef de l’État », notre confrère vient d’être libéré par le tribunal de première Instance de Dixinn.

Plusieurs voix se sont élevées en Guinée et à l’étranger pour dénoncer son emprisonnement, en violation de la loi L002 portant liberté de la presse en Guinée. En effet, cette loi ne prévoit pas de peine privative de liberté pour les délits commis par voie de presse. Pourtant, les propos d’Amadou Diouldé qui sont incriminés ont été tenus dans une émission de radio.

 

Droits humains en Guinée : voici la liste complète des personnalités sous menace de sanctions européennes

Voici la liste complète des personnalités guinéennes dont les noms auraient été transmis par une trentaine de députés européens à Joseph Borell, président de la commission européenne, comme étant de hauts responsables impliqués dans des actes de violation de droits humains en Guinée. 

Liste ci-dessous !

 

 

Réaction du gouvernement suite à la diffusion d’une liste de « personnalité guinéenne à sanctionner par UE »

Communiqué du Gouvernement Guinéen

Une liste de personnalités Guinéennes qu’un groupe de députés européens voudraient voir « sanctionner » par l’union européenne pour des faits loin d’être établis, circulent allègrement dans les médias , à des fins de propagande, certainement.  Car, la réponse du Haut Représentant de l’institution européenne auquel la « requête » a été adressée est claire et explique sa position qui, loin d’être coercitive et dogmatique, rappelle la tradition de dialogue et de concertation entre l’Europe et la Guinée.

A ce jour, la Guinée poursuit les consultations habituelles et suivies avec son partenaire Européen par les canaux diplomatiques connus de tous. Et, comme il est de règle dans les relations internationales,  chaque partie respecte la souveraineté de l’autre et reste aussi à l’écoute sans le moindre préjugé  pour comprendre ses préoccupations et en tenir compte dans l’analyse de toutes les situations.

Dans toutes les démocraties, chacun est libre de ses convictions,  a le droit d’exprimer ses opinions et d’avoir des sympathies politiques. L’État Guinéen croit à la liberté d’expression, même, avec les excès qui l’accompagnent.

Et, il ne peut assimiler les prises de positions des uns et des autres fractionnaires à un discours officiel ou aux décisions des États ou d’institutions internationales.  Un amalgame volontaire pour distraire l’opinion publique ou laisser croire à des légitimités acquises.

La Guinée, est certes ouverte au monde et coopère avec tous les États et institutions internationales, mais demeure jalouse de son indépendance, chèrement acquise,  et revendique comme tous les peuples du monde son droit à l’auto-détermination,  à choisir son chemin et à décider librement de son destin.

L’État Guinéen, comme tous les États du monde, est engagé à défendre ses institutions,  sa sécurité intérieure et extérieure dans le respect des libertés publiques et des Droits démocratiques.  Une mission régalienne confrontée à de nombreuses tentatives et velléités de remettre en cause l’ordre constitutionnel et des visées de changements inconstitutionnels de régime. Les violences déplorées au cours d’événements et de manifestations politiques en découlent et méritent d’être analysées sans passions ni stigmatisation systématique d’acteurs responsables et conséquents, érigés en bouc-émissaires  parfaits pour être jeté en pâture à une opinion crédule ou de partenaires de bonne volonté.  La vérité est à ce prix, la justice aussi.

Tibou Kamara,

Ministre D’État,  Conseiller Spécial,  Ministre de l’Industrie et des PME,  Porte-parole du Gouvernement.

Fait à Conakry, le mardi 18 mai 2021.

Décès d’une femme à l’hôpital de Kankan : le gouvernement donne enfin sa version

Le Gouvernement,  informé du décès d’une patiente, madame Kandé Mariame, dans des circonstances jugées contraires à l’éthique médicale et au sacro-saint serment d’Hippocrate a diligenté une enquête pour éclairer l’opinion publique.
Le Chef de l’État,  son Excellence Professeur Alpha Condé, le Premier ministre ainsi que le Gouvernement,  présentent leurs condoléances les plus attristées à la famille éplorée, lui expriment leur solidarité et s’engagent à ce que la vérité soit établie et que justice soit aussi rendue.
Les investigations menées ont établi les faits suivants :
Madame Kandé Mariame , âgée de 30 ans, a été admise à la maternité de l’hôpital régional de Kankan,  le 13 mai .  Elle souffrait de ces maux : Aménorrhée de deux mois, douleur pelvienne, perte liquidienne.
Le diagnostic,  a révélé : une grossesse de 12 semaines avec menace d’avortement, selon le résultat de l’échographie du 15 mai, montrant un fœtus non viable.
Le dossier,  fait état d’un suivi médical et paramédical de 3 jours.
Le 16 mai, à 4h du matin, Madame Kandé Mariame est malheureusement décédée , par suite de complications.
Suite à ce décès , le Directeur Régional de la santé par intérim, a convoqué une réunion d’urgence à l’hôpital régional le 17 mai.
La réunion,  a regroupé toutes les parties prenantes , afin de reconstituer les faits pour la manifestation de la vérité.
Après avoir écouté , la sage-femme, le médecin chef de la maternité et le représentant de la famille,  il a été établi les faits qui suivent :
– La sage-femme , aurait demandé la somme de 700.000 gnf à la famille de la patiente, au titre de la prise en charge, mais qui n’a pas été acquittée.
– Le médecin chef, informé de la situation,  a rassuré la famille qu’elle n’avait pas à payer les soins sollicités.
-Une négligence dans le suivi médical de la patiente le 15 mai, correspondant au jour de garde de Madame Fatou Camara, sage-femme, de son état.
– La famille soutient que la  négligence coupable n’est imputable qu’au défaut de payement pour la prise en charge.
A la suite des explications données, par toutes les parties, les autorités sanitaires,  ont pris les décisions,  ci-après :
– une note de suspension du chef de la maternité et de la sage-femme de leurs fonctions,  Dr Mamadi Souaré et Madame Fatou Camara, respectivement.
– La mise à disposition des personnes incriminées à la police pour des fins d’enquête.
Le Gouvernement,  suivra de près l’évolution de l’instruction en cours de cette affaire dramatique.
C’est le moment de rappeler à l’intention de tous, la volonté et la détermination inébranlables du Chef de l’État,  son Excellence Professeur Alpha Condé et de son équipe gouvernementale dirigée par Dr Ibrahima Kassory Fofana,  à ne pas faire de concessions ni tolérer la complaisance pour tous les manquements et les fautes professionnelles dans le service public,  en particulier, ceux dont dépendent la vie et la santé des populations.
Tibou Kamara,
Ministre d’État,  Conseiller Spécial du Président de la République,  Ministre de l’Industrie et des PME,  Porte-parole du Gouvernement.
Fait à Conakry,  le mardi 18 mai 2021.

Libération des détenus politiques : le ministère de la Justice répond aux accusations des avocats

COMMUNIQUE DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE

Dans un communiqué publié sur les antennes de la télévision nationale le vendredi 7 mai 2021, le Gouvernement de la République de Guinée, par la voix de son porte-parole, s’est rejoui de constater des avancées majeures enregistrées dans l’instruction de certaines procédures judiciaires en cours devant les tribunaux.

Par le même communiqué, le Gouvernement a invité le Ministère de la Justice de tout mettre en œuvre pour que ces procédures aboutissent à un procès juste et équitable, et cela,  dans le strict respect du principe de la présomption d’innocence et de l’indépendance de la Justice.

Suite à ce communiqué, le Ministère de la Justice a été surpris de voir dans certains articles de presse, des réactions faisant état d’une prétendue mainmise de l’exécutif sur le pouvoir judiciaire au motif que toutes ces informations devraient être données par le procureur de la république, au lieu du Porte-parole du Gouvernement.

Dans le même ordre d’idée, ces commentateurs estiment que cette communication du gouvernement viserait à donner une crédibilité à ces procédures auprès de l’opinion, alors que, selon eux, les règles du jeu auraient été faussées dès le départ.

Face à ses critiques manifestement infondées, le Ministère de la Justice précise que toutes les informations fournies par le Porte-parole du Gouvernement ont été données par le Procureur de la République au Ministère de la Justice et transmises au Gouvernement par  son entremise.

Mieux, aucune règle de droit ne s’oppose à ce que le Porte-parole du Gouvernement porte à la connaissance du public de telles informations ne comportant aucune appréciation sur le bien-fondé des charges retenues contre les personnes mises en cause.

En tout état de cause, cette communication loin d’être une immixtion de l’exécutif dans les affaires judiciaires, relève plutôt du devoir d’information du Gouvernement à l’endroit des citoyens.

C’est le lieu de saluer les efforts du Porte-parole du Gouvernement ainsi que les innovations s’inscrivant dans la dynamique de l’amélioration de la qualité de la communication gouvernementale portant sur les sujets d’actualité nationale.

Fait à Conakry le 11 Mai 2021

 Conseiller Chargé de la Communication

Sékou KEITA

Libération de 40 détenus politiques : le collectif des avocats de la défense fait une annonce

Le collectif des Avocats de Mamadou Cellou Baldé, Ousmane Gaoual Diallo, El Hadj Ibrahima Chérif Bah, Abdoulaye Bah, Etienne Soropogui et autres a pris connaissance d’un communiqué en date du 07 mai 2021 par lequel le Gouvernement a annoncé que, dans le cadre de l’instruction du dossier relatif à l’attaque d’un train à Sonfonia, sur 17 personnes inculpées, 8 sont renvoyées devant le Tribunal pour être jugées et 9 autres ont bénéficié d’un non-lieu et immédiatement libérées.

Dans le second dossier, celui concernant Mamadou Cellou Baldé, Ousmane Gaoual Diallo, El Hadj Ibrahima Chérif Bah, Abdoulaye Bah, Etienne Soropogui et autres, 31 inculpés sur 80 ont bénéficié d’un non-lieu et remis en liberté tandis que 49 sont renvoyés devant le Tribunal en vue d’un jugement.

Il est mentionné dans ledit communiqué que « le Gouvernement note avec satisfaction que la procédure en cours se déroule dans la sérénité, dans le strict respect de l’indépendance consacrée de la justice et le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs dans un Etat de Droit et qu’il maintient sa posture qui consiste à faire entièrement confiance aux institutions nationales et se félicite que la justice  instruise toutes les affaires qui lui sont soumises dans la sérénité avec un professionnalisme exemplaire. Malgré les multiples pressions subies et les tentatives d’intimidation des magistrats qui ne doivent se soumettre qu’à la loi et n’écouter que leur conscience en suivant leur intime conviction. »

A travers une simple lecture de ces quelques lignes sans même prendre le soin de les analyser, tout observateur avisé se rend compte immédiatement que ce communiqué n’est rien d’autre qu’une maladroite tentative de crédibilisation d’une procédure judiciaire qui suscite des interrogations et des doutes au sein de l’opinion nationale et internationale.

En parlant de « professionnalisme exemplaire de la justice » et de « magistrats qui ne doivent se soumettre qu’à la loi et n’écouter que leur conscience en suivant leur intime conviction », le communiqué du Gouvernement se contente d’une déclamation, sans conviction aucune, de principes contenus dans les textes mais dont l’application souffre de graves entorses en raison des multiples formes d’immiscions de l’Exécutif dans les affaires judiciaires.

Il importe de noter d’ailleurs que les termes du communiqué gouvernemental sur le professionnalisme de la justice contrastent avec les déclarations du Premier Magistrat du pays qui ne manque aucune occasion de tancer vertement l’appareil judiciaire dont il dénonce les insuffisances et celles du Président de l’Assemblée Nationale qui soutient sans cesse que « la Justice guinéenne peine à rassurer les justiciables. »

D’ailleurs, le seul constat que l’annonce de la clôture de l’instruction préparatoire ait été faite par le Gouvernement et non par le Procureur de la République à qui la loi confère ce rôle, suffit à démontrer de la manière la plus éloquente l’ineffectivité, voire l’inexistence de la séparation des pouvoirs et jette un doute sérieux sur l’indépendance des Juges, particulièrement dans cette affaire.

Comment comprendre en effet que ce soit le porte-parole du Gouvernement qui annonce la fin de l’information judiciaire alors qu’on affirme à cor et à cri que le Pouvoir Exécutif s’interdit de s’immiscer dans le traitement des dossiers pendants devant la Justice ?

Aux termes de l’article 8 alinéa 3 du code de procédure pénale : « …le procureur de la République peut, d’office ou à la demande de la juridiction d’instruction ou des parties, rendre publics des éléments objectifs tirés de la procédure ne comportant aucune appréciation. »

En réalité, le Gouvernement a voulu faire uniquement de la communication pour la communication en perdant de vue qu’une procédure judiciaire obéit, en termes de communication, à des règles spécifiques qui s’accommodent très mal d’une communication purement politique.

En fin de compte, en voulant crédibiliser une procédure judiciaire qui en a véritablement besoin, on a contribué à la décrédibiliser davantage. Cette procédure ne pouvait d’ailleurs offrir aucune garantie de crédibilité.

En effet, dans un récent numéro du Journal « Jeune Afrique », le Président de la République s’est prononcé sur cette affaire en faisant des déclarations qui constituent non seulement une atteinte à la présomption d’innocence mais peuvent être également analysées comme une sorte d’orientation donnée aux Juges et une indication sur ce qui devait être la suite de l’instruction. Aucun Juge ne pouvait avoir le courage d’aller à l’encontre de ces déclarations en ce qui concerne les responsables politiques détenus.

En ce qui concerne la conduite même de l’instruction, elle a été émaillée de violations graves et manifestes des droits de la défense. Selon l’article 202 du Code de procédure pénale : « L’inculpé et la partie civile ne peuvent être entendus ou confrontés, à moins qu’ils n’y renoncent expressément, qu’en présence de leurs conseils ou ceux-ci dûment appelés. Mention de la renonciation doit être faite en tête du procès-verbal.

S’il réside au siège de l’instruction, le conseil est convoqué au plus tard l’avant-veille de l’interrogatoire par lettre recommandée ou par avis comportant l’un ou l’autre un accusé de réception. Lorsque le conseil ne réside pas au siège de l’instruction, ce délai est porté à 8 jours.

La procédure doit être mise à la disposition du conseil de l’inculpé 24 heures au plus tard avant chaque interrogatoire ou confrontation.

Elle doit également être remise à la disposition du conseil de la partie civile, 24 heures au plus tard avant l’audition de cette dernière… »

Ce texte permet aux inculpés de disposer du temps et des facilités nécessaires pour organiser leur défense en ayant accès au dossier de la procédure les concernant.

Dans la présente affaire, cela était d’autant plus nécessaire que la majorité des personnes concernées ont été raflées, conduites au niveau des commissariats de police ou des Compagnies Mobiles d’Intervention et de Sécurité (CMIS) et soumis à un interrogatoire sans la présence d’avocats. Or, l’essentiel des questions des Juges d’instruction était basé sur les procès-verbaux établis à l’enquête de police.

Les inculpés avaient donc le plus grand intérêt à connaitre le contenu de ces procès-verbaux. Fort malheureusement, le dossier de la procédure n’a jamais été mis à la disposition des avocats constitués, en violation flagrante de l’article suscité.

En dépit de toutes ses irrégularités, le collectif des avocats de la défense, en accord avec les détenus politiques, a décidé de poursuivre sa mission en assistant ces derniers. Cette démarche s’explique principalement par le fait que l’instruction préparatoire est terminée et que l’instruction définitive se fera à la barre à l’occasion d’un procès public que les détenus souhaitent juste et équitable.

En tout état de cause, le collectif des avocats de la défense garde l’espoir que la juridiction de jugement ne pourra fonder sa décision que sur des éléments de preuve qui seront apportés au cours des débats et contradictoirement discutés devant elle.

Conakry, le 10 mai 2021

Le Collectif des Avocats de la défense

Décès du procureur de Mafanco : un décès qui doit interpeller les magistrats (Sékou Koundouno)

Monsieur Lansana Sangaré, Procureur de la société près le Tribunal de Première Instance de Mafanco est décédé avant hier à Tunis dans un hôpital où il était admis pour une opération chirurgicale.

La nouvelle est dans toutes les conversations au sein de ce qu’il est devenu coutume d’appeler la famille judiciaire. Que Dieu dans son infinie miséricorde lui pardonne ses péchés et pardonne tous nos devanciers.

Entre Monsieur Lansana Sangaré et les acteurs politiques et de la société civile qui avaient à faire à son parquet comme Oumar Sylla alias Foniké Mengué responsable des antennes, de l’organisation et de la mobilisation du front national pour la défense de la constitution et tant d’autres, ce n’était pas le parfait amour. C’est le moins qu’on puisse dire.

Mais contrairement à ce que beaucoup pourraient imaginer, il n’est et ne sera pas question de se réjouir de cette mort. Ce n’est nullement conforme à nos traditions religieuses. Et d’ailleurs, on dit souvent que la mort est à la porte de tout le monde. Enrico Macias a dit dans une de ses chansons que ‘’la mort n’est pas une défaite’’.

Ce décès doit cependant interpeller tout le monde et en particulier les magistrats auxquels Dieu a donné le pouvoir de décider du patrimoine, de la liberté voire de la vie de leurs semblables. Ils ne peuvent pas se cacher toujours derrière des ordres pour prendre de mauvaises décisions. Même les magistrats du parquet (le procureur de la République et ses substituts, le procureur général et les avocats) disposent d’une certaine liberté bien qu’ils soient soumis à l’autorité du Garde des Sceaux, donc de l’Exécutif.

À fortiori, les magistrats du siège (les juges) qui sont censés juger en toute indépendance, n’ont aucune excuse pour rendre des décisions injustes contre leurs concitoyens. Ils doivent se rappeler qu’un jour, ils feront face au Juge Suprême. Le zèle, le militantisme aveugle ne doivent en aucun guider leur action. Malheureusement, beaucoup d’entre eux oublient souvent que le jour Jugement Dernier arrivera inéluctablement et que ce jour-là, ils seront seuls face à leur Créateur.

Sékou Koundouno
Responsable des stratégies et planification du FNDC
Membre UPEC-AFRIKKI
Membre Balai Citoyen

Des gendarmes au domicile d’Antonio Souaré : le ministère de la Défense apporte des précisions

Dans la nuit du dimanche 09 mai 2021, plusieurs pickups remplis de gendarmes ont été vus à proximité du domicile de l’homme d’affaires Antonio Souaré. Depuis, cette affaire suscite de vifs commentaires au sein de l’opinion publique.  le ministère de la Défense nationale, à travers un communiqué, daté du lundi 10 mai 2021 apporte des précisions.

Lire ci-dessous l’intégralité du communiqué publié par le ministère de la Défense nationale :

Dans la soirée du dimanche 9 mai 2021, les services de la gendarmerie ont procédé à des patrouilles dans la ville de Conakry  pour vérifier la présence d’éléments des forces de défense et de sécurité à des domiciles privés, sans y avoir été affectés dans le cadre de leurs missions régaliennes habituelles.

Ces descentes sur le terrain sont consécutives à des instructions, nombreuses et répétées des hiérarchies compétentes, de ne pas utiliser des hommes en uniforme voués au service public à des fins privées, à savoir la protection d’opérateurs économiques ou de particuliers et de leurs domiciles.

De même qu’il a été clairement indiqué,  plus d’une fois, les conditions d’utilisation de cortèges et de sirènes dans la circulation.

Malheureusement, le constat révèle que les mauvaises pratiques persistent, entamant ainsi la réputation des services de défense et de sécurité tout en causant des discriminations dans la société, sans compter les innombrables désagréments subis par les citoyens.L’équipe de la gendarmerie qui s’est rendue au domicile de M. Antonio Souaré a agi en application  de la décision de réglementer et discipliner l’utilisation de la force publique.  A cet effet, les personnels des forces de défense et de sécurité postés à son domicile ont été rappelés, sans incidents ni  violence.

Auparavant,  le Haut Commandement de la Gendarmerie nationale a essayé de contacter en vain Antonio Souaré pour l’informer des dispositions prises dans le cadre de l’exécution des instructions susmentionnées. A son domicile, malgré tous les efforts des agents, M. Antonio Souaré n’a pas voulu coopérer.

En tout état de cause,  les Etats-majors des forces de défense et de sécurité sont engagés à faire respecter l’honneur de l’uniforme et la discipline des troupes dans leurs différentes missions au service de l’Etat, des  institutions de la République et du peuple de Guinée.

Conakry, le 10 Mai 2021

Le ministère de la Défense nationale

Guinée : Alpha Condé sur les traces de Sékou Touré (Par Tierno Monénembo)

En décembre 2010, Alpha Condé est investi président de la République de Guinée, au terme une élection à rallonge. Cinq mois entre deux tours !  Du jamais vu ! Mais bon, la Guinée, venait de tenir son premier scrutin digne de ce nom, les apparences étaient sauves.

Les chantres de la démagogie et les gourous des cabinets de communication pouvaient y aller de leurs fanfares et de leurs superlatifs : « opposant historique », « premier président démocratiquement élu », « le Mandela de la Guinée » etc. Blasés de tout, les Guinéens n’y trouvèrent pas à redire.

« Une élection pure, c’est du domaine de l’utopie, se dirent-ils, surtout sous les doux cieux d’Afrique. Alpha a sûrement triché mais il a un avantage sur ses concurrents : il n’a collaboré avec aucun de ses prédécesseurs, ni avec Sékou Touré ni avec Lansana Conté. Il se pourrait bien qu’il nous offre un nouveau départ.»

Dans la tête du citoyen lambda, ce nouveau départ signifiait deux choses : restaurer les Droits de l’Homme gravement endommagés par ses prédécesseurs et surtout, améliorer les conditions de vie des Guinéens qui crèvent de faim alors qu’aussi bien sur le plan agricole que minier, leur pays est l’un des mieux dotés de la planète. On pensait naïvement qu’il s’y serait sérieusement attelé pour tourner la page de son élection contestée. On pensait naïvement qu’il aurait opéré une rupture avec le passé et sorti le pays du cycle maudit de la haine, de la misère et de la répression.

C’était bien mal le connaître !

Cet homme qui a sans doute lu Machiavel sait que « gouverner, c’est faire croire ». Longtemps, il nous a fait croire qu’il était un fervent panafricaniste, un démocrate, un révolutionnaire romantique opposé à toute forme de néo-colonialisme, toute forme de dictature, toute forme de  corruption. Et quand le souffle de la vérité a soulevé le voile qui recouvrait son visage, on a découvert que c’était un vieil ami des pires dictateurs du continent.

On a réalisé avec un désagréable haut-le-cœur qu’il avait de tout temps baigné dans le milieu interlope (journalistes, hommes d’affaire et politiciens) qui fait la pluie et le beau temps en Afrique, décide à sa guise de ce qui est vrai et de ce qui est faux. L’ancien leader de la Feanf dînait le soir avec les « chiens couchants de l’impérialisme », comme il se plaisait à appeler les chefs d’Etat africains alors qu’il avait passé la journée à les éreinter dans les meetings des amphis et dans les manifestations de rues. Docteur Jekyll et Mister Hyde ! Et depuis qu’il est au pouvoir, bien plus Hyde que Jekyll !

La semaine dernière, il n’a pas ressenti le besoin de cacher ses larmes lors des funérailles de son ami Idriss Déby, et pour cause ! Elle est révolue, l’heure du camouflage, tous les masques sont tombés. A présent, tout le monde connaît la nature réelle du sieur Alpha Condé : celle d’un despote de la même abominable trempe que Sékou Touré, Mobutu, Bokassa ou Macias Nguéma.

Lorsqu’en 1998, Lansana Conté l’a arrêté pour le motif futile de s’être offert une petite promenade du côté de la frontière ivoirienne, les démocrates de tous les pays se sont mobilisés pour exiger sa libération. Depuis, l’exercice du pouvoir a produit son effet : l’agneau est devenu loup. On ne peut cependant imaginer ces belles âmes regretter leur acte (un démocrate, un vrai ne regrette pas d’avoir fait reculer le rouleau compresseur de l’arbitraire). Elles éprouveraient tout de même une sérieuse envie de vomir si elles ouvraient les yeux sur ce qui se passe en ce moment à Conakry.

La corruption dépasse de mille bornes celle qui avait cours au temps du régime ignare et véreux de Lansana Conté. La répression est en passe d’égaler les années plus noires de Sékou Touré quand, au Camp Boiro, on torturait à plein temps et que chaque manguier de la ville avait son lot de pendus.

Les organisations des Droits de l’Homme estiment à 260 au moins le nombre de Guinéens fauchés dans les manifestations de rue depuis que « le premier président démocratiquement élu » a accédé au pouvoir. Elles estiment à 2 000 au moins, le nombre de blessés. Ce macabre bilan pourrait être bien plus lourd si l’on ajoutait les détenus morts en prison et les victimes des effroyables massacres de Womé, Zogota et Galapaya.

« Alpha Condé est une déception », a affirmé l’ancien président du Niger dont nous avons chaudement applaudi l’élégance avec laquelle il a quitté le pouvoir au terme de ces deux mandats. Mais non, Monsieur le Président, Alpha Condé n’est pas une déception c’est une catastrophe. Il a fermé une à une les vannes des acquis arrachés de haute lutte au régime de Lansana Conté. Il a bradé les mines au profit de sa famille et de son clan. Passée subitement de 15 000 000 t à 75 000 000 t, la production de la bauxite n’a pas pour autant impacté sur les conditions de vie du Guinéen. Les malades profitent de la nuit pour s’échapper des mouroirs que sont devenus les hôpitaux. Les écoles manquent de bancs, certaines n’ont même pas de toiture. Quant aux routes, ma foi…il faut 11 h pour parcourir les 300 km qui séparent Conakry de Mamou.

Les Guinéens savent qu’ils n’ont rien à attendre de ce côté-là. C’est une affaire de famille, le diamant, le fer, la bauxite et l’or. Seul lui et son fils (qu’il voudrait, dit-on, désigner comme successeur !) y ont un droit de regard.

Les pillages de nos minerais, les détournements des deniers publics, les prisons et les répressions sanglantes, les Africains y sont habitués tant du moins que cela vient des soudards et des illettrés. Le hic, c’est qu’Alpha Condé n’est ni un soudard ni un illettré. C’est un docteur en droit, paraît-il, un ancien professeur à la Sorbonne, paraît-il. Houphouët-Boigny se disait président-paysan ; eh bien, Alpha Condé, c’est le président-professeur ! Comment voulez-vous que notre cœur ne saigne pas quand notre président-professeur fait encore pire que les despotes qu’il a combattus dans ses jeunes années parisiennes ?

Un président-professeur qui a une lecture tout à fait primitive de l’Histoire. Terrible, cet homme ne sait pas évoquer la nation autrement que sous un angle tribal.

Ah, l’insondable fumisterie de l’intelligentsia africaine !

Tierno Monénembo
Ecrivain guinéen
Source :  Le Monde

Quinze morts dans un éboulement à Siguiri : le gouvernement fait une annonce

Ce week-end, une dizaine de personnes a péri dans l’éboulement d’une mine d’or à Siguiri, précisément à Tatakourou.

A travers un communiqué de presse , le gouvernement a présenté ses condoléances aux familles des victimes avant d’indiquer que des enquêtes seront menées.

Communiqué de presse

Le Gouvernement a appris avec une profonde affliction et un immense regret les événements douloureux survenus dans la journée de ce samedi 08 mai à Tatakourou, dans la sous-préfecture de Doko,  préfecture de Siguiri , suite à un éboulement dans une exploitation minière semi-industrielle.

De source sécuritaire, fait état de 15 décès et des blessés.

Monsieur le Président de la République,  son Excellence,  Professeur Alpha Condé,  au nom du Gouvernement,  du peuple de Guinée et en son nom personnel, présente ses condoléances les plus attristées aux familles éplorées et leurs proches, adresse ses vœux de prompt rétablissement aux blessés.

Il a instruit le Gouvernement de mener toutes les investigations pour déterminer les circonstances et causes exactes du drame et d’en tirer toutes les conséquences.

Fait à Conakry, le 08 mai 2021

Tibou Kamara,

Ministre d’État Conseiller Spécial,

Ministre  de l’Industrie, des PME et

Porte-parole du Gouvernement Guinéen