Les populations de Kipé 2 menacé d’être déguerpies

Après les habitants de Kaporo-rails, c’est un autre quartier populaire de Conakry qui est dans le collimateur d’Ibrahima Kourouma.

Les habitants du quartier kipé 2 risquent de subir le même sort que les populations de Kaporo-rails forcées à quitter leurs maisons sous la menace des bulldozers. Pour le moment l’affaire de Kipé 2 est actuellement pendante au niveau de la justice qui doit trancher prochainement. Pour les avocats des habitants de kipé 2,  en procédant au marquage des habitations, le ministre Kourouma agit en violation des lois dans un domaine litigieux.

D’après  l’Etat guinéen, le projet de déguerpissement de Kipé 2 résulte de l’application du décret 211 du 22 novembre 1989 qui prévoyait la construction du centre directionnel de Koloma. Pour les avocats des occupants de Kipé 2,  cette zone n’est pas citée comme réserve foncière de l’Etat. Par ailleurs ce décret prévoit des indemnisations aux habitants des zones foncières de l’Etat. Ce projet de démolition de Kipé 2 intervient alors que les habitants de Kaporo-rails sont livrés à eux-mêmes sans aucune indemnisation de la part de l’Etat.

 

Mine : fin de la guerre entre Beny Steinmetz et Alpha Condé

Après des années de bras de fer, Alpha Condé a finalement trouvé un accord avec le milliardaire Beny Steinmetz pour étouffer  l’affaire Simandou.

Selon l’accord signé entre  Beny Steinmetz  et Alpha Condé, le milliardaire abandonne ses poursuites contre la Guinée en échange du gisement du minerai de fer de Zogota. Le ministre guinéen des mines Abdoulaye Magassouba s’est réjoui de ce dénouement : « Nous sommes heureux qu’il y ait eu un règlement à l’amiable du différend avec BSGR, d’autant plus que la Guinée va récupérer le gisement de classe mondiale des blocs 1 et 2 de Simandou. »

Beny Steinmetz avait obtenu les blocs 1 et 2 de Simandou en 2006 en complicité avec l’épouse de l’ancien président Lansana Conté, Mamady Touré. Poursuivi en Israel pour corruption, Steinmetz avait perdu ses licences d’exploitation du site de  Simandou qui abrite les plus grands gisements de fer du monde. Cet accord devrait mettre fin à ce litige qui a duré plusieurs années. Sa signature intervient quelques jours après la visite éclair à Conakry de Nicolas Sarkozy qui a rencontré le président Alpha Condé. Sarkozy était porteur d’un message de Steinmetz dont il est ami de longue date.

Kindia : ils écopent de 20 ans de réclusion criminelle pour ‘’enlèvement’’

Les audiences criminelles se poursuivent au tribunal de première instance de Kindia, ce lundi 25 février certains accusés ont été fixés sur leur sort, dans les 7 dossiers criminels qui ont été examinés.

Parmi tous ces dossiers tranchés, seuls d’Abdoulaye Yansané et Alseny Yansané poursuivis pour enlèvement ont eu une lourde peine. « Le tribunal statuant publiquement, contradictoirement en matière criminelle et en premier ressort après en avoir délibéré conformément à la loi déclare, Abdoulaye Yansané et Alsény Yansané coupables d’enlèvement, les condamne à 20 ans chacun de réclusion criminelle. Les condamne au dépend, le tout par application de l’article 303 du code pénal et de l’article 548 du code de procédure pénale », a déclaré le président du TPI de Kindia, Amadou Cheikh.

Hormis ces deux hommes, d’autres personnes accusées dans d’autres affaires ont été aussi fixées sur leur sort. C’est le cas de la dame Makalè Traoré poursuivie pour délaissement d’un nouveau-né. Elle a été condamnée à 5 ans de réclusion criminelle. Abdoulaye Camara poursuivi pour viol sur une mineure de 16 ans a été condamné à 5 ans de prison avec une somme de 700 000 francs guinéens de dommages et intérêts. Facinet Bangoura et Issiaga Sylla tous poursuivis pour viol ont écopé chacun 5 ans de réclusion criminelle. Enfin, Alpha Oumar Barry a été condamné à 5 ans de prison pour coups et blessures volontaires exercés sans intention de donner la mort, mais ayant cependant occasionnés. Tandis qu’Amadou Oury a été déclaré non coupable. Le verdict du 7è dossier dans lequel il y a plus de 20 personnes poursuivies pour des cas d’incendies, pillages et d’assassinats à Kakossa, sera rendu le jeudi prochain

Labé : 16 ans de réclusion criminelle pour infanticide

Maimouna Sow a hotté la vie à son nouveau-né de 6 jours  le 12 janvier 2019.

Ouvertes il y a quelques jours au tribunal de première instance de Labé, les audiences criminelles se poursuivent toujours. Ces audiences criminelles avaient ce lundi 25 février 2019, un dossier d’infanticide dans lequel une mère célibataire de deux enfants, du nom de Maimouna Sow, âgée de 20 ans et originaire de la sous-préfecture de Mali-Yembering est l’accusée principale. Sur les faits, le président du tribunal rappelle que cette mère célibataire est inculpée pour meurtre d’un nouveau-né de moins de deux mois qui s’est produit le 12 janvier 2019. Selon lui, le corps de la victime a été découvert dans une fausse septique dans le quartier Ponthioun, commune urbaine de Labé.

« Donc après avoir accouché le 6 janvier 2019, elle a étranglé le bébé et enveloppé le corps dans un plastique et  là ensuite caché sous son lit, avant de le jeter le lendemain dans une fausse septique. Fausse appartenant à ses  voisins », affirme le juge. Accusations rejetées en bloc par l’accusée: « Je ne reconnais pas les faits. Lorsque j’ai accouché, le bébé saigné du nez et j’ai constaté qu’il était un mort-né. C’est par la suite que j’ai décidée de cacher le corps, je l’ai enveloppé dans un plastique sous mon lit et le lendemain je l’ai jeté dans une fausse septique. Ce que j’ai fait n’est pas normal. Mais je précise que j’ai accouché seule et c’est Satan qui a eu le dessus sur moi. Mes parents n’étaient pas informés de cette troisième grosse que je portais. J’avais donc peur puisque j’ai déjà eu deux autres enfants hors mariage. C’était un mort-né, donc, ce n’est pas moi qui suis l’auteure de sa mort. Pourquoi d’ailleurs le faire-je ? J’ai déjà eu deux autres enfants qui sont vivants », s’est défendue Maimouna Sow.

Prenant la parole, le substitut du procureur, Patrice Koma Koivogui a demandé à l’accusée, de dire la vérité. Car, dira-t-il, c’est le ministère public qui est le plaignant dans cette affaire. « Donc, ça y va dans son intérêt de dire la vérité » C’est après cette intervention que l’avocat de la défense a posé ses questions à sa cliente. Quelques minutes plutard, Maimouna Sow s’est évanouie et l’audience a été suspendue pour 20 minutes. Dans sa réquisition, le substitut après avoir relaté les faits a requis une peine de 5 ans de réclusion criminelle contre l’accusée. Quant à l’avocat de la défense, il a demandé de réduire cette peine formulée par le ministère public. Dans son délibéré, le président du tribunal a condamné Maimouna Sow à 16 ans de réclusion criminelle. « Après avoir délibéré sur l’action publique, déclare Maimouna Sow coupable de crime de meurtre sur un nouveau-né, âgé d’au moins de deux mois. La condamne à 16 ans de réclusion criminelle et fixe la période de sureté à 10 ans, conformément aux articles 114, 116, 206 et 209 du code pénale et 548 de la procédure pénale », dit Laye Kourouma.

Dr Malick Bah : ‘’ Les préventive c’est de ne plus fumer la chicha…’’

Alors que le Gouvernement envisage de réglementer la commercialisation de la Chicha en Guinée, un médecin cancérologue vient de prévenir que cette substance est plus dangereuse que la cigarette.

De nombreux jeunes, mêmes des adolescents sont accrochés à la consommation de la chicha. Pour s’en convaincre, il suffit de faire le tour de certains restaurants ou autres lieux de distractions de la capitale. Pourtant, la chicha est plus dangereuse que la cigarette ordinaire. Certains pays comme Rwanda l’ont déjà interdit. Selon un cancérologue, la chicha est plus toxique que la cigarette ordinaire et provoque plusieurs cancers, tels que  la tuberculose et l’hépatite. Dr Malick Bah que nous avons interrogé parle des risques qu’encourent les consommateurs de la chicha.

 

Tout d’abord c’est quoi  la chicha ?

La chicha est une pipe à eau ayant un dispositif qui sert de filtre avant d’être fumé. La Chicha est comme de la cigarette. Elle est constituée de la nicotine, du goudron, du monoxyde de carbone `et des métaux lourds.

Quelles sont les maladies auxquels s’exposent les fumeurs de chicha ?

La chicha peut entrainer des maladies des voies respiratoires, surtout le cancer des voies respiratoires à savoir : le cancer de la bouche, de la gorge, de l’œsophage, des poumons et tous les autres cancers causés par la nicotine. S’il y a une intoxication au monoxyde de carbone parce qu’on dégage le monoxyde de carbone, les symptômes c’est d’abord les vertiges, les vomissements et les pertes de connaissance. A la longue, ça entraine le cancer des voies respiratoires.

Enregistrez-vous des cas  dans ce centre ?

Oui il y a beaucoup de patients qui viennent faire des consultations parce que c’est un centre de référence des cancers et on sait que le facteur c’est la cigarette. Il y a certains fumeurs qui viennent pour des cancers pulmonaires et d’autres dans notre investigation on s’est rendu compte que c’est des personnes qui fumaient. On n’a pas demandé de façon directe s’ils ont fumé la chicha. Mais effectivement, il faut savoir  que la chicha c’est de la cigarette qui  est plus dangereuse que la cigarette ordinaire.

Comment se fait la prise en charge ? 

Pour la prise en charge ça dépend de la pathologie. Pour le cancer c’est trois volets.  Il y a la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Chez nous en Guinée, nous n’avons que deux volets : la chirurgie et la chimiothérapie. Mais cela dépend du diagnostic et des indications.

Est-ce que les gens viennent tôt pour les consultations ?

Les gens viennent à un stade avancé de la maladie, ils passent par les tradi-praticiens, d’hôpital en hôpital. Souvent les gens sont mal informés et ils viennent à un stade où la prise en charge est très difficile ou limitée.

Disposez-vous d’équipements adéquats pour ces traitements ?

Oui, nous en disposons. C’est la chirurgie. On n’a un bloc pour l’intervention et tous les éléments qu’il faut. La chimiothérapie nous avons les drogues malgré que ces très coûteux, nous avons des infirmiers formés pour cela et souvent les indications de chimiothérapie sont discutées en concertation. Et souvent quand la personne prend trois à quatre cures on réévalue pour voir le traitement.  Sinon les gens sont très bien pris en charge par rapport à ces deux volets que nous avons ici. Le cancer s’il est vu tôt, il est guéri à 100% mais s’il est vu tard, ce que nous pouvons c’est de stopper l’évolution de la maladie, allonger la vie du patient et donner le confort aux malades.

Quel est le coût de la prise en charge ?

Les produits de la chimiothérapie coûtent extrêmement chers et ça dépend des protocoles. Il y a des protocoles, une seule cure tu peux dépenser jusqu’à 5 à 6 millions de francs guinéens et chaque mois tu dois prendre.  Et il vous faut minimum 6 à 8 mois pour la guérison. Souvent c’est la prise en charge, elle est très coûteuse et l’Etat n’intervient pas. Il faudrait que l’Etat subventionne la chimiothérapie et nous aide à avoir beaucoup de molécules sur le marché. Souvent c’est les privés qui envoient ces molécules et fixent leurs prix. Si c’est le laboratoire central qui envoie et l’Etat subventionne, les malades vont moins souffrir. Nous demandons à l’Etat de s’investir et s’impliquer pour pouvoir aider les malades.

Comment prévenir ces maladies des voies respiratoires ?

Les mesures préventives c’est de ne pas fumer la chicha, la cigarette. Parce qu’une section fait 45 à 60 minutes. Donc, quand les gens fument la chicha cela veut dire qu’ils fument 100 cigarettes. Vous imaginez combien de fois vous vous intoxiquez par section.  Et les gens font 2 à 4 heures ensembles sans comptez qu’ils peuvent se transmettre des maladies comme l’hépatite qui a des conséquences redoutables qui va donner même le cancer du foie et ça peut donner même la tuberculose. Tu verras plus de 5 personnes qui utilisent une pipe et à travers les salives il y a une contamination et des propagations du virus.

Est ce qu’il existe vaccin préventif contre ces maladies ?

Il y a le vaccin contre l’hépatite mais il faudrait que cela soit connu et dans un programme national. Parce que c’est un problème de santé publique. Beaucoup de nos malades sont venus qui font des cancers du foie par ce qu’ils ont été infectés par le virus de l’hépatite. Pour les autres cancers, l’étiologie n’est pas connue mais il y a un faisceau d’arguments la cigarette, les virus et d’autres gènes.

Quels conseils avez-vous à donner à la jeunesse guinéenne? 

Tout ce que je peux dire aux jeunes c’est d’arrêter de fumer la cigarette. C’est des consommations qui ne sont pas bonnes pour la santé de l’individu. La chicha est plus dangereuse que la cigarette dont les conséquences sont irréversibles. Donc c’est d’éviter de fumer, l’endroit même où on fume il peut y avoir des intoxications au monoxyde de carbone parce qu’on dégage le gaz carbonique quelques fois dans un lieu fermé. Pour cela l’Etat doit intervenir et veiller aux normes dans ces endroits. J’ai du mal à comprendre que quelqu’un paye de l’argent pour se détruire. C’est inconcevable parce que cela ne procure aucun plaisir. C’est plutôt nuire à sa santé et avant de mourir tu vas souffrir.  Je demande aux jeunes de vivre sains.

 

Rencontre à Paris entre le Général Sékouba Konaté et Lansana Kouyaté

Le Général Sékouba Konaté était l’hôte de Lansana Kouyaté ce dimanche 24 février en France

L’ancien Président de la transition guinéenne est allé présenter les condoléances au chef de file du Parti de l’Espoir pour le Développement National qui a perdu récemment sa belle-mère. Le Général Sékouba Konaté a voulu par ce geste exprimer toute sa compassion et témoigner sa reconnaissance envers l’ancien Premier Ministre Lansana Kouyaté. « Le Premier Ministre Kouyaté fait partie des quelques guinéens qui nous avaient apporté leur soutien pendant la transition. Même après la transition, nos rapports sont restés les mêmes. Je me rappelle encore de son déplacement à Addis-Abeba lorsque je recevais la distinction de la France », témoigne le Général Sékouba Konaté.

Le Général Konaté et Lansana Kouyaté ont évoqué la situation sociopolitique de leur pays. Très discret et silencieux ces derniers temps, l’ancien Président de la transition guinéenne aurait réitéré au numéro un du PEDN son opposition farouche à toute idée de modification de la Constitution guinéenne. Selon  certaines indiscrétions, le Général Sékouba Konaté devrait effectuer une tournée dans les prochains jours. Celui qui a conduit la transition guinéenne jusqu’en 2010 serait attendu dans plusieurs pays européens. Des rencontres officielles, mais également des échanges avec ses compatriotes sont prévus dans l’agenda du Général Sékouba Konaté.

Décès de trois soldats guinéens tués sur l’axe Siby Bamako

Selon un communiqué du ministère de la Défense guinéen, ‘‘Un groupe de militaires permissionnaires de notre contingent déployé à Kidal au sein de la MINUSMA revenant  de la Guinée a été lâchement attaqué par des hommes armés le 22 février 2019 dans la localité de Siby.

Au cours de cette attaque barbare, l’adjudant-chef Ismaël Bangoura, le sergent-chef Michel Théa et le sergent-chef Yves Haba ont perdu la vie et un autre a été blessé.  Une source malienne raconte que ce sont 5 soldats guinéens dont une dame de la Minusma tous en service à kidal qui devaient se rendre en Guinée pour les congés. Selon cette même source, ‘‘ils ont pris en location un taxi Renault 21 conduit par un civil guinéen répondant au nom de Barry Aboubacar. Leur véhicule est tombé sur une barricade érigée par des hommes armés (une dizaine) sur la route de Siby après le péage avec 6 autres véhicules’’.

Selon les témoins, ces hommes armés parlaient le Tamasheq et le Bambara. ‘‘Pour un premier temps, ils auraient fait usage de leurs fusils d’épaule en blessant le conducteur et en lui retirant son argent et son téléphone portable. Lorsqu’ils ont vu que les autres passagers étaient des militaires de la Minusma, ils ont tiré des rafales tuant 3 parmi eux et blessant un aux niveaux de la poitrine et du bras. La dame, Caporal Khadidjatou Bah, a eu la vie sauve parce qu’elle s’est déclarée être de la Croix rouge en montrant une ancienne carte qu’elle détenait, narre notre source citant les témoins.

Les forces maliennes dont l’équipe du 6è arrondissement du district de Bamako ont vite quadrillé les lieux sans pour autant mettre main sur les auteurs des attaques armées. ‘‘Les corps des militaires ont été transportés à l’hôpital Gabriel Touré où les blessés ont reçu les premiers soins. Le militaire blessé a été ensuite transféré à la clinique Pasteur’’, nous précise notre source. Pour le moment, le bilan de cette attaque est de trois militaires guinéens tués et  deux blessés dont le lieutenant Mohamed Lamine Sylla et le chauffeur civil, Barry Aboubacar.

 

 

Kaporo-rail: un déguerpissement qui fait mal

Poussés à déguerpir avec les bulldozzers, les populations de la haute banlieue de Conakry avaient pourtant retrouvés un espoir.

C’était en 2016 que le président Alpha Condé s’était rendu sur les lieux pour « demander pardon » et promettre un « dédommagement » aux habitants de ce quartier. Livrées à elles-mêmes, les populations de Kaporo-rail comptent sur la mobilisation pour espérer sauver leurs affaires. A ce jour, aucun dédommagement n’est prévu pour ces populations qui craignent l’arrivée des grandes pluies.

 

L’État a lancé une opération de déguerpissement musclée dans la banlieue de Conakry, en vue de poursuivre le développement du centre directionnel de Koloma, qui doit permettre de décongestionner le quartier administratif et des affaires de Kaloum. Plusieurs commerces ont été démolis et des habitations sont en sursis, au grand désarroi des occupants. « J’ai mis trois mois à édifier les deux kiosques qu’occupaient ma femme et sa belle-sœur. On a dû tout démonter en une seule journée », raconte, presqu’en larmes, Bhoye Barry. Chauffeur de profession, il est actuellement au chômage. Ce petit commerce était jusqu’à présent l’unique source de revenus pour les huit membres que compte sa famille. Assise sur des décombres, Fatoumata Binta jette un regard désolé sur les ruines de ce qui fut sa boutique. Elle regrette que les délais aient été si courts qu’ils ne lui ont pas permis de s’organiser. « Nous n’avons pas eu beaucoup de temps. Hier, un gendarme est passé nous dire de vider nos étals, en prévenant qu’ils viendraient aujourd’hui pour tout raser. On a commencé tout de suite à transporter nos marchandises à la maison », assure-t-elle.

 

Du côté du gouvernement, l’explication de ce déguerpissement se trouve dans le besoin de récupérer ce domaine de l’Etat. Le centre directionnel de Koloma vise à abriter le futur centre administratif de Conakry dans le cadre du plan « Conakry, Vision 2040 » promis par Alpha Condé. « Les gens ont été prévenus depuis longtemps », affirme au contraire Ibrahima Kourouma. « Nous sommes sensibles à la situation de ces femmes, mais la priorité, actuellement, est de récupérer les domaines de l’État », insiste le ministre de la Ville et de l’aménagement du territoire. Jusqu’ici, les maisons d’habitation n’ont pas été touchées. La croix rouge tracée sur leurs murs rappelle toutefois que leur démolition n’est qu’une question de jours voire d’heure, comme l’a confirmé Ibrahima Kourouma.

 

Le programme « Grand Conakry vision 2040 » du président Alpha Condé prend forme. Et cette partie du quartier Kaporo-Rails, zone réservée de l’État, y est intégré. L’État veut en effet y développer le centre directionnel de Koloma, qui accueillera les départements ministériels, avec pour objectif de décongestionner le quartier administratif et des affaires de Kaloum. C’est un site de 265,7 hectares Les sièges de la télévision d’État, de l’Autorité de régulation des postes et télécommunication et de l’ambassade des Etats-Unis y ont déjà été construits. D’autres chantiers sont en cours. Les projets de rénovation urbaines sont en outre anciens, insiste le ministre de la Ville et de l’aménagement du territoire, qui juge que les personnes déguerpies étaient prévenues. « Kaporo-Rails est un domaine réservé de l’État conformément au décret 211 pris en 1989. Les occupants le savent bien. Il y a eu un premier déguerpissement en 1998 qui a partiellement libéré le site. Tous ceux qui s’y sont installés l’ont fait illégalement. Pour preuve, les constructions ne sont pas durables », insiste Ibrahima Kourouma, qui dit s’étonner de l’écho médiatique sur ce déguerpissement, qui s’inscrit dans une opération de plus grande envergure. « Nous sommes engagés depuis un bon moment dans un travail de récupération des domaines de l’État. Le site de Kaporo-Rails porte sur 265 ,7 hectares, et au total, il y a plus de 46 000 hectares qui ont été immatriculées. »

Lire aussi : Centre directionnel de Koloma: 10 jours pour terminer les déguerpissements

Immigration : un plan d’insertion socioprofessionnel pour freiner le phénomène

Mettre fin à l’immigration irrégulière reste et demeure l’une des préoccupations majeures du gouvernement guinéen et ses partenaires techniques et financiers.

Des fonds sont souvent investis par des partenaires à travers le projet « INTEGRA », dans le but de limiter ou freiner le phénomène d’immigration irrégulière qui continue malheureusement à endeuiller de nombreuses familles guinéennes. Le Directeur général de l’Office National de Formation et de Perfectionnement Professionnel (ONFPP), Lucien Beindou Guilao affirme que son service propose des alternatives en faveur de ces jeunes désœuvrés pour la plupart. Relevant du Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle, dira-t-il, il a lancé à cet effet, un plan national d’insertion socioprofessionnelle. « Il est destiné aux jeunes qui ont accepté de retourner au pays et dont l’âge varie entre 16 et 30 ans (…) A l’ONFPP, nous nous sommes dits qu’au-delà des paroles et des théories, nous avons plutôt intérêt à être pragmatiques et à aller dans le vif du sujet. L’ONFPP s’est donc lancé dans un plan national d’insertion des jeunes ayant de 16 à 30 ans. Ce projet est essentiellement destiné aux immigrés sur le chemin de retour, mais il est ouvert aussi aux jeunes Guinéens qui sont là pour ne pas qu’ils aient la tentation de partir. Nous pensons réellement que la formation et l’apprentissage sont de très bonnes alternatives pour freiner un peu ce phénomène », affirme Lucien Beindou Guilao.

Poursuivant, il déclare que la première phase de ce plan d’insertion  se focalisera sur la communication. « Une manière pour l’ONFPP d’attirer l’attention des jeunes, sur les dangers liés à l’immigration clandestine. Cette opération de communication a commencé par les affichages le long des routes à travers des panneaux publicitaires. Des spots télé et radio, ainsi que des communications sur les sites vont également se faire, avant que les autres phases du processus, ne soient entamées », explique-t-il, avant de préciser qu’après cette première phase de communication, ils iront dans le vif du sujet pour mettre en place des séances de causeries, des échanges dans des maisons de jeunes. « Nous allons démarrer à Conakry pour bien se roder à l’exercice, après nous allons nous orienter vers les zones de forts départs qui ont été repérées par l’organisation internationale pour la migration (OIM). Nous allons leur expliquer ce que nous leur proposons comme programme national de formation et d’apprentissage. Pas très long et pas trop court aussi pour leur permettre d’avoir des qualifications requises qui vont leur permettre d’être réinsérer… »

Sidya Touré n’exclut pas une possible candidature unique de l’opposition

L’opposition guinéenne est visiblement décidée à conjuguer au passé le règne du président Alpha Condé.

Ce vendredi 22 février 2019, une nouvelle coalition dénommée convergence pour l’opposition démocratique (COD), composée de six formations politiques dont l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré a vu le jour. La signature de la charte de l’alliance a eu lieu au siège du Parti de l’espoir pour le développement national (Pedn) de Lansana Kouyaté à Ratoma. Ira-t-elle vers une candidature unique de l’opposition ? Sidya Touré donne un essaie de réponse.

Monsieur Touré, quel est l’objectif de cette nouvelle coalition de l’opposition ? 

Nous avons signé cette alliance pour faire prévaloir la démocratie dans notre pays en restant dans l’opposition. Nous allons travailler avec les engagements des uns et des autres pour essayer de faire avancer ce pays. Je crois que chacun doit respecter ses engagements parce que nous formons un groupe dans ce cadre-là et surtout ce n’est contre personne d’autre compte tenu du fait que nous devons arriver à l’alternance en 2020.

En l’absence de  Cellou Dalein qui sera votre candidat de l’alternance?

On est vraiment très loin de tout ça. Tous ceux qui sont ici, sont en mesure d’être candidat à l’élection présidentielle. Nous voulons éviter ce genre de structures où nous avons un chef de ceci ou un président de cela. Ce sont des partis libres et qui, chaque fois, vont prendre des décisions que vont avancer les uns et les autres. Il n’y a pas de candidat prévu dès maintenant pour ce genre de truc. Peut-être qu’on sera candidat en même temps. En attendant, on n’en est pas là, nous sommes en train d’approfondir les questions sur la démocratie dans notre pays. Peut-être qu’un jour on se retrouvera avec l’opposition républicaine, pourquoi pas ?

À la veille de la présidentielle de 2015, vous aviez défendu l’idée d’une candidature unique. Est-ce que vous voulez anticiper ?

On n’en est pas là. Mais tout peut advenir à condition que nous restions dans le cadre de ce que nous venons de dire, c’est-à-dire l’approfondissement de la démocratie, le respect de la loi et des instructions, le combat contre tout ce qui peut dégrader le climat politique, économique et social. Dans tous les pays, les oppositions son émiettées. Le moment venu, peut-être qu’on ne le sera plus.