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Victoires de la musique: Clara Luciani, la grenade pop

C’est la belle histoire de la chanson française: loin du clichĂ© du dĂ©marrage mĂ©tĂ©orique, Clara Luciani a dĂ» attendre près d’un an avant que ne dĂ©tone « La grenade », son hit fĂ©ministe.

Le nom de son album « Sainte-Victoire » semblait Ă©videmment prĂ©destinĂ© pour les Victoires de la musique qui l’ont consacrĂ©e vendredi « artiste fĂ©minine ».

Mais que la reconnaissance fut longue. L’opus sort en avril 2018 et il faut attendre près de 12 mois pour que « La grenade » Ă©clate sur les ondes. « Qu’est-ce que tu regardes?/T’as jamais vu une femme qui se bat/Suis-moi/Dans la ville blafarde/Et je te montrerai/Comme je mords, comme j’aboie ». Des paroles fortes, sur une trame Ă©lectro, façon annĂ©es 1980 revisitĂ©es, qui ont fait mouche.

Le titre a trouvĂ© un bel Ă©cho dans le contexte #MeToo nĂ© de l’affaire Harvey Weinstein, mais s’est aussi inscrit dans le courant des nouvelles porte-voix du fĂ©minisme, comme Angèle avec « Balance ton quoi » ou Suzane avec « SLT ».

Le refrain « Prends garde/Sous mon sein la grenade/Sous mon sein lĂ  regarde » a aussi Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ© pour des campagnes vantant le dĂ©pistage du cancer du sein. « Une politicienne a Ă©crit des paroles en Belgique pour en faire un hymne Ă©colo », confiait mĂŞme Clara Luciani dans Le Parisien. « Heureusement, c’est assez proche de mes idĂ©es, mais j’aurais bien aimĂ© que l’on me demande l’autorisation ».

– « Le tremblement essentiel » –

La chronologie de ce succès Ă©tonne encore aujourd’hui cette fille d’une aide-soignante et d’un employĂ© de banque. « Ça a mis un temps fou! +La Grenade+ a commencĂ© Ă  ĂŞtre vraiment diffusĂ©e Ă  la radio en janvier 2019 », souffle encore la chanteuse. Mais tout ira ensuite très vite pour celle qui s’est longtemps cherchĂ©e, en assurant des voix pour le groupe La Femme ou pour le chanteur RaphaĂ«l.

Elle sera ainsi sacrĂ©e « rĂ©vĂ©lation scène » en fĂ©vrier 2019. Et garde un souvenir fort des journĂ©es qui avaient prĂ©cĂ©dĂ© la cĂ©rĂ©monie. « C’est l’exercice de chanter dans cette grande soirĂ©e qui me traumatisait. Je faisais des rĂŞves oĂą je manquais une marche, je tombais devant tout le monde ».

« En plus, j’ai une maladie qui s’appelle le tremblement essentiel », confiait-elle encore dans Le Parisien. « C’est neurologique, hĂ©rĂ©ditaire, ma mère a ça aussi. Je tremble donc toujours un peu et c’est accentuĂ© par le stress, la fatigue… Et les Victoires, c’Ă©tait la première tĂ©lĂ© oĂą je n’ai pas trop tremblĂ©, oĂą on ne voyait pas Ă  quel point j’Ă©tais effrayĂ©e ».

A 27 ans, la native de Martigues profite pleinement des concerts. Et parfois en famille, puisque sa sĹ“ur aĂ®nĂ©e, LĂ©a – Ehla de son nom de scène – est Ă©galement chanteuse. C’est elle qui avait assurĂ© la première partie de Clara Ă  l’Olympia en avril dernier.

Sur « Sainte-Victoire » on peut ainsi entendre « Ma soeur » que Clara dĂ©die Ă  LĂ©a: « Personne ne croit en toi comme j’y crois/Personne, personne/Je serai lĂ  mĂŞme s’il ne devait rester/Personne, personne ».

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