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Tunisie: vote de confiance attendu pour le nouveau gouvernement

Le Parlement tunisien devrait accorder mercredi, sauf coup de théâtre, sa confiance au nouveau gouvernement, qui a Ă©tĂ© constituĂ© après quatre mois d’intenses nĂ©gociations et doit s’atteler Ă  d’importants dossiers socio-Ă©conomiques en suspens.

Dans le cas contraire, un second rejet après l’Ă©chec d’un premier cabinet en janvier ouvrirait la porte Ă  la dissolution de l’AssemblĂ©e des reprĂ©sentants du peuple (ARP) Ă©lue le 6 octobre et Ă  des Ă©lections anticipĂ©es.

Le gouvernement proposé par Elyes Fakhfakh se compose de 15 membres appartenant à des partis politiques et 17 autres présentés comme des personnalités indépendantes qui se voient confier notamment les ministères régaliens.

Plus grande force au Parlement, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha (54 dĂ©putĂ©s) obtient six ministères.

MĂŞme s’il n’a pas dĂ©crochĂ© les ministères qu’il convoitait, Ennahdha a affirmĂ© dans un communiquĂ© mardi soir qu’il voterait en faveur de ce cabinet.

D’autres blocs parlementaires comme le Courant dĂ©mocrate (22 sièges) et le Mouvement du peuple (16 sièges) ont manifestĂ© Ă©galement leur soutien au gouvernement qui doit obtenir la majoritĂ© absolue de 109 voix sur 2017, au sein d’une AssemblĂ©e particulièrement morcelĂ©e.

– « Très fortes chances » –

La parti libĂ©ral Qalb Tounes (38 sièges, deux force dans l’ARP), de l’homme d’affaire Nabil Karoui, n’a pas Ă©tĂ© sollicitĂ© pour faire partie du gouvernement, et se pose ainsi dans l’opposition.

Mais, a-t-il fait savoir mardi après une rĂ©union de son bureau, s’il y avait un risque que le gouvernement n’obtienne pas la majoritĂ© des voix et donc que l’assemblĂ©e soit dissoute, il dĂ©ciderait alors d’approuver l’Ă©quipe de M. Fakhfakh.

Ce vote intervient après un accord de dernière minute le 19 février entre le président tunisien Kais Saied et Ennahdha.

« Sauf grosse surprise, le gouvernement Fakhfakh a de très fortes chances d’obtenir le vote de confiance de l’ARP », avance mercredi le journal francophone Le Quotidien.

Dans ce gouvernement qui ne compte que six femmes, les ministères de la Justice et de l’IntĂ©rieur, très convoitĂ©s, ont Ă©tĂ© confiĂ©s respectivement Ă  une juge prĂ©sentĂ©e comme indĂ©pendante, Thouraya Jeribi, et Ă  un ancien cadre ministĂ©riel rĂ©cemment nommĂ© conseiller juridique de la prĂ©sidence, Hichem Mechichi.

La DĂ©fense revient Ă  l’ancien dirigeant de l’Instance nationale d’accès Ă  l’information (Inai), Imed Hazgui, et les Affaires Ă©trangères Ă  un ancien ambassadeur Ă  Oman, Noureddine ErraĂŻ.

Un seul ministre est issu du cabinet sortant, le ministre des Affaires religieuses Ahmed Adhoum. Le ministre du Tourisme RenĂ© Trabelsi, premier ministre de confession juive en Tunisie depuis la pĂ©riode de l’indĂ©pendance, a en revanche Ă©tĂ© Ă©cartĂ©, dans un contexte de forte dĂ©fiance envers tout ce qui peut ĂŞtre liĂ© Ă  IsraĂ«l.

En janvier, un prĂ©cĂ©dent gouvernement constituĂ© sous la houlette d’Ennahdha avait Ă©chouĂ© Ă  obtenir la confiance des dĂ©putĂ©s.

– Quelle marge de manoeuvre ? –

La Tunisie est donc gérée depuis plus de quatre mois par le gouvernement sortant, alimentant un attentisme qui ralentit la vie publique et économique du pays.

Le nouveau gouvernement devra notamment relancer les discussions avec les bailleurs de fonds, Ă  commencer par le Fonds monĂ©taire international, dont le programme entamĂ© en 2016 s’achève en avril/mai 2020.

« La question qui se pose maintenant, c’est la marge du manĹ“uvre accordĂ©e Ă  ce gouvernement, qui permettra de mesurer son efficacité », a soulignĂ© le politologue Selim Kharrat, de l’ONG Bawsala, observatoire de la vie publique.

Quant aux Tunisiens, neuf ans après avoir chassĂ© le dictateur Zine el Abidine Ben Ali lors du Printemps arabe, ils attendent toujours un gouvernement dĂ©mocratique Ă  mĂŞme de s’attaquer aux nombreux maux socio-Ă©conomiques qui rongent leur pays.

« La patience a ses limites et tout le monde attend au tournant le nouveau gouvernement avec cette grogne qui risque de s’amplifier », Ă©crit dans son Ă©ditorial Le Temps.

Et « plombĂ© par des dissensions idĂ©ologiques entre les membres de son Ă©quipe et une opposition qui l’attend de pied ferme, Elyes Fakhfakh aura certainement bien du mal Ă  mettre en pratique son programme », estime ce quotidien francophone.

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