El hadj Saikou Yaya : « Alpha Condé avait dit que Bambéto et Cosa sont des ghettos… »

Le président de la Coordination Haali Poular de Guinée vient d’interpeller le Président Alpha Condé.

Le doyen Elhadj Saikou Yaya Barry qui s’insurge contre les opérations de déguerpissement à Kaporo-rails et à Kipé2,  a lancé un appel au Chef de l’État. Selon lui, les récentes démolitions s’inscrivent dans une dynamique de division ethnique et d’une stratégie de gouvernance par le chaos, la répression et la division entre l’Administration et les Administrés.  « A maintes reprises, Monsieur Alpha Condé a fait des insinuations sur une prétendue occupation de la capitale nationale par des non-autochtones. En 2014, il déclara que les quartiers de Cosa et de Bambéto sont des ghettos qu’il voulait transformer en zones viables. Les récentes démolitions s’inscrivent dans cette dynamique de division ethnique et d’indexation cynique de zones urbaines occupées principalement par de paisibles citoyens qui, pour la plupart sont des peulhs  favorables à l’opposition », a condamné le doyen Saikou Yaya Barry.

Si le Gouvernement actuel était soucieux d’une urbanisation ou de la décongestion de la capitale, il devrait commencer par encourager une occupation ordonnée de la zone de Kaporo-Rails et la compensation des propriétaires, relève ce compagnon de l’indépendance dans une déclaration. Il rappelle dans cette note dont nous avons copie, que plus de deux décennies après les démolitions, la zone est restée inoccupée et insalubre. Quelques buildings et l’ambassade des Etats-Unis cohabitent avec des carcasses de véhicules. Des milliers de familles sont dans le dénuement total depuis la démolition de leurs maisons d’habitation par le Gouvernement déterminé à récupérer les réserves foncières de l’Etat. Ce déguerpissement impitoyable est vivement critiqué. Elhadj Saiou Yaya Barry lance un appel pressant au président de la République afin que cette forme sauvage de déguerpissement puisse cesser définitivement en respectant  les dispositions légales en vigueur.

Il demande aussi que les victimes soient traitées avec plus de dignité et d’humanisme, qu’elles soient indemnisées à la juste valeur de leurs investissements et recasées dans des zones appropriées.  Le président de la Coordination Nationale des Foulbhes et Haali Poular de Guinée demande aussi que  les élèves disloqués  de cette zone soient identifiés et réorientés dans des centres appropriés  grâce à la diligence des autorités scolaires afin de leur faire éviter une année blanche indépendamment de leurs volontés.  Il dit  prend à témoin l’opinion publique Nationale, Régionale et internationale des agissements des autorités étatiques qui, loin de préserver la paix et la quiétude sociales, contribuent au contraire, à créer des foyers de tension qui pèsent lourdement sur un tissu social déjà fortement fragilisé.

 

 

Kaporo-rails : des dizaines de familles dorment à la belle étoile

Depuis le début des opérations de déguerpissement au centre directionnel de Koloma, plusieurs familles peinent à se trouver une maison.

La  situation serait due à plusieurs facteurs : « Ça fait deux jours que ma famille et moi dormons ici. On a trouvé des hébergements pour les enfants et les vieux mais nous les jeunes, nous restons ici pour surveiller le reste de nos objets pare ce que les gens mal intentionnés peuvent venir les voler. Nous avons fait plus de 30 ans ici, puisque moi qui vous parle  je suis né ici, j’ai grandi ici et cette année j’ai les 30 ans. Tout ce que nous demandons au gouvernement, c’est d’avoir pitié des familles qui n’ont pas où aller », a confié Abdoul Ghoudouss Bah, un des déguerpis. Sur place, les habitations sont devenues un véritable champ de ruines

Certains déguerpis dénonce une haine des autorités et dénoncent le parti pris du ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire dans la récupération des domaines dits ‘’réservés de l’État. « Personne ne dit que Kaporo-rails n’est pas un domaine de l’État. Mais la manière dont le ministre, les autorités sont en train de nous déguerpir, ressemble à une haine. C’est comme c’était un règlement de compte. On pouvait nous dire bon, nous vous donnons trois mois pour quitter les lieux, mais les choses ont été tellement rapides que certains n’ont pas eu le temps de prendre tous leurs bagages. Sinon, en parlant de domaine de l’État, ce n’est pas seulement Kaporo-rails, il y a la Casse de Madina, il y a Kaloum où presque tous les coins et recoins appartiennent à l’État. Mais le ministre a préféré aujourd’hui venir à Kaporo-rails détruire tout pour un soi-disant transfert des Ministères et ambassades, alors que si vous vérifiez au fond, vous verrez qu’il n’y a aucun projet fiable et viable prévu sur ce site », dénonce Oury Barry, un concessionnaire à Kaporo-rails.

Après le passage du bulldozer sur les maisons, certains jeunes tentent de récupérer quelques métaux pour se faire de l’argent tandis que d’autres familles qui ont trouvé refuge ailleurs font leurs bagages pour quitter les lieux.

 

lire aussi : Kaporo-Rails : les autorités communales impuissantes