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La Covid-19 met les gaz au Cameroun

L’inquiĂ©tude grandit au Cameroun, pays le plus touchĂ© par l’Ă©pidĂ©mie du coronavirus en Afrique centrale. Avec plus de 15.000 cas et 400 morts environ liĂ©s au nouveau coronavirus qui frappe le monde entier, le Cameroun est loin devant la RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo (RDC) ou encore le Gabon, selon l’Organisation Mondiale de la SantĂ© (OMS).

 Paradoxalement, le gouvernement a mis fin, depuis fort longtemps, au point quotidien sur l’Ă©volution de l’Ă©pidĂ©mie dans le pays. En première ligne, le personnel soigant subit les contrecoups de son exposition au virus mortifère. Il y a quelques jours, Manaouda Malachie, le ministre de la SantĂ© publique s’est dit « profondĂ©ment touchĂ© » par les pertes enregistrĂ©es au sein du corps mĂ©dical, non sans promettre de « poursuivre l’amĂ©lioration de la protection du personnel de santĂ© tout au long de cette crise ». 

Dans le souci de dĂ©sengorger les hĂ´pitaux submergĂ©s par le flux de patients, des chapiteaux ont Ă©tĂ© mĂŞme dressĂ©s au stade militaire de YaoundĂ©, la capitale, afin d’accueillir des malades. 

En tout cas, soutient le manager de projets Eric Mayang, « le relâchement du gouvernement (dans le suivi) des mesures a entraĂ®nĂ© le sentiment, dans une partie de la population, que la maladie a Ă©tĂ© vaincue ». Ce dernier fait Ă©galement savoir qu’« il y a une minoritĂ© qui ne croit pas en l’existence du coronavirus parce qu’elle n’a pas des proches victimes de la maladie ». 

Pourtant, l’Etat a semblĂ© prendre le taureau par les cornes en mettant en oeuvre un certain nombre de mesures parmi lesquelles la fermeture des frontières, des Ă©tablissements scolaires et universitaires, des bars et restaurants après 18 heures, etc. 

 Mais dans la ville aux sept collines, certains Camerounais ont vite sacrifiĂ© les gestes barrières sur l’autel de la survie du secteur informel qui occupe 90 % de la population active. « Il faut bien manger », explique M. Mayang. 

Il y a de cela quelques mois, StĂ©phane Nama Mekoua a fait l’objet de moqueries de ses voisins pour avoir portĂ© un masque en vaquant Ă  ses occupations. Ce serait catastrophique, d’après cette Assistante administrative dans une Organisation Non Gouvernementale (ONG), de minimiser l’Ă©pidĂ©mie de coronavirus au point de la comparer « au paludisme ou Ă  la fièvre typhoĂŻde ». 

Au quotidien, la relance Ă©conomique a pris le pas sur tout le reste. La Covid-19 s’est dĂ©jĂ  introduite dans les prisons. Pour la journaliste Florine Dissake, « le gouvernement aurait dĂ» confiner tout le monde », mais une telle dĂ©cision devait s’accompagner de mesures compensatoires que l’Etat « n’Ă©tait peut-ĂŞtre pas capable » d’honorer. 

Contrairement Ă  l’Occident oĂą des populations ont Ă©tĂ© mises sous cloche, peu d’Etats africains ont pris cette option Ă  cause de la structure de leurs Ă©conomies. Le Cameroun, qui a fermĂ© ses frontières aĂ©riennes depuis le 18 mars dernier, s’apprĂŞte Ă  les rouvrir pour Ă©viter un grand plongeon. 

Toutefois, précise le ministre de la Santé publique, un « test PCR (diagnostic virologique) négatif à la Covid-19 datant de moins de trois jours (est) obligatoire pour tous les passagers ». 

Ce grand pays doit aussi faire face, ces dernières semaines, à la résurgence de la rougeole. Des milliers de cas ont été notifiés dans presque toutes les régions. Cette maladie contagieuse tue des enfants de 9 à 59 mois dont les vaccinations sont fortement perturbées par la pandémie. 

DirigĂ© d’une main de fer par Paul Biya depuis 1982, le Cameroun est Ă©galement confrontĂ© Ă  une crise sĂ©curitaire dans sa partie nord oĂą des mouvements armĂ©s anglophones mènent une bataille sĂ©cessionniste. 

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