Plusieurs centaines de femmes ont marché mercredi à Conakry pour réclamer l’arrêt du « massacre » des manifestants en Guinée et la justice pour les personnes tuées, alors que l’opposition a annoncé la suspension de ses protestations en raison de la fête de Pâques.
La marche des « amazones », les femmes de l’UFDG, le principal parti d’opposition, visait également à réclamer la publication des « vrais » résultats des élections locales du 4 février, officiellement remportées par le camp présidentiel.
L’opposition a par ailleurs annoncé la suspension jusqu’au 5 avril des manifestation prévues jeudi à Conakry en raison de la fête de Pâques, selon un communiqué publié mardi soir. La Guinée compte 85% de musulmans, le reste est formé de chrétiens et d’animistes.
En blanc et rouge, les femmes ont manifesté mercredi dans le centre de Conakry, d’où leur cortège est parti pour aboutir à un meeting devant le ministère de la Justice, sur quelque trois kilomètres, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Arrêtez de nous tuer, arrêtez de massacrer nos enfants », a lancé la présidente des femmes de l’UFDG, Maïmouna Bah, aux policiers et gendarmes présents à certains points du parcours.
« Monsieur le ministre, nous venons attirer votre attention sur le nombre de partisans et sympathisants de l’opposition tués par les forces de l’ordre, 94 victimes », a-t-elle dit.
Selon l’opposition et les décomptes de la presse et des ONG de défense des droits l’homme, 94 opposants ont été tués en Guinée, en majorité par balles, lors de manifestations politiques depuis avril 2011.
« Monsieur le ministre, jusque-là vous n’avez rien fait pour stopper ce massacre », a-t-elle poursuivi, avant de lui remettre un memorandum.
« Je vous répondrai par écrit sur tous les cas de morts. Des informations judiciaires sont ouvertes, vous verrez dans les prochains jours, les prochaines semaines ou peut-être mois les réponses à vos interrogations », a répondu le ministre de la Justice, Me Cheick Sako, aux manifestantes.
L’opposition guinéenne conteste les résultats des élections locales du 4 février, officiellement remportées par le parti du président Alpha Condé.
Elle manifeste quasi quotidiennement pour exiger « le triomphe de la vérité des urnes, de la justice pour tous, du respect de la Constitution et des lois de la république, du respect des accords librement signés », selon un responsable de l’opposition.