Le prĂ©sident amĂ©ricain a dĂ©cidĂ© lundi de signer un dĂ©cret prolongeant jusqu’Ă fin dĂ©cembre le gel de la dĂ©livrance des cartes vertes et de plusieurs visas de travail. Son administration entend ainsi rĂ©server ces emplois non pourvus aux AmĂ©ricains victimes d’un chĂ´mage record Ă cause du confinement.
C’est un nouveau tour de vis migratoire aux États-Unis, au nom de la lutte contre le chĂ´mage. Donald Trump a dĂ©cidĂ©, lundi 22 juin, de geler la dĂ©livrance des cartes vertes et de certains visas de travail jusqu’en 2021, a annoncĂ© un haut responsable aux mĂ©dias.
ConfrontĂ© Ă la destruction brutale de millions d’emplois en raison des mesures de confinement, le prĂ©sident rĂ©publicain avait dĂ©cidĂ© il y a deux mois de suspendre pour 60 jours la dĂ©livrance des « green cards », qui offrent un statut de rĂ©sident permanent aux États-Unis, sans toucher aux visas de travail temporaire.
Un nouveau dĂ©cret, qu’il devait signer dans l’après-midi, prolongera cette « pause » jusqu’au 31 dĂ©cembre et inclura cette fois plusieurs types de visas de travail, dont les H-1B très utilisĂ©s dans le secteur des hautes technologies.
Sont Ă©galement concernĂ©s les visas H-2B rĂ©servĂ©s aux travailleurs peu qualifiĂ©s (avec une exception pour les employĂ©s de l’industrie alimentaire), les visas J utilisĂ©s pour les Ă©tudiants-chercheurs ou les visas de transfert inter-compagnies qui servent pour certains contrats expatriĂ©s.
« Remettre les Américains au travail »
Selon ce responsable, cette « pause » devrait empĂŞcher au moins 525 000 Ă©trangers d’entrer sur le sol amĂ©ricain et rĂ©server leurs emplois Ă des AmĂ©ricains. « La prioritĂ© du prĂ©sident, c’est de remettre les AmĂ©ricains au travail », a-t-il justifiĂ©.
Aux États-Unis, le taux de chômage a bondi à 13,3 % de la population active en mai, contre 3,5 % en février, en raison des mesures de confinement prises pour lutter contre la pandémie de nouveau coronavirus.
Après un meeting dĂ©cevant dans l’Oklahoma ce week-end, Donald Trump, candidat Ă sa réélection et en mauvaise posture dans les sondages, espère rebondir en utilisant les ressorts de sa campagne victorieuse de 2016 : la lutte contre l’immigration illĂ©gale. Il se rendra mardi Ă Yuma, dans l’Arizona, pour marquer l’achèvement de « 200 miles » (320 km) du mur qu’il avait promis d’Ă©riger Ă la frontière avec le Mexique.
Attirer les étrangers les plus qualifiés
En parallèle, il entend rĂ©former le système d’immigration lĂ©gale, pour attirer les Ă©trangers les plus qualifiĂ©s. Au delĂ du gel des visas annoncĂ©s ce lundi, il a ordonnĂ© Ă son administration de rĂ©flĂ©chir Ă une rĂ©forme des visas H-1B pour qu’en 2021, ils soient attribuĂ©s aux Ă©trangers Ă qui les plus hauts salaires ont Ă©tĂ© promis et non plus par loterie.
Ces annonces ont immédiatement suscité des réactions aux antipodes. Le sénateur républicain Ted Cruz, un proche du président, a salué un « acte important ». « Alors que nous travaillons pour vaincre le coronavirus et remettre notre économie sur pied, sous devons nous concentrer sur les vies et les emplois des Américains », a-t-il tweeté.
« Ce n’est ni une rĂ©ponse Ă la pandĂ©mie, ni une rĂ©ponse Ă©conomique », a au contraire jugĂ© Andrea Flores de la puissante association de dĂ©fense des droits civiques ACLU, pour qui « il s’agit d’une instrumentalisation de la pandĂ©mie (…) pour remodeler nos lois migratoires sans passer par le Congrès ».
Avec AFP