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Coronavirus en Italie: Codogno entame sa quarantaine

« Ne vous bousculez pas », dans la file d’un des uniques supermarchĂ©s ouverts Ă  Codogno, dans le nord de l’Italie, l’angoisse est palpable alors que la police a commencĂ© Ă  fermer le pĂ©rimètre autour d’une dizaine de villes des alentours.

Trois voitures surveillent l’entrĂ©e de Codogno, petite ville de 15.000 habitants environ Ă  une soixantaine de kilomètres au sud de Milan.

« Nous prĂ©parons la mise en place des points de contrĂ´le de la zone de confinement », explique Ă  l’AFP une jeune policière qui commande l’Ă©quipe.

« Ce sera d’abord un pĂ©rimètre relativement Ă©troit, les communes touchĂ©es par l’Ă©pidĂ©mie, mais par la suite le pĂ©rimètre pourrait s’Ă©largir », dit-elle.

Les forces de l’ordre seront nombreuses Ă  ĂŞtre dĂ©ployĂ©es dans cette zone pour assurer le respect de la dĂ©cision annoncĂ©e samedi soir par le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte: on n’entre pas, on ne sort pas de la zone contaminĂ©e, sauf dĂ©rogation spĂ©ciale.

« Nous sommes au total une dizaine d’Ă©quipes de la police criminelle, donc rien Ă  voir avec ce genre de situation, mais on a fait appel Ă  nous, de Bologne, de Turin, de GĂŞnes, pour donner un coup de main », poursuit la policière.

Selon cette mĂŞme source, ce seront des unitĂ©s de la police financière (GDF), un autre corps de police, qui s’occuperont par la suite des points de contrĂ´le.

« S’il vous plaĂ®t, ne vous bousculez pas, nous avons la volontĂ© de servir tout le monde mais pas en mĂŞme temps. Je compterai 40 personnes, pas 40 chariots mais 40 personnes, qui pourront entrer, puis au fur et Ă  mesure que des personnes sortent d’autres pourront entrer », annonce un responsable d’un supermarchĂ© Lidl Ă  une cinquantaine de personnes plantĂ©es devant l’entrĂ©e.

– « Eviter le chaos » –

La scène se passe Ă  Casalpusterlengo, une petite commune aux portes de Codogno, considĂ©rĂ© comme « l’Ă©picentre du foyer » d’Ă©pidĂ©mie dĂ©tectĂ© en Lombardie (rĂ©gion de Milan), devant un supermarchĂ© qui n’a ouvert que vers 09H30 GMT (10H30 locales.

« Notre objectif est d’Ă©viter le chaos et de tous se protĂ©ger. Tout le monde pourra faire ses courses », ajoute le responsable non identifiĂ©.

« C’est inhumain, se battre pour quatre sandwiches c’est tout simplement dĂ©gueulasse », se dĂ©sole Sante, la cinquantaine, assis dans sa voiture sur le parking du supermarchĂ©, très remontĂ© contre le gouvernement.

« Je leur souhaite tout le mal possible, si je pouvais j’irais Ă  Rome leur donner des coups de pied aux fesses », ajoute Sante.

Une femme dans la file tente de tranquilliser les gens autour d’elle: « le virus n’est pas mortel, si on s’en occupe Ă  temps, on guĂ©rit ».

« Moi j’ai très peur, on vit une situation vraiment pesante », confie Ă  l’AFP-TV Emanuela, une infirmière qui travaille dans la zone et cherche Ă  faire ses courses.

Casalpusterlengo hĂ©berge un site de la multinationale Unilever oĂą travaille le cadre de 38 ans, considĂ©rĂ© comme le « patient 1 » qui a dĂ©clenchĂ© l’Ă©pidĂ©mie dans cette zone.

Sa femme enceinte de 8 mois est contaminĂ©e, ainsi qu’un ami avec lequel il jouait au foot, des habituĂ©s d’un bar appartenant Ă  la famille de cet ami, des mĂ©decins qui l’ont soignĂ© et des patients de l’hĂ´pital de Codogno oĂą il se trouvait de mercredi Ă  samedi.

Environ 52.000 habitants de 11 villes dans le nord de l’Italie sont depuis dimanche en quarantaine, avec interdiction d’entrer et sortir de leur zone, après une brusque multiplication des cas de nouveau coronavirus et les deux premiers dĂ©cès d’EuropĂ©ens sur le continent.

Le gouvernement a adoptĂ© samedi soir un dĂ©cret-loi très strict qui met Ă  l’isolement 11 villes, 10 en Lombardie autour de Codogno, et 1 Ă  Vo’ Euganeo, près de Padoue en VĂ©nĂ©tie (rĂ©gion de Venise, nord-est), oĂą est dĂ©cĂ©dĂ© le tout premier mort italien vendredi soir.

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