Fièvre lassa : la lutte contre sa propagation se prépare

Les autorités sanitaires de Guinée viennent d’annoncer une batterie de mesures pour éviter la propagation de la fièvre hémorragique Lassa, une maladie mortelle de la même famille qu’Ebola.
Le directeur général de l’agence nationale de sécurité sanitaire(ANSS), Dr Sakoba Keita a dévoilé la stratégie mise en place. Il s’agit d’abord du recensement et du suivi de toutes les personnes contacts du premier cas détecté qui a d’ailleurs succombé. Sans donner de statistiques, il a indiqué que tous les contacts ont été enregistrés. Cependant, il précise que des investigations sont en cours. “ Toutes les personnes qui ont participé à l’enterrement du malade qui est décédé, sa famille et les gens qui ont eu des contacts avec lui ont été enregistrés. On a mis en place la stratégie de suivi de contacts. On prend leurs températures tous les matins. Et dès les premiers signes nous allons les prélever et les isoler dans notre centre de traitement. Pour le moment, je ne peux pas livrer le nombre parce que nous sommes en enquête à Mamou et à Kissidougou ”, a expliqué Dr Sakoba.
Pour éviter la propagation de la maladie des dispositions sanitaires ont été prises à travers l’envoi ce lundi 4 février 2019 des équipes d’intervention et d’investigation dans les préfectures concernées. “Dans les zones où le malade a séjourné, nous conseillons fortement la population, quiconque a ces signes de se présenter dans l’une de nos structures. Nos équipes sont à la recherche des cas suspects. Nous avions décidé d’envoyer une équipe d’investigation sur le terrain et qui d’ailleurs a commencé par nos équipes préfectorales d’alerte et de riposte aux épidémies de Mamou et de Kissidougou à la recherche de cas cachés. Pour le moment on n’a pas de nouvelle sur un deuxième cas. L’équipe d’investigation est partie ce lundi sur les préfectures de Mamou et Kissidougou. Nous avons six jours pour qu’ils puissent nous dire s’il y a des cas cachés et faire des prélèvements pour voir. C’est à l’issue de cela que nous allons communiquer les résultats de cette investigation pour qu’on sache si c’est une véritable épidémie ou pas”, a précisé Dr Sakoba Keita, conseillant les populations de reprendre le lavage des mains. Il a promis de circonscrire la maladie dans 4 semaines. En rappel, un jeune homme en provenance de Kissidougou a succombé le 29 février 2019 de la fièvre Lassa dans un hôpital de Mamou.

Tibou Kamara : « Le Président Alpha Condé est très affligé… »

Alors qu’une partie de l’opinion s’interrogeait sur le silence du Gouvernement du Président Alpha Condé après l’éboulement dans une mine qui a fait plusieurs morts à Norassoba, le Ministre d’Etat Tibou Kamara a apporté des précisions.
Selon lui, le Président Alpha Condé a chargé son Premier Ministre de transmettre aux populations de cette localité de Siguiri, son message de compassion suite à cet éboulement. « Son Excellence Monsieur le Président de la République, le professeur Alpha Condé, avait prévu de se rendre ce mercredi 05 février 2019 à Narasoba, dans la préfecture de Siguiri où un éboulement dans une mine a provoqué la mort de plusieurs personnes, pour exprimer sa compassion et sa sympathie aux familles endeuillées et leur témoigner toute la solidarité du Gouvernement et du peuple de Guinée. En conséquence, toutes les dispositions pratiques ont été prises, depuis hier, pour le voyage présidentiel, notamment l’hélicoptère qui attendait à Siguiri pour le transport à Norassoba, la garde présidentielle ainsi que les éclaireurs déployés sur le terrain. Malheureusement, pour des raisons indépendantes de sa volonté, et des circonstances inattendues, le Chef de l’Etat a dû reporter son déplacement à une date ultérieure qui sera officiellement communiquée », a confié le Ministre d’Etat Tibou Kamara.
Le Chef du Gouvernement guinéen, Dr Ibrahima Kassory Fofana est attendu à Norassoba, sur instruction du Président Alpha Condé. « En attendant, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, a été chargé de porter le message de Monsieur le Président de la République très affligé par le drame survenu et qui n’a pas manqué d’instruire fermement au gouvernement que toutes les conséquences en soient tirées afin de parer à tous les risques d’insécurité dans les zones minières où de nombreuses vies sont souvent et malheureusement mises en danger dans une impunité totale », a précisé le Ministre Conseiller Personnel du Chef de l’Etat, Tibou Kamara.

Matoto: Faut-il craindre des violences?

Une journée de tensions s’annonce ce mercredi dans la commune de Matoto où l’élection du maire suscite colère et inquiétude.
Alors que le ministre Bouréma Condé annonce une session élective de l’exécutif communal de Matoto, le parti de Cellou Dalein Diallo a prévenu qu’elle fera tout pour empêcher cette élection. Pour l’Union des forces démocratiques de guinée (UFDG), c’est son candidat Kalémodou Yansané qui a été élu, et refuse toute reprise d’élections dans cette commune. »Prenant acte de l’élection régulière de Monsieur Kalémodou Yansané au poste de maire de Matoto, la direction nationale de l’UFDG n’entend pas revenir sur une élection déjà faite’’, avertit le parti de Dalein dans un communiqué. Du côté de la mouvance présidentielle, le candidat Tos Camara se dit « prêt  » à participer à cette élection convoquée par le ministre Bouréma Condé. A noter que l’élection doit se tenir ce mercredi à 12 heures GMT.

Fièvre Lassa: une première victime enregistrée

Une personne est décédée après avoir contracté la fièvre hémorragique Lassa.
La fièvre Lassa est une maladie mortelle de la même famille qu’Ebola, qui se manifeste par de la fièvre, des douleurs thoraciques, des céphalées, des vomissements, de la diarrhée et des saignements. Au Nigéria, une épidémie de Lassa avait tué au moins 110 personnes en 2018. En Guinée, le premier cas été détecté en fin de semaine. Il s’agit d’un individu résident à Kissidougou en Guinée forestière qui a été hospitalisée à l’hôpital régional de Mamou (moyenne Guinée). C’est cette personne qui est morte, a-t-on appris de sources hospitalières. Plusieurs cas de contacts ont été recensés et placés en quarantaine pour une période de 21 jours. A Kissidougou un autre cas suspect a été détecté. « Le malade venu de Kissidougou avait une forte fièvre et avait des douleurs partout. Il s’appelle Boubacar. On l’a reçu le 28 janvier. Il a été accueilli au centre de traitement des épidémies. Ils ont fait ce qu’il fallait et le lendemain il est décédé dans un tableau de saignement abondant. Mais comme le prévoit les cas de ce genre, la remontée de l’information a été faite au niveau de la Directeur Préfectorale de Santé et à Conakry. Les dispositions ont été prises pour le prélèvement et l’acheminement des échantillons à Conakry. Les examens ont été faits, le résultat a été positif quant à la fièvre Lassa. Ensuite on a procédé à la désinfection de tous les locaux au sein de notre structure à l’aide du chlore. On a dépêché une équipe là où on avait renvoyé le corps. Malgré tous nos efforts les parents avaient pris le corps pour leur village. On a fait la désinfection et nous avons dirigé l’enterrement. On a terminé le recensement de tous les contacts. On va observer ces personnes pendant 21 jours » a expliqué Dr Kader Camara

A Mamou, la psychose a commencé à gagner la population de Mamou lorsque l’information a été donnée ce dimanche 02 février par les responsables de la santé de la préfecture. La victime originaire de Mamou, était âgée d’une trentaine d’année. Boubacar est venu de Kissidougou avec une forte fièvre qui l’a poussé à se rendre dans le plus grand centre médical de la préfecture. Après quelques soins, il a rendu l’âme à Mamou. Les prélèvements ont révélé qu’il s’agissait bel et bien de la fièvre Lassa. Interrogé, Dr Kader Camara, directeur de l’hôpital régional de Mamou a expliqué comment son service a reçu le patient. Interrogé ce dimanche par notre rédaction, le ministre de la Santé Edouard Niankoye Lamah a annoncé l’envoi d’une équipe de renforts pour recenser les contacts suivant l’itinéraire de la victime. Il a demandé aux populations de ne pas « paniquer », invoquant l’argument selon lequel « il y a des médicaments pour guérir du Lassa ».

Sidya Touré s’insurge contre une décision d’Alpha Condé

Sidya Touré qui s’est libéré de ses fonctions de « Haut représentant » du Chef de l’Etat continue de clouer au pilori la Gouvernance d’Alpha Condé.
L’ancien premier ministre s’est insurgé ce lundi 4 février 2019 contre une décision d’Alpha Condé. Dans son style « railleur » dont lui seul à le secret, le leader de l’union des forces républicaines dénonce la mesure du président de la République visant à contrôler les recettes financières des collectivités locales. « Un an après le vote, pas d’exécutifs communaux en Guinée. Au contraire on travaille à rogner les attributions financières des collectivités locales au profit de la PRÉSIDENCE. Résultat : une accumulation de crises à répétition bloquant le fonctionnement de l’état. Guinée is down », a dénoncé l’ancien premier ministre dans un ton « incisif ». Pour contrôler les recettes des communes, le président Alpha Condé a mis en place une commission chargée de recouvrir les impôts dans les collectivités locales. Elle est dirigée par l’ancien ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, Alhassane Condé aujourd’hui conseillé à la Présidence. Cette « réforme » vise à accompagner les collectivités locales pour mieux mobiliser les recettes, nous dit-on, en vue de les aider à exécuter leur programme.
« C’est un programme qui concerne tout le pays. Personne n’est visé. C’est une réforme qui vise à mieux mobiliser les recettes et de mettre beaucoup plus de revenus à la disposition des collectivités puisque ces nouveaux maires sont élus avec de nouveaux programmes, il faut les accompagner », a confié à notre rédaction un cadre du Budget. Ce lundi 4 février 2019 marque le 1er anniversaire de la tenue des élections communales en Guinée. Un scrutin émaillé d’incidents meurtriers dans le pays et qui a dangereusement affecté le tissu social. Le gouvernement peine encore à terminer l’installation des exécutifs communaux.

Proxénétisme: immersion dans ce monde

Le phénomène était jusque-là très peu connu en Guinée, pourtant, il existe à plusieurs endroits du pays.
Depuis quelques années, plusieurs réseaux proxénètes ont vu le jour. Immersion dans ce monde qui est très peu connu en Guinée, mais qui génère pas moins de dix millions de francs guinéens par jour. Le proxénétisme est le fait de générer des profits sur l’activité de prostitution d’autrui grâce à l’ascendant que l’on exerce sur les personnes qui se livrent à cette pratique. Contrairement aux prostituées qui attendent un client dans un coin de la rue, les proxénètes sont dans une sorte bureau. Un endroit où se négocie « la chair ». Les patronnes de ce business sont des femmes qui gagnent « paisiblement » leurs vies. Les tarifs oscillent entre 500 mille et plusieurs millions. Tout dépend des envies du client. La taille, le teint, le poids, la durée, mais aussi des fantasmes du client. Tout ça se négocie avec la cheffe du réseau. La fille qui répond aux critères du client est informée quelques heures seulement avant le début de son « contrat ».
Les filles entrent généralement dans ce monde de façon banale et par le canal d’autres femmes qui continuent à jouer le rôle de marraines. Dans ce monde, il y a des codes propres à elles, il s’agit de ‘’ dossier traité’’ et ‘’dossier à traiter’’. Etudiante de son état, cette jeune fille de 26 ans qui a fait la prostitution explique comment elle est arrivée dans ce monde. Elle révèle également que les marraines leurs soumettent à des conditions difficiles pour ne pas perdre le terrain. « Pour moi, comme la plupart des filles, tout a commencé par le rôle d’hôtesse, de fille d’honneur ou de servante dans des cérémonies de réception de personnalité ou d’inauguration, des ateliers de formation ou des festivités. Finalement on t’invite tellement que tu te crois indispensable. Les femmes qui s’occupent de la préparation lors de ces cérémonies jouent un rôle primordial dans le recrutement des filles. C’est elles qui négocient pour que tu te livres à certains cadres qui viennent pour des missions ou autres. Mon cas est parti comme ça, j’ai passé la nuit avec un cadre, qui m’a donné une petite enveloppe à titre de transport, le matin en quittant sa chambre, la dame qui nous a mis en contact est arrivée, au niveau de la réception, j’ai vu le Monsieur lui tendre une enveloppe en disant « Mme je suis satisfait, dossier traité, je pense qu’il est à traiterencore ». J’ai compris que la dame m’a vendu et que le Monsieur voulait une seconde fois, c’est comme ça que j’ai décodé les termes ‘’dossier traité’’ et ‘’dossier à traiter’’…Tout est bien verrouillé ! Tu passes la nuit avec un homme qui ne doit pas connaitre ton nom, lui aussi doit rester dans ce cadre, il ne doit pas aller au-delà pour nouer une relation amoureuse. Une fois, un cadre a été accusé de viol et séquestration parce qu’une marraine s’est rendue compte qu’il a outrepassé les consignes avec une fille. Le monsieur était obligé de transférer un montant important à la marraine pour étouffer l’affaire. Au-delà du lit rien d’autre. C’est un monde sans pitié » regrette S.D, cette fille qui vit actuellement dans une autre ville pour des raisons d’études.
Au cours de note recherche de témoignages, nous sommes entrés en contacts avec deux marraines d’une même équipe dans un endroit qu’elles ont choisi elles-mêmes. Au début, elles nous prenaient pour des clients potentiels. Nous avons réussi à les faire parler. Mais loin de nos caméras et de nos enregistreurs. Ces mères de famille ne voulaient prendre « aucun risque ». T.R, 53 ans raconte : « Ceux qui viennent au-delà de la nourriture que nous proposons, ils demandent aussi à avaler des cuisses ou manger des poils (Une fille avec laquelle passer la nuit Ndlr). Le plus souvent parmi les filles qui sont là, ils indexent une par code. C’est dans ce cadre que la facilitation s’ouvre. Mais vous savez déjà cela est courant même dans les quartiers que quelqu’un facilite une relation entre un homme et une femme. Contrairement aux gens des maisons closes, ce n’est pas nous qui proposons notre service moyennant quelque chose, mais ce sont les clients eux-mêmes qui demandent la journée, le soir c’est réglé. Aucune fille n’est obligée de jouer ce rôle. C’est quand vous êtes consentante », témoigne-t-elle.
Sur le dos de celles qui acceptent de vendre leurs corps, ces femmes ont pourtant fait fortune. Tous les jours, elles gagnent des millions de francs guinéens. Tout dépend de la période. La « moisson » est souvent bonne lors des visites des officiels. Durant notre enquête, une seule fille a accepté de donner son identité. La raison, elle n’avait pas accepté d’être à la solde de ces « marraines ». « C’est une dame qui était très amie à ma mère qui m’avait proposé le service il y a longtemps de façon voilée. Elle m’a dit un jour qu’il y a un monsieur qui voudrait me rencontrer et que ce dernier pouvait changer ma vie. Selon elle, il fallait juste que je sois avec cet homme durant quelques jours. C’est un monsieur qui était très mobile, c’est à dire qu’il voyageait beaucoup. J’ai compris que c’était une forme de prostitution. J’ai expliqué à ma mère l’attitude de sa copine, elle était très remontée, elle avait même voulu porter plainte contre sa copine », nous confie cette jeune fille Baldé.
A Labé où notre enquête s’est beaucoup accentué, plusieurs réseaux existent. T.R la dame qui avait accepté de se confier à notre rédaction jure qu’elles ne sont pas seules dans ce milieu. A côté de son complexe composé d’un bar restaurant et d’un espace de loisirs, cette femme qui est mariée et mère de plusieurs enfants dit ne pas voir du mal dans le second travail qu’elle fait. Pour T.R,il s’agit d’un travail comme les autres. « Personne n’est obligée à vendre son corps. Nous ne servons que d’intermédiaires », fulmine-t-elle. En Guinée, le proxénétisme est interdit. Cette pratique est passible d’une peine d’emprisonnement. Par contre, le fait de vendre son corps, c’est-à-dire la prostitution, est légale. Toutefois, dans un pays où plus de 90% de la population pratiquent des religions monothéistes, cette pratique est mal perçue.
Sans connaître ses dangers, plusieurs jeunes filles se livrent à la pratique du plus vieux métier du monde, la prostitution. Elles courent de gros risques de contracter des maladies sexuellement transmissibles, notamment le VIH/Sida. Nombreuses parmi elles font des rapports non protégés avec leurs clients. Ces derniers l’exigent parfois « pour tirer le maximum de plaisir ». Une enquête que nous avions menée à Labé a révélé que le Sida est très répandu en Guinée. A Labé par exemple, les autorités sanitaires avaient donné des chiffres qui font froid au dos. 3 500 personnes vivant avec le VIH Sida à Labé sont officiellement recensées à la direction régionale de la santé de Labé. Les autorités sanitaires sont conscientes de la propagation du VIH dans la région et savent que ces chiffres ne sont pas exhaustifs. Pour se faire une idée de la propagation de la maladie dans la région, il y a un exemple très évocateur. En 2018, sur 50 personnes soumises au test VIH sur une période d’un mois, 30 étaient séropositives.
L’autre danger qui guette souvent ces travailleuses de sexe, c’est bien sûr l’insécurité. Rencontrer et passer la nuit avec un inconnu comporte de gros risques. Des disputes peuvent intervenir avec certains clients qui sont parfois des « amis de la bouteille ». Malgré ces dangers, les travailleuses de sexe sont de plus en plus nombreuses, pour le grand bonheur des proxénètes.

Bantama Sow: Comment le RPG peut gagner les législatives?

Le ministre Sanoussi Bantama Sow a trouvé la solution pour venir à bout de l’opposition
Le ministre de la culture et des sports invite les ministres et hauts cadres de l’administration à soutenir activement le parti présidentiel en intégrant les structures du parti. Selon Bantama Sow, peut mobiliser les électeurs dans son quartier ou présider un comité de base, une section, ou une fédération du parti. A noter qu’aucune date n’a été fixée pour organiser les élections législatives prévues en 2009. Mais l’opposition craint déjà un glissement électoral qui permettrait le maintien au pouvoir d’Alpha Condé. Pour l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré, un retard des législatives est très probable car le fichier électoral n’a pas été révisé comme le réclame l’opposition. Du côté de la mouvance présidentielle, « tout est prêt pour y participer » retorque Damaro Camara qui accuse l’opposition de vouloir retarder le scrutin.

Le rôle de la Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes

Depuis l’annonce du décret créant la Mission d’appui à la mobilisation des ressources internes (MAMRI), le débat est vif dans les milieux politiques et économiques.
La création de la « Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes (MAMRI) » continue de susciter des débats en Guinée. Contrairement à certaines déclarations, cette nouvelle structure placée sous l’autorité du Premier Ministre, n’est pas une substitution aux organes de prélèvement des impôts et taxes en Guinée. La Mission d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes (MAMRI), cette nouvelle structure qui vise à redynamiser l’économie du pays est une véritable révolution fiscale. Elle est née d’une volonté politique qui suit une logique rationnelle puisqu’elle est inspirée d’expériences réussies dans d’autres pays africains tels que le Rwanda, le Togo, l’Ouganda ou encore le Ghana.
La MAMRI vient seulement en appui aux départements sectoriels en charge des finances publiques. La Primature ne sera donc pas impliquée dans la perception ou le prélèvement de l’impôt. Le décret signé le 31 janvier dernier par le Président Alpha Condé est assez clair là-dessus. La MAMRI n’a pas un rôle opérationnel. Sa mission est purement stratégique. Et elle n’est point un Etablissement Public Administratif (EPA). « C’est une instance stratégique de formulation de recommandations au Premier ministre et au Président de la République et de suivi des réformes dans le domaine de la mobilisation des ressources » explique une source bien introduite du côté du Palais Sékoutoureyah. La MAMRI a pour objectif d’accroître significativement le niveau des recettes fiscales, en faisant passer le niveau des recettes considérées de 13,5% de PIB actuellement à 20% de PIB d’ici fin 2020. Grâce à cette manne financière, l’Etat pourra booster l’économie guinéenne. Ce qui est de nature à conduire à une réduction notable de la pauvreté dans notre pays, avec, par exemple, le financement des priorités économiques et le développement des infrastructures.

La MAMRI contribuera ainsi de manière significative à la modernisation de la politique économique. Elle devra également proposer des mesures qui permettront à la Guinée d’assurer une part significative du financement de son développement, en particulier pour le secteur agricole, et rendre les administrations économiques et financières plus performantes. Ce qui sera une véritable révolution en soi. Avec plus de 13 millions d’habitants, dont plus ou moins 60% vivent sous le seuil de la pauvreté, il était plus que nécessaire que les autorités publiques prennent des mesures idoines pour assurer une meilleure administration de la perception des recettes publiques.
Cette nouvelle structure est d’autant plus importante qu’elle participera à lutter contre les déperditions de ressources publiques. La MAMRI s’est assignée des objectifs clairs et compte mener à bien ses projets grâce à une gestion transparente et efficiente. Elle dispose à cet effet d’un comité de pilotage, présidé par le Premier ministre, aux côtés duquel siègent le Ministre de l’économie et des finances, le Ministre du budget et les principaux ministres, ainsi que le Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Elle sera constituée d’une équipe technique permanente d’une dizaine d’agents hautement spécialisés et prévoit sous peu le recrutement de jeunes cadres guinéens qui pourront participer à ce projet de haute envergure.

Lansana Diawara : «Nous avons presque validé l’ensemble des préfectures du pays… »

Lansana Diawara, coordinateur de la maison des associations et ONG de Guinée, une plateforme de la société civile guinéenne vient de lever le voile sur les actions envisagées. Dans cet entretien il revient également sur la récente sortie du préfet de Kankan, Aziz Diop qui promeut ouvertement le maintien d’Alpha Condé au Pouvoir jusqu’en 2025.
Aziz Diop l’ancien secrétaire exécutif du CNOSCG (coalition nationale des organisations de la société civile de Guinée) aujourd’hui préfet de Kankan demande aux guinéens d’accorder à Alpha Condé un prolongement de mandat au moins jusqu’en 2025. Comment avez-vous pris cette déclaration de cet ancien acteur de la société civile ?
Nous avons également fait le tour sur cette question qui est sur toutes les lèvres. Il s’agit du troisième mandat dont le monde en parle même si le Président ne s’est prononcé lui-même sur cette question. Nous avons saisi cette opportunité pour condamner l’acte irresponsable et indigne du préfet de Kankan, M. Aziz Diop. C’est choquant quand on sait que c’est un ancien de la société civile qui se permet d’avancer des propos aussi incendiaires, irresponsables qui n’honorent pas la société civile. Toute la société civile devrait condamner cet acte. Puisque c’est un ancien de nous qui fait la promotion d’un éventuel troisième mandat, la violation de la Constitution et de nos textes de Loi. Je pense c’est à condamner et nous condamnons fermement. Si ça persiste, nous demanderons une mobilisation citoyenne pour protester contre le préfet Aiziz Diop.
Parlant de cette question de troisième mandant qui est devenue très présente dans les débats politiques, dites-nous comment la société civile est en train de s’organiser pour éviter qu’un tel scenario se produit en Guinée ?
La société civile à travers la maison des associations et ONG de Guinée fait un travail de fond depuis des mois. Nous avons presque validé l’ensemble des préfectures du pays. Nous avons construit un hangar, nous allons tenir des assemblées citoyennes chaque semaine avec nos concitoyens pour discuter de l’actualité. On va faire l’éveil des consciences, nous partirons dans les quartiers mobiliser l’ensemble de nos concitoyens autour du travail, autour du développement, autour de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption, mais également autour de la défense de la démocratie. Nous allons nous attaquer à ça au-delà du populisme. Nous ferons un travail concret à ce niveau. Aujourd’hui, il y a l’éveil des consciences et ceux qui promeuvent ça comprendront que les citoyens ne veulent pas d’une présidence à vie bien que le principal concerné ne s’est pas encore prononcé sur la question. J’interpelle le président de la République à se prononcer sur cette question. Ça y va de son honneur, ça y va de sa respectabilité en Guinée mais également dans le monde.
L’honorable Damaro affirme que le Président Alpha Condé a le droit de proposer une nouvelle Constitution. Ce qui suppose qu’on pourrait remettre les compteurs à zéro dans le contexte d’une nouvelle république. N’est-pas une source d’inquiétude ?
Ça n’engage que lui. Mais au-delà de nos intérêts personnels, il faut que les députés tout bord confondu, l’ensemble des leaders politiques, comprennent que l’intérêt du pays est au-dessus de leurs propres intérêts. Qu’ils pensent à l’histoire. Qu’est-ce qu’elle retiendra d’eux. Je vais vous faire une confidence. Il y a un responsable d’une institution républicaine, pas les moindre qui m’a dit que le point concernant le nombre et la durée des mandats, cette question est réglée, elle est fermée. Et la clé a été jetée en pleine mer. C’est pour dire qu’on ne peut pas y toucher. La Constitution française a connu plusieurs révisions, mais il y a certains points sur lesquels sont basés les valeurs de la République, on ne les touchera jamais : la laïcité, la liberté etc. Même aux Etats-Unis, c’est pareil. Il y a des aspects qu’on ne touchera jamais. Parce que c’est le piédestal sur lequel repose la Nation. Donc la question de troisième mandat, on ne peut y toucher. Que ce soit monsieur Damaro ou quelqu’un d’autres qui veulent rentrer dans les grâces du président, il faut qu’ils comprennent une bonne fois pour toute.
C’est là que j’interpelle de nouveau le Président de la République qui continue d’entretenir le flou. Pour sa respectabilité et pour son honneur, je lui demande de tenir un discours solennel pour dire au peuple de Guinée qu’il ne se présentera pas pour un troisième mandat. A ces hommes et femmes qui sont autour de lui et qui font la promotion de ça, s’ils ne font pas attention le peuple de Guinée va les répondre. Souhaitons que ça ne soit pas fatal puisqu’il y a l’éveil de conscience, les gens voient clair. L’alternance, le respect de la Constitution est fondamental. Le Président Alpha Condé a posé des actes que chacun de nous reconnait aujourd’hui, il a joué un grand rôle dans le domaine de l’électricité, les routes, c’est important. Il y a des aspects où il n’a pas réussi. Par exemple sur la corruption, nous sommes en zone de survie, la corruption est en haute échelle. A la maison des associations, nous avons un dossier avec des chiffres bien précis que nous mettrons sur la place public très bientôt. Nous viendrons vers le Procureur de la République lui montrer ça afin qu’ils poursuivent les concernés qui sont actuellement aux affaires. Nous demandons à d’autres citoyens de mettre les dossiers à notre disposition, nous allons garder la confidentialité des sources.
Le développement que vous êtes en train de promouvoir repose sur la stabilité mais aussi des institutions fortes et légales. Mais aujourd’hui la deuxième institution du pays qu’est l’Assemblée nationale est dans l’illégalité. Qu’est-ce que votre plateforme entend mener comme actions pour corriger cette anomalie institutionnelle ?
Nous pensons que c’est la délinquance politique qui est en train de se passer à l’Assemblée Nationale. Le citoyen a confié un mandat aux députés qui est à expiration. Donc, le fait de rester actuellement au sein de l’hémicycle ça n’engage qu’eux. Les députés n’ont plus le mandat moral, ils n’ont plus le mandat juridique du citoyen. C’est extrêmement important de le souligner parce quand on demande aujourd’hui aux citoyens, vous verrez qu’ils ne se reconnaissent plus à ces députés. C’est de la délinquance politique qui consiste à se permettre de tout faire et d’accepter tout. Au retour, il y a certaines choses qu’on n’accepte pas quand ça ne nous arrange pas. Ce qui fait que je dis souvent que le RPG et l’UFDG est un bon couple. Ils peuvent vraiment s’entendre quand il s’agit de duper le peuple, mais quand il s’agit de leur intérêt individuel, il y a souvent des divergences. Mais ça n’engage qu’eux parce qu’ils font de la politique. Mais en ce qui nous concerne, nous assumerons notre responsabilité devant l’histoire et devant le peuple de Guinée. Pour conclure sur cet aspect, nous pouvons dire que le fait de prolonger le mandat des députés et le fait d’accepter relèvent tout simplement de la délinquance politique.
Envisageriez-vous des actions à mener sur le terrain ?
Nous allons pousser cette réflexion. Nous sommes à un tournant décisif pour notre pays où chaque acte que nous posons rentrera dans l’histoire. Nous allons faire une mobilisation autour de la maison des associations, nous allons inviter d’autres plateformes de la société civile pour voir quelle la position commune que nous pouvons adopter par rapport à ça pour que les députés se rendent compte que ça fait un mauvais précédent.
Comment espérez-vous y arrivez sachant que le Pouvoir qui est en face ne tolèrent plus les manifestations citoyennes ?
Ceux qui réussissent dans la vie, ce sont ceux qui essaient. Ceux qui ne réussissent pas n’ont jamais essayé. J’interpelle le ministre Bouréma Condé pour qu’il arrête un peu. Quand il sera question d’une insurrection populaire contre des abus qui se sont accumulés, personne ne pourra arrêter ça. La justice sociale est la condition d’une paix durable. Quand il y a trop de frustrations autour d’un aspect, le citoyen sait qu’il a le droit de manifester pacifiquement. Mais quand ça persiste, il peut y avoir des risques de soulèvement pour arracher cette liberté. L’obéissance et la résistance sont deux valeurs sur lesquelles est basée la société civile. Par l’obéissance, nous respectons nos lois, et par la résistance, nous arrachons la liberté.
Ne pensez-vous pas que la division actuelle au sein de la société civile peut-être un obstacle ?
La société civile guinéenne est constituée des humains. Ces humains sont parfois tentés de partir. Quand je vois que ça soit la société civile ou les syndicats qui constituent aussi un pan de la société civile et d’autres acteurs sont tentés, c’est humain. Mais ce qui est plus important, la crème elle croit à l’idéal et aux valeurs que nous défendons. C’est ce qui me réconforte. En ce qui nous concerne, nous disons ce que nous pensons, bon ou mauvais. Quand il est question de poser des actes, il faut les poser et assumer. C’est vrai qu’il y a tentation liées à la corruption, mais au sein de la maison des associations et des ONG de Guinée, on a compris. On s’est attaché au travail de fond puisque c’est à travers ça qu’on se fera respecter et atteindre les résultats qui seront appréciés par les citoyens.

Fodé Oussou : « Ce n’est pas Kassory Fofana le problème mais Alpha Condé… »

Malgré les engagements pris par Kassory Fofana, l’opposition ne semble pas rassurée de la tenue des élections législatives cette année.
Dr Fodé Oussou Fofana, le vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée a pointé un doigt accusateur sur le Président Alpha Condé qui selon lui détient tous les leviers. « Nous n’avons aucun problème avec le Premier Ministre, on sait que même s’il a la volonté, c’est Monsieur Alpha Condé qui aura toujours le dernier mot. Ce n’est pas Kassory Fofana le problème, c’est Alpha Condé», estime Dr Fofana qui rappelle qu’il ne s’agit point d’une doléance mais d’une exigence d’organiser les élections législatives. « C’est en Guinée seulement qu’on organise des manifestations pour demander la tenue d’une élection. Ce n’est pas une doléance mais une exigence de la loi. Il faudrait que Monsieur Alpha Condé comprenne cela », souligne le chef de file des Libéraux Démocrates.
En Guinée, la commission électorale nationale indépendante a déjà été installée. Les différents commissaires ont prêté serment devant la Cour Constitutionnelle. L’opposition exige désormais la publication sans délai d’un chronogramme pour l’organisation des élections législatives. « Nous n’allons pas nous laisser faire. La CENI doit pouvoir nous sortir un chronogramme des élections. A défaut, nous n’aurons d’autre choix que de reprendre nos manifestations », menace Dr Fodé Oussou Fofana.