L’ancien aide de camp de Dadis Camara détenu depuis 2015 à la maison centrale de Conakry espère obtenir une libération provisoire en attendant son procès.
Ses avocats ont introduit un référé pénal à la Cour d’Appel en vue de sa libération, a appris Africaguinee.com. Le délibéré est attendu. Une source bien introduite au parquet général de Conakry nous a confié que le juge a statué aujourd’hui sur la recevabilité du référé pénal. Ce vendredi, il statuera sur le fond, nous a précisé notre source.
Selon nos informations, la loi prévoit qu’en matière criminelle, après chaque six mois, le mandat de dépôt qui conduit l’inculpé en prison soit renouvelé par le juge d’instruction. Sauf que cela n’aurait pas été fait depuis le 14 mars 2017, apprend-on. Les avocats veulent exploiter cette « faille » pour obtenir la libération de leur client. Seront-ils entendus ? Difficile de trancher pour le moment. Car ils avaient déjà été déboutés en première instance. La Cour d’Appel va trancher probablement ce vendredi sur ce référé pénal en appel.
Après son extradition de Dakar vers Conakry en 2015, le commandant Toumba Diakité a été inculpé par la justice guinéenne pour les crimes commis au stade du 28 septembre en 2009. Comme lui, plusieurs hauts responsables de la junte dirigée à l’époque par Dadis Camara sont inculpés. La date du procès qui se tiendra dans une salle de Cinéma n’est pas fixée, près de dix ans après les faits.
Auteur/autrice : Emmanuelle Omondo
Labé : 26 personnes inculpées pour détention illégale d’armes à feu
Après deux jours d’audience, le verdict des 26 personnes arrêtées il y a quelques jours dans la sous-préfecture de Noussy, préfecture de Labé est tombé hier mercredi au tribunal de première instance de Labé.
Ces incriminés sont dans la quasi-totalité des personnes du troisième âge. Le délibéré qui a démarré à 13 heures a vu défiler en amont 12 prévenus qui ont été reconnus coupable de détention illégale d’arme à feu, de fabrication russe, artisanale, des machettes et des lance-pierres. Pour leur défense, ces accusés sont revenus sur les raisons de la détention de ces armes en ces termes : « c’est lorsque nous avons appris à la radio que des bétails volés ont été retrouvés à Noussy que nous avons eu l’initiative de nous y rendre pour récupérer nos biens. Car, à plusieurs reprises nous avons été victimes de vol. Nous, on ignorait que détenir ces fusils était puni par la loi. Néanmoins, nous reconnaissons les faits que qui sont reprochés ».
En aval, les 14 autres prévenus qui n’étaient pas armés, ont été également présentés à la barre, après plusieurs heures de débats. Le juge a condamné les 12 premiers à une peine de 6 mois avec sursis et une amende de 500 mille fg chacun. Les 14 autres, à deux mois de prison avec sursis et une amende de 200 mille fg. A noter que parmi ces condamnés figurent une femme, un jeune et des imams. Ils sont originaires de la préfecture de Pita pour les uns et de la Labé pour les autres.
Aucune génération n’a le droit d’écrire l’histoire de la suivante
A chaque fois que l’on évoque l’éventualité de la révision de la Constitution guinéenne, des juristes complexés, formatés et incapables de dépasser l’horizon dogmatique de leurs leçons de droit constitutionnel nous rabâchent le « principe » de l’intangibilité de certaines dispositions. Ils étalent ainsi leur incapacité à transcender la pensée unique servie aux Africains dans les années quatre-vingt-dix pour « nous aider » à consolider nos démocraties balbutiantes et mettre fin à la persistance des régimes autocratiques.
Nos juristes et autres politologues asservis par un « prêt-à-penser » bon marché entérinent ainsi l’idée qu’il faut « protéger les Africains contre eux-mêmes ». Par la même occasion, ils se laissent distraire du véritable objet du débat. Car en effet, ce dont il s’agit ici ne relève pas du Droit Constitutionnel. Il s’agit exclusivement de Politique. Il s’agit de la notion même de Démocratie et de la conception que l’on a d’une République. Il s’agit ni plus ni moins de décider ce que l’on fait du Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes.
Ce droit à l’Autodétermination, qui donne au peuple la pleine liberté de choisir son gouvernement et la forme de son régime politique, s’entend indépendamment de toute contrainte, qu’elle soit étrangère ou interne. Personne ne peut décider à ma place dans quelle proportion et sur quelle période j’ai le droit d’exercer ma liberté d’opinion, mon libre arbitre.
Ce droit à décider par soi-même ne peut pas avoir existé pour quelques guinéens depuis 1958 et s’interrompre pour l’éternité à partir de 2010 pour tous les autres.
Il se trouve que, le 19 avril 2009, une centaine de guinéennes et de guinéens désignés par des entités hétéroclites de la société civile et de la classe politique d’alors ont adopté une constitution dans laquelle, ils ont rédigé des dispositions dites intangibles.
Ce faisant, ces personnes ont décidé pour l’éternité et sans les consulter, que des millions de guinéens n’auraient plus jamais le droit de modifier certaines règles de leur vivre en commun. Qu’ils soient vivants et en âge de voter à l’époque, ou mineurs ou même non encore nés ou même conçus, tous les Guinéens ont ainsi été condamnés à perpétuité à appliquer ce que d’autres Guinéens ont décidé avant eux et ce, quelque sera l’évolution des sciences, des idées, de l’histoire, de la sociologie et j’en passe.
Dès les prémices de l’ère des Lumières et de la Démocratie représentative, Montesquieu puis Rousseau avaient pourtant bien prédit l’émergence d’une oligarchie sélective confisquant la voix du Peuple. Que dire alors d’une pseudo-représentativité fondée sur la cooptation d’une centaine d’individus, en pleine transition militaire et sous la direction d’un Général-Président par intérim ? Au nom de quelle légitimité ces personnes se sont arrogé le droit de décider de ce que sera l’avenir politique de douze millions de Guinéens et de leurs descendants, sans aucune possibilité de changer certaines règles ?
Certes, ces « représentants » du passé, ont au moins eu la pudeur de ne pas dénommer leur entité « Assemblée » mais plutôt « Conseil ». Cependant, ils ont pensé pouvoir se dédouaner de leur incapacité à se débarrasser de deux dictatures successives en imposant aux Guinéens ce qu’ils ont estimé être la solution pour s’en préserver à l’avenir. Incapables de combattre Sékou Touré et Lansana Conté en leur temps, ils ont cru pouvoir exorciser leur complicité objective avec ces deux régimes en contraignant les générations futures à soulager leur propre conscience. Tout comme le médiocre contraint son enfant à faire des études supérieures pour se laver de son propre échec scolaire.
Mais alors, quitte à réparer les erreurs du passé, pourquoi ne sont-ils pas allés jusqu’au bout de leur logique ? Ils auraient également dû inscrire comme dispositions intangibles que « Nul ne peut être Président si il n’a pas le Baccalauréat au minimum » ou « Nul ne peut être Président si il a été Militaire » ou encore « Nul ne peut être Président si il a été Ministre avant 2010 ». Tant qu’à faire.
Au demeurant, la question n’est pas de savoir si ces Conseillers et cette Constitution sont légitimes ou pas. Ce débat est lui aussi inutile et futile. Nul ne peut seul s’arroger le droit de légiférer erga omnes et ad vitam aeternam. Pas même une Assemblée Nationale immaculée et peuplée d’anges adorables tenant leur légitimité de tous les Saints de tous les Cieux.
La question n’est pas non plus de savoir si d’autres Etats font la même chose ou pas. Les peuples décident par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Le temps des grandes messes de La Baule est révolu et il y a longtemps que les démocraties occidentales ne sont plus des modèles.
Intéressons-nous d’ailleurs à deux des plus grandes puissances démocratiques du Monde qui, elles aussi, ont instauré la limitation des mandats présidentiels.
En France, seule la forme républicaine du Gouvernement est consacrée comme intangible par l’article 89 de la Constitution. A part cet élément fondamental sans lequel ce pays ne serait plus une Démocratie, aucune autre règle n’est soumise à cette intangibilité. Aucune. Quant à la Constitution américaine, aucun de ses sept grands chapitres ou de ses vingt-sept amendements n’est indiqué comme étant intangible. Aucun. Pas même le nombre de mandats présidentiels. Rappelons au passage que Ronald Reagan et Bill Clinton ont publiquement critiqué la limitation du mandat présidentiel lors de leurs seconds mandats. Ces deux démocraties fonctionnent pourtant parfaitement et il ne viendra jamais à l’esprit d’un constitutionnaliste français ou américain d’inclure des règles éternellement intangibles. Ce n’est pas pour autant que les lois fondamentales de ces deux pays sont tripatouillées et la Constitution américaine est sans doute la plus difficile du monde à réviser. Pour parvenir à cela, la France et les Etats Unis n’ont pas eu besoin d’infantiliser leur peuple et les générations futures. Jusqu’au bout, ils ont respecté et ils continuent de respecter la souveraineté populaire.
Pourquoi en serait-il autrement de nous alors que cette souveraineté sacrée est inscrite de la même manière dans notre propre Constitution ? Son article 2 nous rappelle que la souveraineté nationale « appartient au Peuple » et « qu’aucun individu, aucune fraction du peuple ne peut s’en attribuer l’exercice ».
Cette souveraineté est pleine et entière. Elle ne se fractionne pas en parties négociables, intangibles, modifiables ou optionnelles. Soit on la respecte, soit on choisit un autre système politique que la Démocratie. Le débat est là et pas ailleurs.
Financement du Japon pour 3 projets de construction d’écoles en Guinée forestière
La résidence de l’ambassadeur du Japon en Guinée a abrité ce jeudi 14 février 2019 , la cérémonie de signature des contrats de financement d’un projet de construction ou reconstruction des écoles primaires de Galakpaye, Gkélékpala et Kérédou, en région forestière.
La cérémonie a regroupé un parterre de cadres de l’ambassade et membres de l’Association Zéguéta de Galakpaye, porteurs de ce projet. Après la signature de ces différents contrats intervenant dans l’éducation, la chargée d’affaires de ladite ambassade, Madame Yuko Hotta a souligné la nécessité d’investir dans ce secteur pour faciliter la scolarisation des enfants guinéens. « L’éducation, c’est le développement de base pour un pays. L’ambassade a constaté que l’éducation est nécessaire non seulement pour votre pays, mais aussi pour le monde entier. Nous sommes convaincus, pour que la Guinée soit développée, il faut l’éducation de base et surtout la scolarisation des jeunes filles. Si les filles apprennent beaucoup, elles vont devenir la mère de l’éducation », a-t-elle dit.
Le président de l’Association Zéguéta de Galakpaye, Pierre Kolié a magnifié la »bonté » de l’ambassade du Japon pour cette initiative avant d’annoncer que cela poussera les parents à envoyer les enfants à l’école. « C’est un sentiment de joie pour toute la population à la base, et surtout l’ONG qui a initié ce projet il y a deux à trois ans. Nous remercions également le gouvernement guinéen qui n’a rien ménagé pour l’évolution des relations entre le Japon et la Guinée. Cela aidera les parents de suivre l’éducation de leurs enfants au bercail ».
Ce projet présenté par les membres de l’Association Zéguéta de Galakpaye, d’un montant de 569 millions GNF permettra la construction de 4 salles de classe avec leurs mobiliers, d’une direction à Galakpaye, commune rurale de Yalenzou, préfecture de N’zérékoré. Du côté de Gbélékpala, un montant de 610 millions sera destiné au financement de 3 salles de classe avec mobiliers, d’une direction, des latrines et d’un forage. A Kérédou, le projet est financé à hauteur de 600 millions pour la construction de trois salles de classe avec mobiliers, d’une direction et de latrines dans ce village situé dans la commune rurale de Bowé, préfecture de Yomou.
Dr Faya : « pourquoi j’ai tourné le dos à Cellou… »
Le leader du Bloc Libéral s’est confié sur les raisons de sa « frustration ».
Pourquoi avez-vous pris vos distances vis-à-vis de l’opposition républicaine ?
Mon parti a décidé de se mettre à l’écart de l’opposition républicaine et de toute autre plateforme à part la CPR (coalition politique pour la rupture) parce qu’il y a un certain flou qui se dégage dans le positionnement des uns et des autres. Nous avons accepté de revenir à l’opposition républicaine après maintes tractations suite aux dernières élections. Mais nous avons compris qu’il n’y a pas eu d’évolution par rapport aux attitudes que les uns et les autres adoptent par rapport aux choses essentielles. La Loi, la Constitution sont des éléments extrêmement importants dans la construction d’un Etat de Droit. Nous constatons qu’on se prête à un jeu dangereux qui nous réduit au statut de la victime.
J’en ai pour exemple ces élections locales qui n’en finissent plus. Au BL nous avons pensé que l’opposition n’aurait pas dû accompagner Bouréma Condé et le régime du Pr Alpha Condé dans la violation et la banalisation de la République. Les gens s’offusquent face à ce qui s’est passé à Matoto. Mais est-ce que les gens savent que ce qui s’est passé à l’intérieur du pays a été pire que ce qu’on a vécu à Matoto ? On sait que c’est illégal ce qui s’est passé, on sait que c’est accompagné de corruption, on le fait dans la violence…
Le deuxième aspect c’est cette question liée à la péremption du mandat des députés. Depuis l’année dernière, à l’intérieur de l’opposition républicaine, nous avions plusieurs fois écrit des mémos pour souhaiter que l’on essaie de travailler pour éviter cette crise. A l’époque on voyait qu’il y avait des petits calculs savamment orchestrés pour attendre que le mandat des députés soit périmé. Rien n’a été fait. Nous nous sommes résignés à faire une déclaration pour prendre l’opinion nationale et internationale à témoin. Maintenant on est dans la crise elle-même. Au-delà de l’avis de la Cour Constitutionnelle, nous savons que l’acte qu’a pris Alpha Condé de proroger le mandat des députés est non seulement anticonstitutionnel, mais aussi il est illégal. Encore, nous comprenons aujourd’hui que nos amis sont prêts à aller siéger. Pour certains c’est déjà connu, pour d’autres on est en train de faire semblant de consulter des bases alors qu’on est plutôt en campagne de sensibilisation.
Il faut qu’on sorte de ces petits jeux parce que pour nous au BL contrôler un quartier, une commune, c’est peut-être important lorsque la République même n’est pas en lambeau. Alpha Condé est venu trouver les conseils communaux, il a pris un acte pour les transformer en délégation spéciale. Il peut bien le faire. Je crois qu’on est en train d’enlever notre regard sur l’essentiel. La République est en lambeau, nous sommes sortis du cadre constitutionnel. Aujourd’hui Alpha gère la Guinée selon sa volonté. Ce n’est ni en vertu de notre Constitution, ni en vertu de nos Lois. Si nous ne trouvons pas cela suffisamment scandaleux, on continue à se prêter à ces petits jeux, nous préférons clairement prendre nos distances et nous ne partons pas non plus vers une autre plateforme. Nous sommes membres de la CPR, nous nous consacrons à la CPR et au Bloc Libéral. C’est ce que nous avons pris comme décision.
Parlez-nous de cette coalition politique pour la rupture…
Cette coalition politique m’a accompagné en 2015 lors des élections présidentielles, c’était une alliance que nous avons transformée finalement en plateforme. Au début elle était composée de cinq partis politiques. Actuellement elle est composée de huit partis, et nous sommes en train de parler avec d’autres partis politiques qui sont en train d’examiner la situation avant de se décider de nous rejoindre ou pas. Nous sommes ouverts à tout autre parti politique pour proposer l’alternative au peuple de Guinée.
Quelle est la particularité du CPR par rapport aux autres coalitions ?
Nous travaillons de manière transparente, nous nous comprenons dans le respect mutuel. Au sein de la CPR, il n’y a pas de grand partis, il n’y a pas de petit partis. Nous sommes des partis politiques qui ont des ambitions pour changer positivement notre pays. Tant que nous évoluerons dans le respect mutuel, on va s’inscrire dans la durée, le peuple de Guinée finira par comprendre qu’il y a bien une alternative qui est en train de se présenter.
Abass Bangoura : « Quand j’ai écouté hier son single ça a perturbé mon sommeil»
48 heures après l’interpellation de ce sulfureux musicien, le directeur général du Bureau Guinéen des Droits d’Auteur (BGDA) vient de révéler les dessous de cette affaire.
Il est reproché à l’artiste d’avoir employé des termes impudiques, vulgaires, dans une de ses nouvelles chansons. Abass Bangoura le directeur du BGDA prévient que Djah Man servira d’exemple à tous les artistes qui tombent dans des vulgarités de ce genre ou qui encouragent la dépravation des mœurs. “Par rapport à cette attitude, Djah Man va servir d’exemple à ceux qui chantent ce genre de musique. Nous souhaitons que ça soit radicalement réglé”, a déclaré Abass Bangoura interrogé par notre rédaction.
Ce mardi 12 février 2019, l’artiste Djah Man a été auditionné à la gendarmerie dans une affaire d’entrave aux mœurs sur son nouveau single dont nous nous réservons de donner le titre à cause de son caractère vulgaire. “Le dossier est actuellement transféré à l’OPROGEM qui a la qualité d’apprécier”, a affirmé le directeur général du BGDA. Choqué par le contenu de la chanson, il n’a pas manqué d’exprimer son indignation face à ce tube qui brise tous les codes de bonnes mœurs. “Quand j’ai écouté hier son single ça a perturbé mon sommeil. Pour quelqu’un qui a une mère, une sœur, une tante, ne peut pas se permettre de dire ce qui a été dit dedans. Je n’avais jamais entendu ça. Sur l’œuvre il y a des parties qui sont en Pular quand vous écoutez vous allez maudire la personne qui a chanté ça. J’étais très irrité”, a fustigé le premier responsable du BGDA.
Abass Bangoura observe que les artistes sont censés véhiculer des messages instructifs, éducatifs et tout ce qui va dans le sens de la réconciliation. Il a d’ailleurs interpellé les professionnels de la culture sur l’existence d’une commission nationale d’identification des œuvres au sein du BGDA. “Cette commission a en charge d’apprécier les œuvres pour voir si elles ne ternissent pas l’image de la nature humaine, les coutumes et mœurs. Elle apprécie également s’il y a des choses similaires à ce qu’on vient de constater chez Djah Man. C’est après tout ce processus qu’on peut rendre l’œuvre comestible sur toute l’étendue du territoire guinéen”, a précisé Monsieur Bangoura.
Mairie de Matoto : qui aura le dernier mot ?
Entre Mamadouba Tos Camara et Kalémodou Yansané qui aura le dernier mot dans la bataille pour le contrôle de la mairie de Matoto.
Ce mercredi 12 février 2019, le tribunal de première instance de Mafanco a examiné le recours en annulation introduit par le maire « déchu ». L’affaire a été mise en délibéré pour ce jeudi 14 février. L’élection de l’exécutif communal de Matoto a connu plusieurs rebondissements résumés en deux épisodes. Le premier intervenu le 15 décembre dernier a vu le candidat de l’opposition remporter la victoire avec 23 voix contre 22 pour le candidat de la majorité. Mais le scrutin a été perturbé par un partisan du parti au pouvoir. Ce qui avait empêché le processus d’aller à son terme, donnant ainsi un argument au gouvernement pour invalider le vote.
Malgré les menaces de l’opposition, le Gouvernent a affiché une fermeté et a repris l’élection le 07 Février 2019. Une élection boycottée par les conseillers de l’opposition, ouvrant ainsi un boulevard à Mamadouba Tos Camara (sans concurrent) d’être porté à la tête de la mairie de Matoto. Mais Kalemodou Yansané ne tardera pas à contester cette élection. Ce mercredi le maire « déchu » a exposé ses arguments pour convaincre la justice d’annuler l’élection.
La présidente du Tribunal de Première Instance de Mafanco, Hadja Djeinabou Donghol Diallo, après avoir écouté les deux parties en « conflit »a mis l’affaire en délibéré. La décision est attendue ce jeudi 14 Février 2019 à 14 heures.
Lansana Kouyaté : « Je suis heureux d’être ici… »
Après plusieurs années d’absence en Guinée, l’opposant Lansana Kouyaté est de retour au bercail.
En provenance d’Abidjan, le leader du Parti de l’Espoir pour le Développement National qui vit à Paris arrive en Guinée dans des circonstances douloureuses. Car il a perdu sa belle-mère. A sa descente d’avion, il n’a pas tenu un long discours. L’opposant a annoncé qu’il est venu assister à l’enterrement de sa belle-mère. « Après quelques années me voici de retour. J’ai perdu ma belle-mère, mon épouse est venue avec moi pour assister à son enterrement. C’est un moment très difficile pour nous. Elle nous quitte et c’est très pénible pour nous. Au-delà de cette douleur je suis heureux d’être ici avec vous. »
L’ancien premier ministre, Lansana Kouyaté s’est éloigné du pays depuis son échec à l’élection présidentielle de 2015. Il avait dénoncé des fraudes massives avant de prendre ses distances. Il garde un regard très critique sur la Gouvernance du pays par Alpha Condé.
La « Grenade » : « c’est la torture qui m’a rendu malade »
Le procès de Boubacar Diallo dit avoir été victime de torture pendant sa détention pour qu’il accuse Ousmane Gaoual Diallo et Hadja Halimatou, l’épouse du chef de file de l’opposition.
L’ancien pensionnaire de la maison centrale de Kindia révèle qu’il s’est retrouvé en prison à cause de Sékou Souapé Kourouma, un cadre du RPG arc-en-ciel qui lui a proposé de quitter l’UFDG pour rejoindre le RPG arc-en-ciel, comme l’ont fait Intello et Korboya Baldé. “ On m’a envoyé à Kindia sous escorte de 4 pick-up remplis de bérets rouges. Quand les gens m’ont vu on pensait que c’est Toumba qui venait d’être transféré à la maison centrale de Kindia. J’ai piqué des crises dans ma cellule. J’avais reçu une balle auparavant mais c’est la torture qui m’a rendu malade. On m’a torturé pour voir si j’allais accuser l’honorable Ousmane Gaoual et Hadj Halimatou Dalein Diallo. Je suis innocent. Je n’ai jamais commis un crime », a clamé Boubacar Diallo en sanglot, en plaidant sa libération.
Ce jeune militant de l’union des forces démocratiques de Guinée dit avoir été victime de menaces orchestrées par Sekou Souape Kourouma, cadre du parti au pouvoir. “Sékou Souapé m’a demandé de rejoindre le RPG comme Korboya et Intello l’ont fait. J’ai refusé. C’est pour cela que je me suis retrouvé en prison. Je jure que la plupart des gendarmes qui m’ont fait cela, on se rencontrait dans les boîtes de nuit et on se payait des boissons. Lorsqu’on m’a arrêté, on m’a fait porter une arme à la gendarmerie et m’a photographié avec cette arme”, a-t-il révélé devant une assistance médusée. Ce mardi 12 février, le parquet a requis une peine très lourde contre Boubacar Diallo dit ”Grenade » accusé de tentative de meurtre et de détention illégale d’armes de guerre. Dans ses réquisitions, le procureur Sidy Souleymane Ndiaye a requis une condamnation de 20 ans de détention criminelle dont une période de sureté de 5 ans. Dans ses propos, le ministère public a présenté ce jeune militant de l’union des forces démocratiques de Guinée comme un personnage dangereux.
« Monsieur Boubacar Diallo est une personne dangereuse. Il a reconnu hier qu’il appartenait à la section cailloux (de l’UFDG) », a martelé le procureur, expliquant que c’est au retour de l’enterrement de Mamadou Saidou Bah (un jeune tué lors d’une manifestation, ndlr) les forces de l’ordre postées devant un siège d’un parti politique ont subi des jets de pierres. Pendant cette agression, a-t-il le procureur, le nommé Boubacar Diallo a utilisé un PMAK contre les agents. Selon lui, il aurait fait 19 tirs dont les étuis ont été ramassés.
« Pendant l’utilisation de cette arme, par maladresse Boubacar Diallo s’est blessé. Après il a pris la fuite. Il a été localisé à Jean Paul II. Après il a été exfiltré vers le Sénégal où il est resté plusieurs mois avant de revenir en Guinée. 19 étuis ont été utilisés contre les forces de l’ordre qui ne possédaient que des gaz lacrymogènes. La section cailloux est mise en place pour lancer des projectiles contre les forces de l’ordre. Vous (Boubacar Diallo, ndlr) dirigez cette section cailloux. Je vous ai entendu hier s’apitoyer sur les conditions de votre détention. Vous avez sangloté en parlant de votre transfèrement. Il n’y avait pas lieu d’émouvoir le public et blâmer les officiers de la police judiciaire. Nous avons été heurtés par les attaques de la police judiciaire (…) Il porte un surnom Grenade révélateur de sa personnalité. Vous êtes une grenade offensive. Des individus de ce genre ne méritent qu’une chose : l’application de la loi prévue par rapport à des agissements infractionnels », a enfoncé M. Ndiaye, accusant Grenade d’avoir tiré en direction des forces de l’ordre postées devant un établissement.
« Nous ne sommes pas là pour parler de politique. Il n’y a aucune connotation politique dans ce dossier. Nous parlons de meurtre », a déclaré Sidy Souleymane N’diaye dans ses réquisitions. Au cours de son audition, Boubacar Diallo a rejeté toutes les charges portées à son encontre. Ses avocats dénoncent un dossier “bâclé” et “monté de toutes pièces”. Ils demandent la libération pure et simple de leur client. L’audience se poursuivra le lundi 18 février 2019 avec la poursuite des plaidoiries de la défense.
Recrudescence de la tension dans les bastions d’Alpha Condé
De nouveaux affrontements ont été signalés dans plusieurs localités de la région de la Haute Guinée, principal bastion du parti présidentiel.
Les sous-préfectures de Norassoba et Batènafadji ont connu des violences ce mardi alors que la préfecture de Kankan est sous tension à cause de l’installation annoncée de l’exécutif communal ce mercredi 13 février 2019. A Norasoba, les violences ont éclaté en marge de la passation de service entre l’équipe sortante et celle entrante de la commune rurale. Cette sous-préfecture a été endeuillée il y a une semaine par la mort de 17 mineurs dans un éboulement. Deux camps rivaux se sont affrontés ce mardi à coup de jets de projectiles, faisant des blessés. La passation qui devrait se tenir à la mairie a été délocalisée à la cité sous une haute surveillance des forces de l’ordre. La mairie quant à elle, a échappé de justesse, car des gens mécontents voulaient y mettre le feu.
Selon le deuxième vice maire Karinkan Doumbouya, la case d’un conseiller a été brulée. « Après avoir quitté la mairie pour la passation dans la cité à cause des jets de pierres, nous sommes revenus avec les force de l’ordre pour ouvrir. Automatiquement les proches de l’ancien maire sont venus pour nous chasser avec des pierres. En suite un d’entre eux est venu mettre de l’essence à la porte pour bruler mais heureusement il a été empêché. Les mêmes manifestants ont continué vers le centre-ville de Norasoba pour jeter des pierres et bruler la case d’un de nos amis conseillers Sekou Doumbouya », a expliqué le deuxième vice-maire de Norasoba, qui accuse l’ancien maire Lancei Kanimandjan Doumbouya d’être à l’origine de ces violences. Dans la sous-préfecture de Baténafadji, des violences similaires ont également été enregistrées. La tension est toujours vive entre camps rivaux. A Kankan, l’élection suivie de l’installation de l’exécutif communal est prévue ce mercredi 13 février dans un climat de méfiance entre factions rivales du RPG arc-en-ciel. En début de semaine, les notables de Kankan qui soutenaient l’un des candidats en lice ont annoncé leur retrait. C’est dire que le regain de tension est palpable dans les bastions d’Alpha Condé.