Viol ou relation consentie ? Le tribunal face au casse-tête de l’intime

Le tribunal de Mafanco a entendu, ce mardi 21 octobre, une version des événements qui contraste violemment avec l’acte d’accusation.…

Guinée 360

Le tribunal de Mafanco a entendu, ce mardi 21 octobre, une version des événements qui contraste violemment avec l’acte d’accusation. Ibrahima Sory Condé, enseignant et prévenu, a reconnu les faits mais en a livré une interprétation radicalement différente. Face à des charges lourdes – séquestration, viol et torture sur la personne de Mariama Diouldé Diallo – l’homme a construit sa défense sur un récit détaillé, presque chirurgical.

« Nous sommes sortis main dans la main », a-t-il assuré, dépeignant une scène d’intimité consentie là où le parquet voit une victime séquestrée. Détenu depuis janvier, l’accusé a décrit une rencontre planifiée : un garage comme point de rendez-vous, une chambre d’hôtel payée 90 000 francs guinéens, de la bière en terrasse. Puis l’entrée dans la chambre. « Elle m’a dit qu’elle n’était pas dans son bon jour », a-t-il concédé, avant d’ajouter : « Chacun a enlevé ses vêtements. »

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Le consentement, cœur du débat judiciaire

L’enseignant ne nie pas l’acte sexuel, mais en conteste la nature. Il insiste sur un détail : la victime présumée lui aurait demandé de « doubler la capote ». Une preuve, selon lui, de son consentement et même de sa participation active. Le rapport, d’une trentaine de minutes selon l’accusé, aurait été suivi d’un départ ensemble, enlacés, sur une moto.

Pourtant, au-delà de ces quatre heures à l’hôtel, l’affaire prend une tournure plus sombre. Ibrahima Sory Condé est également accusé d’avoir menacé la mère de la plaignante, réclamant de l’argent sous la menace de diffuser des vidéos intimes. Une accusation de chantage qu’il rejette en bloc.

Un rapport médical qui change la donne

À la barre, son avocate, Me Thérèse Konady Traoré, a brandi une pièce à conviction de poids : le rapport médical de Mariama Diouldé Diallo. Selon la défense, ce document « ne confirme aucun des faits allégués » et évoque seulement une « éfloraison ancienne » – une terminologie clinique qui semble éloignée des sévices dénoncés.

Le tribunal, qui a renvoyé l’affaire au 29 octobre pour entendre la plaignante, se trouve face à un cas d’école : deux versions irréconciliables, des preuves médicales ambiguës, et des enjeux qui dépassent la simple affaire pénale. Dans une Guinée où les violences faites aux femmes font de plus en plus débat, ce procès teste aussi la capacité de la justice à démêler le vrai du faux dans les relations intimes. La parole de Mariama Diouldé Diallo, attendue mercredi prochain, devra soit contredire, soit confirmer cette sortie main dans la main qui hante déjà le prétoire.

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