Guinée-Conakry : poursuites judiciaires contre le FNDC

Le ministre de la justice a adressé mardi 2 août une note au parquet général près la cour d’appel de Conakry pour demander de poursuivre le FNDC.

 

« Diffamation et divulgation de fausses informations de nature à porter atteinte à la paix et à la sécurité publique et complicité de meurtre. ». Ce sont les injonctions portées par le ministre de la Justice contre le Front national pour la défense de la Constitution (FDNC), et en particulier son représentant, Sekou Koundouno.

Charles Wright reproche au mouvement citoyen d’avoir « porté des accusations graves » à l’encontre du président de la Transition, Mamadi Doumbouya, lui reprochant d’être le cerveau de la répression. Cela sans que le FNDC n’apporte la moindre preuve, a précisé le garde des Sceaux.

Cette note du ministre de la Justice intervient alors qu’hier, le mouvement citoyen a annoncé avoir saisi le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) pour dénoncer la répression meurtrière des manifestations et la violation des droits humains dans le pays. À cette plainte, le FNDC a joint une liste « des cerveaux de la répression ». Et Mamadi Doumbouya est le premier nom cité.

Pour Ousmane Gaoual Diallo, ministre guinéen et porte-parole du gouvernement de transition, ces accusations portées par le FNDC à la CPI sont infondées : « Il faut raison garder et mettre l’accent sur la volonté des autorités de maintenir le dialogue et de conduire cette transition de la manière la plus sereine. »

La semaine dernière, le FNDC a organisé des manifestations alors que celles-ci avaient été interdites. Selon les autorités, le mouvement aurait ainsi causé la perte de plusieurs vies humaines, des blessés graves et des dégâts matériels. Ils accusent également le mouvement d’avoir utilisé des enfants de moins de 10 ans à des fins politiques.

Guinée: poursuites judiciaires engagées contre Alpha Condé et 26 responsables pour crimes de sang

En Guinée, le procureur général a annoncé ce mercredi 4 mai des poursuites contre l’ex-président Alpha Condé et 26 anciens hauts responsables sous sa présidence. Ils sont notamment accusés d’assassinats, actes de torture et enlèvements.

 

Ces poursuites judiciaires visent essentiellement l’ex-président Alpha condé, 13 anciens membres de son gouvernement et de hauts responsables administratifs et sécuritaires à des degrés divers, rapporte notre correspondant à Conakry, Mouctar Bah.

Parmi eux, l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, les anciens ministres Dr Mohamed Diané, Alpha Ibrahima Kéira, Albert Damantang Camara, Ibrahima Kalil Kaba, Tibou Kamara et Kiridi Bangoura pour ne citer que les plus influents. Certains d’entre eux sont en prison pour des faits présumés de corruption, de détournement de deniers publics et blanchiment.

D’autres hauts responsables de l’appareil judiciaire et sécuritaire sont aussi visés par cette procédure, dont entre autres l’ancien président de la Cour constitutionnelle, Mohamed Lamine Bangoura, les anciens présidents du Parlement, Claude Kaury Kondiano et Amadou Damaro Camara, et le général Ansoumane Camara qui était directeur général de la police à l’époque.

Ces poursuites ont été lancées suite aux violences qui ont entouré en 2019 le projet d’un 3e mandat d’Alpha Condé, et notamment la répression, souvent brutale, des manifestations contre le référendum permettant de modifier la Constitution pour qu’Alpha Condé reste au pouvoir.

La crise avait entraîné des dizaines de morts, pour la plupart des civils. Le collectif FNDC, le Front national de défense de la Constitution, avait mené pendant des mois ce mouvement de colère. C’est lui qui a porté plainte contre Alpha Condé et 26 anciens hauts responsables, civils et militaires, de son régime. Des responsables aujourd’hui visés par le procureur.

Dans ce groupe de 27, certains sont déjà visés par des poursuites judiciaires, mais pour des faits présumés de détournements de fonds. Cette fois-ci, il s’agit de pénal, avec des accusations de meurtre, disparition forcée, torture, agression sexuelle, pillage, enlèvement ou encore séquestration.

Le procureur Alphonse Charles Wright lance donc une enquête avec déjà des éléments de preuves, images, vidéos, qui lui ont été fournis par le FNDC. Il se base aussi sur des rapports d’ONG internationales comme Amnesty et Human Rights Watch.

Le magistrat revient sur le projet de 3e mandat d’Alpha Condé, en violation de la Constitution. Il évoque les propos belliqueux d’Alpha Condé et son entourage lors de meetings politiques, appelant explicitement ses populations à l’affrontement.

Il cite aussi l’impunité totale dont ont bénéficié les forces de sécurité pour mater dans le sang les manifestations.