Dans la salle d’audience surchauffée du tribunal de Dixinn, les mots résonnent comme un coup de tonnerre. « Des filles classe pour la bonne baise ». Ce nom de groupe WhatsApp, lâché par l’une des accusées, résume à lui seul le procès qui tient la Guinée en haleine depuis plusieurs semaines.
Ce jeudi 11 septembre, Aminata Diaby, dernière prévenue de l’affaire du réseau de proxénétisme 2.0, a levé le voile sur un système sophistiqué de mise en relation sexuelle tarifée. Son témoignage glaçant a décrit un business lucratif. La dignité humaine s’y monnayait via transferts mobiles et vidéos pornographiques échangées comme des catalogues.
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Le fonctionnement d’un réseau 2.0
« Les membres s’inscrivaient moyennant 50 000 francs guinéens », a expliqué froidement Aminata devant les magistrates médusés. « Si 10 personnes s’inscrivaient, on récoltait 500 000 francs, que l’on se partageait ensuite. »
Pire encore : « Dans ce groupe, les hommes envoyaient des vidéos pornographiques pour dire : ‘Je veux telle position, est-ce que vous avez des filles qui peuvent le faire ?' ». Les transactions réduisaient ainsi des femmes à des produits disponibles sur commande.
Des réquisitions sévères
Face à ces révélations, le procureur Nomgo Bayo n’a montré aucune clémence. Il a requis 2 ans de prison ferme et 2 millions GNF d’amende pour les meneuses présumées Fatoumata Yarie Camara (alias Riam’s Lolo, influenceuse très suivie) et Aminata Diaby.
La demande comprend également la confiscation de leurs téléphones et, mesure inédite, l’interdiction de publier sur les réseaux sociaux pendant 3 ans. Pour Kadiatou Yattara, troisième prévenue, le ministère public a demandé 12 mois de détention.
Un verdict très attendu
L’affaire, maintenant mise en délibéré, connaîtra son épilogue le 18 septembre. En attendant, les trois jeunes femmes restent détenues à la Maison centrale de Conakry depuis le 22 août.
Ce procès dépasse le simple fait divers judiciaire. Il soulève des questions sur la régulation des réseaux sociaux, les nouvelles formes de proxénétisme numérique, et les limites de la liberté en ligne dans une Guinée en pleine transformation sociale.
Le verdict du 18 septembre ne rendra pas seulement justice : il pourrait définir les nouvelles règles du jeu digital en Afrique de l’Ouest.
